Adere Alice

Politique

Montegnée  4/05/1902, Liège 15/11/1977

Dans l’histoire de l’accès des femmes à la vie politique, Alice Degeer-Adère est la première élue directe en Wallonie à accéder au Sénat. Elle entre à la Haute Assemblée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, précisément le 26 février 1946. Mise au travail dès l’âge de 14 ans dans la métallurgie, ouvrière aux fours à coke, elle ne tarde pas à vouloir s’émanciper par rapport à sa condition sociale. Gréviste sanctionnée, elle n’abandonne pas son engagement. Au contraire. Son mariage avec Joseph Degeer, mineur actif au sein du récent Parti communiste la conduit au Front rouge, puis à la Ligue des femmes contre la guerre et la misère. En 1931, elle adhère au PCB. Sous le pseudonyme d’Alice Berteau, cette autodidacte fréquente, à Moscou, l’École léniniste internationale (ELI).

Active à Seraing lors des grèves de 1932, plusieurs fois arrêtée, elle se montre bonne oratrice et obtient les suffrages des électeurs de la région liégeoise en 1936. Elle fait alors son entrée à la Chambre des représentants et y est la première élue du Parti communiste : après elle, Antoinette Desonnay-Raskin et Noëlla Dinant seront les deux seules femmes du Parti communiste élues en Wallonie à siéger à la Chambre ; avant elle, la socialiste Lucie Dejardin avait été la première femme élue députée dans un arrondissement wallon. Mais l’émergence de la jeune femme n’est pas sans provoquer quelques conflits avec Julien Lahaut sur la place sérésienne. Alice Adère s’allie dès lors avec les socialistes de la commune voisine d’Ougrée, lors des communales de 1938. Élue conseillère communale, elle devient d’emblée échevine, en charge de l’État civil, fonction qu’elle conserve jusqu’en 1952.
 

Arrêtée et déportée par les autorités belges à l’entame de la Seconde Guerre mondiale, libérée en juillet, elle mène une forte agitation, dans le bassin de Liège, en faveur du ravitaillement et de la libération des prisonniers de guerre. À l’heure de l’Opération Barbarossa (22 juin 1941), elle plonge dans la clandestinité, se montrant active au sein du Front (wallon) de l’Indépendance. Au moment de la Libération, elle est le seul parlementaire communiste présent au pays et assure la remise en route du PCB, dans l’attente du retour des survivants. Placée comme tête de liste du PCB dans l’arrondissement de Mons, elle obtient le mandat de sénateur déjà évoqué. En 1945 et 1946, elle contribue, avec l’avocat Jean Fonteyne, à entretenir les accusations portées contre le bourgmestre et le procureur général de Liège au sujet de listes de communistes prétendument adressées aux autorités allemandes au printemps 1941. Au sein de son parti, Alice Adère entre en conflit avec le bureau central, si bien qu’en octobre 1948 la sénatrice est exclue du PCB. Elle n’obtient une réintégration qu’en 1965 ; elle n’exerce cependant plus aucune activité politique publique depuis 1952.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée
Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Bruxelles, 2006, p. 22-24Députée (1936-1946)
Conseillère communale d’Ougrée (1939-1952)
Echevine (1939-1952)
Sénatrice (1946-1949)