De Dorlodot Henry
Académique, Géologie, Eglises
Marchienne-au-Pont 15/07/1855, Louvain 04/01/1929
Dans la famille de Dorlodot, implantée dans le pays de Charleroi depuis quelques générations, Henry est le fils d’Eugène-François, et il perpétue d’une certaine manière la tradition de ses prédécesseurs maîtres verriers et entrepreneurs, tout en ayant choisi un engagement religieux. Chanoine et géologue, Henry de Dorlodot est un pionnier de la paléontologie, ainsi qu’à l’avant-garde des idées darwinistes qu’il contribue à faire avancer dans un milieu à tout le moins sceptique.
Après des candidatures en Sciences naturelles au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur, Henry de Dorlodot interrompt son doctorat en Géologie à l’Université catholique de Louvain pour entrer dans les ordres. La philosophie et la théologie sont désormais son quotidien, au Grand Séminaire de Namur, puis à Rome (docteur en Théologie en 1885). Désigné à la chaire de Théologie dogmatique de Namur (1886), puis à la chaire de Cosmologie à l’Institut Saint-Thomas d’Aquin de Louvain (1890) nouvellement créé, il garde un intérêt soutenu pour la géologie, maintenant des échanges épistolaires avec ses anciens professeurs. Nommé à la chaire de Paléontologie stratigraphique (1894), il succède à C-L-J-X. de la Vallée Poussin – professeur qui l’avait formé – à la chaire de Géologie de la Faculté des Sciences (1898) ; il en fait un des fleurons de l’Université, payant de sa personne pour que soient construits un Institut et un musée. N’ayant pas défendu sa thèse doctorale à la fin des années 1870, il est reçu comme docteur honoris causa par la Faculté des Sciences de l’Université catholique de Louvain.
Progressivement, le scientifique wallon va se consacrer davantage à la recherche qu’à l’enseignement voire qu’à la prêtrise, menant d’importants travaux sur les terrains paléozoïques de la Belgique, ainsi qu’en stratigraphie et en tectonique. Définissant la stratigraphie du Dinantien, il met par ailleurs en évidence les spécificités du sous-sol de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Grâce à ses travaux, un « nouveau » bassin houiller est d’ailleurs découvert en Wallonie : le savant confirme en effet la possibilité d’exploitation de charbonnages au couchant à Mons, hypothèse que des sondages réalisés à partir de 1906 avaient fait apparaître.
Confronté en permanence, tant par son activité scientifique que par sa foi, à la question de l’origine de la vie terrestre, Henry de Dorlodot publie, en 1921, le premier tome d’un ouvrage sur l’origine des espèces, intitulé Le Darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique. Rallié à la théorie évolutionniste, il y montre qu’il n’existe aucun désaccord entre cette connaissance et l’orthodoxie catholique. S’il est accueilli avec faveur dans la plupart des milieux, le Vatican y trouve ombrage et empêche la publication du second tome, consacré à L’origine de l’homme. Ce second tome ne sera publié qu’en 2009 en édition critique.
Sources
Revue du Conseil économique wallon, n°40, septembre 1959, p. 68-69
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 15
Jacques THORAU, dans Biographie nationale, t. 33, col. 265-268
Marie-Claire GROESSENS-VAN DYCK, Dominique LAMBERT, L’origine de l’homme. Henry de Dorlodot. Le darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique, Liège, Mardaga, 2009, coll. CosmoLogiques
Institut Destrée, Paul Delforge