Maison Jacquet

Rochefort est le centre de la principale seigneurie du sud de la principauté de Liège et la capitale du comté du même nom. 

Une partie du territoire du comté déborde des frontières liégeoises et fait partie de la terre de Hamerenne, seigneurie luxembourgeoise de la prévôté de Durbuy. 

Ses habitants sont dotés d’une charte de franchise en 1235 par le prince-évêque Jean d’Eppes. 

Érigée en comté en 1494 par Jean de Hornes, elle relève à la fois du prince-évêque et du duc de Luxembourg. 

L’histoire de Rochefort est aussi intimement liée à celle de l’abbaye Saint-Rémy, fondée à la fin du XIIIe siècle. 

La maison Jacquet, propriété au XVIIIe siècle de Pierre-Louis Jacquet (1683-1763), évêque suffragant de Liège, est située en contrebas du château des comtes de Rochefort. 

Cette longue bâtisse d’allure classique a été élevée en briques et pierre bleue à la demande de son propriétaire. À l’intérieur se trouve un corps de cheminée daté de 1763 portant les blasons de Monseigneur Jacquet et du prince-évêque François-Charles de Velbrück (1772-1784).

Rue Jacquet 76
5580 Rochefort

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Frédéric MARCHESANI, 2013

© KIK-IRPA, Bruxelles

Maison Istace-Dambour

Parmi les cheminées de la demeure, une très belle taque de foyer en fonte retient l’attention. 

Placée dans une cheminé en bois sculpté datée de 1700-1710, une taque millésimée 1559 porte les armes impériales. 

Au centre de la composition, un écu représente l’aigle bicéphale surmontée d’une couronne royale entourée du soleil et de la lune et supporté de part et d’autre par deux griffons couronnés. 

Un bandeau au-dessus de la composition date l’œuvre « AN[N]O 1559 ». 

La présence dans une demeure du duché de Luxembourg d’une taque aux armes impériales autrichiennes est des plus originales pour l’époque. 

En 1559, le duché est possession de la couronne espagnole, depuis trois ans entre les mains du roi Philippe II, fils de Charles Quint. 

L’empereur du Saint-Empire, dont les armes figurent ici à Paliseul est à ce moment Ferdinand Ier, l’oncle du roi d’Espagne, désigné par son frère Charles Quint à sa succession en 1556 au moment de son abdication. Il est à l’origine de la branche autrichienne des Habsbourgs.

6850 Paliseul

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Maison du bailli d'Oreye

Déjà occupé à la Préhistoire et à l’époque romaine, Bergilers constituait durant le Haut Moyen Âge un franc-alleu jusqu’en 1335 lorsque Clérembaut d’Atrive en fit hommage au comte de Namur Jean II qui releva le domaine en fief. 

La localité devint à partir du XIVe siècle le siège d’une seigneurie qui constituait une enclave namuroise en pays de Liège. 

À sa possession était attaché le droit de siéger au nombre des douze pairs qui formaient, avec le comte de Namur, le tribunal suprême du comté. Vers 1400, la seigneurie fut mise en engagère et passa entre diverses mains. Les seigneurs y possédaient une haute cour de justice et, au XVIe siècle du moins, un moulin.

L’ancienne maison du bailli est aujourd’hui le témoin le plus marquant de cette appartenance namuroise d’Ancien Régime. 

Située en retrait face à l’église, la bâtisse récemment restaurée a été construite au début du XVIIIe siècle en briques et calcaire, sous une bâtière à coyaux de tuiles. 

Située dans le baillage de Wasseiges, l’enclave de Bergilers possédait une résidence secondaire pour le bailli, personnage exerçant dans sa circonscription des fonctions judiciaires, financières et militaires : veiller à l’application des ordonnances du comte de Namur, rendre la justice en appel des jugements rendus par les prévôts, lever et collecter les impôts ou encore mobiliser les troupes en cas de conflit.

Rue du Bailli
4360 Oreye

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Maison A l’Empereur

Créé en 1251 et détaché de Fourons-le-Comte, le ban d’Aubel faisait partie du comté de Dalhem, rattaché au duché de Brabant depuis 1239. Resté aux Pays-Bas espagnols après le partage de 1661, Aubel et les autres localités du Dalhem espagnol, passèrent aux Pays-Bas autrichiens en 1713. La seigneurie hautaine d’Aubel et sa cour de justice appartenaient directement au roi d’Espagne avant d’être vendue en 1645 par Philippe IV.

Sur la place Ernst, au centre de la localité, la maison dite « à l’empereur » témoigne de l’appartenance d’Aubel et des pays d’Outremeuse aux Habsbourgs d’Autriche depuis le traité d’Utrecht ayant mis fin à la guerre de succession d’Espagne. Cette maison construite dans le derniers tiers du XVIIIe siècle en briques et calcaire sur quatre niveaux de hauteur dégressive conserve une enseigne sculptée d’un buste de profil au-dessus de la banderole gravée « À L’EMPEREUR ». Elle est intégrée à la façade du rez-de-chaussée, malheureusement transformé depuis ; il pourrait s’agir d’une représentation de l’empereur Joseph II, selon toute vraisemblance, la construction de l’édifice étant contemporaine de son règne.

Place Ernst 29
4880 Aubel

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Classée comme monument le 2 février 1984

Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW-Patrimoine

Forteresse de Crèvecœur et vestiges des fortifications

Siège d’un habitat depuis la Préhistoire, le site de Bouvignes et son attrait stratégique indéniable a de tous temps abrité des ouvrages défensifs. 

À partir du Xe siècle, l’appartenance de Bouvignes au comté de Namur lui procure une position importante, principalement caractérisé par sa proximité avec sa rivale liégeoise, Dinant. 

Dès le XIe siècle, un donjon est érigé sur l’éperon barré en même temps qu’une ville nouvelle qui concentre son habitat autour de l’église et du château réédifiés au XIIe siècle. En 1213, le comte de Namur accorde aux bourgeois de la ville des privilèges et des franchises : Bouvignes devient la seconde ville du comté, elle est le siège d’un baillage, circonscription administrative et judiciaire, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Au XIIIe siècle, des remparts ceinturent la ville au nord et au sud. La forteresse de Crèvecœur est construite au siècle suivant pour répondre aux constructions liégeoises mais c’est sous le règne de Charles Quint que son apogée est atteint. La place forte est toutefois détruite par les troupes du roi de France Henri II en 1554 et ne s’en releva jamais vraiment. Le site est progressivement abandonné. 

Au début du XVIIe siècle, le château comtal se détache de la ville, des ordres religieux s’y installent et Bouvignes devient peu à peu une ville ouverte. Château et remparts sont démantelés, la ville devient véritablement une cité sans éclat au XVIIIe siècle.

Vue aérienne du site de Bouvignes avec la forteresse de Crèvecœur et les vestiges d’une tour de défense au pied de l’église. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Malgré son déclin à l’Époque moderne, Bouvignes conserve encore aujourd’hui d’innombrables traces de son prestigieux passé : des bâtiments liés à son statut de chef-lieu de baillage et des vestiges d’ouvrages défensifs. 

Situées sur un promontoire rocheux en bordure de l’agglomération, les ruines de l’ancien château comtal témoignent de l’importante forteresse créée par le comte de Namur à la fin du XIe siècle. De considérables travaux d’agrandissement et d’adaptation interviennent aux XIVe et XVe siècles. 

Aujourd’hui, le donjon ne subsiste plus qu’à l’état de ruines, envahies par la végétation. Dominant la ville, les ruines du château de Crèvecœur témoignent elles aussi de l’importance défensive de Bouvignes au Moyen Âge. Cette seconde forteresse est érigée par le comte de Namur vers 1321 suite au siège de la ville par le prince-évêque de Liège Adolphe II de la Marck. Avec le château comtal, Crèvecœur assure la défense de la localité au cours des multiples phases de la lutte entre les deux bourgades voisines. La forteresse est toutefois mise hors d’usage par Henri II en 1554.

Du système défensif, nous conservons plusieurs ouvrages parmi lesquels la porte de la Val, proche de l’église Saint-Lambert. Cette ancienne porte d’entrée de la ville, remarquablement conservée, est composée de deux tours circulaires encadrant un passage voûté datant de la fin du XIVe siècle. Elle constitue le seul témoin notable des fortifications dont la ville était entourée depuis la charte communale de 1213 jusqu’au démantèlement par les Espagnols en 1672. 

D’autres vestiges des remparts médiévaux sont visibles rue de Meuse : un court pan de muraille évoque le souvenir de la porte Chevalier, autrefois entrée nord de l’enceinte. Plus loin se trouve une tour semi-circulaire, appelée tour Gossuin.
 

Le blason du duc de Bourgogne Philippe le Beau à Bouvignes. Photo de 1988 © KIK-IRPA, Bruxelles

En face du n° 40 de la rue de Meuse se trouve une trace liée au duc de Bourgogne et comte de Namur Philippe le Beau (1478-1506). 

Héritier des possessions habsbourgeoises et bourguignonnes, il devient également par mariage lié au roi de Castille et de León. Véritable fondateur de la dynastie espagnole et autrichienne des Habsbourgs, il est le père de Charles Quint. 

La dalle, datée de 1505, est placée dans le mur de soutènement d’accès à l’église et figure les armes martelées du comte et une inscription à sa base : « Philippe, par la grâce de Dieu roi de Castille, de León et de Grenade, archiduc d’Autriche, prince d’Aragon, duc de Bourgogne, comte de Flandre et de Namur ». En dessous, un second blason martelé est entouré du collier de la Toison d’Or entre deux croix de Bourgogne.

5500 Bouvignes-sur-Meuse

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Ferme du Tchestia

Le village de Wansin était compris sous l’Ancien Régime dans une vaste seigneurie avec les villages de Wansineau et Chapeauville. 

Elle fit longtemps partie du domaine des comtes de Namur et de leurs successeurs avant d’être vendue en 1688 à Charles Zuallart et de passer entre diverses mains jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. 

La ferme du Tchestia (Tchestia signifie château en wallon), vestige du château-ferme des seigneurs du lieu, était le siège de cette seigneurie constituant une enclave namuroise dans les terres du duché de Brabant. Organisés autour d’une cour pavée, les bâtiments actuels ont été érigés principalement dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le logis conserve toutefois d’importants éléments de la première moitié du XVIIIe siècle, dont une fenêtre à croisée en pierre de Gobertange. Le seigneur y possédait une haute cour de justice.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Ferme du prince-évêque

Les armoiries de ce même prince se retrouvent également sur le linteau de la porte d’entrée de la « ferme du prince-évêque » de Chapon-Seraing. 

Localité signalée dès le XIIIe siècle, cette seigneurie appartenait directement au prince-évêque de Liège. Elle était administrée par la Chambre des comptes et le prince y nommait les membres de la Cour de justice. 

En face de la place et de l’église, cette ferme dite « du prince-évêque » était autrefois la plus importante construction du village. C’est dans son corps de logis que siégeait la cour de justice. 

En tant que seigneur de Chapon-Seraing et à titre personnel, le prélat liégeois exploitait plusieurs hectares de terres répartis sur tout le territoire de la seigneurie. Celle-ci fut mise en engagère le 23 novembre 1771 par Charles-Nicolas d’Oultremont. 

Mise en vente en 1798 comme bien national, l’exploitation fut partiellement détruite. Aujourd’hui, la grange du XVIIIe siècle subsiste ainsi que des étables transformées en habitation et un corps de logis dont le perron est surmonté du blason de Gérard de Groesbeeck.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Ferme du Christ

Le village de Wasseiges faisait partie du comté de Namur dont il était un des sept baillages sous l’Ancien Régime. 

La seigneurie hautaine appartenait directement au comte de Namur et ne fut engagée qu’en 1755 au baron Antoine-Joseph d’Obin. 

La ferme du Christ ou ferme de Spontin, propriété de la petite seigneurie de Crupet, garde une mention relative au roi d’Espagne Philippe IV (1621-1665) et de son épouse la reine Élisabeth. 

L’ensemble, assez homogène, a été érigé aux XVIIe et XVIIIe siècles, après l’achat de la seigneurie en 1617 par Charles de Spontin-Beaufort. 

Au centre de l’aile ouest, l’accès au bâtiment se fait par une tour-porche de trois niveaux caractérisée par un portail au cintre légèrement surbaissé. Il ouvre sur une cour carrée bordée de bâtiments parmi lesquels un donjon carré de trois niveaux, probablement de la seconde moitié du XVIIe siècle. Accolé au mur ouest dans la cour, presque à l’angle, un autel en calcaire surélevé sur une estrade porte l’inscription suivante. Sans doute daté de 1658, comme le millésime présent sur la façade, elle fait référence au seigneur de Wasseiges à l’origine de la construction de la ferme : « Charles, comte de Beaufort, marquis de Spontin et du Saint-Empire, chambellan de leurs majestés impériales et royales et Marie Margueritte, comtesse de Glymes et Saint-Empire, marquise de Florennes et dame de l’ordre de l’impératrice reine de Hongrie et de Bohème ».

Wasseiges

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Dalle funéraire de Marie-Madeleine de Saint-Mart et chapelle Notre-Dame du Bon Conseil

Une dalle funéraire de 1681 provenant de l’église de l’ancien prieuré Saint-Quirin de Huy conserve une mention relative à Maximilien-Henri de Bavière. 

Située rue des cloîtres et adossée au mur de clôture du jardin de la cure, la dalle de la prieure Marie-Madeleine de Saint-Mart, taillée en bas-relief, comporte une épitaphe faisant référence à ses parents : « (…) Madame Catherine de Romrée, veuve de feu noble et généreux messire François de Saint-Mart, baron de Fraipont, seigneur de Neuville et commandant les armes pour son altesse de Liège entre Sambre et Meuse (…) ».

La pierre de fondation de la chapelle Notre-Dame du Bon Conseil à Huy © IPW

Au pied du Mont Picard, sur la chaussée Napoléon, se trouve la chapelle Notre-Dame du Bon Conseil. 

Construite pour la première fois en 1649 par Paul-Jean de Groesbeeck, grand prévôt de la cathédrale Saint-Lambert et chancelier du prince-évêque Ferdinand de Bavière, elle fut détruite par un éboulement en 1788. 

L’édifice actuel date de 1882 et conserve une trace du sanctuaire d’origine faisant référence à son bâtisseur et au prince-évêque Ferdinand de Bavière (1618-1650). 

Encastrée dans le mur, la pierre de fondation sculptée aux armes de la famille de Groesbeeck et millésimée 1649, porte l’inscription suivante : « À messire Paul Jean baron de Groesbeeck, chanoine et archidiacre de Condroz en l’église de Liège, abbé régulier de Dinant, seigneur de Franc-Waret, chancelier de son altesse sérénissime l’électeur de Cologne, évêque et prince de Liège et président de sa chambre des comptes ».

Rue des Cloîtres

4500 Huy

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Dalle funéraire de Florent de Rondelet

Parmi les nombreuses pierres tombales présentes à l’avouerie d’Anthisnes et provenant de l’ancienne église Saint-Maximin se trouve la dalle de Florent et Marie de Rondelet, datée de 1707. 

Taillée en relief et fort usée, elle comporte dans sa partie inférieure une table d’épitaphe portant l’inscription : « Florent de Rondelet, en son vivant officier du marquisat de Franchimont et bailli d’Anthisnes ». 

La pierre se trouve sur le territoire de la principauté de Stavelot-Malmedy.

Avenue de l'Abbaye 19

4160 Anthisnes

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Frédéric MARCHESANI, 2013