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Monument à l'Aigle blessé

Réalisé par le sculpteur Jean-Léon Gérôme et érigé à l’initiative de trois particuliers le 28 juin 1904 à un endroit qui selon la légende aurait été la portion de terrain occupée par le dernier carré de la Garde impériale et où le général Cambronne aurait prononcé son mot célèbre – « merde ! »

L’Aigle blessé commémore les soldats français morts au champ d’honneur. L’oiseau de proie, dans un triste état, déploie ses ailes percées de balles et est perché sur un rocher qui évoque celui de Sainte-Hélène. Il retient pourtant le drapeau qui tombe là où l’on peut lire le nom de grandes victoires napoléoniennes, au contraire de la déroute de Waterloo ; sur son socle, la dédicace « Aux derniers combattants de la Grande Armée » est inscrite comme un dernier témoignage de souvenir sur ce monument symbolisant pourtant la chute de l’Empire.

Au pied du monument, une stèle en hommage aux soldats polonais a été inaugurée le 18 juin 1990 par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens, en collaboration avec l’armée polonaise. Elle rappelle le sacrifice de l’escadron des chevaux-légers polonais à Waterloo. La stèle est décorée d’un aigle, coulé en Pologne, et de l’inscription suivante : « Aux officiers, sous-officiers et soldats de l’escadron polonais tombés à Mont-Saint-Jean le 18 juin 1815. Forces armées polonaises ».

C’est au cours de l’assemblée générale de l’Avant-Garde wallonne du 13 mai 1928 que l’idée d’un pèlerinage à Waterloo est lancée. Les premières fleurs sont déposées au pied de l’Aigle blessé par une poignée de militants wallons le 16 juin suivant. Le pèlerinage, dès lors organisé tous les ans, rassemble une foule grandissante d’année en année ; les plus grands moments auront lieu dans les années 1930 lorsque le nombre de participants atteint quinze à vingt mille personnes. Des discours enflammés y sont prononcés chaque année par des militants wallons de grande importance : Jules Destrée, Georges Truffaut ou encore l’abbé Mahieu.

Waterloo devient un lieu de première importance pour le militantisme en Wallonie quand y naît le Front démocratique wallon en 1936 et le mouvement Wallonie libre le 18 juin 1940. L’assistance se réduit dans l’immédiat après-guerre pour se restreindre fortement dans les années 1950. La manifestation reste maintenue, mais elle devient pratiquement anecdotique dans les années 1970. Interrompue entre 1983 et 1986, elle reprend ensuite grâce au Comité du Souvenir français sous forme d’un « hommage aux Wallons » sans redevenir une manifestation de masse. Le monument à l’Aigle blessé, riche de symboles, reste toutefois un lieu de mémoire privilégié pour l’histoire du Mouvement wallon.

Chaussée de Charleroi
1380 Plancenoit

carte

Classé comme monument le 11 septembre 1978

Institut du Patrimoine wallon