Carlino Pino

Socio-économique, Syndicat

Wasmes 1953

Né à Wasmes, de parents siciliens arrivés trois ans plus tôt pour travailler dans les mines, Pino Carlino a grandi au pied des charbonnages du Borinage, où il a fait toute sa scolarité. Délégué syndical CSC au sein de l’entreprise AKZO, usine chimique implantée en Wallonie en 1973, Pino Carlino fait rapidement preuve de son engagement dans la défense des intérêts des travailleurs. Ainsi lance-t-il une expérience syndicale originale en créant la cellule de formation-reconversion des Laminoirs de Jemappes, où 350 travailleurs sont concernés par la fermeture de l’outil. De cette initiative dont il a tiré un mémoire, est né Jemappes Steel Center qui a redémarré avec une quinzaine de travailleurs, avant que se développent d’autres microprojets, dont par exemple la transformation du grand hall industriel en une salle de spectacles et de sports. En tant que gérant de l’ASBL des halles de Jemappes, Carlino contribuera à attirer le club de basket de Quaregnon (1993), avant de céder la main aux responsables du club sportif de D1 qui deviendra, plus tard, Mons-Hainaut.

Mais là n’est pas l’essentiel de son activité. En 1987, Pino Carlino devient permanent interprofessionnel en tant que secrétaire de la Fédération de Mons-Borinage de la CSC, où il remplace Jean Filbiche. Abandonnant une attitude défensive pour préserver les nombreux outils industriels qui ont fait la prospérité du Borinage et de Mons, le syndicaliste va progressivement se montrer pro-actif pour tenter d’inverser une tendance lourde de déclin socio-économique. Au cœur d’une région fortement frappée par la crise, confrontée à la désagrégation de son tissu économique et social et où la question du chômage prend des proportions catastrophiques dans les années 1980, le leader syndical prône un projet novateur et mobilisateur pour sa « sous-région », afin d’y fixer des activités porteuses d’emploi et d’y conserver tant les « cerveaux » que les investisseurs. Partisan d’un renforcement du front commun syndical pour mieux lutter contre de nouveaux drames sociaux, Carlino lance des initiatives pour mieux cerner les atouts et faiblesses de Mons-Borinage et apporte un soutien inconditionnel à Guy Spitaels lorsqu’est constitué le dossier « Objectif 1 Hainaut », jouant notamment de sa fonction de président de l'exécutif du Conseil Syndical Interrégional du Hainaut, Nord-Pas-De-Calais, Kent et West-Vlaanderen (mars 1993 – juin 1996).

Au sein de sa propre organisation syndicale, Pino Carlino contribue à la fusion délicate de la fédération de Mons-Borinage avec celle du Centre (mai 1992-novembre 1993). Le but est de constituer une entité qui corresponde à la zone relevant de l’Intercommunale Idea et à celle du Comité subrégional de l’Emploi, mais l’enjeu est aussi de faire cohabiter solidairement des sous-régions aux identités différentes. Quand l’Objectif 1 est lancé, et alors que des drames sociaux se jouent encore chez Kerima ou Alcatel, Pino Carlino pour la CSC et Freddy Mathieu pour la FGTB lancent une véritable mobilisation (l’opération « En avant ma région », 1995-1996) pour que les disparités économiques du Hainaut disparaissent, réclamant des efforts particuliers en faveur de Mons, du Borinage et du Centre, au-delà des aides européennes. Ils plaident aussi pour que soient respectés les accords faisant de Mons un réel pôle culturel.

Successeur de François Cammarata à la présidence du Comité régional wallon de la CSC (juin 1996), le nouveau « patron » de la CSC wallonne conserve son mandat de secrétaire régional jusqu’en mai 1997 : à ce moment, il est désigné comme secrétaire national de la CSC, en charge des affaires wallonnes. Il remplace Willy Thys nommé à la Confédération mondiale du travail, tandis qu’à Mons c’est Marc Becker qui lui succède. Lorsque le gouvernement wallon de Robert Collignon présente, en octobre 1997, sa nouvelle déclaration de politique régionale wallonne, le leader de la CSC se réjouit des intentions wallonnes qui fixent des objectifs précis, disposent d’un budget et mettent en œuvre une méthode stricte sans saupoudrage, faite de transversalité, de visibilité et de cohérence. Continuant à lutter pour une Europe sociale et tout en s’impliquant surtout dans les dossiers relatifs à l’emploi, à la réduction du temps de travail, à la sécurité sociale ou à l’économie sociale, le secrétaire national CSC pousse son organisation à ouvrir le débat de l’identité wallonne et à adapter ses structures internes aux nouvelles réalités institutionnelles.

Lors d’un congrès réuni à Mons, en septembre 1998, la CSC wallonne se lance le défi d’élaborer un projet wallon structurant ses propres activités. Dans le même temps, Pino Carlino accède à la présidence du Conseil économique et social de la Région wallonne, où il est l’un des délégués de la CSC depuis quelques années. Durant son mandat, il fait déposer un mémorandum sur la table des négociateurs de la majorité arc-en-ciel où est reprise l’idée d’un contrat pour la Wallonie (1999) et il obtient que le CERSW dresse officiellement un rappel annuel sur la situation économique et sociale de la Wallonie. Successeur de Pierre Beaussart (octobre 1998), Pino Carlino laisse la présidence du CESRW à Jean-Pierre Champagne en février 2001.

Candidat à la co-présidence de la CSC pour succéder à Josly Piette (octobre 2004), il est devancé par Claude Rolin. En quelque sorte désavoué par le bureau national, Pino Carlino en tire les conséquences, les divergences et incompatibilités devenant trop importantes. De commun accord, il quitte ses fonctions syndicales le 1er juillet 2005 ainsi que ses mandats annexes (Université de Mons, SRIW, Sogepa, Forem, Spaque, Awex, Conseil wallon de l’égalité entre hommes et femmes), étant mis en disponibilité jusqu’à sa prépension. Après une année sabbatique, il participe au renouveau d’Écolo et est notamment candidat au scrutin fédéral de 2007 (2.431 vp dans la circonscription du Hainaut), ou soutien à la liste communale « Colfontaine+ » en 2012.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse