Le comté de Hainaut placé sous suzeraineté germanique pour plusieurs siècles (Xe siècle)

Lors des multiples traités partageant l’empire carolingien qui marquent les IXe et Xe siècles, le comté de Hainaut est balloté entre Lotharingie et France. En 925, la frontière occidentale du royaume de Germanie se fixe sur l’Escaut pour quelques siècles et place durablement le comté de Hainaut sous la suzeraineté des rois et empereurs germaniques, alors que Tournai et le comté de Flandre sont placés sous celle des rois de France. Les Régnier ont contribué au rattachement de la Lotharingie dont ils étaient les vassaux au royaume allemand plutôt qu’à la France. En perdant Chimay puis Couvin, le comté de Namur est le premier à faire les frais des visées expansionnistes des Régnier qui s’emparent aussi d’une partie de l’ancien pagus du Brabant.
À la différence des autres dynasties germaniques, les familles situées à l’ouest du Rhin manifestent leur hostilité à toute soumission à l’empereur qui prend des sanctions en raison des troubles provoqués par les Régnier. Le roi de Germanie Otton Ier impose un exil en Bohême au comte Régnier III (958), où il meurt en 973. Avec le soutien du roi de France, les Régnier continuent cependant à contester violemment le pouvoir impérial. En 977, l’empereur Otton II est forcé de rendre aux fils de Régnier III les terres qui lui avaient été confisquées ; Régnier IV reçoit le comté de Hainaut ; il devra attendre 998 pour recevoir la ville de Mons. Par ailleurs, pour protéger cette partie de la frontière occidentale, Otton II forme des marches militaires dans trois villes le long de l’Escaut : Anvers, Éname et Valenciennes (977). Créations originales, ces marches sont destinées à se défendre contre le roi de France, mais surtout contre les velléités expansionnistes des comtes de Flandre.

Références
ANA ; Bo ; DCM17; DCM20; Er35c; WPH01-219


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Le duché de Lotharingie au sein de l’espace germanique (925-962)

La Lotharingie est l’un des cinq duchés constitutifs du royaume de Germanie (avec la Bavière, la Franconie, la Saxe et la Souabe). La puissance de ces ducs est telle qu’ils écartent les Carolingiens de la succession de la Francie orientale et choisissent Henri Ier l’Oiseleur (919). C’est ce dernier qui intègre définitivement la Lotharingie à l’espace germanique et, avec elle, le territoire wallon à l’exception notoire de Tournai (925).
Quand Otton Ier reçoit à Rome la couronne impériale et devient l’héritier des empereurs romains (2 février 962), nos contrées font désormais partie de l’empire germanique, puis, à partir du milieu du XIIe siècle du Saint-Empire romain germanique (l’expression « de la nation germanique » commencera à être employée à partir du XVe siècle). Ce statut géopolitique détermine l’histoire du territoire wallon jusqu’en 1795, et l’annexion des « États Belgiques » par la France républicaine.

Références
Duby110 ; Duby46 ; H49 ; www_cm1000


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Entre Francie et Germanie : le Traité de Ribemont (880)

En 876, quand meurt Louis le Germanique, Charles le Chauve tente de récupérer toute la Lotharingie. Vaincu par Louis III (de Germanie) il meurt en 877. En 879-880, Baudouin II de Flandre, comte de Flandre, prend son indépendance ; il est imité par le duc de Bourgogne ; Boson V est proclamé roi de Provence, faisant renaître un territoire absorbé précédemment par les royaumes d’Italie et de France. Ces mouvements d’indépendance conjugués à la menace que font peser les Vikings forcent les héritiers carolingiens à s’accorder. Par le traité de Ribemont (880), les petits-fils de Charles le Chauve cèdent leur part de la Lotharingie à Louis III. L’ensemble de la Lotharingie (et l’essentiel de l’espace wallon actuel) est donc rattaché à la Germanie (situation confirmée définitivement en 925). Repoussée sur l’Escaut (pour ce qui concerne l’espace wallon actuel), la frontière qui est fixée à ce moment entre France et Allemagne va résister durablement.

Références
Dor46 ; Duby110 ; Er33 ; GaMa ; GeniMA54 ; SchnJ649 ; VdEss03 ; www_cm0880


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Le pagus Bracbantiensis et le pagus Hasbania (IXe siècle)

Issu des cités romaines des Tongres (pour l’essentiel) mais aussi des Nerviens (pour la partie sud-ouest), héritier du pagus Bracbantiensis et du pagus Hasbania, un vaste espace s’étend sur des terres très limoneuses. Les deux pagi apparaissent comme divisés chacun en quatre parties lors du Traité de Meerssen (IXe siècle), moment où l’ensemble fait partie de la Francie orientale. De nouvelles subdivisions naîtront progressivement.
Le Brabant sera convoité par les comtes de Flandre (à l’ouest), de Hainaut (au sud) et de Louvain (à l’est). Aux limites tout aussi incertaines, la Hesbaye est subdivisée en quatre dès le IXe siècle avant de se diluer totalement. Les entités qui en sortiront resteront solidement accrochées à la Lotharingie et au royaume de Germanie.

Références
ErCoverBbt ; VuBrbt69


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Les comtés au temps du traité de Meerssen (870)

Le traité de Meerssen (870) est un moment important dans les luttes d’influence entre Carolingiens, puisqu’il conduit à scinder la Lotharingie en deux, selon un axe nord-sud, qui suit quasiment la Meuse, l’Ourthe et la Moselle. Mais parce qu’il tente de respecter une répartition équitable dans la distribution des comtés, villes épiscopales et abbayes entre Louis le Germanique et Charles le Chauve, il s’avère aussi un document particulièrement intéressant pour appréhender les structures politico-administratives du moment. Ainsi le traité se montre-t-il moins imprécis que d’habitude dans l’énumération quasi exhaustive des comtés existants. Cela permet de figer leur situation à la date de 870. Néanmoins, la précision reste très relative lorsqu’il s’agit de dresser une carte selon les indications de l’époque. On ne passera de la « frontière-zone » à la « frontière-ligne » qu’au XIIIe siècle.

Références
Ar69 ; GuerB ; Haspinga ; MoDic ; Nonn ; RolCha ; VDKR ; www_cm0999_ard


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Le partage du royaume de Lothaire II : le Traité de Meerssen (870)

Situé dans la zone qui fut le berceau des dynasties franques et carolingiennes, le Regnum Lotharii est convoité par ses voisins immédiats. Obtenant l’annulation du second mariage de Lothaire II qui vient de décéder, Charles le Chauve élimine le successeur pressenti et se fait couronner roi de Lotharingie à Metz (869). La réaction de Louis le Germanique contraint Charles le Chauve à négocier le traité de Meerssen (870). En l’absence de Louis II, la Lotharingie est scindée en deux, selon une ligne nord-sud, qui suit quasiment la Meuse, l’Ourthe et la Moselle. L’espace wallon actuel voit la ligne de partage généralement située le long de l’Escaut se déplacer sur la Basse-Meuse.
Ce traité – comme la plupart des autres conclus à cette époque – tiennent compte des grands cours d’eau, tentent de respecter une répartition équitable entre les comtés, les villes épiscopales et les abbayes.
Entre-temps, au décès de Charles de Provence (863), les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais reviennent à Lothaire II. La Provence, c’est-à-dire les provinces ecclésiastiques d’Arles, d’Aix et d’Embrun, passe, sous l’autorité directe de Louis II, empereur d’Occident et roi d’Italie.

Références
Dor46 ; Duby42 ; Er33 ; H45 ; www_cm0843 ; www_cm0844


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Le comté de Hainaut : de ses origines à son expansion maximale

À partir de la fin du IXe siècle, le pagus Hainoensis est confié à la famille des Régnier. Les Carolingiens désignent ainsi une des plus puissantes familles aristocratiques d’Ardennes (avant 870). Propriétaires de biens relativement dispersés, les Régnier font souche en Hainaut, se concentrent dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et, profitant de la faiblesse du suzerain, imposent non seulement leur nom mais surtout leur pouvoir dès le début du Xe siècle, à partir de leur résidence fortifiée établie à Mons. Pendant plusieurs décennies, le territoire du comté va s’accroître surtout vers le nord et l’Escaut et atteindre les limites maximales représentées en pointillé.

Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; WPH01-219


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Émergence du comté de Hainaut : le pagus confié aux Régnier (IXe siècle)

Fragment de l’antique cité des Nerviens, héritier du pagus Famars, le comté carolingien du Hainaut doit son nom à la Haine, quand le centre militaire et politico-administratif se déplace vers Mons. À partir de la fin du IXe siècle et du règne des Régnier, le pagus Hainoensis se substitue en effet à Famars. Progressivement, le comté va s’accroître et atteindre les limites représentées sur la carte 0855_0101A2.

Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; WPH01-219


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Le partage de l’empire de Lothaire (855)

Juste avant sa mort (Traité de Prüm, 855), Lothaire partage son empire entre ses trois fils. Avec le titre d’empereur, Louis II dit le Jeune reçoit l’Italie. Charles hérite des territoires s’étendant de la Provence au nord de Lyon et au sud de la Bourgogne. Quant à Lothaire II, il lui revient toute la partie nord, du Jura à la Frise, entre Escaut et Rhin, en passant par l’essentiel de l’espace wallon actuel et en conservant Aix-la-Chapelle comme capitale.

Références
Dor46 ; Duby42 ; Er33b ; GeniMA54 ; H45 ; www_cm0843 ; www_cm0844


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La principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy (IXe siècle)

Au VIIe siècle, une active campagne de christianisation est menée en Austrasie ; elle se manifeste notamment par l’établissement de communautés de moines. Dans le pays mosan (vers 650), Remacle (aquitain formé à Luxeuil) contribue à la conversion des habitants de Stavelot, en bord de Warche, et de Malmédy, en bord d’Amblève, où il crée deux abbayes qui donneront naissance à des localités d’une certaine importance. Grâce aux donations des princes mérovingiens et carolingiens, les successeurs de saint-Remacle se retrouvent à la tête de territoires défrichés étendus. Après une période difficile (IXe siècle), les abbés de Stavelot rétablissent une discipline morale, résistent à la pression des princes laïcs (Xe et XIe siècles) et conservent leur relation directe, exclusive et immédiate avec l’empereur. Strictement impérial, le domaine abbatial se mue en principauté ecclésiastique sur le modèle, mais en plus modeste, de la principauté de Liège (à l’origine créée aussi par saint-Remacle).
En dehors des grandes voies de circulation, la principauté abbatiale vit en paix durant plusieurs siècles. Élus par les moines des deux abbayes, 77 princes-abbés se succèdent jusqu’en 1795. Si certains d’entre eux partagèrent leur titre (prince-abbé des monastères de Stavelot-Malmédy, prince du Saint-Empire et comte de Logne) avec d’autres fonctions (parfois celle de prince-évêque de Liège), la coutume s’impose, au XVIIIe siècle, de choisir le chef parmi les membres des deux monastères. Le 1er octobre 1795, la petite principauté disparaît et se fond à l’intérieur du département de l’Ourthe.

Références
Baix ; Brict-69-70 ; HPLg-41 ; HHWH59 ; HW04-113-114 ; LgBV ; LJGdLg-48


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