Frédéric MARCHESANI, 2013

L'église Saint-Martin

Jusqu’en 1709, la communauté villageoise de Villers-sur-Semois faisait partie intégrante de la prévôté d’Étalle dont elle était une des mairies. La localité fut alors érigée en seigneurie au profit d’Henri Henriquez, seigneur de Sainte-Marie-sur-Semois.L’église Saint-Martin a été érigée, transformée et restaurée à plusieurs reprises entre le XVIe et le XXe siècle. La nef est probablement antérieure à l’établissement du collatéral daté de 1582 par un millésime. Les intrados des deux dernières travées de la nef sont également des témoins de cette tranche de travaux, ils comptent des clés et culots dissemblables du style gothique tardif. Le décor présent sur les deux derniers arcs est très fourni : millésimes, motifs végétaux et géométriques, cartouches… Parmi cette décoration, plusieurs éléments font référence aux symboles traditionnels bourguignons et espagnols : aigle bicéphale sous couronne, croix et écots de Bourgogne, croix de Saint-André.

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L'église Saint-Pierre

Cité dans le domaine carolingien dès 888, Jamoigne est dotée d’une importante paroisse dédiée à saint Pierre. Le village, possession des comtes de Chiny, est érigé en seigneurie haute-justicière sous l’autorité de la famille du Faing. Elle est ensuite élevée au rang de baronnie en 1623 par les archiducs Albert et Isabelle et mise en engagère à partir de 1728.

Considérée comme l’une des plus anciennes dépendances de l’abbaye d’Orval, l’église Saint-Pierre conserve une tour imposante élevée au XIIe siècle. Le bâtiment a connu d’importants remaniements en 1724 puis en 1871-1872. Parmi les monuments funéraires conservés, celui du seigneur Jehan du Faing de Tassigny décédé en 1594, retient l’attention. Il porte une inscription mentionnant deux rois d’Espagne : « pour le service de l’empereur Charles V et roy Philippe II ». La tombe de l’épouse du baron de Huart décédé en 1738 mentionne pour sa part que le défunt était « chevalier du Saint-Empire, lieutenant des armées de sa majesté catholique ».

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Le château de Gerlache

Le château de Biourges, également appelé château de Gerlache a de tous temps été lié au pouvoir seigneurial. Dès le Haut Moyen Âge, le château est une dépendance de la seigneurie d’Herbeumont pour laquelle Jean Ier de Rochefort détenait le titre de seigneur d’Orgeo. Passé à la fin du Xe siècle dans le domaine des comtes de Chiny, la seigneurie est acquise en 1420 par Éverard II de la Marck. Biourges, hameau d’Orgeo, était alors un fief mouvant de la seigneurie d’Herbeumont. À l’Époque moderne, le domaine appartient à des maîtres de forges qui reconstruisent le château au XVIIe siècle et aux comtes d’Ansembourg ou de Marchant qui l’agrandissent au début du XVIIIe siècle. La famille de Gerlache en devient acquéreur en 1746-1747.

L’ensemble, construit en pierre de France, est disposé en carré autour d’une cour clôturée par un haut mur aveugle, vestige des anciennes dépendances. Cette cour est accessible par un porche du premier quart du XVIIIe siècle, défendu par des meurtrières et surmonté d’une toiture en forme de double pyramide sommée d’une girouette aux armes des Groulard. L’aile centrale est occupée par le corps de logis caractérisé par une tourelle circulaire abritant un escalier à vis. Le château conserve une trace des plus originales de l’ancien duché. Une porte cloutée se trouvant dans un mur extérieur et datée du XVIIIe siècle arbore une serrure représentant l’aigle bicéphale.

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Le cimetière de Longchamps

Longchamps est une localité reconnue comme centre d’un domaine impérial jusqu’au XIe siècle. La plus grande partie de la commune appartient ensuite à la seigneurie de Rolley, fief du comté de La Roche.

Au centre du cimetière se trouve une tombe figurant un gisant en demi-relief. Une inscription en lettres gothiques gravée sur le pourtour évoque l’ancien duché : « Ci-gît honore seigneur Guillaume de Boulant, seigneur de Rolley, haut justicier du duché de Luxembourg et comté de Chiny, grand prévôt d’Ardenne qui trépassa l’an 1554 ». Le défunt est un des membres de la famille de Boullant, détentrice de la seigneurie de Rolley depuis 1291 et à la tête de ce fief qui relevait du comté de La Roche jusqu’en 1600. Quelques vestiges de leur forteresse située à Longchamps subsistent actuellement et sont remployées dans d’autres constructions ; le château de Rolley constituait au Moyen Âge une des places fortes d’importance du duché de Luxembourg.

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L'église Saint-Pierre

L’église Saint-Pierre de Bastogne conserve plusieurs traces datant du règne de Charles Quint. Classé en 1938 et ayant miraculeusement échappé aux destructions de la Seconde Guerre mondiale, l’édifice est mentionné depuis 893. L’église actuelle s’inspire du modèle rhénan, il s’agit d’une église halle de style gothique flamboyant. La voûte polychrome est entièrement couverte de peintures murales attribuées à Renadin de Wicourt. Des scènes tirées des testaments côtoient des personnages ayant réellement existé, parmi lesquels Charles Quint, qui aurait visité le sanctuaire en 1536. Tous sont liés à l’ancien duché de Luxembourg :

La clé de voûte représentant l’aigle bicéphale et les briquets de Bourgogne dans l’église Saint-Pierre de Bastogne. Photo de 1946 © KIK-IRPA, Bruxelles

La clé de voûte représentant l’aigle bicéphale et les briquets de Bourgogne dans l’église Saint-Pierre de Bastogne

- la seconde travée de la nef centrale comporte une clef de voûte datée de 1535-1536 et portant les armoiries polychromées de l’empereur. On y retrouve l’aigle bicéphale, la croix de Saint-André, la couronne impériale et le grand briquet de Bourgogne placés sur un écusson de forme ronde gravé en relief ;
- dans chacun des quatre voûtains de la nef latérale sud figurent deux médaillons portés par des figures fantaisistes et représentant des personnages de l’époque que rien ne permet d’identifier avec certitude. Selon la brillante étude de Louis Lefebvre, il pourrait s’agir de la lignée bourguignonne et donc des ascendants de Charles Quint (peut-être l’empereur jeune ou encore Philippe le Beau) (LEFEBVRE L., L’église Saint-Pierre à Bastogne in Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg, t. CI – CII, Arlon, 1970-1971, 354 pages) ;
- la 5e travée de la nef sud représente Charles Quint de manière formelle cette fois. Revêtu d’une armure et portant la couronne impériale, il est représenté à genoux, les mains jointes devant un prie-Dieu. Ses armoiries toutefois plus facilement identifiables et entourées d’un collier de la Toison d’Or, apparaissent sur sa cuirasse, à droite. Audessus, une inscription étonnante « pas plus oultre », déformation de la devise de l’empereur. Son épouse Isabelle de Portugal lui fait face, également en prière et portant la même couronne que son époux ;
- la première travée de la nef latérale nord porte les armes de Robert de Boulant, grand prévôt d’Ardenne sous le règne de Charles Quint. Ce blason date pour sa part de 1545.

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La clé de voûte représentant l’aigle bicéphale et les briquets de Bourgogne dans l’église Saint-Pierre de Bastogne. Photo de 1946 © KIK-IRPA, Bruxelles
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Le moulin impérial

Faisant partie intégrante de la seigneurie luxembourgeoise de Thiaumont, le ban de Nobressart comprenait également au Moyen Âge les villages de Heinstert, Almeroth et Louchert. Les droits seigneuriaux appartenaient directement au duc de Luxembourg jusqu’à leur engagement à la comtesse de Reckem en 1646. En 1652, la seigneurie est acquise par l’abbaye de Clairefontaine avant d’être rachetée une dernière fois par les maîtres de forges de Habay-la-Neuve.

Une trace similaire à celles conservées sur le sol arlonais subsiste dans la localité de Nobressart. Il s’agit une fois de plus d’un moulin reconstruit en 1776 par l’architecte Nicolas Burton, bien qu’ici remanié au cours des deux siècles suivants. Entre la seconde et la troisième travée du volume principal, à l’étage, se trouve un cartouche remarquablement conservé et frappé de l’aigle bicéphale, des initiales M et T et du millésime 1776. La composition est analogue à celle des traces liées à l’impératrice Marie-Thérèse : un blason entouré de l’aigle bicéphale et surmonté de deux couronnes.

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Le moulin Lampach et le moulin Kayser

Du passé autrichien, deux traces sont parvenues jusqu’à nous. Elles font partie de la longue liste de panneaux armoriés datant du règne de l’impératrice Marie-Thérèse (1740-1780) et placés sur des moulins du territoire luxembourgeois. Le moulin Lampach, situé sur le territoire de la ville d’Arlon, a été érigé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle à l’initiative de l’impératrice elle-même. Une plaque armoriée placée au-dessus de l’entrée témoigne de cette volonté. Elle représente l’aigle impérial portant un écu martelé et sommé de la couronne impériale ; de part et d’autre se trouvent les initiales M et T. Une autre trace similaire est présente sur le moulin Kayser à Udange. Ce complexe de bâtiments crépis a été érigé à la même époque. Une porte du moulin est surmontée d’une plaque sculptée aux armes de Marie-Thérèse d’Autriche et millésimée 1773.

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L'église Saint-Donat

Du passé espagnol, nous trouvons une trace sur la Knipchen où rien ne subsiste du château des comtes d’Arlon, un couvent s’y étant installé à partir de 1626. L’actuelle église Saint-Donat a été reconstruite à partir de 1719 et restaurée au XIXe siècle. Encastrée dans la façade, une pierre de remploi provenant de l’ancien couvent représente les armoiries de Philippe II entourées du collier de la Toison d’Or, soutenues par deux lions et timbrées de la couronne royale espagnole. Deux colonnes plates, posées sur un encorbellement, accostent le tout et supportent un tympan en saillie.

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Les ruines de l'abbaye

La célèbre fontaine Mathilde à Orval © IPW

La célèbre fontaine Mathilde à Orval

Les origines de l’implantation d’une abbaye à Orval remontent à 1070 lorsque des moines bénédictins venus de Calabre s’installent sur des terres offertes par le comte de Chiny Arnoul Ier. Le 9 mars 1131, l’abbaye passe à l’ordre de Cîteaux et le comte de Chiny Otton II la dote d’un vaste territoire d’environ 1200 ha pris sur la forêt comtale. En tant qu’unique abbaye installée sur le territoire du comté, elle devient en toute logique la sépulture des comtes de Chiny qui la choisissent pour y reposer entre 1162 et 1384 : les comtes de Chiny Albert II, Louis IV et les comtesses Jeanne de Chiny, Jeanne de Blamont et Marguerite de Lorraine étaient autrefois inhumés ici. La légende attribue la fondation de l’abbaye à un geste de gratitude le comtesse Mathilde de Toscane (1046-1115), veuve du duc de Basse-Lotharingie Godefroid le Bossu et tante du célèbre Godefroid de Bouillon. Encore aujourd’hui, la célèbre fontaine Mathilde célèbre cette légende selon laquelle la comtesse se serait arrêtée au bord d’une fontaine dans la forêt et y laissa tomber son alliance qui lui fut ramenée par une truite. Elle donna alors une forte somme aux moines installés ici par le comte Arnould de Chiny pour qu’ils édifient une église.

Les armoiries royales espagnoles sur le pignon de l’aile d’entrée de l’abbaye d’Orval © IPW

Les armoiries royales espagnoles sur le pignon de l’aile d’entrée de l’abbaye d’Orval

En 1364, Orval devient une abbaye du comté de Luxembourg, suite à la vente du comté de Chiny à Wenceslas Ier. L’abbaye passe ensuite dans le giron bourguignon puis espagnol et entretient alors des rapports avec Charles Quint qui autorisa les moines à construire une forge. La période espagnole a également soumis l’élection de l’abbé au bon vouloir du souverain qui se réservait un droit de véto. Ces rapports étroits avec la couronne espagnole sont encore aujourd’hui discrètement présents. Le pignon du portail d’entrée comporte plusieurs pierres armoriées abimées et martelées en 1793 parmi lesquelles une pierre aux armes d’Espagne, entourée du collier de la Toison d’Or, surmontée de la couronne royale et encadrée de deux lions.

L’abbaye se développe considérablement jusqu’au XIVe siècle et possède de nombreux bâtiments, reconstruits et agrandis dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Révolution en stoppe net la progression et un terrible incendie dévaste le site le 23 juin 1793. Les ruines des bâtiments médiévaux et classiques tombent dans l’oubli pendant plus d’un siècle avant que débute leur sauvetage, favorisé ensuite par l’implantation d’une nouvelle communauté et l’édification d’une nouvelle abbaye entre 1926 et 1947.

La lame funéraire du duc Wenceslas Ier de Luxembourg sur son monument funéraire à l’abbaye d’Orval © IPW

La lame funéraire du duc Wenceslas Ier de Luxembourg sur son monument funéraire à l’abbaye d’Orval

Durant l’été 1930, une campagne de fouilles a permis la mise au jour de débris du mausolée de Wenceslas Ier, duc de Luxembourg et de Brabant. Né à Prague en 1137 du mariage de Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg et roi de Bohème avec Béatrice de Bourbon, Wenceslas entre en 1353 en possession des terres luxembourgeoises érigées en duché à son intention par son frère l’empereur Charles IV du Saint-Empire. Son mariage avec Jeanne, héritière du duc de Brabant et de Limbourg fait de lui un des personnages les plus importants des Pays-Bas, sans pour autant que ces États aient fusionné. Il fait sa joyeuse entrée dans ses territoires le 3 janvier 1356 et poursuit l’œuvre d’unification des terres luxembourgeoises entreprises un siècle auparavant par Ermesinde. En effet, il acquiert en 1364 le comté de Chiny et l’intègre au duché de Luxembourg. Vivant entre Bruxelles et Luxembourg, il meurt le 8 décembre 1383 dans la capitale du duché de Luxembourg après avoir manifesté son désir d’être enterrée à Orval et légué une rente en ce sens à l’abbaye. Le duc marque ici l’importance de la bonne intégration du comté de Chiny dans ses possessions en souhaitant reposer dans le plus puissant centre religieux de cette terre du sud de ses provinces : Wenceslas est le premier duc de Luxembourg et le dernier comte de Chiny à reposer à Orval. Au milieu du sanctuaire abbatial, le caveau du duc est érigé en mausolée sculpté dans la pierre noire et surmonté d’un gisant de marbre blanc allongé sous un dais gothique. Il est transféré en 1780 dans l’église Saint-Bernard avant d’être démoli en même temps que l’abbaye en 1793. Bien qu’en grande partie détruit par la suite, le monument nous est bien connu par un dessin et une description datant de 1786. En 1967, les moines d’Orval ont recomposé ce tombeau à son emplacement primitif et dans sa forme originale, avec les éléments retrouvés en 1930. Là où les pierres sculptées font défaut, le décor a été esquissé dans le ciment ; le dais a pour sa part été reconstitué et une reproduction de la lame de bronze portant l’épitaphe a été réalisée. On peut y lire « Ci gist Très excellaint et vallaint prince Wenceslas de Boème, duc de Lucembourch, de Brabant, de Laimbourch, de Lotrin et conte de Chiny qui trespasant l’an 1383 la nuit de concepcion de Notre-Dame. Priez pour lui, que Dieu en ait l’âme ». Aujourd’hui, seul manque le gisant, définitivement disparu et trônant autrefois sur cet imposant monument.

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Les ruines de l'abbaye
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La célèbre fontaine Mathilde à Orval © IPW
Les armoiries royales espagnoles sur le pignon de l’aile d’entrée de l’abbaye d’Orval © IPW
La lame funéraire du duc Wenceslas Ier de Luxembourg sur son monument funéraire à l’abbaye d’Orval © IPW
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Le tombeau de la comtesse Ermesinde à Clairefontaine

La chapelle de Clairefontaine © IPW

La chapelle de Clairefontaine

Les origines du hameau de Clairefontaine sont indissociables de la fondation par la comtesse de Luxembourg Ermesinde Ire d’une abbaye dans la première moitié du XIIIe siècle dans le but d’en faire une nécropole de famille et de concrétiser la prise de possession territoriale par le comte de Luxembourg du comté d’Arlon. Clairefontaine sera ainsi choisie pour devenir la nécropole comtale pendant près d’un siècle. Le monastère s’affilie à l’ordre de Cîteaux en 1258, s’installe dans le creux d’une vallée boisée et se développe au fil des siècles : abbatiale, bâtiments abbatiaux, moulin, scierie, logis d’ouvriers, maison de justice. Le tout sera ravagé en 1794 par des soldats français et laissé à l’état de ruines. Au XIXe siècle, de nouvelles constructions réutilisant les matériaux de la défunte abbaye s’implantent aux alentours. Objet d’importantes campagnes de fouilles archéologiques, l’abbatiale devait se déployer sur près de 20 m de long et 20 m de large. Sa nef centrale abrita jusqu’au XVIIe siècle les tombeaux de la famille comtale, depuis déplacés dans une chapelle construite par les Jésuites d’Arlon. En contrebas, les ruines de l’abbaye résultant des fouilles menées par la Région wallonne, sont visitables. Elles présentent les vestiges de l’abbatiale des XIIIe et XIVe siècles et en particulier de la chapelle Sainte-Marguerite.

Le vitrail moderne représentant la comtesse Ermesinde à Clairefontaine (1877). Photo J.-C. Muller © IAL

Le vitrail moderne représentant la comtesse Ermesinde à Clairefontaine (1877)

Propriétaire du lieu depuis de la fin du XIXe siècle, la communauté des Jésuites d’Arlon décide d’édifier une chapelle néo-romane en 1936 afin de commémorer la présence sous l’Ancien Régime d’une abbaye sur le site. Élevé en pierre de Mertzig, calcaire local, selon les plans de l’architecte Charles Arendt, il s’agit d’une petite et élégante construction mono-nef greffée d’absides semi-circulaires. La façade est sommée d’un clocheton à courte flèche octogonale. La chapelle est décorée de très beaux vitraux des XIXe et XXe siècles représentant des figures saintes ou historiques. Parmi celles-ci se trouvent les représentations de la comtesse Ermesinde, assoupie dans la forêt, de la comtesse de Luxembourg Marguerite de Bar (1200-1275) et de son époux, le comte de Luxembourg Henri V le blond (1216-1281). Au centre de la chapelle, au sol, se trouve une grande dalle de marbre noir datée de 1875 et replacée ici après la construction de l’édifice contemporain. Elle comporte une longue inscription dédicatoire évoquant la comtesse Ermesinde « Voici les os d’Ermesinde de Luxembourg, comtesse de Namur et de Luxembourg, princesse pieuse et magnanime (…) ». Les lieux ont été restaurés conjointement par la Région wallonne et le gouvernement grand-ducal entre 1997 et 2000. À cette occasion, les deux gouvernements ont fait apposer deux plaques, dans les deux langues, de part et d’autre de l’entrée de la chapelle : « Cet endroit est sacré. Ici se trouvent : les vestiges de l’abbaye noble de Notre-Dame de Clairefontaine, les tombes des moniales, le mausolée d’Ermesinde, comtesse de Luxembourg, la source bénite par saint Bernard et la statue de Notre-Dame du Bel-Amour».

Le vitrail contemporain représentant le comte Henri V de Luxembourg dans la chapelle de Clairefontaine (1918) © IPW

Le vitrail contemporain représentant le comte Henri V de Luxembourg dans la chapelle de Clairefontaine (1918)

Dans la crypte de l’édifice repose toujours la comtesse Ermesinde. Son cénotaphe représente un gisant simple, sculpté dans du bois et peint. Il contient un coffret contenant les ossements d’une femme du XIIIe siècle que l’on identifie comme étant ceux de la comtesse. Née en juillet 1186, elle est la fille unique d’Henri l’Aveugle, comte de Luxembourg et de Namur et d’Agnès de Gueldre. Elle hérite uniquement du Luxembourg à la mort de son père et, de par sa politique habile et ses mariages avisés, parvient à regrouper sous son autorité des territoires disséminés et à mener une première unification luxembourgeoise. Mariée une première fois au comte Thibaud de Bar, elle règne avec lui sur le Luxembourg. Veuve en 1214, elle se remarie la même année avec Waleran, héritier du duché de Limbourg sur lequel il règne sous le nom de Waleran III. Sous son règne, les comtés de La Roche, Durbuy et Arlon sont intégrés au comté de Luxembourg. Décédée en 1247 à l’âge de 61 ans, elle cède sa place à son fils, Henri V le blond.

Le vitrail contemporain représentant la comtesse de Luxembourg Marguerite de Bar dans la chapelle de Clairefontaine (1918) © IPW

Le vitrail contemporain représentant la comtesse de Luxembourg Marguerite de Bar dans la chapelle de Clairefontaine (1918)

Le monument présent aujourd’hui dans la crypte est l’héritier de plusieurs mausolées ayant abrité la dépouille de la comtesse. Du premier, installé dans l’abbatiale après son décès, nous ne possédons aucune information. Un second mausolée fut érigé ensuite dans la chapelle Sainte-Marguerite ; détruit en même temps que l’abbaye, nous n’en possédons également aucune description. Les reliques changent à nouveau de place en 1552 et intègrent un troisième monument funéraire. Afin de les protéger des vandales, les moniales de Clairefontaine prennent la décision en 1747 de déplacer une fois de plus les restes de leur fondatrice et font réaliser un cénotaphe de marbre représentant Ermesinde en gisant. Les reliques ne se trouvent pas dans le monument mais sont placées dans un loculus à 2 m de là. C’est à cet endroit que les Jésuites retrouvent en 1875 le coffret contentant les ossements de la comtesse. Les pères décident alors de construire un nouveau monument, analogue au précédent mais cette fois en bois. Il est placé au-dessous d’un vitrail représentant son fils, Henri V de Luxembourg. En 1984, le monument est déplacé de la chapelle vers la crypte.

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Le vitrail moderne représentant la comtesse Ermesinde à Clairefontaine (1877). Photo J.-C. Muller © IAL
Le vitrail contemporain représentant le comte Henri V de Luxembourg dans la chapelle de Clairefontaine (1918) © IPW
Le vitrail contemporain représentant la comtesse de Luxembourg Marguerite de Bar dans la chapelle de Clairefontaine (1918) © IPW
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