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de Bèche Guillaume

Socio-économique, Entreprise

Liège 03/12/1573, Suède 1629


Moins connu que Louis de Geer, Guillaume de Bèche est pourtant celui sans lequel le premier n’aurait probablement jamais réussi à faire fortune en Suède. Car quand Louis de Geer arrive dans le royaume scandinave, Guillaume de Bèche est déjà établi à Nyköping depuis 1595, où il a été appelé par le futur Charles X. Né à Liège, il est l’un des six enfants de Gilles de Bèche, dont le nom s’identifie à un quartier de la cité mosane.
Responsable de mines de cuivre à Nyköping, le jeune de Bèche dirige aussi des fourneaux et des forges voisines. Rejoint vers 1598 par ses parents, ses trois frères et ses deux sœurs, Guillaume de Bèche semble le seul à travailler exclusivement dans la métallurgie, ses frères étant tous reconnus comme architectes auprès de la famille royale, et simplement associés à ses activités. C’est ainsi que les de Bèche parviennent à faire sortir des hauts fourneaux suédois une fonte d’une qualité exceptionnelle qui sert à la fabrication de canons en fer. La méthode wallonne fait merveille en Suède.

Très vite, Guillaume de Bèche exerce un quasi-monopole en tant que directeur des usines de laiton de Nyköping. Pour satisfaire la demande, il fait appel à de la main-d’œuvre spécialisée qu’il recrute auprès d’ouvriers wallons exilés dans les Provinces-Unies, plaque-tournante du commerce : c’est là, vraisemblablement, vers 1610 ou 1615, que de Bèche et Louis de Geer se rencontrent, le second avançant les fonds dont le premier a besoin pour couvrir une dette. Rapidement, de Geer achète aussi des canons à de Bèche qui a besoin de bras que peut lui fournir de Geer. À partir de 1616/1619, aidé par Louis de Geer, Guillaume de Bèche prend en bail les usines de Finspong qui, alimentées par les mines de Nora et de Lindes, connaissent une impulsion considérable. Ce sont ces établissements qui fourniront l’essentiel de l’artillerie nécessaire aux armées suédoises engagées dans la Guerre de Trente ans. En 1622, de Bèche obtient le monopole de la fonte des canons de fer, privilège confirmé 3 ans plus tard, mais en partage avec Louis de Geer.

Après quelques années, en effet, Louis de Geer qui dispose d’une fortune exceptionnelle prend l’ascendant sur les de Bèche. Disposant d’abord de participations dans leurs entreprises, il devient leur associé, à partir de 1625, pour l’exploitation des usines de Finspong ; enfin, à la mort de Guillaume de Bèche, de Geer prend la main sur toutes les mines et fabriques d’armes suédoises. Cela n’enlève rien au fait que Guillaume de Bèche, homme d’affaires du pays wallon, restera l’un des premiers entrepreneurs de l’industrie du fer et de la fonte en Suède.
En Suède, la descendance de Guillaume de Bèche délaissera les activités industrielles pour fournir au pays d’accueil plusieurs personnalités remarquées dans le domaine des sciences, des arts et de l’administration.
 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Sociétés. Économies, t. I, p. 277
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Jean YERNAUX, La métallurgie liégeoise et son expansion au XVIIe siècle, Liège, 1939
Maurice FANON, Les Wallons de Suède… en Terre de Durbuy, dans Terre de Durbuy, n° 20, 1986 et n° 39, 1991
Geneviève XHAYET, La famille de Geer et l’émigration wallonne en Suède, dans La Wallonie de Louis de Geer et la Wallonie d’aujourd’hui, catalogue d’exposition, Stockholm, 1999-2000
Luc COURTOIS et Jean PIROTTE (dir.), De fer et de feu, l’émigration wallonne vers la Suède, Fondation wallonne, Louvain, 2003.
De fer et de feu. L’émigration wallonne vers la Suède. Histoire et mémoire (XVIIe-XXIe siècles), exposition au Parlement Wallon, Namur, 19-29 février 2008 (Publications de la Fondation Wallonne P.-M. et J.-F. Humblet. Série Études et documents, t. V), édité par L. Courtois et C. Sappia, Louvain-la-Neuve, 2008
Jean YERNAUX, Revue du Conseil économique wallon, n°41, novembre 1959, p. 61-63
Jean YERNAUX, dans Biographie nationale, t. 30, suppl. t. II, col. 140-147