Tour à tour eurodéputée (1979-1988), Secrétaire d’état aux affaires européennes (1988-1992), députée (1991-1995), et bourgmestre de Huy depuis 1983, Anne-Marie Lizin est élue au Sénat pour la première fois en 1995. Suite au succès de son parti aux élections de 2004, elle est choisie, le 20 juillet, pour présider la Haute Assemblée, fonction qu’elle occupe jusqu’en juillet 2007. C’est la première fois dans l’histoire politique de la Belgique qu’une femme est élue à la présidence du Sénat.
Defuisseaux Alfred
Politique
Mons 9/12/1843, Nimy 11/11/1901
Le nom d’Alfred Defuisseaux est étroitement associé au Catéchisme du Peuple. Pamphlet rédigé sous forme de dialogues, distribué à 200.000 exemplaires en français, et 60.000 en flamand, ce texte à la langue simple et accessible sera repris comme une chanson par les masses populaires qui supportent de plus en plus mal leur condition. En 7 leçons, Defuisseaux appelle à la mobilisation, dénonce diverses situations (droit de vote, armée, impôts, etc.) et conclut systématiquement par la revendication du suffrage universel comme remède.
Si l’avocat et ingénieur montois espérait mobiliser les foules dans une grande manifestation à Bruxelles, à l’horizon de l’été 1886, il est largement débordé par les émeutes de mars-avril 1886 qui touchent l’ensemble du bassin industriel wallon. Accusé d’avoir été l’un des instigateurs de ces grèves de 1886, il est condamné à six mois de prison. Réfugié en France où il poursuit son activité politique, l’ancien ténor du Barreau de Mons reste partisan de la grève générale immédiate pour obtenir le suffrage universel et la république. En désaccord avec le POB naissant, il crée le Parti socialiste républicain (1887). Affaibli par les manœuvres de la gendarmerie et de la Sûreté de l’État, le PSR finira par intégrer le POB. En 1894, lors des premières élections législatives au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural, le tribun Defuisseaux est l’un des 28 premiers députés socialistes, tous élus en Wallonie. De retour au pays, il siègera à la Chambre jusqu’à sa mort, en 1901, ainsi qu’au conseil communal de Frameries. Il était le frère de Léon Defuisseaux, député libéral progressiste de Mons.
Mandats politiques
Conseiller communal de Frameries (1894-1901)
Député (1894-1901)
Sources
Histoire de la Wallonie, (dir. L. Genicot), Toulouse, Privat, 1973, p. 383
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 173-176
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III
http://www.carhop.be/suffrage/def8.html
Paul Delforge
Boucher Pierre
Politique, Député wallon
Ramillies 24/04/1946
Député wallon : 1999-2004 ; 2004-2006*
Courtier en assurances, fondateur du Cabinet d’assurances « Vaneberck et Boucher », représentant pour la Belgique et le Luxembourg du Groupe international HR Sprinks et Cie de Londres et de la filiale française CFAE, Pierre Boucher s’est spécialisé dans l’assurance des chevaux et du cheptel bovin. Quand le Cabinet Boucher est repris par Fortis, il est nommé fondé de pouvoir. Entre-temps, il a aussi créé une société financière, absorbée par le Groupe Indosuez. Au début des années quatre-vingt, il revend ses sociétés et relance l’exploitation agricole familiale. Membre de l’Association régionale pour la promotion du porc de Piétrain, il dirige alors la sprl Ferme du Stocquoy et la sprl Marcan à Jodoigne, avant de se lancer en politique, tout en restant administrateur du Crédit Agricole, devenu Crelan s.a.
Conseiller communal PRL de Jodoigne élu en 1982, Premier échevin en charge de l’Urbanisme, de la Jeunesse, des Sports et de l’Aménagement du territoire (1989-1992), il est aussi conseiller provincial du Brabant (1987-1991). Il devient d’ailleurs le premier président wallon de l’assemblée depuis plusieurs années ; il préside aussi les travaux d’une Commission provinciale d’étude de l’avenir institutionnel de la province de Brabant (1989-1991). À titre personnel, il est opposé à la scission du Brabant et à l’idée de lier le destin du Brabant wallon à celui de la Région wallonne, plaidant en faveur d’un statut de double appartenance régionale.
Choisi comme député permanent en charge de l’Enseignement, de l’Agriculture et de l’Environnement (1992-1994), il va contribuer au transfert de l’ancien Brabant à la nouvelle province du Brabant wallon née à la suite de la réforme institutionnelle de 1993. En janvier 1995, il retrouve son mandat de député permanent en charge, cette fois, de l’Enseignement, de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et du Personnel du Brabant wallon (1995-1999). Homme fort de la députation permanente, il assure la continuité et la transition de l’institution provinciale. Président de la Compagnie intercommunale d’électricité de Jodoigne et extensions (depuis 1982), président du domaine provincial d’Hélecine, il est attentif à affirmer l’identité de la nouvelle province.
En 1999, Pierre Boucher est élu au Parlement wallon dans l’arrondissement de Nivelles et quitte la députation permanente. Homme de confiance de Louis Michel, député wallon de la majorité arc-en-ciel, Pierre Boucher siègera à Namur jusqu’en 2006, ayant été réélu en juin 2004 tout en contribuant au succès MR dans cette circonscription : son parti emporte enfin 4 sièges.
Trésorier du Mouvement réformateur (1999-), Pierre Boucher lorgne pourtant vers Wavre où il déménage afin de pouvoir briguer la succession du bourgmestre. Élu conseiller communal en 2000, échevin de la Culture et de l’Enseignement (2001-2006), il laisse cependant à Charles Michel le maïorat de Wavre. Après le scrutin d’octobre 2006, il retourne vers la province du Brabant wallon, et démissionne du Parlement wallon et de ses mandats communaux.
Député provincial en charge de l’Enseignement, des Finances et de la Régie foncière (2006-2012), il préside le collège provincial du Brabant wallon dont la majorité a pris la couleur turquoise (coalition MR-Écolo). En octobre 2012, Pierre Boucher pousse la « Liste du Bourgmestre » à Wavre et, en même temps, pousse la liste MR dans le district de Wavre qu’emmène Mathieu Michel. Siégeant désormais comme conseiller communal et comme conseiller provincial, il prend la présidence de l’IBW (juin 2013).
Mandats politiques
Conseiller communal de Jodoigne (1983-1992)
Echevin (1989-1992)
Conseiller provincial du Brabant (1987-1994)
Député permanent (1992-1994)
Conseiller provincial du Brabant wallon (1995-1999)
Député permanent (1995-1999)
Député wallon (1999-2006)
Conseiller communal de Wavre (2001-2006)
Echevin (2001-2006)
Député provincial du Brabant wallon (2006-2012)
Conseiller communal (2012-)
Conseiller provincial (2012-)
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 68-69
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Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Statue Victor BERTRAND
À l’entrée du quartier liégeois d’Outremeuse, du côté du Pont d’Amercœur, une statue a été érigée en hommage au lieutenant-général Victor Bertrand (1857-1931). Général-major en 1914, il était en charge du commandement de la place de Liège lors de l’offensive allemande d’août 1914. Le 5 août, il menait une première contre-attaque à hauteur du barrage de Rabosée ; proche du général Leman, il lui succède à la tête de la 3e division d’Armée du 24 août 1914 au 5 janvier 1915. Sa bravoure, son sens de la décision, son engagement dans la défense de sa cité natale ont été salués par tous les témoins des événements. Par sa résistance et celle de ses forts, Liège est parvenue à retarder l’avancée des soldats de l’empire et rien que cela était déjà héroïque.
Maintes fois décoré après l’Armistice, le commandant en chef de la place de Liège reçut de la jeune association de « la République libre d’Outremeuse » une attention toute particulière. En effet, peu de temps après sa disparition, le groupement lance une souscription publique dans le but d’ériger un monument commémoratif. Le projet est confié à l’architecte E. Sélerin et au sculpteur Louis Gérardy. Ce monument est la seule statue personnalisée d’un héros militaire de la Grande Guerre dans l’espace public liégeois. Il est inauguré fin septembre 1934 à l’heure des fêtes de Wallonie. Sur le socle en pierre assez stylisé, les lettres gravées en grand identifient le militaire :
« Lieutenant
Général
Bertrand
1857-1931 »
Représenté debout, avec son uniforme entre ouvert et son képi sur la tête, l’officier plie le bras droit sur son bassin, tandis qu’il s’appuie sur un long sabre tenu dans sa main droite. En position d’arrêt, il semble scruter l’horizon sans craindre le moindre danger. Son visage comme l’ensemble de son corps sont orientés vers l’intérieur de la ville et non vers l’extérieur.
Très vite, le monument s’est imposé comme un lieu de passage et d’arrêt obligés lors des cérémonies annuelles du 11 novembre pendant de nombreuses années. Entretenue pendant quelques années par l’association, la statue a été reprise par la ville de Liège qui l’a intégrée dans son patrimoine.
Sa réalisation avait été confiée à Louis Gérardy (1887-1959) qui avait fréquenté volontiers l’atelier d’Oscar Berchmans. Proche des milieux wallons, Gérardy a été sollicité à plusieurs reprises lorsqu’il s’est agi de réaliser des médaillons destinés aux tombes des disparus (ainsi Henri Bekkers, Nicolas Defrêcheux, Louis Warroquiers au cimetière de Robermont). En 1919, il réalise le monument serbe sur la pelouse d’honneur de Robermont. Dans les années 1930, il travaille sur le chantier de décoration du Lycée de Waha (bas-reliefs). Cependant, il s’est davantage spécialisé dans la représentation animalière (tête de chiens, d’oiseaux, etc.), signant des bas-reliefs, comme des statuettes décoratives.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 205
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m'était conté, n°35, été 1970, p. 9
place Théodore Gobert, près du pont d'Amercoeur
4020 Liège
Paul Delforge
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Statue John COCKERILL
Décédé en 1840 lors d’une mission à Varsovie, John Cockerill laisse une société au bord de la banqueroute tant la diversification des activités est grande et peu maîtrisée. Une importante restructuration soutenue par le gouvernement conduit à la création, en 1842, de la Société Anonyme pour l’Exploitation des Etablissements de John Cockerill, placée sous la direction d’un cousin et neveu par alliance, Gustave Pastor. Les affaires reprennent fortement et la dette s’éteint progressivement. Placée sous la direction d’Eugène Sadoine à partir de 1865, la société connaît une année record en 1872-1873.
Dans le même temps, le corps de John Cockerill a été embaumé par un médecin polonais et il faut attendre juin 1867 pour qu’il soit rapatrié au cimetière de Seraing. Tandis que la ville de Liège choisit de donner le nom de Cockerill à l’une de ses places, Seraing lance une souscription publique pour élever une statue de fer en l’honneur de son exceptionnel capitaine d’industrie. La conjoncture est plus favorable qu’en 1840. Plus de 50.000 francs sont réunis en subsides communaux et gouvernementaux. Un concours est lancé ; deux sculpteurs sont invités à présenter une maquette et celle d’Armand Cattier (1830-1892) est retenue.
Français né à Charleville et installé à Bruxelles où il a fait ses études à l’Académie, il a eu Louis Jéhotte comme professeur et a fréquenté l’atelier d’Eugène Simonis. Répondant à de nombreuses commandes publiques (hôtel de ville de Bruxelles, les Boduognat, Ambiorix et Vercingétorix pour les portes des fortifications d’Anvers, et bien d’autres allégories souvent du travail voire du progrès) ou privées (bustes), Cattier réalise par ailleurs d’initiative des œuvres inspirées par l’antiquité ou la vie populaire. Parmi les références qu’il peut présenter avant de réaliser la statue de John Cockerill figure une petite statuette en bronze, intitulée Mémorial de l’épidémie de choléra de 1866 (Bruxelles, 1867).
Désigné par les autorités sérésiennes, Armand Cattier livre « une statue de bronze de John Cockerill, la jambe gauche en avant, la main gauche soutenant le coude droit, la main droite soutenant le menton. Derrière lui, un billot contre lequel est appuyée une roue dentée, supporte une enclume enveloppée d’une large feuille (probablement un plan) ». Le bronze est signé sur une partie plate de l’enclume (Armand Cattier / 1870) et « la marque de fonderie (des Bronzes à Bruxelles / Directeur Alph. Verhaeren) se trouve sur un pan de la terrasse, du côté de la roue dentée » (Heirwegh). Le tout prend place sur un socle de petit granit dont la face avant porte le blason de Cockerill, avec ses cinq coqs et sa devise « Courage to the last ». Sous le blason, apparaît sobrement l’inscription gravée dans la pierre :« John Cockerill 1790 – 1840 ».
Par rapport aux statues réalisées précédemment, celle de Cockerill innove totalement par la présence d’une nouvelle iconographie. Sur le côté droit du socle, l’inscription Intelligence est en effet encadrée des figures en pied, réalisée en fonte, d’un Puddleur et d’un Ajusteur, et sur le côté gauche, l’inscription Travail est complétée par les figures d’un Houilleur et d’un Forgeron. D’une hauteur de 2 mètres environ, ces quatre ouvriers identifiables par leurs vêtements et leurs outils constituent une réelle nouveauté dans l’art monumental public de la région. On observera encore qu’à l’avant du monument, au sol, se trouve une grande pierre rectangulaire où apparaît en lettres de bronze le nom de John Cockerill. À l’arrière, un médaillon de bronze a été ajouté en 1885 en hommage à Hubert Brialmont, ingénieur de la société. Un petit parc fleuri, avec des grilles basses, entoure le monument devant lequel on inhuma en 1947 les restes de John Cockerill.
On observera que si ce dernier a droit à une statue à Seraing et une autre à Ixelles, ainsi que son nom attribué à une rue ou à une place dans trois villes wallonnes, on ne trouve aucune trace à Verviers où William Cockerill était arrivé à la fin du XVIIIe siècle.
Hugo LETTENS, La sculpture de 1865 à 1895, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, Bruxelles, CGER, 1990, t. 1, p. 87
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 198
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 317-318
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434 et 441-452
Suzy PASLEAU, dans Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 123
Robert HALLEUX, Cockerill. Deux siècles de technologie, Liège, éd. du Perron, 2002
Suzy PASLEAU, John Cockerill, Itinéraire d’un géant industriel, Liège, éd. du Perron, 1992, p. 73
Ed. MORREN dans Biographie nationale, t. 4, col. 230-239
Place de l’Hôtel de ville
4100 Seraing
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Buste BOSRET Nicolas
Situé dans le cœur de Namur, entre l’ancienne Bourse de Commerce et le Théâtre auquel il fait face, le buste de Nicolas Bosret (1799-1876) rend hommage au compositeur du Bia bouquet. Entre le compositeur et la cité mosane, il existe une histoire d’amour qui remonte à 1856, lorsque la ville fait du Bia bouquet son hymne propre. On sait que Namur n’était pas la muse du compositeur wallon qui évoque, en fait, ses états d’âme à la veille de son mariage.
Musicien, bon vivant, sociétaire de plusieurs cercles culturels et d’amusement, co-fondateur des Moncrabeau, Nicolas Bosret est un personnage entré de son vivant dans le cœur des Namurois et dont la mémoire est régulièrement honorée : en 1893, l’occasion en est donnée par le cinquantième anniversaire de la fondation des Moncrabeau ; en 1901, c’est le cinquantième anniversaire du Bia bouquet qui sert de prétexte à évoquer un Nicolas Bosret qui a donné son nom à rue de Namur depuis 1878. La réalisation d’un monument se fait par contre attendre. Il voit le jour au lendemain de la Grande Guerre.
Au début des années 1920, en effet, les groupements wallons de Namur se mobilisent pour élever un monument à Nicolas Bosret et le cinquantième anniversaire de la disparition de Bosret est l’occasion retenue pour concrétiser le projet. La Société des Moncrabeau coordonne l’initiative. Malgré une forte mobilisation et pour de multiples raisons, l’année 1926 s’écoule sans que le monument voie le jour. Sans cesse reporté, il est finalement inauguré : un buste réalisé en septembre 1928 est placé sur un monument original installé rue Jean-Baptiste Brabant. Lorsque les travaux seront entrepris pour réaliser le pont des Ardennes, le monument sera déplacé à proximité du Théâtre.
La réalisation du buste a été confiée au sculpteur et ornemaniste Désiré Hubin (1861-1944). Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Namur, où il fut l’élève de Ferdinand Marinus, il reçoit aussi les enseignements de Charles Van der Stappen à Bruxelles. Auteur de sculptures décoratives et d’ornementations, il devient professeur de sculpture à l’Académie de Namur à partir de 1916. Maître de Victor Demanet et de Gustave Fischweiler notamment, Hubin réalisera d’autres bustes (Theo Tonglet, René Barbier, Jules Genisson ou Ernest Montellier) que celui de Bosret.
Le buste du monument Bosret est en bronze ; il est placé au sommet d’un haut piédestal en pierre fort évasé à sa base. Sur la face avant du socle, a été représenté et sculpté dans la pierre le « blanc bouquet » ; il est surmonté par les inscriptions minimalistes suivantes :
« Nicolas
Bosret
1799-1876 ».
En 1960 (ou 1953 ?, Vandenbroucke, p. 35), le Comité central de Wallonie offre la « pierre de vérité » aux 40 Molons dans le cadre de la redynamisation des fêtes de Wallonie à Namur. À partir de 1963, le monument Bosret est réinstallé près du Théâtre où quatre Molons en uniforme montent une garde d’honneur autour de la statue de leur fondateur lors des fêtes de Wallonie, en septembre. Au pied de la colonne, là où les passants peuvent s’asseoir sur une large pierre faisant office de banc entourant et soutenant l’ensemble, apparaît, sur la partie toujours, l’emblème/l’écusson en cuivre gravé de la Société Moncrabeau.
La « pierre de vérité » est une sorte de siège qui joue un rôle important, chaque année, début septembre, à la veille des Fêtes de Wallonie : c’est là en effet que les candidats au concours de menteries de ladite Société s’asseyent pour raconter leur « minte ». Le lauréat devient Prince-Président de la République libre des Menteurs.
Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, p. 35, 54
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 78
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-1.html
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187
Le Guetteur wallon, novembre 1926, p. 202
Lucien MARÉCHAL, Nicolas Bosret et le « Bia bouquet », dans Le Guetteur wallon, décembre 1926, n°11 p. 232-237
Le Guetteur wallon, octobre 1928, n°8-9, p. 18
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, p. 730
rue de Bavière, près du Théâtre
5000 Namur
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Mémorial Jules BARY
Mémorial Jules Bary
Réalisé par Vincent Strebelle ; 1982.
Situé à l’intérieur du zoning industriel de Nivelles, dans la zone I, sur un square à droite lorsque l’on vient de la chaussée de Namur, au carrefour de la rue de l’Industrie et de la rue du Progrès, un monument rend hommage à l’activité déployée par Jules Bary (1912-1977) en faveur de la Wallonie et du Brabant wallon en général, de Nivelles en particulier. Chimiste spécialisé dans l’industrie sucrière, syndicaliste et homme politique, militant wallon actif, secrétaire national du PSB, Jules Bary a représenté l’arrondissement de Nivelles à la Chambre de 1961 à 1971 et, après avoir été échevin des Travaux pendant près de dix ans dans les années 1950, accède au maïorat de 1962 à 1969.
Défenseur affirmé de l’appartenance du roman Païs à la Wallonie, il démissionne de tous ses mandats en guise de protestations à l’égard de son parti. Durant son mandat de bourgmestre, il donne naissance au zoning industriel de Nivelles qui s’avère être le tout premier de Wallonie.
En hommage à l’action décidée de son prédécesseur qui n’appartenait pas à son parti politique, Marcel Plasman fait voter par le collège communal la décision d’ériger un monument « Bary » qui prend place à l’entrée du parc industriel de Nivelles.
La réalisation en est confiée à un jeune artiste, Vincent Strebelle (1946-) qui signe là l’une de ses premières commandes. Petit-fils du tournaisien Rodolphe Strebelle, il s’est formé à l’Académie de Liège (1966) et de Bruxelles (1968) et acquiert progressivement la maîtrise de nombreuses techniques (céramique, bois, fonte, etc.).
Le monument Bary est inauguré en 1982. La végétation s’est développée autour de lui. Avec ses principaux traits creusés dans le béton, le grand portrait de Jules Bary fixe le caractère décidé du personnage ; une petite plaque rappelle :
Jules Bary
1912-1977
Député - bourgmestre
Fondateur du Zoning de Nivelles
1er zoning de Wallonie
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 478
Paul DELFORGE, Jules Bary, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2000, t. I, p. 121-122
Joseph DUMONT, Rita BUCHET, Jacques DAVOINE, Entreprises d’aujourd’hui à Nivelles, monument Jules Bary, Nivelles, 2003
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 9-10
Zoning industriel, zone I, rue de l’Industrie 8
1400 Nivelles
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Buste CAMUS Jules
Située devant la façade principale de l’hôtel de ville d’Andenne, sur le côté droit, la stèle qui porte le buste de Jules Camus (1849-1914) rappelle le martyr du bourgmestre de la localité lors de l’invasion allemande de 1914. Fils d’un journalier andennais, Jules Camus avait fait des études de médecine et exerçait son art dans la cité mosane depuis les années 1870. Engagé en politique au sein du parti libéral, conseiller provincial (1880-) et échevin d’Andenne (1890), il fait fonction de bourgmestre pendant une vingtaine d’années, le ministre catholique de l’Intérieur refusant de le nommer. Finalement, en juillet 1912, il devient maire effectif. C’est par conséquent à ce titre qu’il doit faire face à l’invasion allemande d’août 1914. Malgré les mesures prises par l’autorité communale pour maintenir l’ordre, le bourgmestre est pris en otage et malmené à travers la cité. Le 20 août en fin de journée, son exécution par des soldats allemands est le prélude au terrible massacre de Seilles-Andenne (262 civils tués).
Immédiatement après l’Armistice, les autorités locales se sont préoccupées de rendre hommage à l’ensemble des victimes de la Grande Guerre. Ville-martyr, Andenne a érigé un monument collectif. Ce n’est que beaucoup plus tard, en décembre 1938, que le conseil communal d’Andenne prend la décision de faire ériger un buste à la mémoire du bourgmestre martyr. Inauguré en 1939, ce buste est en bronze et dressé sur un socle de pierre ; l’ensemble mesure 3 mètres de hauteur sur une largeur d’un mètre. Sur le socle, les mots suivants ont été gravés :
« DOCTEUR
J. CAMUS
BOURGMESTRE
MARTYR
20 AOÛT 1914 »
Olivier STANDAER, La mémoire d'une « Ville Martyre ». Manifestations et évolution de la mémoire de la Grande Guerre à Andenne. 1918-1940, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2005, Études sur la Première Guerre mondiale
John HORNE, Alan KRAMER, 1914, les atrocités allemandes, traduit de l’anglais par Hervé-Marie Benoît, Paris, Tallandier, 2005, p. 50-55
Jean SCHMITZ, Norbert NIEUWLAND, Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg, 2e partie, Le siège de Namur, Bruxelles, Paris, 1920, p. 28-31, 42-45, 90-97
Dr A. MÉLIN, Une Cité Carolingienne. Histoire de la Ville et du Ban d'Andenne, Andenne, 1928, p. 346-358
Les atrocités allemandes dans la province de Namur, à Spontin, Andenne et Haut-Bois, en ligne sur http://www.eglise-romane-tohogne.be/environs/images/atrocites_allemandes_spontin_andennes_gesves.pdf
http://www.bel-memorial.org/cities/namur/andenne/andenne_mon_jules_camus.htm
http://www.bibliotheca-andana.be/?attachment_id=102759 (s.v. août 2013)
place des Tilleuls, sur la droite de l’hôtel de ville
5300 Andenne
Paul Delforge
Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Monument Marguerite BERVOETS
Situé dans la cour de l’Athénée de La Louvière, un monument rend hommage à l’héroïsme de deux femmes, résistantes durant la Seconde Guerre mondiale. Si l’accent est mis sur la personnalité de Marguerite Bervoets (1914-1944), l’œuvre réalisée par le sculpteur Hector Brognon (1888-1977) est également dédiée à Laurette Demaret (1921-1944).
Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941.
Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944. En 1946, le ministre Auguste Buisseret autorise – fait exceptionnel – le Lycée de Mons à porter le nom de celle qui y avait achevé ses humanités ; l’établissement était dirigé par la mère de Marguerite Bervoets. À La Louvière, où elle avait accompli ses classes primaires avant ses trois premières années d’humanités à l’École Moyenne du Centre, c’est un monument qui est élevé dans la cour d’honneur dès le 17 novembre 1946. Le même jour, est apposée une plaque commémorative sur sa maison natale.
Le monument de La Louvière rend également hommage à Laurette Demaret, elle aussi entrée très jeune dans la résistance active. Membre du Mouvement national belge, affectée dans un réseau de renseignements et d’évasion de pilotes alliés, Laurette Demaret est tuée lors d’une opération menée le 26 août 1944 dans les environs de Temploux. Ancienne élève de l’École moyenne de la rue de Bouvy, Laurette Demaret voit non seulement son nom mais aussi son combat associés à celui de Marguerite Bervoets dans ce monument dédié au rôle des femmes dans la Résistance.
Le monument de La Louvière rend un égal hommage à Laurette Demaret et à Marguerite Bervoets. Le visage réalisé par le sculpteur est une synthèse de celui des deux jeunes filles, ne ressemblant ni à l’une ni à l’autre. Sur un socle de pierre, le sculpteur a en effet représenté une jeune femme en pied, tenant en main un fusil (symbolisant leur combat), et semblant vouloir aller de l’avant d’un pas décidé.
Quant au sculpteur et architecte Hector Brognon, par ailleurs professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, il a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou Ernest Martel en 1933). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».
Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56
rue de Bouvy, cour d’honneur de l’Athénée
7100 La Louvière
Paul Delforge
Paul Delforge – Institut Destrée - Sofam
Monument Léon COLIN
Au milieu de la rue Léon Colin, face à l’école communale de Mettet, un monument entouré de petits potelets de pierre reliés par une chaîne fait office de rond-point. Au sommet du piédestal constitué d’un bloc rectangulaire travaillé par le tailleur de pierre Stocq s’élève un buste en bronze réalisé par Victor Demanet. Sa signature est très reconnaissable sur la partie arrière du bronze daté de 1946.
Sur la face avant du piédestal, on identifie facilement la personne honorée par le monument :
« A
LEON COLIN
1892-1945 »
Sur la partie arrière, une plaque de bronze témoigne du nom de l’un des initiateurs du monument :
« LA FEDERATION MOTOCYCLISTE BELGE
RECONNAISSANTE
AU DEVOUE LEON COLIN
SECRETAIRE DE L’UNION MOTOR
ENTRE SAMBRE ET MEUSE
METTET »
Sous la plaque en bronze, en lettres gravées dans la pierre, les autorités locales ont mis en évidence un autre aspect de la personnalité locale honorée :
« METTET
RECONNAISSANTE
A SON POETE
DISPARU A LUBECK »
Enfant du pays de Mettet, Léon Colin est âgé d’une vingtaine d’années quand éclate la Première Guerre mondiale : engagé volontaire dans un service de renseignements, il est repéré. Dans sa tentative de rejoindre l’Angleterre, il est arrêté, et emprisonné dans un camp près de Hanovre (1915-1918) ; il est reconnu comme invalide de guerre et prisonnier politique dans les années 1920.
Après la Guerre, Léon Colin s’adonne à ses deux passions : l’art dramatique et la course automobile. Fondateur du cercle L’Indépendant de Mettet (1919), régisseur, il multiplie les représentations théâtrales et ses revues qui chantent le pays de Mettet recueillent un très grand succès. Passionné de sports en général, de courses automobiles en particulier, il s’intéresse tant aux motocyclettes qu’aux automobiles et, avec un groupe d’amis (Jean Rops, ses trois frères et Louis Galloy), il est l’un des pionniers du circuit de vitesse de Mettet et de l’Union Motor de l’Entre-Sambre-et-Meuse dont il assure le secrétariat.
L’Entre-deux-Guerres est marqué par le développement du circuit et du club de Mettet, mais la Seconde Guerre mondiale viendra frapper fortement les principaux protagonistes de cette activité automobile en plein cœur du Namurois. En mai 1940, Colin voit sa maison détruite par des bombardements allemands. Résistant par la presse clandestine, il apporte aussi sa contribution au MNB et, en août 1944, Léon Colin est à nouveau fait prisonnier avec un groupe d’une vingtaine d’habitants de Mettet. Alors que les libérateurs sont aux portes du Namurois, Colin et ses amis sont envoyés en Allemagne. Dans la confusion qui règne à cette époque, on perd sa trace jusqu’en avril 1945, moment où il quitte Blumenthal pour une marche forcée vers le camp de Neuengamme, puis celui de Lubeck. Embarqué dans un navire pour la Suède, destination prétendue, Colin meurt dans les bombardements qui se déroulent les 2 et 3 mai 1945.
C’est à la fois à l’écrivain, au poète et au promoteur du circuit automobile de Mettet que les habitants et les autorités rendent hommage à la Libération. Des collectes auprès de plusieurs sociétés locales contribuent à réunir les fonds nécessaires pour élever le monument Colin. Le travail est confié à un tailleur local, Stocq, pour le piédestal, et au sculpteur Victor Demanet pour le buste en bronze.
Né à Givet de parents namurois, Victor Demanet (1895-1964) a grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse, ses parents tenant un commerce d’antiquités au cœur de la ville wallonne. Appelé à leur succéder, Demanet fréquente l’Académie des Beaux-Arts (1916-1919) où il est l’élève de Désiré Hubin, mais la révélation lui vient des œuvres de Constantin Meunier et surtout de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin finissent par convaincre Demanet que sa voie est dans la sculpture. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, Victor Demanet s’impose rapidement comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. Il est aussi l’auteur de plusieurs dizaines de médailles, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail. Installé à Bruxelles depuis 1926, il décède à Ixelles en 1964. Comme d’autres artistes de son temps, Demanet a réalisé plusieurs monuments aux victimes des deux guerres, dont le monument Colin de Mettet, inauguré sous le signe du souvenir, en présence des autorités locales, de toute la population et en particulier des élèves des écoles.
Fosses-la-Ville et Mettet, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 230
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Dany BASTIN, Mettet, souviens-toi ! 1945-2005. Témoignages et photos de la Seconde Guerre mondiale. Hommage à Léon Colin, Mettet, chez l’auteur, 2005, principalement p. 2 à 11
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147
site Delcampe, document de remerciement suite au décès de Léon Colin, 1945
http://www.jules-tacheny.be/text.php?file=chap17.html
Thierry OGER, sur http://www.ville.namur.be/page.asp?id=797 (s.v. avril 2014)
Rue L. Colin, en face du n°12
Mettet 5640
Paul Delforge