de Sélys Longchamps Michel-Edmond
Politique, Science, Biologie
Paris 25/05/1813, Liège 11/12/1900
Ayant vécu dans le château familial construit en style Empire entre 1805 et 1815 par l’entrepreneur liégeois Duckers et le sculpteur parisien Mongin, d’après les plans de l’architecte parisien Aimé Dubois, le jeune baron Edmond de Sélys Longchamps hérite de son père (Michel-Laurent) un goût manifeste pour la politique, tandis que le cadre enchanteur du parc familial lui permet très vite d’observer la faune et la flore, et d’entreprendre très jeune des collections d’oiseaux, d’œufs de lépidoptères, des herbiers, bref de se passionner pour la botanique et la zoologie. Michel-Edmond de Sélys-Longchamps sera considéré comme un entomologiste, un ornithologue et un mammalogiste dont les travaux ont compté au XIXe siècle.
Instruit par des précepteurs cultivés et enrichissant sa curiosité pour les sciences naturelles par de nombreuses lectures personnelles, il n’a pas d’âge quand il réalise ses premières études ; il établit des catalogues précis et rigoureux, et propose de nouvelles méthodes de classement. Tout au long de son existence, il va ainsi classifier, abandonnant très progressivement Linné pour adopter la théorie du transformisme. Sans cesse, à partir de 1842, il enrichit son étude La Faune de Belgique, tout en complétant ses nombreuses collections. En 1854, il propose d’envisager la distribution géographique des animaux selon une division de la Belgique en sept zones.
Son mariage en 1838 avec la fille du géologue Jean-Baptiste d’Omalius facilitera ses contacts avec le monde scientifique. Avec Pierre-Joseph Van Beneden, de Sélys peut être considéré comme l’un des fondateurs de la zoologie dans la toute jeune Belgique. « Contemporains, confrères et amis, Van Beneden et de Sélys se partagèrent en quelque sorte la tâche : Van Beneden étudiant principalement les animaux marins (…) sans négliger le côté systématique, insistant sur leur anatomie et leur embryologie ; de Sélys porta au contraire son attention sur les vertébrés et les arthropodes de l’intérieur, mammifères terrestres, oiseaux, poissons d’eau douce, lépidoptères, orthoptères, névroptères, odonathoptères, traitant son sujet en naturaliste descripteur se préoccupant des caractères extérieurs, de la distribution géographique, etc... Les résultats de leurs investigations se complètent l’un l’autre et forment un ensemble magnifique » (Florilège, p. 800). En 1855, il est désigné à la présidence de la Société entomologique de Belgique nouvellement créée. Correspondant (1841), puis membre de l’Académie royale de Belgique (1846), il est nommé directeur de la Classe des Sciences en 1854 et 1879.
Passionné et curieux, l’adolescent s’est aussi enthousiasmé pour la « Révolution de 1830 » et n’a pas caché pas sa préférence pour un régime républicain. Adulte, il se fait le défenseur des idées démocratiques, libérales et reste partisan des principes républicains, du moins jusqu’au second empire. Il aura l’occasion de croiser la route du penseur italien Mazzini, du révolutionnaire hongrois Kossuth et de l’historien polonais Lelewel contraint à l’exil.
En 1842, il obtient le droit de siéger au conseil communal de Waremme ; il y sera constamment réélu jusqu’à la fin du siècle et se fera un point d’honneur de participer aux séances. Élu conseiller provincial, dans le canton de Waremme, en en 1846, l’année du premier Congrès libéral où il prend une part active, il ne reste pas longtemps dans l’assemblée liégeoise qu’il quitte en 1848 pour siéger à la Chambre des représentants ; l’expérience est de plus courte durée encore : désigné le 13 juin en remplacement de P. Eloy de Burdinne, il démissionne le 5 novembre 1848. Quand il entre au Sénat, en 1855, encore en remplacement de P. Eloy de Burdinne, c’est par contre pour 45 ans ! De 1880 à 1884, soit la dernière législature où le parti libéral détient la majorité, Edmond Michel de Sélys-Longchamps préside la Haute Assemblée. Durant son mandat, il porte une attention particulière « à l’amélioration des conditions d’existence des classes laborieuses » (Micheels). Quand il annonce sa démission en 1900, d’importantes manifestations sont organisées en son honneur. L’homme politique et le scientifique sont associés dans les hommages.
Le nom « de Sélys Longchamps » est perpétué par Raphaël qui reste propriétaire du domaine de Longchamps, et par Walthère qui habitera le château d’Halloy, propriété maternelle depuis le décès du géologue J-B. d’Omalius.
Sources
Henri MICHEELS, dans Biographie nationale, t. 22, col. 192-199
Félix PLATEAU, Notice sur la vie et les travaux de Michel-Edmond de Sélys Longchamps…, Bruxelles, Académie, 1902, p. 44-59
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 400
Florilège des Sciences en Belgique, Bruxelles, 1968, t. I, p. 799-824
Paul BRIEN, dans Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1965, p. 69-78
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 233-234
Jules COEN, M. E. de Sélys Longchamps, 1813-1900, gentilhomme, savant et démocrate, Waremme, 1981
http://wiki.arts.kuleuven.be/wiki/index.php/Selys_Longchamps,_Michel-Edmond_baron_de_%281818-1900%29 (s.v. décembre 2014)
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 20-21, 28
La Vie wallonne, 4e année, XL, 15 décembre 1923, p. 145-164
Mémorial de la Province de Liège, 1836-1986, Liège, 1987, p. 186
Lionel JONKERS, 1914-2014. Cent ans de mayorat à Waremme, s.l., s.d. [2014], p. 21
Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 21-24
Nicole CAULIER-MATHY, Nicole HAESENNE-PEREMANS (éd.), Une vie au fil des jours : journal d’un notable politicien et naturaliste Michel Edmond de Sélys Longchamps (1813-1900), Bruxelles, Académie, 2008
Mandats politiques
Conseiller communal de Waremme (1841-1900)
Conseiller provincial (1846-1848)
Député (1848-1850)
Sénateur (1855-1900)
Paul Delforge