Laloux René
Socio-économique, Entreprise
Liège 19/01/1895, Liège 22/11/1981
Dans le secteur de l’armurerie liégeoise, le nom de famille Laloux évoque directement une longue tradition dans la fabrication d’armes et surtout la création de la Fabrique nationale d’Armes de guerre, la FN. Petit-fils de l’un des fondateurs (Adolphe), fils de celui qui sera administrateur pendant plus de 50 ans et président du Conseil d'administration de la société (Georges), René Laloux hérite, avec son frère André, des multiples participations de leur paternel non seulement à la FN, mais aussi dans plusieurs autres sociétés liégeoises.
Ayant suivi une formation d’ingénieur, René Laloux est nommé sous-directeur en 1932 et associé au patron Gustave Joassart à partir de 1948 ; il prendra la direction générale de la FN en 1950, succédant à Gustave Joassart. Après avoir favorisé la créativité de Dieudonné Saive en le laissant notamment réaliser les fusils automatiques, René Laloux est aussi le responsable de la réussite de la diversification de la FN quand l’entreprise liégeoise se met à construire des moteurs Rolls-Royce dès la fin des années 1940, suite aux excellents contacts noués par Joassart en Angleterre. Ensuite, la FN se lancera dans le nucléaire (Métallurgie et Mécanique Nucléaire, 1958), ainsi que dans le spatial (programme Eldo, 1963).
À la tête de 13 à 14.000 hommes, le patron dirige avec le paternalisme du siècle précédent ; chacun s’accorde à reconnaître chez lui une préoccupation sociale et un souci constant de qualité : ses compétences techniques ne sont jamais prises en défaut, il est capable d’intervenir sur n’importe quel poste dans l’entreprise ; du cadre à l’ouvrier, il est craint et respecté. Sur le plan commercial, cependant, il est davantage préoccupé par la qualité des produits qu’il fournit que par la rapidité du paiement de ses livraisons : René Laloux devient progressivement un obstacle pour les actionnaires majoritaires au sein du Conseil d'administration. En octobre 1963, il abandonne sa fonction de directeur général.
Face aux nouveaux défis industriels, les Laloux ne disposent plus du capital suffisant pour réaliser les investissements nécessaires. Très vite, la Société Générale prend l’ascendant, écartant les Laloux et confiant les rênes de la société à ses propres cadres. L’orientation de l’entreprise, son reformatage et les méthodes de management décident René Laloux à passer la main. Président et administrateur délégué de la FN de 1963 à 1971, il est le dernier représentant de la famille dans le Conseil d’administration de l’entreprise.
Sources
Pascal DELOGE, Une histoire de la Fabrique nationale de Herstal, Liège, Cefal, 2012, p. 26, 39Auguste FRANCOTTE, René LALOUX (préface), Fabrique nationale d'armes de guerre. 1889-1964, Liège, Desoer, 1965
Paul Delforge