Mineur Marie
Humanisme-Egalité, Socio-économique, Syndicat
Verviers 30/09/1831, Verviers 18/05/1923
Dans un bassin verviétois où la révolution du textile a généré autant de prospérité que de misère, Marie Mineur est interpellée par les propos de Wilhemina Muller alias Mina Puccinelli, une communarde active de la Première Internationale, lors de conférences qu’elle donne à Verviers en 1872. Avec Hubertine Ruwette, Marie Mineur crée une section féminine de l’Association internationale des Travailleurs, la Ière Internationale. Elle s’inscrit ainsi dans un mouvement né à Verviers en 1868 : très vite se sont constitués des syndicats ouvriers et, dans plusieurs secteurs, diverses revendications sociales sont rencontrées. C’est néanmoins après la répression de la Commune de Paris et alors que l’AIT est en pleine crise que Marie Mineur s’engage dans l’action militante.
En 1839, du haut de ses huit ans, elle avait commencé à travailler en usine. Journalière (1851), elle était parvenue à quitter la production industrielle et à travailler tour à tour, à partir des années 1860, comme couturière, servante, vendeuse, femme à journée ou blanchisseuse. Des multiples situations professionnelles rencontrées, elle avait tiré une série de griefs qu’elle exprime, en mots simples, dans les pages du Mirabeau, feuille anarchiste et révolutionnaire verviétoise. Ensuite, elle se fait oratrice lors de multiples « meetings » ou réunions politiques, où elle invite les femmes à rejoindre la lutte en faveur de leur émancipation. Son aisance à parler en public est mise au service d’une double cause : lutte contre l’abrutissement des esprits que génère la religion et en faveur de « l’instruction des femmes » ; engagement des femmes au sein d’associations, en particulier la Section des Femmes belges de la Ière Internationale ouvrière, mais aussi union de tous les travailleurs pour réaliser la révolution sociale. Rapidement, elle ne se limite plus à la région verviétoise et prend la parole dans le bassin de Liège, à Bruxelles, puis dans le Hainaut.
Porte-parole des femmes, engagée dans l’action anarchiste et révolutionnaire dans les années 1870, Marie Mineur va orienter davantage son action dans la lutte en faveur de la laïcisation de la société, sans abandonner son combat féministe. Membre-fondatrice du cercle L’Athéisme (1877), elle milite en faveur de funérailles civiles, de cours d’instruction laïque et la création d’écoles rationalistes. Elle lance, à Verviers, l’une des toutes premières fêtes laïques de la jeunesse en Wallonie (1888).
Décédée dans la plus totale discrétion à plus de nonante ans, Marie Mineur renaît dans les années 1970 lorsque, à l’initiative de Jeanne Vercheval, se constituent, à La Louvière d’abord, dans le Hainaut ensuite, des groupements féministes « Marie Mineur » sur le modèle des Dolle Mina aux Pays-Bas. Les détails de la vie de la Verviétoise sont alors peu connus, mais elle est considérée comme une des grandes figures féminines du mouvement ouvrier en Wallonie au XIXe siècle. Un siècle après ses premiers pas de militante, Marie Mineur (re)devient le porte-drapeau, en Wallonie, de la cause féministe.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Freddy JORIS, Marie Mineur. Marie rebelle, Verviers, 2013
Paul Delforge