© Bernard Gille
Vercheval Véronique
Culture, Photographie, Humanisme-Egalité
Charleroi 23/08/1958
Photographe de reportage, professeure, militante et féministe, Véronique Vercheval est, de son propre aveu, un parfait mélange de ses parents, Georges Vercheval, photographe, et Jeanne Vervoort, féministe. Dès son plus jeune âge, elle est trempée à la fois dans le bain des mobilisations pacifistes, antinucléaires et féministes et dans celui indispensable dans le processus de développement photographique.
Dès 1975, elle mène des études du soir en photographie, parallèlement à ses humanités en Sciences sociales. Diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, elle entame sa carrière, en 1979, comme photographe-reporter au magazine Voyelles pour lequel elle réalise de nombreux reportages sur les femmes (au foyer, au travail, créatrices, politique…). Expérience unique d’un magazine féminin d’information, entièrement réalisé par des femmes et sans recours à la publicité, Voyelles tient de 1979 à 1982, l’absence de ressources financières ayant raison de ce projet éditorial porté par une trentaine de coopératrices, dont Suzanne Van Rokeghem, Marie Denis, Jacqueline Aubenas et Jeanne Vercheval-Vervoort.
Cofondatrice de l’asbl Archives de Wallonie (1983), avec Jeanne Vercheval, Bernard Bay et Jean-Luc Deru, elle contribue, avec ses parents, à la réalisation d’un projet exceptionnel, la création du Musée de la Photographie de Charleroi, inauguré en 1987. Prenant une part active à sa naissance et à son développement, jusqu’en 2000, elle monte des expositions, anime le service pédagogique, réalise des reportages, à la fois pour le Musée et l’asbl Archives de Wallonie. Animatrice aux Rencontres Internationales de la Photographie à Arles (1982-1985), elle effectue aussi des enquêtes photographiques sur le monde du travail en Wallonie, pour l’association, en vue de constituer une mémoire photographique liée aux entreprises, aux industries, aux mouvements sociaux et à la vie quotidienne, en collaboration avec les photographes Bernard Bay et Jean-Luc Deru notamment, et aussi avec Philippe Grignard, Dominique Monjoie et Giancarlo Roméo. Leurs enquêtes photographiques systématiques s’intéressent à l’Agriculture, aux Mouvements sociaux, reportages pour lequel elle immortalise divers événements de l’histoire wallonne (manifestation en faveur de la dépénalisation de l’avortement à Bruxelles en 1981, grèves des sidérurgistes à Charleroi en 1984, etc.).
Professeure de photographie à l’Institut des Arts et Métiers à La Louvière (1987-2018), Véronique Vercheval mène aussi, depuis les années 1990, une carrière de photographe freelance et signe des reportages en Belgique et à l’étranger, dans les secteurs sociaux et culturels, réalisant des portraits et couvrant divers spectacles, auprès du Théâtre du Manège à Maubeuge, à l’Atelier-Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, au Théâtre de l’Ancre à Charleroi, etc. En 1998, son exposition All Stages réunit des photographies de spectacles joués au Centre Culturel de Charleroi, au Théâtre du Manège et à Maison des Arts de Créteil. C’est le début d’une série de projets alternant ou combinant exposition et publication.
Après un reportage sur la condition des Demandeurs d’Asile (1995), sa série de photos avec les détenues de la prison de Lantin est au cœur de l’exposition itinérante, Les images libèrent la tête (1997). Féministe, la photojournaliste publie une série de photos sur Les travailleurs de la santé (1998), en collaboration avec la Croix Jaune et Blanche, un portrait des médecins, infirmières et autres kinés dans leurs gestes quotidiens, « interrogation sur notre existence et le devenir de nos corps ». Figeant Les femmes en usines, elle les décrit comme « belles, fières, fatiguées, attentives, précises, maîtresses d’elles-mêmes et de leurs machines ». La photographe qui se fait une spécialité de travailler quasi exclusivement en noir et blanc suit Les chauffeurs de poids lourds, entre 1998 et 2001, pour la parution du livre La route à tout prix (2002) aux éditions Luc Pire.
À partir de 2002, celle qui se rend à plusieurs reprises en Palestine pour s’immerger dans la vie quotidienne de ses habitants sous occupation israélienne en tire plusieurs projets photographiques : l’exposition Palestine. Carnets de notes (2002) ; d’autres photos et un livre, en 2006, tandis que, deux ans plus tard, Véronique Vercheval participe au projet Masarat Palestine, et collabore au livre Un cirque en Palestine, ainsi qu’à l’exposition Vingt-cinq portraits de créateurs au cœur de la réalité palestinienne (2008) ; l’exposition Femmes en Palestine (2021). En 2003, après l’illustration d’un ouvrage sur la vie dans les maisons de repos du Brabant wallon, elle voyage en Haïti avec l’asbl La Charge du Rhinocéros pour la création du premier Festival [de théâtre] Quatre Chemins ; l’année suivante, elle accompagne le Groupov au Rwanda lors des commémorations du 10e anniversaire du génocide et réalise l’exposition Rwanda 2004, entre mémoire et espoir.
Ayant suivi les travailleurs de la manufacture Royal Boch, de La Louvière, avant la mise en liquidation de l’usine, elle présente à la fois un livre et une exposition, Usine occupée, 46 portraits des travailleurs de Royal Boch (2009). Pour le « 3e Œil », association d’aide aux personnes aveugles et malvoyantes, elle signe livre et exposition Tu ne vois pas, alors regarde ! (2010) Répondant à une commande de la cellule Architecture de la Communauté française de Belgique (2011), elle réalise un reportage sur le logement public dans l’espace rural (livre et exposition). Ses photographies sont au cœur du livre Bethléem, entre mythe et réalité (2017), sur un texte de Serge Hustache, et du projet Travailleurs de rues, Tisseurs de liens (livre et exposition, 2018) mené avec l’association Dynamo International. Associée au projet PluriElles, avec le soutien d’UCL Culture, elle tire le portrait d’une trentaine de femmes issues de la diaspora africaine en Belgique (2016). En 2015/2016, Véronique Vercheval est l’une des six fondatrices du collectif de photographes De Vizu, à La Louvière, qui aborde, au travers de reportages documentaires, des questions sociales, politiques et culturelles. Ce collectif réalise Frites & Manioc, à la rencontre de la population d’origine subsaharienne à La Louvière, un livre et une exposition (2017).
« Fonctionnant exclusivement sous le format des séries qui sont le fruit d’un long travail d’immersion au sein d’une communauté ou d’un sujet particulier, la démarche de Véronique Vercheval relève du témoignage. Loin d’une recherche purement esthétique et refusant toute approche évènementielle ou spectaculaire du métier de photographe, elle aime partir à la rencontre des gens et les faire « parler par la voie des photographies ». Utilisant de manière quasi exclusive le noir et blanc, elle choisit de se concentrer sur ce que ses photographies montrent d’essentiel » (bps22).
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-12/2024), dont Le Soir, 23 décembre 1988, 7 avril 2006 ; Agir par la Culture, 3 décembre 2016 ; La Libre, 25 janvier 2005
https://collection.bps22.be/fr/artistes/veronique-vercheval (s.v. janvier 2025)
Pour une histoire de la photographie en Belgique : répertoire des photographes depuis 1839, Musée de la photographie, 1993, p. 446
http://www.veroniquevercheval.net/ et https://www.veroniquevercheval.be/biographie-2/
Interview de Véronique Vercheval, http://metiers.siep.be/interviews/veronique-vercheval-photographe/
Portrait de Véronique Vercheval, http://www.antennecentre.tv/www/au_coeur_du_hainaut_le_portrait_-77310-999-223.html
Profil de Véronique Vercheval sur Linkedin, https://be.linkedin.com/pub/v%C3%A9ronique-vercheval/1a/316/892 (s.v. décembre 2014)
https://www.tisseursdeliens.be/veronique-vecheval
https://www.pac-g.be/wp-content/uploads/2021/04/catalogue-expo-Frites-et-manioc_van_web.pdf (s.v. janvier 2025)