Di Antonio Carlo

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Boussu 12/07/1962

Député wallon : 2004-2009 ; 2009-2011* ; 2014*
Ministre wallon : 2011-2014, 2014-2019

Ingénieur chimiste et agronome diplômé de l’Université catholique de Louvain, Carlo Di Antonio entame un doctorat en Sciences et fait de la recherche en Biologie moléculaire pendant trois ans au service du professeur Goffeau (UCL). À Ottignies, il découvre la politique et figure parmi les membres fondateurs de la régionale d’Écolo. L’expérience est cependant de courte durée. De retour sur sa terre natale, où il est directeur d’une plaine de jeux, il est sensible à la préservation du Borinage et entend lancer des initiatives pour sortir les populations locales de la crise qui frappe cette ancienne région industrielle. Soucieux de préserver le site naturel qu’est devenu le terril Saint-Antoine, il se joint à l’écologiste Alfred Lepape et mène campagne contre la reprise de son exploitation par la société Ryan Europe (1988-1989), au grand dam de Robert Urbain, maïeur de Boussu. C’est à cette occasion qu’il fait la rencontre d’Albert Liénard.

Dans le même temps, il fonde deux PME, l’une spécialisée dans la création de mannequins d’étalage (Techni Models) et surtout l’autre organisatrice du Dour Festival dont le succès ne cesse de croître depuis sa première édition en 1989. Dans les années 2000, il apporte sa collaboration à la ville de Mons dans l’organisation de grands concerts. Administrateur gérant de plusieurs autres entreprises (manège équestre, société immobilière, Horeca), Carlo Di Antonio édite aussi le magazine de rock Rif Raf. En 2005, il lance le Kids Festival et, en 2018, le Dour Festival fête ses trente ans.

Parallèlement, Carlo Di Antonio s’engage en politique. Conseiller communal indépendant, tendance sociale-chrétienne élu pour la première fois en octobre 1994, il devient le chef de groupe de l’opposition Union démocratique communale de 2001 à 2006. En octobre 2006, il réalise le meilleur score personnel, mais sa liste (Dour Renouveau) ne dispose pas de la majorité absolue (12 élus sur 25). L’alliance PS-MR semble le contraindre à six nouvelles années d’opposition quand une transfuge PS rejoint les rangs Écolo qui conclut un pacte de majorité avec Dour Renouveau. Devenu bourgmestre de Dour, Carlo Di Antonio élargit sa majorité à deux des trois élus MR. Président du comité de la Fédération PSC de l’arrondissement de Mons (2001), secrétaire général du cdH (2002), Carlo Di Antonio est élu au Parlement wallon dans l’arrondissement de Mons le 13 juin 2004 ; le 7 juin 2009, il est reconduit, en tant que premier suppléant (de Catherine Fonck). À la mi-décembre 2011, Carlo Di Antonio remplace Benoît Lutgen en tant que ministre dans le gouvernement wallon présidé par Rudy Demotte ; il est en charge des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine.

Arrivé en milieu de législature wallonne, Carlo di Antonio hérite de dossiers importants, dont l’emblématique « Plan routes ». En moins de trente mois, poursuivant la politique engagée par Benoît Lutgen, il contribue à l’amélioration du réseau routier wallon et installe l’Agence wallonne pour la sécurité routière. Faisant évoluer le Code wallon de l’Agriculture, réformant la valorisation des produits agricoles wallons, il introduit une série de touches « vertes » dans sa politique, venant ainsi titiller le partenaire Écolo, en proposant par exemple d’installer du « petit éolien » le long des autoroutes wallonnes, contre le projet du ministre Henry visant l’installation de grandes éoliennes moins coûteuses.

Plébiscité à Dour en octobre 2012, le bourgmestre y dispose d’une forte majorité absolue ; lors du scrutin régional du 25 mai 2014, il « bétonne » la position du cdH dans la circonscription de Mons (8.359 vp). Dans le gouvernement wallon PS-cdH conduit par Paul Magnette et qui dispose de nouvelles compétences transférées du fédéral lors de la 6e Réforme de l’État, Carlo Di Antonio reste ministre et est désormais en charge des Transports, de l’Aménagement du Territoire, de la Mobilité, des Aéroports, de l’Environnement et du Bien-Être animal. Dans sa commune, il reste bourgmestre en titre. Quant à son mandat de député wallon, il est alors exercé par Savine Moucheron.

La première tâche qui incombe au ministre Carlo Di Antonio dès le début de la législature est le réexamen du CoDT que son prédécesseur, l’Écolo Philippe Henry, était parvenu à faire adopter in extremis en fin de législature précédente. Pendant plusieurs mois, une partie des textes est soumise à réécriture et à l’été 2016, enfin, le CoDT est voté, avant d’entrer en application le 1er juin 2017. Avec le transfert de nouvelles compétences (6e réforme de l’État), le ministre met aussi en place les nouveaux outils wallons en matière de sécurité routière, dont la réforme du permis de conduire. Après l’affaire René Tonneaux, de l’ordre est remis au sein de la direction de l’Environnement, tandis que l’Office des déchets est dissous. Avec Maxime Prévôt, il lance le « Plan Wallonie cyclable 2.0 », visant à favoriser la mobilité lente, celle des vélos, des vélos électriques en particulier. En matière d’énergie, des efforts sont consentis pour favoriser l’implantation d’éoliennes et de toutes autres formes d’énergie renouvelable qui permettent d’atteindre l’objectif de 20% de ces sources à l’horizon 2030 ; le petit éolien quant à lui attend un second souffle. Par ailleurs, d’importantes campagnes sont menées pour lutter contre la prolifération des chats errants. Particulièrement mobilisé par la réécriture du CoDT, le ministre ne répond pas aux demandes de plus en plus pressantes de l’opposition sur le volet « aéroports » : or, le contrat de gestion de la Sowaer est en attente depuis 2010, et il faut gérer le départ d’un des actionnaires principaux de l’aéroport de Charleroi (SAVE), ainsi que le dossier des redevances Belgocontrol, et de plusieurs investissements importants (comme l’allongement de la piste à Charleroi). Son idée d’une fusion des aéroports wallons suscite de vives réactions de réprobation au printemps 2015. Fin avril 2016, alors que d’autres remaniements ministériels importants sont en cours du côté du MR, « les aéroports » glissent du portefeuille de Carlo di Antonio vers celui de son collègue cdH René Collin.

Mais un changement plus fondamental se produit durant l’été 2017. À la suite de l’appel du 19 juin 2017 de Benoît Lutgen, les cartes sont rebattues en Wallonie, le cdH offrant les clés de l’Élysette au MR. Il s’agit d’une première dans l’histoire politique wallonne, puisqu’une motion de défiance constructive scelle le sort du gouvernement Magnette. Dans le nouvel exécutif MR-cdH piloté par Willy Borsus, Carlo Di Antonio reste en place ; il conserve les mêmes attributions, auxquelles s’ajoutent les Travaux publics (qu’exerçait Maxime Prévot) et son Plan infrastructures 2016-2019 aux multiples chantiers à exécuter.

Parmi les projets du ministre figure en bonne place le nouveau Schéma de développement territorial. Mais disposant de peu de temps pour montrer le changement de politique que la nouvelle majorité entend mener en Wallonie, le ministre cdH Di Antonio met d’abord l’accent sur une réforme profonde des cinq structures du TEC et prépare leur fusion en une structure unique ; il est aussi porteur d’une mesure qui crée la polémique, à savoir l’instauration du service minimum dans les TEC. Il fait aussi interdire de fumer dans les voitures occupées par des enfants, et porte le projet de décret fixant à 2030 la fin du diesel. Par ailleurs, il est aussi porteur du Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), exerçant ainsi une compétence transférée du fédéral vers la Wallonie en 2014 ; la Wallonie dispose ainsi d’un document législatif qui fait référence dans le monde.

Tête de liste cdH, candidat au renouvellement de son mandat wallon, lors du scrutin du 26 mai 2019, Carlo Di Antonio (5.638 vp) n’est pas réélu, le cdH perdant 3% et devenant le cinquième parti avec 8,81% dans la circonscription de Mons. Quittant ses fonctions ministérielles le 13 septembre 2019, il retrouve son fauteuil de bourgmestre à Dour. Depuis 2011, Vincent Loiseau avait assuré l’intérim en faisant fonction. En octobre 2018, en effet, emmenant une liste Dour Demain (49%, -4%) composée de cdH et de MR, Di Antonio (2.292 vp) parvient à conserver sa majorité absolue (14 s.) face à « Votre Dour », apparenté socialiste (40%, 11 s.), emmené par Joris Durigneux et ses 2.535 vp. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, il renonce alors définitivement à son mandat de député wallon (4 décembre). En cours de législature, cependant, le ménage « Dour Demain » se fragilise de plus en plus, le cdH reprochant au MR ses absences répétées, le MR dénonçant quant à lui une manœuvre politique ourdie à la suite de la décision libérale de ne plus se présenter en cartel avec le cdH lors du scrutin de 2024. En décembre 2022, le bourgmestre renverse la table, repousse l’allié MR dans l’opposition et signe un nouveau pacte de majorité avec Votre Dour. Aux côtés du maïeur Di Antonio, Durigneux devient Premier échevin pour les 22 derniers mois de la législature. Entre-temps, a été inauguré le Centre Athéna, un important learning center, comprenant un centre de télétravail, dans un tout nouveau bâtiment passif, construit avec le soutien de fonds européens et wallons (printemps 2024).

Le 9 juin 2024, il occupe la 1ère suppléance sur la liste Les Engagés emmenée par Pascal Baurain, dans la circonscription de Mons, au scrutin wallon. Avec 3.639 voix de préférence, il réalise le meilleur score de sa liste et le 8e score tous partis confondus. Surtout, son parti, successeur du cdH, retrouve un siège dans cette circonscription, en progressant de 5,3% (14%), devenant la 4e force politique. 

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Dour (1995-)
Député wallon (2004-2014)
Bourgmestre (2006-2011)
Ministre wallon (2011-2014)
Bourgmestre empêché (2011-2014) 
Ministre wallon (2014-2019)
Bourgmestre en titre (2014-2018)
Bourgmestre faisant fonction (2018-06/2019) 
Bourgmestre (07/2019-)

 

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 201-202
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-06/2024, dont Le Soir, mai 2015 
Wilfried, n°10, Hiver 2019, Carlo Di Antonio, l’aîné des six. Portrait https://diplomatie.belgium.be/fr/politique/themes-politiques/sous-la-loupe/carlo-di-antonio-dour-une-bibliotheque-du-futur-avec-le

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)