Eracle
Eglises, Politique
Lieu et date de naissance inconnus (circa 925), Liège 27 ou 28/10/971
Au milieu du Xe siècle, le roi de Francie orientale éprouve encore quelques difficultés à asseoir son autorité sur certaines puissantes familles ; dans l’espace lotharingien, particulièrement entre Meuse et Escaut, Otton Ier confie à son frère Brunon le soin de calmer les turbulents Régnier et de mettre en œuvre la politique de l’Église impériale. En même temps qu’il est nommé archevêque de Cologne, Brunon charge Rathier du siège épiscopal de Liège (953). Face à l’hostilité de l’aristocratie et du clergé local, Brunon est contraint d’accepter Baldéric, choix imposé par les Régnier, avant de reprendre le dessus, de forcer à l’exil les contestataires et de faire élire Éracle comme prince-évêque le 21 août 959.
Ancien prévôt de l’église de Bonn, membre de l’archevêché de Cologne, Éracle est un disciple de Rathier : comme Brunon, il a en effet reçu une formation particulière de la part du moine de l’abbaye de Lobbes, lorsque ce dernier fréquenta la cour d’Otton à Cologne vers 948-952. Éracle en restera éternellement reconnaissant à son maître. Son épiscopat s’en ressentira.
De 959 à 971, Éracle a la difficile mission d’affirmer son pouvoir spirituel et de consolider son pouvoir temporel, tant à l’égard de voisins téméraires que de Liégeois réputés sourcilleux. Parmi les « grands travaux », il fait entreprendre la construction d’une enceinte et de trois importants édifices religieux : la collégiale Saint-Paul, la collégiale Saint-Martin et une troisième dédiée à Saint-Laurent. Entamée en 968, la construction de cette dernière est délaissée par Éracle et l’abbaye ne sera finalement consacrée que plus d’un demi-siècle plus tard.
Dès son accession au trône épiscopal, Éracle s’est déchargé de sa dignité sur l’abbaye de Lobbes qu’il exerce de 959 à 960, avant introduire la coutume de la désignation de son responsable par le prince-évêque de Liège. Il veille à la discipline intérieure et au respect des biens de la dite abbaye. Brillamment formé par Rathier, Éracle va faire partager à Liège son goût pour les études. Longtemps avant les premières universités, il favorise le développement d’une véritable École liégeoise, si bien que la cité mosane devient « l’un des centres intellectuels les plus brillants d'Europe » (Silvestre), et sera surnommée « l’Athènes du Nord », sous Notger, son successeur. Enfin, on rapporte volontiers qu’Éracle a accompagné Otton Ier lors d’une de ses campagnes d’Italie. Cette année-là, le 22 décembre 968 précisément, survint une éclipse solaire que le prélat-scientifique démystifia, en expliquant le phénomène naturel à la soldatesque effrayée par la perspective du « Jugement dernier ».
Sources
Hubert SILVESTRE, dans Biographie nationale, t. XLIV, col. 446-459
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 81-82
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 166-168
Paul Delforge