Féaux Valmy
Politique, Député wallon, Ministre wallon
Nil-Saint-Vincent 19/02/1933
Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1994*
Ministre wallon : 1981-1985
5e Président du Parlement wallon : 03/1988-05/1988
Licencié en Sciences sociales de l’Université libre de Bruxelles (1956), chargé de recherche au Centre national de Sociologie du Travail et à l’Institut de Sociologie de l’ULB (1958-1966), Valmy Féaux y publie plusieurs travaux, dont, en 1963, une étude sur les événements de l’hiver ‘60-’61, Cinq semaines de lutte sociale : La Grève de l’Hiver (1960-1961). Assistant-chargé d’exercices à l’Université libre de Bruxelles, il aurait pu, moyennant la défense d’une thèse de doctorat, accomplir une carrière universitaire, mais le long article consacré à l’inégalité culturelle des travailleurs qu’il a publié dans Socialisme a interpellé Marcel Hicter qui propose Valmy Féaux comme collaborateur culturel auprès du nouveau vice-Premier ministre, le socialiste wallon J-J. Merlot (juillet 1968).
Membre de la Jeune Garde socialiste, membre du Mouvement populaire wallon, secrétaire-animateur de la Centrale régionale d’Éducation populaire du Brabant wallon, conseiller communal socialiste à Ottignies élu pour la première fois en octobre 1964, attentif à la redéfinition des programmes socio-économique et institutionnel par les socialistes wallons, V. Féaux a le profil qui convient au numéro 2 du gouvernement belge et il accepte d’entrer en politique comme chargé de mission avec rang de chef de Cabinet adjoint.
Chargé de mission auprès des ministres PSC de la Culture française (1968-1972), chef de Cabinet adjoint de Pierre Falize (janvier 1973-mars 1974), V. Féaux retrouve ses fonctions de chargé de recherche en Sociologie à l’Université libre de Bruxelles (1974-1977) quand le PSB est renvoyé dans l’opposition. Il s’intéresse à la formation permanente et à la promotion sociale dans l’attente d’exercer un mandat politique important. Lorsque P. Falize est désigné gouverneur de Namur, Valmy Féaux reprend son mandat de sénateur provincial du Brabant (1977) et fait ses premiers pas parlementaires. Il conserve ce mandat entre 1979 et 1981, moment où il vote les lois d’août 1980, donnant un contenu à l’article 107quater de la Constitution. Représentant officiel du PS au Conseil économique régional de Wallonie (1980-1981), membre du Conseil culturel de la Communauté française de Belgique depuis 1977, il siège enfin, à partir du 15 octobre 1980, parmi les parlementaires du tout nouveau Conseil régional wallon, établi provisoirement à Wépion, et participe à ses premières séances (1980-1981).
Lorsque Guy Spitaels succède à André Cools à la présidence du PS, Valmy Féaux est désigné à une fonction de ministre, héritant du département des Communications, sous la direction de Wilfried Martens d’abord (22 février-6 avril 1981), de Mark Eyskens ensuite (6 avril-17 décembre 1981). Budgétairement, il s’agit d’un ministère qui pèse lourd (2,5 milliards d’€ annuels) et que Guy Spitaels avait « arraché » des mains du CVP, qui en faisait sa chasse gardée depuis 1974.
En 1981, il décroche un mandat de député dans le délicat arrondissement de Nivelles : il sera régulièrement réélu pendant dix ans. Bénéficiant de la confiance de Guy Spitaels, Valmy Féaux est choisi comme ministre de l’Environnement et de la Vie rurale (23 décembre 1981-10 décembre 1985), dans le premier Exécutif régional wallon responsable devant son parlement. Au-delà de la mise en place des nouveaux instruments régionaux, le ministre doit organiser toute son administration et lancer des initiatives témoignant de l’évolution institutionnelle récente. Établi rue Belliard depuis décembre 1981, Valmy Féaux est le premier ministre régional wallon à installer son Cabinet à Namur-Jambes (place Joséphine-Charlotte), dès décembre 1984. Très actif en matière d’Environnement, le Cabinet Féaux fait adopter le premier plan wallon des déchets, lance la « Journée de l’arbre » (1983), et fait voter un important décret sur la protection des eaux de surface.
Chef du groupe socialiste au Conseil de la Communauté française durant les années d’opposition (1985-1987), Valmy Féaux préside le Conseil régional wallon dès la formation de la majorité PS-PSC le 3 février, alors que le gouvernement national n’est pas encore en place. Il en devient ainsi le cinquième président (3 février-10 mai 1988). Quand se forme le gouvernement belge, V. Féaux soutient la participation du PS et est désigné ministre-Président de l’Exécutif de la Communauté française, chargé de la Culture et de la Communication. Il a la responsabilité d’organiser de nouvelles compétences (enseignement) et de gérer un budget multiplié par cinq. Jusqu’en janvier 1992, la trésorerie de la Communauté française est gérée par l’État fédéral. Aucun exécutif de la Communauté française ne compte dès lors en son sein un ministre officiellement chargé du Budget. La « tradition » veut que le ministre-Président hérite implicitement de cette compétence ; à partir de mai 1988, c’est donc à Valmy Féaux que revient cette prérogative. Rapidement, il apparaîtra que les besoins (notamment les salaires des enseignants) sont plus élevés que les moyens et toute la législature sera marquée par la question du financement de la Communauté française.
Il s’avère aussi que l’année 1988 est celle de tous les rendez-vous politiques pour Valmy Féaux. Après 24 ans d’opposition communale opiniâtre, la coalition d’Yves du Monceau vole en éclats et les socialistes conduits par V. Féaux attirent vers eux les libéraux et la liste verte pour former une nouvelle majorité placée sous la direction de Valmy Féaux. Jusqu’en mars 1991, il n’est pas interdit de cumuler les fonctions de bourgmestre, de ministre et de député à triple casquette. Or, c’est fin 1991 que s’achève prématurément la législature. Dès le 13 janvier 1992, V. Féaux retrouve ses fonctions de bourgmestre. Négociateur avec Guy Spitaels et Bernard Anselme des nouveaux accords des gouvernements fédérés, il n’obtient pas la présidence du Parlement wallon à laquelle il aspirait. Il accède par contre à la présidence du Comité permanent des Fédérations wallonnes du PS (janvier 1992) et, de facto, à la vice-présidence du PS. Député-bourgmestre, il met tout son poids dans la concrétisation d’un projet qui lui est cher : la scission de la province de Brabant et son ancrage en Région wallonne.
La création du Brabant wallon figure dans l’accord de la Saint-Michel (septembre 1992) dont il vote les dispositions, ainsi que celles de l’accord de la Saint-Quentin. Se résignant au choix de Wavre comme chef-lieu de la nouvelle province, il est désigné en tant que premier gouverneur, le 15 juillet 1994, par le conseil des ministres qui, en attendant la naissance effective de l’institution (1er janvier 1995), le nomme, dès le 1er août, commissaire du gouvernement en charge de la préparation et de l’organisation de la future institution. Par conséquent, il démissionne de tous ses mandats, à la Chambre, au Parlement wallon et au Conseil de la Communauté française, de même qu’il abandonne son mandat de bourgmestre, gardant celui de conseiller communal. Il renonce enfin à la présidence du Comité permanent des Fédérations wallonnes et à la vice-présidence du PS (octobre 1994).
Responsable de l’organisation de la nouvelle province, le gouverneur Féaux veillera aussi à entretenir le sentiment d’appartenance de la population au Brabant wallon et de la province à la Wallonie. À 67 ans, il arrive au terme de sa fonction de gouverneur, en mars 2000. D’emblée, il se plonge dans la campagne électorale communale. Elle sera remportée par les Verts. Conseiller communal (janvier 2001-septembre 2003), Valmy Féaux met un terme à sa carrière politique au moment où il fête ses 70 ans, tout en restant à la direction du Centre culturel d’Ottignies et à la présidence du Festival de Wallonie, notamment, témoignages de son attachement de toujours à l’action culturelle.
Auteur de plusieurs autres ouvrages depuis son analyse de la grève de l’hiver soixante, notamment Valmy : une bataille, un prénom, une réflexion (1988), Des choux et des raves (1997), il encourage l’étude scientifique de l’histoire du Brabant (sera publiée en 2004 une Histoire du Brabant, du duché à nos jours), s’attache lui-même à faire découvrir l’histoire politique de sa province depuis 1831, remonte sur les planches en comédien amateur, voire contribue à l’édition d’épisodes des aventures de Tintin en wallon d’Ottignies.
En septembre 2014, il est élevé au rang d’Officier du Mérite wallon.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 238-242
Mandats politiques
Conseiller communal d’Ottignies puis d’Ottignies-Louvain-la-Neuve (1965-1994)
Sénateur provincial du Brabant (1977-1981)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1981)
Ministre (1981)
Député (1981-1994)
Membre du Conseil régional wallon (1981-1994)
Ministre wallon (1981-1985)
Président du Conseil régional wallon (1988)
Ministre-Président communautaire (1988-1991)
Bourgmestre (1989-1994)
Gouverneur du Brabant wallon (1995-2000)
Conseiller communal d’Ottignies-Louvain-la-Neuve (2001-2003)
© Institut Destrée, Paul Delforge