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Boucher Pierre

Politique, Député wallon

Ramillies 24/04/1946

Député wallon : 1999-2004 ; 2004-2006*

Courtier en assurances, fondateur du Cabinet d’assurances « Vaneberck et Boucher », représentant pour la Belgique et le Luxembourg du Groupe international HR Sprinks et Cie de Londres et de la filiale française CFAE, Pierre Boucher s’est spécialisé dans l’assurance des chevaux et du cheptel bovin. Quand le Cabinet Boucher est repris par Fortis, il est nommé fondé de pouvoir. Entre-temps, il a aussi créé une société financière, absorbée par le Groupe Indosuez. Au début des années quatre-vingt, il revend ses sociétés et relance l’exploitation agricole familiale. Membre de l’Association régionale pour la promotion du porc de Piétrain, il dirige alors la sprl Ferme du Stocquoy et la sprl Marcan à Jodoigne, avant de se lancer en politique, tout en restant administrateur du Crédit Agricole, devenu Crelan s.a.
Conseiller communal PRL de Jodoigne élu en 1982, Premier échevin en charge de l’Urbanisme, de la Jeunesse, des Sports et de l’Aménagement du territoire (1989-1992), il est aussi conseiller provincial du Brabant (1987-1991). Il devient d’ailleurs le premier président wallon de l’assemblée depuis plusieurs années ; il préside aussi les travaux d’une Commission provinciale d’étude de l’avenir institutionnel de la province de Brabant (1989-1991). À titre personnel, il est opposé à la scission du Brabant et à l’idée de lier le destin du Brabant wallon à celui de la Région wallonne, plaidant en faveur d’un statut de double appartenance régionale.
Choisi comme député permanent en charge de l’Enseignement, de l’Agriculture et de l’Environnement (1992-1994), il va contribuer au transfert de l’ancien Brabant à la nouvelle province du Brabant wallon née à la suite de la réforme institutionnelle de 1993. En janvier 1995, il retrouve son mandat de député permanent en charge, cette fois, de l’Enseignement, de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et du Personnel du Brabant wallon (1995-1999). Homme fort de la députation permanente, il assure la continuité et la transition de l’institution provinciale.  Président de la Compagnie intercommunale d’électricité de Jodoigne et extensions (depuis 1982), président du domaine provincial d’Hélecine, il est attentif à affirmer l’identité de la nouvelle province.
En 1999, Pierre Boucher est élu au Parlement wallon dans l’arrondissement de Nivelles et quitte la députation permanente. Homme de confiance de Louis Michel, député wallon de la majorité arc-en-ciel, Pierre Boucher siègera à Namur jusqu’en 2006, ayant été réélu en juin 2004 tout en contribuant au succès MR dans cette circonscription : son parti emporte enfin 4 sièges.
Trésorier du Mouvement réformateur (1999-), Pierre Boucher lorgne pourtant vers Wavre où il déménage afin de pouvoir briguer la succession du bourgmestre. Élu conseiller communal en 2000, échevin de la Culture et de l’Enseignement (2001-2006), il laisse cependant à Charles Michel le maïorat de Wavre. Après le scrutin d’octobre 2006, il retourne vers la province du Brabant wallon, et démissionne du Parlement wallon et de ses mandats communaux.
Député provincial en charge de l’Enseignement, des Finances et de la Régie foncière (2006-2012), il préside le collège provincial du Brabant wallon dont la majorité a pris la couleur turquoise (coalition MR-Écolo). En octobre 2012, Pierre Boucher pousse la « Liste du Bourgmestre » à Wavre et, en même temps, pousse la liste MR dans le district de Wavre qu’emmène Mathieu Michel. Siégeant désormais comme conseiller communal et comme conseiller provincial, il prend la présidence de l’IBW (juin 2013).



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 68-69

conseiller communal de Jodoigne (1983-1992)
échevin (1989-1992)
conseiller provincial du Brabant (1987-1994)
député permanent (1992-1994)
conseiller provincial du Brabant wallon (1995-1999)
député permanent (1995-1999)
député wallon (1999-2006)
conseiller communal de Wavre (2001-2006)
échevin (2001-2006)
député provincial du Brabant wallon (2006-2012)
conseiller communal (2012-)
conseiller provincial (2012-)

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Jules BARA

Statue à la mémoire de Jules Bara
Réalisée par Guillaume Charlier et Victor Horta, inaugurée le 20 septembre 1903.

Située place Crombez, à Tournai, un imposant ensemble statuaire figuratif rend hommage à l’action politique de Jules Bara (1835-1900), particulièrement à son rôle en tant que ministre de la Justice. Juriste, ministre de la Justice durant plus de dix ans dans des gouvernements dirigés par Frère-Orban entre 1865 et 1885, il a représenté l’arrondissement de Tournai au Parlement, en tant que mandataire libéral, de 1862 à 1900, comme député d’abord (jusqu’en 1894), comme sénateur provincial ensuite.

La stature nationale de l’homme politique libéral a conduit la ville de Tournai à ériger un monument imposant en son honneur. Sur base d’un projet du célèbre architecte Victor Horta (1861-1947), les socles sont en pierre taillée, tandis que les statues en bronze sont l’œuvre de Guillaume Charlier (1854-1925), artiste apprécié dans la cité des cinq clochers où il s’est occupé du chantier du Musée des Beaux-Arts (Mémorial Van Cutsem et groupe allégorique).

Formé auprès des frères Geefs puis praticien chez Eugène Simonis, le jeune bruxellois Guillaume Charlier a séduit un riche collecteur avec un plâtre intitulé Le déluge. Cette œuvre de 1879 place le jeune orphelin sous la généreuse protection du mécène ; il peut ainsi suivre les cours de l’École des Beaux-Arts de Paris (1880) puis chez Cavelier (1884-1886). Entre-temps, le Prix de Rome 1882 lui offre la possibilité de séjourner en Italie (1882-1884). Honoré par diverses distinctions lors des Salons où il présente ses œuvres d’inspirations diverses, il apporte à la sculpture de son temps un style propre, où s’exprime en permanence une forme de douleur de vivre due aux difficiles conditions matérielles des milieux ouvriers ou des nécessiteux. 

Dans l’ombre de Constantin Meunier, il s’attache à représenter des travailleurs (houilleur, marin, etc.) en pleine activité. Portraitiste reconnu, il répond à de nombreuses commandes officielles ou privées, à Bruxelles comme à Tournai. Dans la cité wallonne, il dépose l’impressionnante scène Les Aveugles (1906), après avoir livré un Louis Gallait, ainsi que le tout aussi monumental Jules Bara, où se mêlent le bronze et la pierre. C’est à la suite d’un concours organisé en 1901 que Guillaume Charlier est retenu par les autorités tournaisiennes.

Le monument Bara est composé de quatre parties ; de part et d’autre de la statue centrale montrant Jules Bara debout, le bras gauche plié et orienté légèrement vers l’avant, se trouvent, à gauche un homme et son fils en train de lire, et à droite, une femme dont on ne sait si elle est en train d’écrire ou de dessiner le portrait de Bara. À l’arrière, sur un très haut socle entouré de quatre colonnes, la Justice couronne l’ensemble du monument situé sur une large place donnant sur la gare. Un seul mot est gravé dans la pierre, le nom de BARA. On peut lire sur le socle du bronze de l’homme politique la signature de Guillaume Charlier, celle de la société « H. Verbyst. Fondeur. Bruxelles » et la mention du nom « Victor Horta » sur la pierre, à l’avant du monument.

L’ensemble a été inauguré en très grandes pompes le 20 septembre 1903, l’inscrivant dans la tradition – maintenue en Wallonie – de la célébration des Journées de Septembre de 1830. Une foule nombreuse eut l’occasion d’entendre le discours prononcé par Paul Hymans, d’assister au défilé de plusieurs centaines de gymnastes, de prendre part à un concert ou d’admirer, le soir, la statue illuminée. C’est à une véritable glorification de la figure de Jules Bara que procède la ville de Tournai, trois ans à peine après sa disparition.


Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 209
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 247
Paul HYMANS, Jules Bara. Discours prononcé à la cérémonie d'inauguration de la statue de Jules Bara à Tournai le 20 septembre 1903, Bruxelles, Vanbuggenhoudt, 1903
Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images
Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 321-325
Elia KETELS, dans Biographie nationale, t. 41, col. 110-114.

Place Crombez
7500 Tournai

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Isabelle BRUNELLE

Les personnalités féminines statufiées dans l’espace public de Wallonie sont relativement rares (un monument sur vingt en moyenne). Elles sont encore plus rares au XIXe siècle. Christine de Lalaing a été la toute première à être honorée d’une statue imposante, c’était à Tournai en 1863. Avec la statue réalisée par Guillaume Geefs en l’honneur d’Isabelle Brunelle et inaugurée en 1872, on reste dans le domaine de l’exceptionnel d’autant qu’après le monument Léopold Ier inauguré en 1869, il s’agit du deuxième consacré à une personnalité qui prend place dans l’espace public namurois. En cette deuxième moitié du XIXe siècle, les autorités municipales continuent d’être encouragées par le gouvernement belge à contribuer au renforcement de l’identité belge par l’implantation de statues de personnalités héroïques dans les parcs et sur les places. À Namur, le phénomène commence à se développer au moment où l’enceinte de la ville est démantelée, où les portes et les tours sont détruites, tandis qu’un plan d’aménagement et d’embellissement de Namur trace les grandes orientations du futur. À l’entame de ces importants chantiers, l’Hospice d’Harscamps est aux premières loges : un échange de terrains est conclu entre les autorités municipales et la direction de l’Hospice qui, toujours en accord avec la ville, projette d’adjoindre un parc à ses bâtiments (1868-1869). À l’initiative de la Commission des Hospices civils de Namur, il est par ailleurs décidé qu’au centre du parc viendra prendre place un monument dédié à madame d’Harscamps et dont l’exécution sera confiée à Guillaume Geefs, sculpteur qui est en train d’achever la statue de Léopold Ier.
 

Monument Isabelle Brunelle, comtesse d’Harscamps

Formé à l’Académie d’Anvers, le jeune Geefs (1805-1883) avait été très rapidement repéré par ses professeurs ; une bourse lui a permis de parfaire sa formation à Paris et, à son retour, il était nommé professeur de sculpture à l’Académie d’Anvers (1833-1840). Membre de la classe des Lettres de l’Académie dès 1845, il la préside de 1858 à 1883. Il était membre de l’Institut de France. Présent dans différents salons, il s’impose avec le modèle de la statue du Général Belliard et le monument funéraire du comte Frédéric de Mérode. Le jeune royaume de Belgique venait de trouver l’un de ses sculpteurs capables de figer dans la pierre (ou le bronze) les personnes et les événements les plus illustres du pays. Répondant aux multiples commandes destinées à orner les églises, les places, les édifices, les cimetières ou les salons de toute la Belgique, il livre à Anvers une statue de Rubens (1840) et à Liège, celle de Grétry (1842), à Huy celle de Lebeau (1869), tout en réalisant de nombreuses statues de Léopold Ier, dont celle de Namur. C’est donc un artiste renommé qui réalise, pour Namur, la statue d’Isabelle Brunelle et qui y signera encore celle de Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy en 1881.

En 1869 déjà, G. Geefs a terminé la maquette en plâtre du monument Brunelle et la Commission a validé son projet. Cependant, les événements politiques qui secouent la France (1870-1871) sont à l’origine du retard dans l’acheminement du bloc de marbre qui a été choisi, en l’occurrence de l’Échaillon blanc exploité à une vingtaine de kilomètres de Grenoble. Entre-temps, le marbrier namurois Adolphe Balat est choisi pour réaliser le piédestal en pierres bleues d’Écaussinnes qui a une hauteur de 3,33 mètres. Finalement, la date du 15 mai 1872 retenue pour l’inauguration est respectée. Sous la pluie, la foule importante entend les discours du président de la Commission des Hospices et du sénateur de Woelmont au nom de la famille d’Harscamps. La statue dévoilée présente la comtesse en grande et forte femme, se tenant debout et serrant son testament dans la main gauche. Les habits qu’elle porte sont de l’époque Louis XV ; il s’agit d’une toilette de cérémonie. La robe et ses grands plus ont fait l’objet d’une attention particulière du sculpteur qui s’est par ailleurs inspiré des portraits peints d’Isabelle Brunelle pour réaliser son visage. Comme à son habitude, le sculpteur a laissé son signature sur la plinthe de la sculpture : « Gme Geefs/statuaire du roi ». Quant aux quatre faces du piédestal, elles portent chacune des inscriptions gravées en lettres d’or par Balat.

Sur la face avant :
« ISABELLE BRUNELLE
COMTESSE D’HARSCAMPS.
FONDATRICE
DE L’HOSPICE D’HARSCAMPS.
29 JANVIER 1805.

À droite :
NEE A AIX-LA-CHAPELLE
LE 3 SEPTEMBRE 1724.

À gauche :
DECEDEE A NAMUR


LE 8 MAI 1805.

À l’arrière : 
ERIGE
LE 15 MAI 1872. »

C’est une bienfaitrice des pauvres qu’honorent le monument et les discours, rappelant que celle qui était née à Aix-la-Chapelle en 1724, dans une famille de la petite bourgeoisie, sous le nom d’Isabelle Brunelle, avait épousé, en 1748, en Hongrie, le comte Pontian d’Harscamps, un capitaine de dragons au service de l’Autriche. Elle avait reçu une éducation attentive dans une maison de Liège ; lui était l’héritier d’une famille originaire de Gueldre qui avait fait fortune dans le Namurois et possédait d’importantes propriétés tant ce comté qu’en principauté de Liège et en Hongrie. Après avoir perdu ses trois enfants victimes de maladies, le couple vient s’installer au château de Fernelmont ; c’est là que mourut le comte en 1794. Les événements rendent alors difficiles la possibilité pour la veuve de vivre dans le Namurois. Néanmoins, vers 1800, elle retrouve Namur où elle s’installe dans son hôtel particulier du Marché de l’Ange. Se consacrant à diverses actions de bienfaisance, elle met sa fortune aux services des pauvres. Dans un testament plusieurs fois complété entre 1788 et janvier 1805, elle marque son intention de fonder plusieurs institutions charitables à Aix-la-Chapelle, sa ville natale, et dans les diverses localités où elle possède des immeubles. À Namur, en particulier, elle consacre une part importante de ses biens pour qu’y soit construit un hospice portant le nom de son époux. Quelques semaines plus tard, en mai 1805, elle décède subitement à Namur. En application des dispositions testamentaires, les autorités françaises de l’époque ouvre, le 1er octobre 1812, une maison de retraite qui accueille les personnes d’un certain âge que la bonne fortune a abandonnées. Le lieu choisi est l’ancien Couvent des Récollets supprimé par le nouveau régime. De 40 en 1812, les pensionnaires dépasseront les 200 dans les années 1860.


Sybille VALCKE, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 415-417
Jean BOVESSE, dans Biographie nationale, t. 41, col. 53-57
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t.
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/le-monument-a-la-comtesse-dharscamps.html
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/linauguration-du-monument.html
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/bibliographies-et-sources9.html (s.v. avril 2014)

parc de l’Hospice d’Harscamps
5000 Namur

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Jacques BERTRAND

Initialement, c’est sur la maison natale de Jacques Bertrand (1817-1884), rue Gustave Nalinne, qu’a été apposée une plaque commémorative de ce chansonnier wallon. Par la suite, la plaque a été transférée sur une stèle installée sur la place du Bourdon. Petit artisan – il tenait un atelier de chaisier –, Jacques Bertrand a consacré l’essentiel de ses loisirs à la composition de chanson en langue wallonne, à l’attention du plus grand nombre, en célébrant le pays de Charleroi.

Réalisée par le sculpteur Jules Van der Stock (1897-1944), la plaque commémorative représente, à gauche, dans un médaillon, le chansonnier en pleine inspiration. Sur le côté droit, ses sources d’inspiration apparaissent, de la longue cheminée fumante et de la belle-fleur aux cheminées d'usines du pays de Charleroi. Deux indications sont mentionnées, l’une dans le médaillon évoque ses dates de naissance et décès, l’autre, en plus grand, sur le côté droit :

« Jacques Bertrand
Le chansonnier populaire
Inauguré le 15 juin 1924 ».

Il s’agit d’une œuvre de jeunesse de Van der Stock qui, comme bon nombre de ses collègues va partager ses activités entre des bustes et des monuments aux victimes de la Grande Guerre. Il signe notamment un buste du roi Albert qui fait partie des collections de l’hôtel de ville de Charleroi. D’autres représentations de la famille royale constituent des références de ce sculpteur brugeois venu s’installer à Marcinelle. Médailleur, il fait preuve d’une précision exceptionnelle dans ses réalisations. Influencé par l’Art Nouveau, il a reçu le Prix des artistes au Salon international de Paris avec une œuvre intitulée Guetteur. Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, il ne lui survivra pas.

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 176-178.

place du Bourdon, rue de France 
6000 Charleroi

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Paul Delforge

Christine Jongen

Statue Childéric

Statue de Childéric, réalisée par Christine Jongen, avril 2004.

Bénéficiant d’un financement inscrit dans le cadre du Phasing out de l’Objectif 1, la ville de Tournai entreprend de valoriser davantage son patrimoine historique, au-delà du beffroi, de la cathédrale et du Pont des Trous. Via l’Intercommunale Ideta qui est le maître d’œuvre, un plan stratégique privilégie en effet depuis 1995 le développement touristique du Hainaut. Se concentrant sur le cœur historique de Tournai, les autorités locales confient à l’artiste plasticienne Christine Jongen (1949-) le soin de mettre en place une quinzaine de statues en bronze dans un parcours d’interprétation à travers la « Cité des cinq Clochers ». 

Ces statues sont les étapes marquantes d’un circuit fortement balisé par une signalétique particulière. Touristes comme habitants de la cité sont ainsi invités à une promenade de deux heures, jalonnées de 43 étapes. Afin de garantir la qualité de l’initiative communale, le bourgmestre, Roger Delcroix, a confié à un comité scientifique composé d’historiens, d’archéologues et de spécialistes des traditions locales la mission d’encadrer le projet. 

Répondant aux critères souhaités, Christine Jongen implante quinze statues sur les trottoirs de Tournai, entre la Grand-Place, l’Escaut, la Tour Saint-Georges et le Fort Rouge. De cette initiative, toutes les étapes ne sont pas restées intactes quelques années plus tard. Étant réalisées en bronze, les statues sont malheureusement convoitées par des ferrailleurs peu scrupuleux qui ne leur reconnaissent qu’une valeur de refonte, estimation bien dérisoire à côté de leur valeur artistique. Durant l’été 2011, la statue de Childéric a été sciée de son mât et dérobée ; les malfrats ont été appréhendés, mais l’œuvre n’est pas retournée place de Nédonchel.

Née à Bruxelles, formée en psychologie à l’Université libre de Bruxelles, Christine Jongen travaille comme journaliste à l’hebdomadaire Notre Temps (1975-1976), avant de se consacrer entièrement à la sculpture. Après une formation en terre cuite à l’École supérieure des Arts plastiques et visuels de Mons (chez Ch. Leroy), elle se perfectionne à l’Académie de Varsovie (chez Gustave Zemla). Laissant son inspiration se nourrir aux sources les plus variées, de la Renaissance européenne aux grandes traditions asiatiques ou d’Amérique, elle s’oriente vers la peinture abstraite quand elle s’installe en France au début des années 1980. Menant aussi une réflexion continue sur l’art dans son essai À la recherche de formes, paru pour la première fois à la fin les années 1980, elle présente ses œuvres à plusieurs reprises (Paris, Bruxelles, Genève, Bordeaux, Bézier, Montréal, Rome, Barcelone, Avignon, Padoue, etc.) et dans divers salons d’art français (2000-2003).

Pour le projet tournaisien, Christine Jongen crée quinze statues, en bronze, de 70 à 75 centimètres de haut, qui toutes sont déposées sur des piliers de 2,8 m de haut. Coulées dans les ateliers de la fonderie Francart, à Crisnée, les statues sont autant de références au passé de Tournai, évoquant des fonctions (chanoine, évêque) ou des « activités » (tailleurs de pierre, portier, arbalétrier), comme des personnages historiques. Inévitablement, Childéric a été retenu à côté de Louis XIV, Pasquier Grenier et Bruno Renard.
D’une taille de 70 centimètres environ, la statue de Childéric présente le roi des Francs debout, s’appuyant légèrement sur son épée. Les rares objets conservés du fameux trésor de Childéric inspirent les vêtements du roi couronné ; l’artiste a en effet retenu des abeilles comme motifs des habits royaux. Dix ans après l’inauguration des quinze statuettes, quelques-unes ont (provisoirement ?) disparu. C’est le cas du Childéric qui a abandonné la place Nédonchel sans laisser d’adresse.


Sources:

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (dont NordEclair, août 2011)
http://christine.jongen.pagesperso-orange.fr/GrilleJongen.htm (s.v. décembre 2013)
http://www.badeaux.be/Balisages/Bal5/Site15/Site15.html 
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 770

 

Statue de Childéric


 

Place de Nédonchel 
7500 Tournai

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut  Destrée-Sofam

Buste BORDET Jules

Très tôt dans le XIXe siècle, la ville de Soignies est dotée d’une gare ferroviaire, ce qui reste relativement rare pour l’époque. Inaugurée en 1841, la gare voit se développer autour d’elle un tout nouveau quartier. L’espace se dessine progressivement ; en 1893, l’ancien kiosque est reconstruit et prend place au milieu d’un square où est érigé, en 1905, un monument dédié au travail « El Cayoteu ». C’est aussi là que les autorités locales vont honorer leur citoyen le plus célèbre. 

En 1919, l’attribution du Prix de médecine et de physiologie à Jules Bordet assied définitivement la notoriété du Sonégien. Professeur à l’Université libre de Bruxelles, chercheur à l’Institut Pasteur, Jules Bordet (1870-1961) s’est spécialisé dans l’étude de la bactériologie, la réalisation de vaccin et a ouvert à la biologie de vastes horizons dans le domaine de l'immunité. Le Prix Nobel consacre ses recherches et met en évidence l’ouvrage qu’il a rédigé durant la Grande Guerre mondiale, à savoir un Traité de l'immunité dans les maladies infectieuses.

La première décision du conseil communal de Soignies consiste à rebaptiser le square de la Station : désormais, il s’appellera le Square Jules Bordet (décision du 4 décembre 1920). Ensuite, en présence de Jules Bordet, une plaque est apposée sur la façade de sa maison natale, rue de Mons. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette maison est détruite et la plaque commémorative est sauvegardée dans les locaux de l’Athénée qui va lui aussi porter le nom de l’illustre savant, comme d’ailleurs le Centre culturel. Après son décès, une nouvelle plaque rappelle le souvenir du Prix Nobel, et est apposé au 97 de la rue de la Station.

Quant au buste, installé sur le square Bordet, face à la gare, plus personne ne semble se souvenir de quand il date, qui l’a réalisé et à l’initiative de qui il a vu le jour. Les recherches effectuées par Jean-Philippe Losfeld l’ont conduit à constater que le buste est totalement identique à celui qui se trouve sur la tombe du savant, au cimetière d’Ixelles. Cette ressemblance ainsi que la mention, sur le monument situé à Soignies, des dates 1870-1961 gravées dans la pierre, donnent à penser que le buste a été placé sur le monument au début des années 1960, peu après le décès de l’éminent Sonagien. Peut-être s’agissait-il d’une initiative des autorités communales.

Avec plusieurs effets d’étages réalisés dans la pierre, un socle longitudinal en granit supporte le buste. En plus de la mention des dates dans la partie inférieure, les mots suivants ont été gravés sur le socle, juste en-dessous du buste :

« A J. Bordet »

Très discrètement décorée, une pierre de forme carrée soutient le socle, à l’arrière, à hauteur du sol.

Bulletin de l’Amicale des Anciens élèves de l’Athénée Jules Bordet de Soignies, 2009, n°59 (http://www.amicaleanciens-ars.be/Bulletin%202009.pdf)
Informations communiquées par Jean-Philippe Losfeld (janvier 2014)

square Jules Bordet
7060 Soignies

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Jeanne d’Arc

Statue de Jeanne d’Arc, réalisée par Ernest Toussaint, 1921.
 

Au centre du village de Sibret (commune de Vaux-sur-Sûre depuis la fusion de 1976), sur une petite place arborée, une statue de Jeanne d’Arc surmonte un monument aux morts des deux guerres. Cependant, il semblerait que la Jeanne d’Arc de Sibret soit antérieure à la Grande Guerre, car la statue ressemble aux modèles des années 1890 réalisés par le sculpteur Ernest Toussaint (1845-1911) pour le compte de l’Union artistique de Vaucouleurs. Cette société située dans la Meuse est spécialisée dans les objets en fonte religieux, qu’elle produit et reproduit en très grands nombres. La Jeanne d’Arc de Sibret une vierge guerrière en armure – ceinturon, épée, cotte de mailles, genouillères, etc. –, debout, tenant l’étendard de sa main gauche, tandis que la droite est posée sur son cœur. Des fleurs de lys apparaissent clairement sur le drapeau. À l’arrière de sa jambe droite est posé son casque.


Née vers 1412, celle qui allait devenir « la pucelle d’Orléans » avait déclaré avoir eu des visions de saints lui enjoignant de bouter les Anglais hors de France et d’emmener le Dauphin à Reims pour son couronnement. C’est à Vaucouleurs qu’elle demande un commandement de garnison durant la fameuse Guerre de Cent Ans. Après sa capture à Compiègne (1430), elle est mise sur le bûcher à Rouen, l’année suivante.


Après la guerre franco-prussienne de 1870 et la défaite française, de nombreuses statues de Jeanne d’Arc sont érigées dans les villes et villages français. Employé par une société spécialisée dans les articles catholiques, Ernest Toussaint (1845-1911) réalise plusieurs modèles de Jeanne d’Arc dont celles qui est offerte à Sibret paraît correspondre à la « Jeanne d’Arc au sacre », modèle n°87 de 1895. Sculpteur sur pierre, originaire de Donjeux, en Haute-Marne, Toussaint a nourri de ses productions pendant des années le petit patrimoine de la région Lorraine-Champagne. Cette Jeanne d’Arc, la seule en Wallonie avec celle de Soye, a traversé la frontière en signe d’amitié entre le département de la Meuse et la région de Sibret. Tout indique que cette « Jeanne d’Arc » a pris place sur le monument aux morts de 14-18 inauguré en 1921, mais nos recherches n’ont pas permis de savoir si la statue de l’héroïne française siégeait déjà dans le village de Sibret avant 1914. Le socle inauguré en 1921 est un granit réalisé par la société Nizet Frères de Bastogne.

 

Sources


(Adulphe-)Ernest Toussaint (1845-1911), Sculpteur à Donjeux, Langres, éditions Dominique Guéniot, Langres, 2006
http://www.e-monumen.net/index.php?option=com_monumen&monumenTask=monumenDetails&monumenId=11886&Itemid=19

rue du Centre 

6640 Sibret

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Théodore BARON

 
Monument Théodore Baron, réalisé par Charles Van der Stappen, 12 juillet 1903 ; 2 juillet 1911. 

C’est le dimanche 12 juillet 1903 qu’a été inauguré le monument dédié au peintre paysagiste namurois Théodore Baron. L’œuvre réalisée par le sculpteur Charles Van der Stappen était alors située près du Casino. Quelques années plus tard, en juillet 1911 précisément, un nouvel emplacement est choisi pour accueillir le monument : le parc de la Plante devient son lieu définitif et le 75e anniversaire de l’Académie des Beaux-Arts de Namur sert de prétexte officiel. Figé dans le bronze pour l’éternité, le peintre statufié est entouré d’arbres et de végétation et a la compagnie proche et permanente de la Meuse, l’une de ses principales sources d’inspiration.

Né à Ixelles en 1840, Théodore Baron a fait de la vallée de la Meuse et des sommets de l’Ardenne son espace de travail pendant plusieurs années. Après des études à l’atelier Saint-Luc à Bruxelles (1854-1858), Théodore Baron avait d’abord peint des paysages de Campine et c’est de cette époque que remonte une prédilection pour le gris qui en fait l’un des fondateurs de l’école du gris. Secrétaire et organisateur des expositions de la Société libre des Beaux-Arts (1868), il plaide en faveur d’une totale liberté dans l’expression artistique. Découvrant Anseremme puis les environs de Profondeville où Camille Lemonnier l’a invité dans sa maison de campagne, Baron tombe amoureux des paysages forgés par les multiples cours d’eaux de la vallée mosane. Quand il voyage en Europe, il est surtout attiré par la vallée de la Moselle et par l’Eifel. Tournant le dos au romantisme, il s’inscrit dans un courant résolument réaliste quand il représente la nature ; son grand intérêt pour la science qu’est la géologie se ressent dans son œuvre ; son observation méticuleuse exclut l’improvisation, voire parfois une certaine spontanéité. 

Ayant opté pour des dominantes ocres et brunes tout en continuant à privilégier les gris, il s’arrête sur toutes les particularités des paysages – rochers, schistes, ruisseaux, taillis, ciel, etc. – et il s’efforce d’en rendre tous les aspects réels, n’hésitant pas à utiliser abondamment la pâte pour faire ressentir la lourdeur des pierres ou la pesanteur des nuages. Il excelle aussi dans les paysages hivernaux. Quand il devient professeur à l’Académie de peinture de Namur, il se laisse séduire par le courant impressionniste. En 1893, il succède à Marinus à la tête de l’Académie de Namur. À l’annonce de son décès, à Saint-Servais, en 1899, ses amis et ses proches décident d’honorer sa mémoire par un monument dont la conception et la réalisation sont confiées à Charles Van der Stappen.

Contemporain de Baron, né lui aussi à Bruxelles (Saint-Josse-ten-Noode précisément) en 1843, Van der Stappen n’était pas issu d’un milieu aisé. Muni des fondamentaux de l’école primaire, il contribue aux revenus de la famille en travaillant comme plâtrier pendant la journée, avant d’entreprendre des cours, en soirée, à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, dans les années 1860. Il y bénéficie des conseils avisés des Liégeois Jéhotte et Simonis. Il fréquente aussi l’atelier de Portaels où le hasard lui fait rencontrer Meunier et Lemonnier. Tentant sa chance lors de salons et de concours, il travaille sur divers chantiers de décoration, dont un à Paris qui lui permet de fréquenter l’École des Beaux-Arts. C’est à partir des années 1870 que ses œuvres commencent à être véritablement remarquées, après sa médaille d’or au Salon de Bruxelles (1869). La commande par l’État du monument Gendebien à Bruxelles, ainsi que l’aide de mécènes lui procurent les moyens de mener des voyages d’étude en Italie (Rome, Florence, Naples), tout en repassant par Paris où les œuvres de Jean-Baptiste Carpeaux et d’Auguste Rodin l’influencent encore.

Monument Théodore Baron

Mais son séjour en Italie le conduit plutôt à adopter le style néo-Renaissance version Michel-Ange et Donatello. Ayant redécouvert la technique oubliée de la cire perdue, il la remet au goût du jour et ne va pas manquer dans l’enseigner à Bruxelles lorsqu’il est chargé de cours à l’Académie de 1883 à 1910. Il dirige aussi l’institution de 1898 à 1901 et de 1907 à 1910, manifestant clairement ses goûts en faveur de l’usage de toutes les techniques, anciennes comme nouvelles (la photographie notamment). Lui-même n’avait pas hésité à renouveler son style et ses techniques, innovant sans cesse. Les commandes publiques qu’il remporta dès les années 1870 n’ont pas monopolisé le travail de Van der Stappen ; il offre dès lors régulièrement à la vue des œuvres originales lors de Salons et d’Expositions, signe des bustes pour des particuliers et réalise des objets de décoration tant pour les jardins que pour les tables ou les intérieurs. 

Les critiques et les polémiques seront nombreuses tant son style et ses sujets d’inspiration apparurent singuliers, voire déroutants. C’est à un artiste dans la pleine maturité de son art qu’est confiée, en 1902, la statue de Théodore Baron. À l’époque, Van der Stappen travaille sur des projets ambitieux, de très grande dimension, qu’il n’aura jamais l’occasion d’achever, la mort l’emportant en 1910. Ainsi ne verront jamais le jour le Monument à l’infinie bonté – initiative personnelle – et le Monument au Travail – pour la province de Brabant. Par contre, présentée sous forme d’esquisse au Salon de la Libre esthétique en 1902, la statue de Théodore Baron est bien achevée et inaugurée le 12 juillet 1903. À cette occasion, Edmond Picard rend hommage à Baron, « l’un des maîtres du paysage belge ».

Avec son allure de marcheur infatigable muni de grandes bottes, à la recherche d’un angle de vue pour un nouveau paysage, elle présente le peintre en mouvement, tenant son chapeau dans la main droite, tandis que son matériel de travail apparaît sous le coude de son bras gauche. Dans l’épaisseur du socle rond, en bronze, qui soutient la statue, apparaissent la signature du sculpteur et la mention de la « Fonderie nationale des bronzes/Ane Firme Petermann/ St Gilles-Bruxelles ». Le piédestal a lui aussi une forme arrondie. Sur la partie avant apparaît la mention :


«A
Théodore Baron
Ses amis . Ses admirateurs».


Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012, p. 21
Notice de Georges Mayer, http://balat.kikirpa.be/peintres/Detail_notice.php?id=173 (s.v. avril 2014)
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. 2, p. 542-543
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 574-582


http://www.sculpturepublique.be/5000/VanDerStappen-TheodoreBaron.htm 
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-3.html (s.v. juillet 2013)
S. HOUBART-WILKIN, dans Biographie nationale, t. 31, col. 43-48
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 603
L’Art moderne, 5 juillet 1903, n°27, p. 241 ; 9 août 1903, n°32, p. 278-279

parc de la Plante, rue Théodore Baron – 5000 Namur

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Robert CAMPIN

Au tournant des années 1970 et 1980, les autorités tournaisiennes procèdent à la rénovation de leur Conservatoire. Alors que le chantier se termine, six statuettes en bronze sont posées sur le toit-terrasse de la salle des Concerts du Conservatoire qui fait face au carrefour du beffroi. Elles sont visibles depuis la rue de la Wallonie, à l’entrée de la rue du Parc. Œuvres de Gigi Warny, elles portent le nom de six Tournaisiens ayant acquis une forte notoriété dans différentes activités : Pierre de la Rue pour la musique, Lefebvre Caters pour l’orfèvrerie, Michel Le Maire pour la dinanderie, Pasquier Grenier pour la tapisserie, François Joseph Peterinck pour la porcelaine et Robert Campin pour la peinture.
 

Statue d’hommage à Robert Campin

Originaire de Valenciennes où il est né entre 1375 et 1378, Campin est à la fois décorateur, peintre et dessinateur de patron de tapisserie. Comme l’a notamment montré Jules Destrée, en dépit de l’absence de signature à son nom, il est bien l’artiste des tableaux que l’on attribue au « maître de Flémalle ». Artiste de l’ancien « comté de Hainaut », il a fait une part de sa formation à Dijon avant d’ouvrir son atelier à Tournai (1418-1432). Là s’est notamment formé Rogier de le Pasture. En 1423, Campin préside la corporation de peintres de Tournai et prend certaines responsabilités publiques dans la cité.

Il n’est par conséquent pas étonnant que Robert Campin soit considéré comme l’une des six personnalités les plus importantes de l’histoire culturelle et artistique de Tournai. Car tel est bien le sens à donner aux six statuettes réalisées par Geneviève Warny. Née à Bruges en 1958, cette artiste autodidacte qui offrait les petites statues qu’elle créait à ses amis s’est laissée convaincre par l’architecte André Wilbaux de réaliser « six attitudes grandeur nature » pour le fronton de l’ancien Conservatoire de Tournai. 

Plutôt que de procéder à une reconstitution des portraits, l’artiste va donner à chaque statue tournaisienne une attitude qui évoque le métier illustré, ici en l’occurrence la porcelaine. Relevant le défi de ce projet, en travaillant le bronze pour la première fois, Gigi Warny délaisse la psychologie qu’elle avait étudiée à l’Université catholique de Louvain (1983) pour faire de la sculpture son activité principale. Installant son atelier à Louvain-la-Neuve, elle réalise des œuvres variées pour la cité universitaire (fontaine Léon et Valérie en 1984 sur la place de l’Université, La main en diplôme en 1995 près des Halles, Rêverie d’eau en 2001 à la piscine du Blocry), mais aussi ailleurs. Améliorant et modifiant progressivement ses techniques, elle expose essentiellement en Belgique avant de traverser l’Atlantique et d’être connue aussi au Québec.


Outre la plaque qui mentionne clairement son nom « Robert Campin 1427 », la « silhouette » réalisée par Gigi Warny montre l’artiste assis, avec une jambe repliée sur laquelle il tient sa palette et un pinceau.


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.gigiwarny.be/Gallerie.html (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 777
A. SIRET, dans Biographie nationale, 1872, t. 3, col. 284-285
Marnix BEYEN, Jules Destrée, Roger de la Pasture et « les Maîtres de Flémalle ». Une histoire de science, de beauté et de revendications nationales, dans Philippe DESTATTE, Catherine LANNEAU et Fabrice MEURANT-PAILHE (dir.), Jules Destrée. La Lettre au roi, et au-delà. 1912-2012, Acte du colloque des 24 et 25 avril 2012, Liège/Namur, Musée de la Vie wallonne/Institut Destrée, 2013

rue du Parc
7500 Tournai

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Victor BERTRAND

À l’entrée du quartier liégeois d’Outremeuse, du côté du Pont d’Amercœur, une statue a été érigée en hommage au lieutenant-général Victor Bertrand (1857-1931). Général-major en 1914, il était en charge du commandement de la place de Liège lors de l’offensive allemande d’août 1914. Le 5 août, il menait une première contre-attaque à hauteur du barrage de Rabosée ; proche du général Leman, il lui succède à la tête de la 3e division d’Armée du 24 août 1914 au 5 janvier 1915. Sa bravoure, son sens de la décision, son engagement dans la défense de sa cité natale ont été salués par tous les témoins des événements. Par sa résistance et celle de ses forts, Liège est parvenue à retarder l’avancée des soldats de l’empire et rien que cela était déjà héroïque.

Maintes fois décoré après l’Armistice, le commandant en chef de la place de Liège reçut de la jeune association de « la République libre d’Outremeuse » une attention toute particulière. En effet, peu de temps après sa disparition, le groupement lance une souscription publique dans le but d’ériger un monument commémoratif. Le projet est confié à l’architecte E. Sélerin et au sculpteur Louis Gérardy. Ce monument est la seule statue personnalisée d’un héros militaire de la Grande Guerre dans l’espace public liégeois. Il est inauguré fin septembre 1934 à l’heure des fêtes de Wallonie. Sur le socle en pierre assez stylisé, les lettres gravées en grand identifient le militaire :

« Lieutenant
Général
Bertrand
1857-1931 »

Monument Victor Bertrand

Représenté debout, avec son uniforme entre ouvert et son képi sur la tête, l’officier plie le bras droit sur son bassin, tandis qu’il s’appuie sur un long sabre tenu dans sa main droite. En position d’arrêt, il semble scruter l’horizon sans craindre le moindre danger. Son visage comme l’ensemble de son corps sont orientés vers l’intérieur de la ville et non vers l’extérieur.

Très vite, le monument s’est imposé comme un lieu de passage et d’arrêt obligés lors des cérémonies annuelles du 11 novembre pendant de nombreuses années. Entretenue pendant quelques années par l’association, la statue a été reprise par la ville de Liège qui l’a intégrée dans son patrimoine.

Sa réalisation avait été confiée à Louis Gérardy (1887-1959) qui avait fréquenté volontiers l’atelier d’Oscar Berchmans. Proche des milieux wallons, Gérardy a été sollicité à plusieurs reprises lorsqu’il s’est agi de réaliser des médaillons destinés aux tombes des disparus (ainsi Henri Bekkers, Nicolas Defrêcheux, Louis Warroquiers au cimetière de Robermont). En 1919, il réalise le monument serbe sur la pelouse d’honneur de Robermont. Dans les années 1930, il travaille sur  le chantier de décoration du Lycée de Waha (bas-reliefs). Cependant, il s’est davantage spécialisé dans la représentation animalière (tête de chiens, d’oiseaux, etc.), signant des bas-reliefs, comme des statuettes décoratives.

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 205
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m'était conté, n°35, été 1970, p. 9

place Théodore Gobert, près du pont d'Amercoeur
4020 Liège

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Paul Delforge