Frédéric MARCHESANI, 2013

Le château de Harzé

La seigneurie luxembourgeoise de Harzé était au Moyen Âge enclavée entre des terres limbourgeoises, liégeoises et stavelotaines. Elle fut déjà citée en 890 parmi les dépendances du comté de Montaigu en Ardenne et appartint ensuite aux Clermont, aux de la Marck puis aux princes de Ligne. Les seigneurs du lieu détenaient les droits de haute et basse justice. Le complexe primitif a été construit par Louis de Clermont (1285-1332) et s’est développé à partir de l’église Saint-Jacques, mentionnée dès 1131 et détruite en 1878. Dès les origines, les seigneurs de Harzé avaient installé leur logis à cet emplacement pour sa haute valeur stratégique ; le château est en effet assis sur un faux éperon au nord de la localité. Des deux bâtisses médiévales encore en place bien que remaniées par la suite, l’imposant donjon apparaît comme l’élément le plus ancien du domaine et aurait été construit au tournant des XIIIe et XIVe siècles. Le logis seigneurial pourrait dater quant à lui des XIVe ou XVe siècles. L’essentiel de la physionomie du complexe castral actuel date toutefois du XVIIe siècle, lorsque les familles d’Aspremont-Lynden et Suys acquirent la seigneurie et décidèrent d’agrandir le domaine. Les bâtiments connurent encore d’autres interventions mineures aux XVIIIe et XIXe siècles.

Le château et ses dépendances forment un domaine d’envergure, aujourd’hui propriété de la Province de Liège et formé de plusieurs parties distinctes. À l’ouest, une importante cour de ferme aux angles pointés de deux tours calcaires circulaires délimite le périmètre ; elles encadraient autrefois des ailes détruites en 1880. Différentes ailes de la basse-cour subsistent au nord, ainsi que l’aile sud percée d’une entrée cochère aujourd’hui sommée d’un panneau aux armes Suys-Lynden et d’une pierre de remploi millésimée 1647. À l’est se dresse le château formant un L et érigé en trois campagnes ; le massif rectangulaire septentrional est le plus ancien. L’imposant corps central a été érigé par le comte Ernest de Suys dans le second quart du XVIIe siècle. Il est caractérisé par une forte tour d’angle de plan carré, élément principal de la physionomie du château ; elle est coiffée d’une haute toiture d’ardoises à quatre faces. La façade est de cette aile principale s’ouvre sur la cour d’honneur caractérisée par une remarquable galerie couverte de style Renaissance, longue de quatorze travées. Enserré entre ce massif du XVIIe siècle et le portail se trouve un noyau calcaire plus ancien, chaîné d’angle, aux murailles épaisses de près de 2 m. Enfin, sur la droite, un imposant portail à crossettes, pilastres et bossages a été édifié en 1753. Il constitue l’entrée principale du domaine et est séparé du château par un petit pont de pierre enjambant les anciennes douves.

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Le château-ferme de Ramelot

Bien que le site ait été occupé depuis l’époque romaine, il faut attendre 1160 pour que le nom du village ne soit mentionné. Dépendant du duché de Luxembourg, la seigneurie de Ramelot est alors aux mains de la famille du même nom jusqu’au XVIe siècle avant d’être engagée à plusieurs familles jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Si la plupart des constructions datent actuellement du XIXe siècle, le château-ferme de Ramelot a été construit essentiellement au XVIIe siècle, bien que fortement remanié au cours des deux siècles suivants. En 1700, l’ensemble est acheté par Mathias-Guillaume de Louvrex, juriste liégeois et conseiller privé des princes-évêques Joseph-Clément de Bavière et Georges-Louis de Berghes. De la bâtisse d’origine est conservée une brique de foyer millésimée 1696 et représentant un aigle bicéphale couronné.

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La basilique et la maison de l'abbé

Saint-Hubert se développe dès l’an mil autour de l’abbaye qui, encore aujourd’hui, caractérise la localité. Au Moyen Âge et à l’Époque moderne, l’abbaye est sans nul doute un des plus importants établissements monastiques du diocèse de Liège. Sa gloire et sa popularité sont sans conteste liés à la présence des reliques du saint, évêque de Tongres-Maastricht et à l’existence d’un pèlerinage de renom. Située sur les terres du duché de Luxembourg, l’abbaye se rapproche des souverains à l’aube de l’Époque moderne. En 1451, l’abbé Nicolas Ier de Vervoz assiste à la séance des États qui reconnaissent Philippe le Bon comme duc de Luxembourg et admettent ainsi la dépendance de Saint-Hubert aux Pays-Bas bourguignons, au moment où le prince-évêque de Liège revendique encore sa souveraineté sur les terres abbatiales. En 1509, Érard de la Marck interdit à l’abbé Nicolas III de Malaise de siéger à Luxembourg. À partir du XVIIe siècle, les abbés deviennent francophiles ; en 1718, l’abbé Clément Lefebvre refuse d’assister à la reconnaissance de l’empereur d’Autriche comme duc de Luxembourg. Entre 1744 et 1748, l’abbé Célestin de Jong se réfugie à Sedan au cours de la guerre opposant Français et Autrichiens. Il faut attendre l’abbatiat de Nicolas Spirlet (1760-1794) pour que se renversent les alliances : Saint-Hubert est à nouveau proche des cours de Bruxelles et de Vienne.

La pierre tombale de Jean Bernard de Wervy dans la basilique de Saint-Hubert © IPW

La pierre tombale de Jean Bernard de Wervy dans la basilique de Saint-Hubert

L’ancienne église abbatiale, promue basilique en 1927, est un édifice d’origine romane détruit par un incendie en 1525 et reconstruit ensuite en style gothique entre 1525 et 1567. L’imposant sanctuaire de 90,5 m de long a englobé des éléments médiévaux tels la tour ou la crypte et a été embelli d’une haute façade-écran de style classique entre 1700 et 1702. Parmi la riche décoration intérieure, un élément retient ici l’attention : le chapiteau du 5e pilier sud est décoré de l’aigle bicéphale et de la couronne espagnole, témoin de la reconstruction de l’abbatiale sous les règnes de Charles Quint et Philippe II. Le monastère se place ainsi sous la protection directe de l’empereur dans le conflit qui opposait l’abbé de Saint-Hubert au prince-évêque Érard de la Marck au début du XVIe siècle. Un autre aigle, cette fois dépourvu de couronne, est présent sur la colonne maîtresse se trouvant derrière l’autel dédié à sainte Agathe, datant lui aussi de la première moitié du XVIe siècle.

La basilique compte également plusieurs monuments funéraires, le plus souvent d’abbés. Parmi ceux-ci, la dalle de Jean-Bernard Wervy retient notre attention. Cette dalle de calcaire noir veiné de blanc, réalisée en 1726 dans un style rococo comporte une inscription faisant référence aux fonctions du défunt : « Cy git Jean Bernard de Wervy, escuyer vivant seigneur de Bourdon, Habaye, Marene et autres lieux dans la province de Luxembourg (…) ». Les motifs végétaux du haut de la composition encadraient autrefois un blason.

Le hameau de Saint-Michel, non loin de là, conserve pour sa part une trace liée à la couronne autrichienne. La porte de la maison dite de l’abbé de Saint-Hubert est décorée d’un blason à l’aigle daté de 1771. L’édifice fait partie de l’important domaine du Fourneau Saint-Michel, édifié la même année par Dom Nicolas Spirlet, dernier abbé de Saint-Hubert.

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La pierre tombale de Jean Bernard de Wervy dans la basilique de Saint-Hubert © IPW
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L'église Saint-Martin

L’église Saint-Martin a été reconstruite en style néogothique en 1856-1857. Elle conserve toutefois des éléments plus anciens comme la tour, millésimée 1709, du mobilier et plusieurs monuments. Parmi ceux, ci, un mémorial fait référence à l’empereur Joseph II d’Autriche. Le monument de Joseph de la Fontaynne, comte de Harnoncourt, se présente sous la forme d’une pierre sculptée dans du marbre noir et blanc figurant les armoiries du défunt et comportant une longue inscription dans la partie inférieure de la composition : « Ci-gît son excellence haut et puissant seigneur Joseph Louis Mathieu de la Fontaynne, comte d’Harnoncourt, chambellan de S.M. l’empereur d’Autriche, général de cavalerie, ancien propriétaire d’un régiment de cuirassiers, commandant général de la Pologne autrichienne (…) ».

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La maison Istace-Dambour

Parmi les cheminées de la demeure, une très belle taque de foyer en fonte retient l’attention. Placée dans une cheminé en bois sculpté datée de 1700-1710, une taque millésimée 1559 porte les armes impériales. Au centre de la composition, un écu représente l’aigle bicéphale surmontée d’une couronne royale entourée du soleil et de la lune et supporté de part et d’autre par deux griffons couronnés. Un bandeau au-dessus de la composition date l’œuvre « AN[N]O 1559 ». La présence dans une demeure du duché de Luxembourg d’une taque aux armes impériales autrichiennes est des plus originales pour l’époque. En 1559, le duché est possession de la couronne espagnole, depuis trois ans entre les mains du roi Philippe II, fils de Charles Quint. L’empereur du Saint-Empire, dont les armes figurent ici à Paliseul est à ce moment Ferdinand Ier, l’oncle du roi d’Espagne, désigné par son frère Charles Quint à sa succession en 1556 au moment de son abdication. Il est à l’origine de la branche autrichienne des Habsbourgs.

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L'église Saint-Étienne

La seigneurie hautaine de Waha fut donnée en 1226 à l’abbaye de Saint-Hubert par Lambert, seigneur de Waha. Elle conserva ce bien jusqu’en 1608, lorsqu’elle céda ses droits au seigneur de Melreux et Charneux.

L’église Saint-Étienne de Waha est certainement un des plus beaux édifices romans de Wallonie. Construite en moellons de grès, sa nef date du Xe siècle et dessine un plan carré. L’édifice est également caractérisé par la conservation de sa pierre dédicatoire rappelant l’inauguration de l’édifice par l’évêque de Liège Théoduin en 1050. Sous la tour se trouve une imposante dalle portant les armes de Philippe II (1556-1598). La partie supérieure de la pierre constitue l’essentiel de la composition ; elle figure un écu entouré du collier de la Toison d’Or sommé d’une couronne royale et posé sur les écots de Bourgogne. En-dessous de cet écu figure une inscription gravée : « PH[ILIPPU]S DEI GRATIA HIS/PZ[=PANARUM] REX DUX LVXE[M]B[URGENSIS] » (Philippe, par la grâce de Dieu, roi d’Espagne et duc de Luxembourg). Cette inscription surmonte deux autres cartouches aux armes du duché de Luxembourg et de la ville de Marche. Cette pierre pourrait provenir des anciennes fortifications de la ville de Marche-en-Famenne, démantelées à la fin du XVIIe siècle, vraisemblablement de la Porte Haute.

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L'ancien moulin de Thibessart

La localité de Mellier, habitée depuis la Préhistoire, passe au Xe siècle dans le domaine des comtes de Chiny. Ces derniers y érigent une forteresse qui est occupée et détruite par le comte de Luxembourg en 1268. Le ban de Mellier forme ensuite avec la seigneurie de Neufchâteau un ensemble territorial administré en prévôté et regroupant une quarantaine de villages. Au cours de la période luxembourgeoise, elle est notamment gouvernée par les de la Marck et les Arenberg. Le village est sous l’Ancien Régime fortement caractérisé par ses forges, au centre d’une importante activité économique.

En bordure du ruisseau de Mandebras, un ancien moulin témoigne lui aussi de l’entreprise impériale de marquage des bâtiments industriels. Aujourd’hui volume de ferme en schiste crépi superbement rénové, le complexe présente un noyau remontant au XVIIIe siècle. À l’arrière se trouve une dalle maçonnée aux armes impériales analogue aux autres. Toutefois, celle-ci nous est parvenue dans un très bon état de conservation, contrairement à celles d’Udange et d’Arlon. On y distingue clairement l’aigle bicéphale surmontée de la couronne, les lettres M et T et la date de 1778.

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L'église Saint-Rémy

Entourée de son cimetière et sise sur une butte, cette belle église classée a été érigée vers 1736 en moellons enduits et blanchis. À l’ouest se trouve une tour presque aveugle surmontée d’une flèche octogonale d’ardoises. L’entrée se fait par un portail cintré vers un vaisseau à nef unique de trois travées.

Encastrée dans les lambris du côté droit de l’église, une pierre tombale oblongue porte l’épitaphe de Jean-Charles d’Ouren : « Icy gist honore Jean-Charles d’Ouren, seigneur d’Ouren, Tavigni, Limpach, Feilen, conseiller de courte robe au conseil provincial de sa maiesté à Luxembourg, capitaine et prévost de la dite ville et prévosté et député des trois Éstats du duché de Luxembourg et comté de Chini, lieutenant collonel d’un régiment d’infanterie ».

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Le manoir

Affranchi au XIIIe siècle par les seigneurs de Villers, la localité reste liée à la fondation d’une importante abbaye cistercienne. Un vaste alleu, propriété au XIIe siècle des seigneurs de Han-sur-Lesse, constituait alors la base d’une seigneurie haute-justicière qui, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, resta en marge de la prévôté de Chiny. La localité passa aux mains des seigneurs de la famille de Custinne puis, jusqu’en 1559, aux mains des seigneurs de Sapogne. Le village fut entièrement détruit par les troupes du roi de France Louis XIII en 1637. L’abbaye d’Orval se rendit maître des lieux au XVIIIe siècle et apporta une salutaire période de prospérité et de calme.

Le village conserve plusieurs témoins de son riche passé parmi lesquels le « Manoir », caractérisé par sa toiture « à l’espagnole » et une tour médiévale, vestige de l’ancien château  seigneurial situé à la frontière française. La ferme Guerlot, également appelée manoir de Villers-devant-Orval, est réellement le bâtiment le plus impressionnant du lieu. Millésimé de 1595, elle conserve une taque de foyer frappée aux armes de Philippe II dans la cheminée du premier étage.

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Le manoir
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Le moulin

Fondé selon toute vraisemblance au début du XIVe siècle, le village de Lacuisine est affranchi en 1304 par le comte Arnould IV de Chiny. Le village conserve lui aussi un moulin, construit dans le premier tiers du XVIIIe siècle. L’édifice est cette fois caractérisé par la présence d’une girouette représentant l’aigle bicéphale des Habsbourgs d’Autriche installée le 21 novembre 1770. La pose de cet élément au sommet de la toiture correspond en effet à l’achat de girouettes pour les usines de l’impératrice d’Autriche et place Lacuisine parmi les douze bâtiments qui obtiennent à l’époque le statut particulier « d’usine domaniale », privilège accordé par l’impératrice aux exploitants d’usines de ce type. Le bâtiment était en effet un moulin-scierie fonctionnant avec une roue à aubes et constitue aujourd’hui un témoin privilégié de cette volonté de Marie-Thérèse d’imprimer sa marque sur les bâtiments industriels de ses territoires. Les divers exemples luxembourgeois de panneaux armoriés peuvent également être reliés à ce genre d’entreprise.

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