SPW-Patrimoine

Monastère et cathédrale Saints-Pierre-Paul-et-Quirin

L’ancien monastère bénédictin de Malmedy possède une longue histoire remontant au VIIe siècle. 

La ville se développe autour de son abbaye, qui subit de nombreuses épreuves à travers les temps. Détruite par des raids normands et hongrois aux IXe et Xe siècles, elle est également plusieurs fois la proie des flammes. 

Le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt est à l’origine de nombreux travaux, principalement après l’incendie de 1521. Il rénove les bâtiments sinistrés, ajoute le quartier abbatial et reconstruit la tour de l’abbatiale de 1535 à 1539. 

Les bâtiments conventuels conservés de nos jours datent de 1708 comme le renseignent les restes d’une inscription en ancrage située dans le cloître. Amputé du « quartier du prince », disparu suite à l’incendie de 1689, le monastère présente toutefois une belle unité architecturale. 

Il se compose de quatre ailes et deux avant-corps latéraux élevés en calcaire et moellons divers sur deux niveaux coiffés de hautes bâtières d’ardoises. 

Le vitrail moderne portant les armoiries de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy © IPW

Les bâtiments, annexés à la cathédrale, forment un grand cloître entourant une cour intérieure. 

Le bâtiment cessa d’être un monastère à la Révolution pour connaître depuis de nombreuses affectations. Il abrite aujourd’hui, dans une partie des bâtiments restaurés en 2005, le Trésor de la cathédrale de Malmedy, témoin de la riche histoire de la cité et de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Y sont notamment conservés de nombreux objets liturgiques liés à l’histoire principautaire ainsi qu’une belle collection de portraits des derniers princes-abbés. 

Plus récemment, le monastère est devenu le « Malmundarium », cœur touristique et culturel de Malmedy. Espace de mémoire, d’art et d’histoire, il présente de nombreuses facettes de l’histoire malmedienne parmi lesquelles une imposante ligne du temps, l’« Historium », retraçant quatorze siècles d’histoire depuis 648 jusqu’à nos jours.

 

Le monument funéraire de Joseph de Nollet. © IPW

Témoin privilégié de l’histoire de Malmedy, le monastère est indissociable de son ancienne église abbatiale, aujourd’hui cathédrale. 

Bien que résidant la plupart du temps à Stavelot, le souverain était abbé de Malmedy et siégeait donc dans l’église dédiée aux saints Pierre, Paul et Quirin. 

Le bâtiment actuel, construit de 1776 à 1782, est le successeur de plusieurs églises abbatiales. Consacré en 1784, il a été élevé sur les plan

s de l’architecte Charles-Antoine Galhausen. 

L’ancienne abbatiale, détruite par le feu en 1689 comme le monastère suite au passage des troupes de Louis XIV, attendait un nouveau souffle depuis près d’un siècle. 

L’imposante façade présentant deux tours carrées sous coiffe à lanternon octogonal annonce à elle seule les proportions de l’édifice. 

La façade principale, tout comme les façades latérales, sont assez épurées ainsi que l’intérieur décoré tout en pureté et sobriété par le stucateur-ornemaniste François-Joseph Duckers qui réalisa notamment les bas-reliefs de la coupole.

Le monument funéraire de Dieudonné Drion © IPW


 Siège spirituel du prince-abbé à Malmedy, la cathédrale conserve encore des traces manifestes de son appartenance à la principauté abbatiale : deux tombeaux en marbre noir et blanc sont murés dans le chœur. 

Le premier, à droite, porte les armoiries de la principauté ainsi que celles du prince-abbé Joseph de Nollet (1672-1753). 

Le second, à gauche, porte également les armoiries principautaires ainsi que celles du prince-abbé Dieudonné Drion (1669-1741). 

Les vitraux de la nef, bien que récents, témoignent eux aussi du passé prestigieux de la ville. Installés après les bombardements de 1944, ils présentent plusieurs devises et armoiries de princes-abbés de Stavelot-Malmedy, parmi lesquelles celles de Joseph de Nollet et de Jacques de Hubin. Le vitrail de la croisée du transept représente quant à lui les armoiries de l’ancienne principauté.

Place du Châtelet
4960 Malmedy

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Manoir de Villers-devant-Orval (ou ferme Guerlot)

Affranchi au XIIIe siècle par les seigneurs de Villers, la localité reste liée à la fondation d’une importante abbaye cistercienne. Un vaste alleu, propriété au XIIe siècle des seigneurs de Han-sur-Lesse, constituait alors la base d’une seigneurie haute-justicière qui, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, resta en marge de la prévôté de Chiny. La localité passa aux mains des seigneurs de la famille de Custinne puis, jusqu’en 1559, aux mains des seigneurs de Sapogne. Le village fut entièrement détruit par les troupes du roi de France Louis XIII en 1637. L’abbaye d’Orval se rendit maître des lieux au XVIIIe siècle et apporta une salutaire période de prospérité et de calme.

Le village conserve plusieurs témoins de son riche passé parmi lesquels le « Manoir », caractérisé par sa toiture « à l’espagnole » et une tour médiévale, vestige de l’ancien château  seigneurial situé à la frontière française. La ferme Guerlot, également appelée manoir de Villers-devant-Orval, est réellement le bâtiment le plus impressionnant du lieu. Millésimé de 1595, elle conserve une taque de foyer frappée aux armes de Philippe II dans la cheminée du premier étage.

Rue de Margny
6823 Villers-devant-Orval (Florenville)

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Domaine de Mariemont

Le prestigieux site de Mariemont doit son nom à la sœur de Charles Quint, Marie de Hongrie, nommée gouvernante générale des Pays-Bas par son frère en 1531. En 1545, elle choisit le site pour y élever une résidence d’été. De ce pavillon de chasse construit par son architecte attitré Jacques du Broeucq, rien ne subsiste. Incendié en 1554 par les troupes du roi de France, le domaine est abandonné durant plusieurs décennies avant d’être redécouvert par d’autres gouverneurs des Pays-Bas, les archiducs Albert et Isabelle à partir de 1605-1608. Ils demandent à l’architecte Wenceslas Cobergher de remanier les ruines de la demeure de Marie de Hongrie et agrandissent considérablement le domaine. Les vestiges de ce palais ont eux aussi définitivement disparus. Une nouvelle période d’abandon du site s’ouvre en 1678 pour ne se terminer qu’en 1734 lorsque l’archiduchesse Marie-Élisabeth, gouvernante générale des Pays-Bas autrichiens, découvre l’endroit. Le domaine de Mariemont est alors remanié une fois de plus. Le but de la gouvernante était de transformer le site en haut lieu du thermalisme ; de cette volonté est conservée la fontaine archiducale de Spa. Érigée en 1741, elle est installée au centre d’un bassin circulaire pavé de pierre bleue et est décorée d’un cartouche portant les armoiries de la maison d’Autriche, aujourd’hui martelées. Elles sont surmontées de la couronne archiducale et accompagnées des initiales de la gouvernante M.E.

Les vestiges du palais de Charles-Alexandre de Lorraine, dans le parc de Mariemont © IPW

En 1754, le nouveau gouverneur général Charles de Lorraine découvre à son tour le domaine. Jusqu’à sa mort en 1780, il travaille à embellir considérablement les installations de Mariemont. Il érige une vaste demeure de plaisance sur les fondations du château de Marie de Hongrie. Si la plupart de ces constructions ont elles aussi été détruites, le parc compte encore de nos jours des vestiges de l’orangerie et, au sud du parc, le double plan incliné dit « fer à cheval » construit par l’architecte Laurent-Benoît Dewez. En 1794, les révolutionnaires français pillent le château et incendient le domaine. De nouveaux bâtiments seront érigés par les Warocqué, figures historiques de Morlanwelz au XIXe siècle. Le domaine appartient aujourd’hui à l’État ; les vestiges des diverses constructions liées aux gouverneurs des Pays-Bas autrichiens prennent place dans un vaste parc arboré de 45 ha.

Chaussée de Mariemont 100
7140 Morlanwelz

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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant - SPW Patrimoine

Collège royal Marie-Thérèse

Le domaine rural de Herve fut un des noyaux constitutifs du comté puis du duché de Limbourg. Vers 1270, la bourgade fut élevée au rang de ville par le duc de Limbourg Waleran IV : ses habitants furent réputés bourgeois et une cour de justice de la franchise de Herve fut instituée. La ville possède un château fort à côté de l’église dont la tour-donjon servait de refuge. La franchise fut élevée en seigneurie hautaine en 1655 et passa dès l’année suivante des les possessions de Robert d’Aspremont-Lynden dont les descendants restèrent seigneurs jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. La position centrale de Herve attira toutes les attentions du pouvoir central qui aurait voulu en faire la nouvelle capitale du duché de Limbourg ; sous le régime autrichien, elle devint ainsi le siège de divers organismes du duché sans en devenir le chef-lieu pour autant.

Portrait de l’impératrice Marie-Thérèse conservé au collège royal de Herve. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Le collège royal Marie-Thérèse est encore aujourd’hui un des rares témoins de la politique religieuse et d’enseignement de l’impératrice, par ailleurs duchesse de Brabant et de Limbourg. Fondatrice de nombreux établissement d’enseignement à l’origine de nos athénées, Marie-Thérèse laisse son nom à bon nombre de collèges. La suppression de la Compagnie de Jésus décidée le 21 juillet 1773 par le pape Clément XIV provoqua dans les Pays-Bas autrichiens la suppression de dix-sept collèges tenus par les Jésuites. Cette décision papale incita Marie-Thérèse à créer des collèges royaux sur le modèle des collèges thérésiens autrichiens afin de les remplacer. Le collège royal Marie-Thérèse de Herve, actuellement le seul à toujours porter le nom de sa fondatrice, fut fondé le 9 mars 1777 par un décret qui ordonna de créer un certain nombre d’établissements dans les Pays-Bas autrichiens, dont un devait se trouver dans le duché de Limbourg. 

Mieux située au cœur de la province, la ville de Herve fut choisie au détriment de la capitale du duché. Les bâtiments du nouveau collège englobent les constructions du refuge des Récollets de Bolland et furent inaugurés dès le 1er janvier 1778 par Charles-Alexandre de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas. Le collège fut supprimé dès 1794 par les troupes françaises qui réquisitionnèrent les bâtiments. En 1803, un établissement privé appelé « école spéciale » intégra les bâtiments qui renouèrent avec l’enseignement. L’appellation de l’institution évolua encore et fit à nouveau référence à sa fondatrice après l’indépendance de la Belgique : collège de Marie-Thérèse ou collège thérésien (1838), collège Marie-Thérèse (1872) et enfin collège royal Marie-Thérèse en 1927.

Rue de Charneux 36
4651 Herve

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Cimetière de Longchamps

Longchamps est une localité reconnue comme centre d’un domaine impérial jusqu’au XIe siècle. La plus grande partie de la commune appartient ensuite à la seigneurie de Rolley, fief du comté de La Roche.

Au centre du cimetière se trouve une tombe figurant un gisant en demi-relief. Une inscription en lettres gothiques gravée sur le pourtour évoque l’ancien duché : « Ci-gît honore seigneur Guillaume de Boulant, seigneur de Rolley, haut justicier du duché de Luxembourg et comté de Chiny, grand prévôt d’Ardenne qui trépassa l’an 1554 ». Le défunt est un des membres de la famille de Boullant, détentrice de la seigneurie de Rolley depuis 1291 et à la tête de ce fief qui relevait du comté de La Roche jusqu’en 1600. Quelques vestiges de leur forteresse située à Longchamps subsistent actuellement et sont remployées dans d’autres constructions ; le château de Rolley constituait au Moyen Âge une des places fortes d’importance du duché de Luxembourg.

6688 Bertogne

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Frédéric MARCHESANI, 2013

KIK-IRPA, Bruxelles

Château-ferme de Ramelot

Bien que le site ait été occupé depuis l’époque romaine, il faut attendre 1160 pour que le nom du village ne soit mentionné. 

Dépendant du duché de Luxembourg, la seigneurie de Ramelot est alors aux mains de la famille du même nom jusqu’au XVIe siècle avant d’être engagée à plusieurs familles jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Si la plupart des constructions datent actuellement du XIXe siècle, le château-ferme de Ramelot a été construit essentiellement au XVIIe siècle, bien que fortement remanié au cours des deux siècles suivants. En 1700, l’ensemble est acheté par Mathias-Guillaume de Louvrex, juriste liégeois et conseiller privé des princes-évêques Joseph-Clément de Bavière et Georges-Louis de Berghes. 

De la bâtisse d’origine est conservée une brique de foyer millésimée 1696 et représentant un aigle bicéphale couronné.

Rue du village
4557 Ramelot

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Château-ferme de Cour-sur-Heure

Partie du domaine agricole de l’abbaye de Lobbes en 868, la terre de Cour-sur-Heure en est détachée à partir de 960 et devient, à la fin du XIIIe siècle, un franc-alleu noble des sires de Morialmé relevant de la Cour féodale de Brabant jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. L’un d’eux, Nicolas de Condé, en fit un fief de reprise de la Cour féodale de Brabant. Cour-sur-Heure devient dès lors une seigneurie franche enclavée entre le comté de Namur et la principauté de Liège. Comme pour toute terre franche, les habitants de Cour-sur-Heure étaient exemptés de payer l’impôt aux États de Brabant.

Situé en bordure du village, le domaine forme un vaste quadrilatère fortifié dont les bâtiments s’ordonnent autour de l’ancienne basse-cour, aujourd’hui cour rectangulaire. L’enceinte est cantonnée de quatre tours d’angle circulaires millésimées 1593. L’aile ouest est encadrée de deux tourelles coiffées d’une toiture d’ardoises en poivrière ; elle abrite les étables et présente en son centre un porche d’entrée ouvert de deux portes charretières. En face, au milieu de l’aile nord, se situe le logis seigneurial du XVIIIe siècle, aujourd’hui englobé dans des dépendances de ferme construites au XXe siècle.

Rue Sint Jean
6120 Cour-Sur-Heure

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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant - SPW Patrimoine

Château fort de Logne et son environnement

Le blason de Guillaume de Manderscheidt sur le logis de la ferme de la Bouverie. © IPW

L’actuel hameau de Logne se situe en contrebas des ruines de l’ancien château. Sous l’Ancien Régime, « Logne » désignait le village se trouvant à l’emplacement de l’actuelle localité de Vieuxville. Le nom apparaît pour la première fois dans une charte de l’abbaye de Stavelot de 862. Le château devient alors le centre militaire de la châtellenie de Logne. Après le démantèlement de la forteresse en 1521, le princeabbé Guillaume de Manderscheidt prend le titre de « comte de Logne » et crée le comté du même nom qui désigne alors toute la partie occidentale de sa principauté.

Implanté dans un site classé, au sommet d’un étroit et haut éperon barré naturel au confluent de l’Ourthe et de la Lembrée, cette ancienne place forte médiévale appartient aux moines de l’abbaye de Stavelot depuis la charte du roi Lothaire II de 862. Un castrum servant de retraite à ces mêmes moines lors des invasions barbares est mentionné vers 883-885. En 1138, l’abbé Wibald de Stavelot améliore les installations et transforme le modeste refuge en un véritable château fort, placé sous l’autorité d’un « ministerial » chargé de l’organisation militaire et judiciaire du lieu. De nombreux sièges tenus aux XVe et XVIe siècles aboutissent à la destruction du lieu en 1521 par le seigneur de Sedan Robert II de la Marck, partisan du roi de France François Ier alors en guerre contre Charles Quint.

Après le démantèlement de la place forte, le château est restitué à l’abbaye de Stavelot. Les ruines sont longtemps abandonnées jusqu’à un regain d’intérêt marqué par une première campagne de fouilles en 1898. La province de Liège acquiert le site en 1968 et en confie la gestion depuis à diverses asbl. Entretien, sauvegarde et exploitation touristique des ruines ont ainsi été réalisés. Les vestiges visibles de nos jours témoignent de trois phases de construction :
 

  1. une phase primitive datant vraisemblablement du XIIe siècle comprenant une haute-cour et son enceinte ainsi qu’une tour-donjon ;
  2. un corps de logis élevé probablement au XIIIe ou au XIVe siècle ;
  3. un réaménagement complet dans le dernier quart du XVe siècle par l’érection d’un système de défense bas et extérieur à la vieille enceinte.
     
L’ancienne maison dite de l’abbé à Vieuxville © IPW

La localité de Vieuxville compte encore deux bâtiments d’importance liés à son ancienne appartenance stavelotaine. Après la destruction du château, de nombreux monuments de Vieuxville furent construits avec une partie des matériaux de celui-ci, notamment la ferme de la Bouverie, maison du représentant de l’abbaye de Stavelot, encore dénommé alors « châtelain de Logne ». Propriété des moines, elle accueillait aussi le siège militaire des cours centrales et fiscales dont le prince-abbé était le chef. Ancienne exploitation agricole élevée en moellons de calcaire aux XVIe et XVIIIe siècles, le quadrilatère donne sur une cour pavée accessible par un portail du XIXe siècle. Au nord se situe le logis reconstruit en 1564 ; cette partie de la ferme conserve une pierre sculptée aux armes du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt et datée de 1570. Le bâtiment abrite aujourd’hui le musée archéologique du comté de Logne.

Non loin de là se trouve l’ancienne maison dite de l’abbé. Cette bâtisse du XVIIIe siècle, plusieurs fois remaniée depuis, est l’héritière d’une demeure plus ancienne comprenant la maison du prince-abbé de Stavelot-Malmedy, transformée avant la Révolution, et un oratoire aujourd’hui disparu. La maison conserve un intérieur ancien : portes du XVIIIe siècle, rampe d’escalier à balustres plats, taque de cheminée en fonte datée de 1560 et gravée de motifs et inscriptions religieuses.

Rue du Pâlogne 6
4190 Ferrières

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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant - SPW Patrimoine

Château féodal de La Roche-en-Ardenne

La Roche est sous l’Ancien Régime la capitale d’un comté qui porte son nom. La ville est installée dans une boucle de l’Ourthe, dans une vallée encaissée surplombée par un éperon rocheux sur lequel les comtes érigent leur château fort. Affranchie dans les premières années du XIIIe siècle, la ville obtient en 1332 de Jean l’Aveugle le droit d’ériger des remparts dont ne subsistent aujourd’hui que des maçonneries et une tour presque complète derrière l’église. En contrebas du château, une petite agglomération se développe à partir du XIIe siècle et devient le siège de ce comté s’étendant de Marche à Bastogne et comprenant quatre pairies (Houffalize, Beauraing, Han-sur-Lesse et Humain). À la fin du XIVe siècle, ce grand domaine va se fragmenter en trois prévôtés distinctes : Marche, La Roche et Bastogne. Le comté de La Roche se compose dès lors de la ville et de la franchise de La Roche, de quatre hautes cours de justice, de neufs pleins fiefs et d’une centaine de communs fiefs et de petites cours foncières. Dix seigneuries hautaines ressortent de ce comté.

Les vestiges de la forteresse de La Roche témoignent aujourd’hui de l’importance du complexe castral à l’époque médiévale. Naturellement défendu, le site est occupé dès le Haut Moyen Âge et même antérieurement. Le château est construit entre le XIe et le XIIe siècle et entre en 1046 dans les possessions de l’empereur Henri III du Saint-Empire qui l’échange avec Frédéric de Luxembourg (†1065), duc de Basse-Lotharingie. Il passe ensuite entre les mains du comte Albert III de Namur (1064-1106) dont sont issus les premiers comtes de La Roche. En 1102, Henri Ier de La Roche s’installe à cet endroit. En 1153, le château passe dans l’apanage d’Henri l’Aveugle et, en 1199, définitivement dans le patrimoine de Thibaud de Bar, époux de la comtesse Ermesinde Ire de Luxembourg. Le comté et son château fort entrent dans les possessions des comtes de Luxembourg et assument dès lors un rôle stratégique dans la défense du lieu. Avec l’essor urbain des XIIIe et XIVe siècles, le château est agrandi et continue de protéger le chef-lieu du comté. Avec l’intégration du duché de Luxembourg dans les terres d’Empire en 1549, La Roche se retrouve sur la ligne de défense du sud des Pays-Bas espagnols. Le château médiéval est adapté à l’artillerie à poudre et une grande terrasse bastionnée est érigée à l’est de l’entrée. Devenus maîtres de la place à la fin du XVIIe siècle, les Français adaptent le château à l’art de la guerre de siège. Il est pourtant laissé à l’abandon après leur départ et il faut attendre son rachat au milieu du XIXe siècle pour qu’il soit sauvé de la ruine complète.

Toujours aujourd’hui, un chemin escarpé mène au sommet de l’éperon vers le châtelet d’entrée composé d’une porte en plein cintre flanquée de part et d’autre de deux énormes tours. Le quadrilatère de la haute-cour, érigé au XIVe siècle, se trouve sur la plate-forme la plus élevée. On y trouvait alors la demeure seigneuriale, une aire d’honneur et divers bâtiments, le tout cerné par une courtine et protégé par trois tours.

Rue du Vieux Chateau 4
6980 La Roche-en-Ardenne

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Frédéric MARCHESANI, 2013

KIK-IRPA, Bruxelles

Château des Vieux Fourneaux

Cité pour la première fois en 895, le village de Hamoir et son château constituaient un fief relevant de la Cour féodale de Stavelot. Situé dans le comté de Logne, ce fief était géré par une mayeurie d’officiers héréditaires. Le château du Fourneau ou château des Vieux Fourneaux conserve lui aussi une trace matérielle rappelant son appartenance stavelotaine d’Ancien Régime. Ces fourneaux, cités depuis 1425, connurent une grande prospérité au XVIIe siècle, avant d’être délaissés. À la fin de ce siècle, les lieux devinrent propriété de l’abbaye de Malmedy avant d’être rapidement revendus en 1698. Ils sont le lieu de réunion de l’assemblée des officiers et gentilshommes du comté de Logne dès le début du XVIIIe siècle. Le fourneau subsiste jusqu’en 1805 ainsi qu’une forge jusque 1820. Le bâtiment actuel est divisé en deux parties, chacune flanquée de tours circulaires.
 

Dans le château, une taque de foyer aux armes de la principauté de Stavelot-Malmedy date de l’année de la vente du domaine à celle-ci. Elle figure en son centre le blason au dragon, emblème de Malmedy, entouré des attributs abbatiaux : la mitre, la crosse et l’épée. Autour de la composition se trouve l’inscription gravée « INSIGNIA ABBATIA IMPERIALIS MALMONDANENSIS ». Le millésime 1698 est lui aussi présent. Plus curieux, le bâtiment conserve une autre taque de cheminée, cette fois aux armes de Charles Quint. Datée du XVIe siècle sans plus de précision, elle comporte les emblèmes impériaux traditionnels (aigle bicéphale, couronne, armoiries de Charles Quint) ainsi que la devise du roi d’Espagne « PLUS OULTRE ». Hamoir se trouvait pourtant sur le territoire du comté de Logne, faisant partie intégrante de la principauté de Stavelot-Malmedy.

Rue de Tohogne 14
4180 Hamoir

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Frédéric MARCHESANI, 2013