de Burlet Jules
Politique
Ixelles 10/04/1844, Nivelles 01/03/1897
Ardent défenseur du programme du bloc catholique, le Nivellois Jules de Burlet accomplit une carrière politique fulgurante. À cinquante ans, il devient le chef du Cabinet ministériel, en d’autres termes « premier ministre » de Belgique, avant d’être « déshabillé » par son propre parti. Jules de Burlet est le dernier Wallon « premier ministre » au XIXe siècle.
Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain (1866), avocat à Nivelles (1866-1872), Jules de Burlet devient juge suppléant au Tribunal de 1ère Instance de Nivelles (1872-1892), en même temps qu’il est choisi par le roi pour présider aux destinées de la ville de Nivelles (1er juillet 1872). Élu au conseil communal en 1871, il y est le seul représentant du parti catholique et parvient à retourner la majorité anticléricale, et ce pour de nombreuses années. Pendant près de vingt ans, ce jeune notable catholique va en effet être le premier magistrat de la cité brabançonne, avec le soutien du Palais. Au-delà des affaires de sa cité, il se distingue par un engagement radical dans la guerre scolaire des années 1879-1884. Son « cléricalisme » est tel que, pendant plusieurs mois, le gouvernement libéral refuse de donner son investiture officielle au bourgmestre qui poursuit cependant ses activités en tant qu’échevin faisant fonction de maïeur.
Les conditions lui sont par conséquent favorables quand il se présente aux élections législatives de 1884, encore organisées selon le système du suffrage censitaire. Choisi par les électeurs du Brabant wallon pour les représenter à la Chambre, il contribue ainsi au succès général du parti catholique qui, jusqu’en 1914, va gouverner la Belgique sans partage et sans interruption. Au Parlement, il manifeste la même détermination en faveur du programme intégral du bloc catholique ; il est d’emblée choisi comme secrétaire du bureau de l’assemblée. Cependant, sa majorité brabançonne est fragile et, en juin 1888, à quelques voix près, il n’obtient pas le renouvellement de son mandat. Jules de Burlet n’est pas oublié par ses amis politiques : August Beernaert (« premier ministre ») l’appelle en effet, en mars 1891, pour remplacer Ernest Mélot qui avait lui-même succédé à Joseph Devolder (novembre 1890), en tant que ministre de l’Intérieur et de l’Instruction publique. Jules de Burlet ne reste pas longtemps ministre extra-parlementaire. Aux élections de juin 1892, il retrouve un mandat de député dans l’arrondissement de Nivelles.
Néanmoins, le combat est rude en Brabant wallon, d’autant que le débat sur l’élargissement du corps électoral atteint son paroxysme. Comme la direction du bloc catholique, Jules de Burlet n’est pas favorable au suffrage universel ; l’attitude du ministre de l’Intérieur en témoigne lorsqu’est organisée la grève générale d’avril 1893 en faveur du suffrage universel. La formule médiane finalement adoptée (25 avril 1893) – le suffrage universel masculin tempéré par le vote plural sans le mode proportionnel – suscite la déception, tant chez les anciens que chez les nouveaux électeurs appelés aux urnes en 1894 : Jules de Burlet perd à nouveau son mandat, mais est repêché in extremis (il vient d’avoir 50 ans) comme sénateur provincial du Brabant. Il bénéficie alors de la totale confiance de son parti qui lui confie la présidence du Conseil provincial, en le maintenant aux ministères de l’Intérieur et de l’Instruction publique. En mai 1895, après la crise provoquée par l’ajournement du projet « d’annexion du Congo à la Belgique » et la démission du comte de Mérode-Westerloo, Jules de Burlet échange ses deux ministères contre les Affaires étrangères, mais la bonne entente au sommet du bloc catholique vole en éclats sur le dossier de la réforme militaire.
Lancé par Beernaert et protégé par Charles Woeste, municipaliste devenu en peu de temps l’un des personnages les plus importants du pays, Jules de Burlet pense disposer de l’autonomie et de l’autorité nécessaires pour mener les grands axes du programme de son gouvernement. Incisives et malveillantes, les attaques publiques répétées de Charles Woeste, le chef de la droite, « son président de parti », lui rappellent rapidement de qui il détient le pouvoir et ébranlent sérieusement le « premier ministre ». Après une séance mémorable au Sénat puis à la Chambre au cours de laquelle de Burlet tente de défendre le projet de son gouvernement (19 décembre 1895), le chef du Cabinet est frappé d’une congestion cérébrale qui lui sera funeste. Dernier Wallon « premier ministre » au XIXe siècle, le président du Cabinet ministériel, selon l’expression de l’époque, remet sa démission le 21 février 1896. Nommé Ministre d’État quatre jours plus tard, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Lisbonne (1896-1897), il représente la Belgique au Portugal, tout y cherchant, en vain, un climat propice pour se soigner.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, La Meuse, 2 et 3 mars 1897 ; Journal de Bruxelles, 1895-1897
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 121
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 390
Mandats politiques
Bourgmestre (1872-1891)
Député (1884-1888, 1892-1894)
Ministre (1891-1894)
Conseiller communal (1892-1895)
Premier Ministre (1894-1896)
Sénateur provincial (1894-1896)
Ministre d’État (1896)
Damseaux Jean-Claude
Fonction publique
Grivegnée 21/02/1947
De 1980 à 2007, Jean-Claude Damseaux a connu de l’intérieur toute l’évolution du Parlement wallon. Il y fut nommé greffier au lendemain des lois d’août 1980. L’assemblée wallonne portait alors le nom de Conseil régional et, pour ses premières séances, avait trouvé dans un hôtel de Wépion une salle capable d’accueillir les 131 parlementaires wallons de l’époque. Trois fonctionnaires accompagnaient alors le greffier en chef. Puis ce furent l’époque du Palais provincial (1980-1981), du bâtiment de l’ancienne Bourse de Commerce de Namur, place d’Armes (1981-1998) et celle de l’Hospice Saint-Gilles (à partir de septembre 1998), tandis que le greffe lui-même installait ses bureaux rue Saint-Nicolas, dans un ancien Hôtel des Postes, avant de déménager au square Arthur Masson, dans un immeuble plus moderne.
Docteur en Droit de l’Université de Liège (1971), juriste spécialisé en droit administratif (1974), Jean-Claude Damseaux avait commencé sa carrière dans une autre institution toute neuve, le Conseil culturel de la Communauté culturelle française de Belgique, en 1973. De 1977 à 1980, ce militant socialiste, grand connaisseur des textes marxistes-léninistes, est appelé comme chef de Cabinet auprès des ministres socialistes Jacques Hoyaux et Philippe Moureaux, en charge des réformes institutionnelles, avant de devenir chef de Cabinet adjoint auprès de Jean-Maurice Dehousse, premier ministre président de l’Exécutif régional wallon. Dès l’installation du nouveau Conseil régional wallon, en octobre 1980, Jean-Claude Damseaux en devient le greffier en chef, fonction qu’il occupera durant 27 années, connaissant onze présidents d’assemblée différents et plus de 300 parlementaires.
Sorte de notaire de l’institution régionale, il a été, tout au long de ces années, le responsable de l’organisation matérielle du pouvoir législatif wallon. Ainsi par exemple, est-il chargé de résoudre la question du calendrier des séances et des commissions à l’époque où les parlementaires disposaient de plusieurs casquettes (avant 1995) ; il est aussi appelé à rencontrer tous les problèmes liés à la disponibilité de locaux. Farouche partisan du projet Botta, ce défenseur de l’installation définitive des institutions wallonnes au confluent de la Meuse et de la Sambre n’a jamais caché sa déception par rapport au choix opéré par les Namurois en 1996. Gardien de la légalité et d’un Règlement d’ordre intérieur qui a maintes fois évolué, observateur pointilleux du respect des quorum, garant de la permanence des législatures wallonnes, il a apporté une contribution discrète, mais majeure à la mise en place du cœur de la démocratie wallonne, à savoir son Parlement, dès sa fondation.
À l’occasion de sa mise à la retraite, tous les membres des groupes démocratiques du Parlement wallon unanimes ont déposé à l’unanimité le texte d’une « proposition de résolution » exceptionnelle, afin de remercier le grand commis de l’État qui servit, contre vents et marées, la « Maison des Wallons ».
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont L’Écho, 13 octobre 2000 ; La Libre, juin 2007
Hommage à M. Jean-Claude Damseaux, secrétaire général du Parlement wallon à l’occasion de son départ à la retraite, Parlement wallon (2007-2008), CRI n°8, séance du 19 décembre 2007, p. 103-111
Annuaire de l’Association des Amis et Anciens de l’Université de Liège, Liège, 1998, p. 103
D'Andrimont (dit aussi Jules et orthographié Dandrimont) [Henri] Julien
Politique, Socio-économique, Entreprise
Liège 27/10/1834, Liège 21/07/1891
De Julien d’Andrimont, la mémoire collective retient généralement qu’il fut le premier parlementaire à parler en wallon au Sénat, voire qu’il fut le plus jeune bourgmestre du pays depuis l’indépendance, quand il accéda à la tête de la ville de Liège, le 20 août 1867.
Issu d’une ancienne famille d’industriels du pays de Liège, Julien d’Andrimont est de la génération des patrons des années 1860-1880 qui cherchent à élargir leur réseau en s’engageant en politique, sur le plan local comme sur le plan national. En l’occurrence, jeune ingénieur civil diplômé de l’École des mines de l’Université de Liège, il devient le directeur-gérant du Charbonnage du Hasard, à Micheroux, en 1858, et fait ses débuts en politique dès 1860. Il suit ainsi les traces de son père, Joseph Julien (1814-1886). On a souvent écrit que pour éviter la confusion entre le père et le fils, Julien se faisait appeler Jules. Dans la presse de l’époque, c’est cependant le prénom de Julien qui est le plus couramment utilisé et celui que nous utiliserons.
« Exemple de réussite technique » (CAULIER-MATHY), dirigé aussi par son frère Léon (1836-1905), le Charbonnage du Hasard devient Société anonyme en 1882. À partir de 1873, Julien d’Andrimont devient aussi l’administrateur délégué de la SA des chemins de fer de Hesbaye-Condroz, tout en ayant des parts dans une série de sociétés actives dans le domaine ferroviaire, dans l’énergie, le secteur bancaire ou de l’industrie lourde, en pays wallon, comme dans le bassin de la Ruhr. En 1883, s’inspirant du modèle allemand, Julien d’Andrimont invite les patrons liégeois à se réunir au sein de l’Association charbonnière du pays de Liège, dont il est le premier président. Représentant typique des chefs d’entreprise wallons convaincus d’une expansion industrielle permanente en raison de leurs investissements, d’Andrimont a accordé une attention proactive et constante à tous les procédés neufs susceptibles d’améliorer ses outils de production.
Conseiller communal de Liège (1860-1891), conseiller provincial élu dans le canton de Fléron (1864-1870), il devient, à 33 ans, le bourgmestre de Liège, au moment de la retraite de Ferdinand Piercot. Il est ainsi le plus jeune à accéder à cette fonction depuis 1830. En fait, sa jeunesse doit aider à réconcilier les antagonismes qui divisent la famille libérale, largement majoritaire au conseil communal de Liège. Membre de l’Association libérale de Liège (qu’il présidera en 1885 et 1886), d’Andrimont reste bourgmestre jusqu’en mai 1870 : malgré un bilan apprécié, il décide de démissionner en raison des litiges importants qui continuent de diviser sa famille politique, malgré ses efforts. Candidat à la Chambre des Représentants, il est élu député de Liège – il remplace Charles Lesoinne –, selon le système censitaire jusqu’en février 1878 ; à ce moment, il fait son entrée au Sénat (1878-1891), en remplacement de Charles Grandgagnage récemment décédé. Au Parlement, il se fait le porte-parole de sa ville de Liège, de son université et des intérêts du monde industriel.
Ses multiples activités procurent à Julien d’Andrimont une autorité telle qu’il est choisi pour faire fonction de bourgmestre au cours de l’année 1885, avant d’être finalement désigné par le roi et de reprendre la fonction le 22 février 1886. En juin 1885, de nouvelles bisbrouilles entre libéraux ont eu raison du collège présidé par Julien Warnant ; la dissension a porté sur la question de l’enseignement religieux dans les écoles. En tant que doyen du conseil communal cette fois, d’Andrimont fait fonction de bourgmestre, avant d’obtenir le soutien de tous les libéraux (2 mars). Les événements vont lui apporter un soutien définitif inattendu.
En effet, quelques jours plus tard, Liège est le théâtre d’une manifestation qui va dégénérer et provoquer une terrible déflagration sociale à travers la Wallonie. Destiné à commémorer le quinzième anniversaire de la Commune de Paris, le rassemblement prévu au cœur de Liège se transforme en insurrection (18 mars). Face à une foule incontrôlée de plusieurs milliers de personnes, le bourgmestre use de toute son autorité pour rétablir l’ordre (19-20 mars) ; il n’a pas besoin d’aide extérieure, mais le débrayage va toucher d’autres endroits : Seraing, le bassin de Charleroi, le Borinage, le Namurois, Dinant, le Tournaisis, Sprimont… Tandis que le tribunal correctionnel de Liège inflige de lourdes peines qui doivent être exemplaires, l’armée et des pelotons de gendarmerie seront envoyés dans ces autres villes. Au cours de ce terrible « printemps wallon de 1886 », on dénombre des morts, des blessés, des arrestations. Pour Julien d’Andrimont, le bilan se solde par un renforcement de son autorité et une popularité accrue auprès de la bourgeoisie. Par son action au sein de comités ou d’associations de bienfaisance, d’Andrimont jouissait d’une réelle sympathie auprès des populations ouvrières ou nécessiteuses.
Président de la Société La Légia (1866-1891), d’Andrimont s’est fait aussi une réputation d’organisateur de grands concours de chant et de manifestations festives de prestige. Membre actif de la Société liégeoise de Littérature wallonne, Julien d’Andrimont pratique régulièrement la langue wallonne à laquelle il accorde une attention toute particulière, sans toutefois souhaiter qu’elle supplante la langue française. Comme nombre de ses contemporains en pays wallon, il considère que le wallon possède depuis longtemps une littérature propre et il place les parlers wallons au même rang que ceux de Flandre, soit juste en dessous de la langue française, qu’il estime la langue commune à tous les Belges. C’est ainsi qu’il faut comprendre son intervention, en wallon, le 19 mai 1886, en pleine séance du Sénat ; répliquant à deux élus qui se sont exprimés en flamand, il rejette le projet d’une Académie de Littérature flamande à établir à Gand. Relevant la qualité et l’humour de l’intervenant, ainsi que ses deux longues citations, l’une de Li côparèye de Simonon et l’autre du Leyîz-m’plorer de Defrecheux, la presse libérale salue l’interpellation du « bourgmestre de la ville de Liège, capitale de la Wallonnie (sic) ».
Mais l’humour cède vite la place à l’exaspération à l’égard des revendications flamandes de l’époque ; elle prend une forme organisée puisqu’en novembre 1888, Julien d’Andrimont crée une « Fédération wallonne », qui s’apparente à l’une des toutes premières associations du Mouvement wallon. Farouchement opposé à l’imposition de la langue flamande comme seule langue judiciaire dans les provinces flamandes (1888), le bourgmestre-sénateur et industriel de Liège figure parmi les tout premiers adhérents du congrès wallon de 1890, première manifestation d’importance d’un Mouvement wallon encore balbutiant.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
La Meuse, 30 avril 1870 ; 20 mai 1886 ; 23 novembre 1889 ; 24 juillet 1891, et supplément des 25 et 26 juillet 1891
Sophie JAMINON, dans Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 393
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 138-139
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 86-87
Mémorial de la Province de Liège, 1836-1986, Liège, 1987, p. 179
Jean BROSE, Dictionnaire des rues de Liège, Liège, Vaillant-Carmanne, 1977, p. 105
Maurice YANS, dans Biographie nationale, t. 29, col. 83-84
Cornet Jules
Académique, Philologie
Saint Vaast 12/03/1865, Mons 17/05/1929
Géologue wallon de réputation internationale, prospecteur au Katanga à la fin du XIXe siècle, Jules Cornet est surnommé le « fondateur de la géologie congolaise ». Mais le Congo ne représente qu’une partie de ses recherches ; l’autre est consacrée à Mons : professeur à l’École des Mines, il révèle tous les secrets du bassin de la Haine. Si ses ouvrages renferment tout son vaste savoir (170 pour le seul bassin de la Haine), on retient généralement qu’il a participé à la découverte, dans le puits Sainte-Barbe de Bernissart, à des ossements qui s’avèreront appartenir à des iguanodons.
Après avoir fréquenté l’école communale de Cuesmes, puis l’Athénée de Mons, celui qui se passionne déjà pour la zoologie et la botanique, en se constituant des herbiers, entreprend des études scientifiques à l’Université de Gand. Docteur en Sciences naturelles (1890), préparateur à la Faculté des Sciences de l’Université de Gand (1884-1891), Jules Cornet est l’assistant du minéralogiste Alphonse Renard. En mai 1891, il opère un choix majeur dans sa carrière quand il accepte l’offre qui lui est faite d’être associé à l’expédition Bia-Francqui qui part explorer, conquérir et « pacifier » les territoires du Congo de novembre 1891 à novembre 1893. Alors que Bia et Francqui poursuivent vers le sud, celui qui est le géologue attitré de l’expédition prospecte scientifiquement le sous-sol du Katanga, élabore les bases de la géologie centre-africaine et décrit surtout l’importance des gisements de cuivre. De retour en Europe, il publie les Peterman’s Mitteilungen, vaste synthèse qui le consacre comme le fondateur de la géologie du Congo, à la suite de Peschuel-Loesche. Il prospecte encore dans les Carpathes, en Espagne et en Laponie. De septembre à octobre 1895, en tant que géologue de la Commission du Chemin de fer du Congo, il retourne très brièvement en Afrique, chargé par le gouvernement belge de faire rapport sur la situation géologique le long de la ligne de chemin de fer à construire de Matadi au Stanley-Pool, Léopoldville. Il s’y rend notamment avec Albert Thys. Ce sera son dernier voyage en Afrique.
S’il ne néglige pas les terres africaines (ses nombreuses publications servent de base aux travaux ultérieurs de tous les géographes et géologues), c’est désormais le bassin de la Haine qui va révéler tous ses secrets à Jules Cornet qui poursuit ainsi les études menées par son père, François Léopold, et par Alphonse Briart. Après avoir décrit « la meule de Bracquegnies » dans une communication remarquée à l’Académie des Sciences de Paris (1900), il devient le spécialiste du bassin de Mons, de Binche à la frontière française et le fruit de ses recherches constantes aura des retombées, à certains moments, pour les industriels de ces régions. L’auteur des Premières notions de géologie (1903) est constamment dans la remise en cause du savoir, comme en témoignent les différents traités qu’il rédige jusqu’à la fin des années 1920, dont sa Géologie, véritable encyclopédie des Sciences de la terre parues en quatre volumes entre 1909 et 1923, ou ses Leçons de Géologie (1927).
Nommé à la chaire de Géologie, de Minéralogie et de Paléontologie de l’École des Mines de Mons (avril 1897), Jules Cornet y sera professeur pendant 33 ans. Dès 1902, il contribue à y créer un diplôme d’ingénieur géologue. Il enseigne aussi à l’Institut commercial de Mons (jusqu’en 1903), est chargé du cours de Géographie physique à l’Université de Gand (à partir de 1904), et deviendra professeur à l’École de Commerce annexée à la dite université. Il contribue à former un cadre de géologues spécialisés, destinés à la « valorisation » des richesses du Congo. Titulaire de la chaire « Commission for Relief in Belgium » à l’École des Mines de Mons (1922-1926), il est encore doyen de la Faculté technique du Hainaut en 1925. Durant ses années passées à Gand, alors que la flamandisation de l’Université était inscrite au programme du Mouvement flamand, il est l’un des fondateurs de l’Union wallonne de Gand.
Lauréat du prix Gosselet 1909, membre de l’Académie des Sciences de Belgique (classe des Sciences, 1912), Prix décennal des Sciences minéralogiques (1920), vice-président de la Société géologique de France (1913 et 1919), membre correspondant de l’Institut de France (1923) et de l’Institut royal colonial belge, Jules Cornet a défini les premiers guides de prospection, appliqué la géostatique avant l’heure, adhéré à la théorie de la dérive des continents et défendu la notion de subsidence, c’est-à-dire de la mobilité verticale des bassins sédimentaires. Il apporte aussi une forte contribution à la connaissance des rivières de Belgique.
Sources
Musée de Tervueren, Archives Cornet
Armand RENIER, Jules Cornet. Fondateur de la Géologie du Congo, s.l., s.d., 12 p.
La Vie wallonne, janvier 1921, n°5, p. 232
François STOCKMANS, dans Biographie nationale, t. 31, col. 225-228
M. BOBERT, dans Biographie coloniale belge, t. I, p. 266-267
Willy STAQUET, Un fleuron intellectuel du Hainaut: la Faculté Polytechnique de Mons, 1990, p. 88-95
Constant André
Culture, Architecture
Liège 10/04/1918
Durant sa carrière, l’architecte André Constant a eu l’occasion de contribuer à des projets importants en Wallonie ; sans réduire son activité à trois projets, il est évident que ressortent surtout son implication dans la construction de l’usine sidérurgique de Chertal, son projet pour l’Université de la Paix à Huy et sa contribution à l’émergence d’une nouvelle ville, en l’occurrence Louvain-la-Neuve.
Diplômé de l’Institut d’Architecture Saint-Luc à Liège (1940), architecte-conseil de la Société Espérance-Longdoz (1952), associé à l’architecte Jean Godart, André Constant contribue à l’implantation à Chertal (1960-1964) d’une série de bâtiments industriels (halls, bureaux, salles), en utilisant les matériaux produits par le commanditaire, à savoir des tôles profilées et de faible épaisseur. Dans un bassin industriel liégeois qui commence à s’inquiéter des indices de régression économique, la nouvelle usine de Chertal est le symbole de la modernisation d’une activité traditionnelle qui a fait la prospérité de la Wallonie. Mais le projet initial ne sera pas réalisé complètement et la phase à froid restera à une distance de la phase à chaud qui s’avèrera pénalisante sur le long terme.
Avec Jean Godart, André Constant réalise aussi l’école primaire du Sart Tilman (1962) qui est l’adaptation d’un projet qui a valu des récompenses à Constant, en 1960, lors de la Triennale de Milan : son projet de salle de classe – conçu avec l’aide de Serge Vandercam – avait alors reçu le grand Prix et une médaille d’or.
Attentif au choix des matériaux, ce qui fait l’originalité de ses réalisations, Constant est sans cesse préoccupé à rencontrer les besoins sociaux et à intégrer ce qu’il construit dans son environnement immédiat. À Seraing, avec Godart encore, il est l’auteur d’un quartier de maisons en éléments préfabriqués de béton cellulaire (1963) ; un an plus tard, ils achèvent le projet de l’Université de la Paix à Tihange (1964).
En 1966, avec Lucien Kroll, André Constant organise l’exposition « Architectures vivantes » au centre artistique et culturel d’Avionpuits ; dans les années 1970, à la suite du Walen buiten, André Constant contribue à la naissance d’une nouvelle ville en Wallonie. De 1971 à 1979, il apporte une contribution majeure à l’émergence de Louvain-la-Neuve au cœur de prairies du Brabant wallon et le prix international de l’Institut national du Logement récompense un ensemble de 13 maisons groupées construites à partir d’éléments industrialisés.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Pierre HENRION, dans Anne VAN LOO (dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique, de 1830 à nos jours, Bruxelles, Fonds Mercator, 2003, p. 222
Liège : Guide d’architecture moderne et contemporaine 1895-2014, Liège, Mardaga, 2015, p. 43-45, 305
Cognioul Jules
Socio-économique, Entreprise
Marcinelle 1872, Marcinelle 01/10/1952
Si le nom de Jules Cognioul est définitivement associé à sa chanson En Wallonie et, par conséquent, s’il est rangé parmi les chanteurs du pays wallon, la vie du Carolorégien ne doit pas être réduite à ce qui n’était chez lui qu’une passion. Ainsi est-il d’abord, pendant un demi-siècle, l’un des deux responsables de la fonderie familiale, active à Marcinelle. Avec ses trois frères, il fut aussi l’un des pionniers du cyclisme en Wallonie au tournant des XIXe et XXe siècles ; en 1905, il fut membre-fondateur du « Charleroi Cyclist Union ». Amateur de la langue wallonne, il est encore membre fondateur du Cercle wallon de Charleroi.
En l’absence de conservatoire et de cours de chant dans le pays de Charleroi, Cognioul découvre très tôt, par lui-même, qu’il dispose à la fois d’une bonne voix et d’une belle aisance sur scène. Il se produit sur diverses tribunes pour le plaisir, avant de prendre cette activité plus au sérieux, quand, en 1889, l’un de ses concerts connaît un franc succès au sein du groupe les Buttoëres, société à but philanthropique. Il compose ou arrange de nombreuses chansons et les interprète ; il reprend aussi certains succès, mais en s’efforçant toujours de leur apporter un supplément d’âme et d’originalité. Espérant faire carrière dans la chanson à Paris, il s’apprête à partir en tournée à travers la France (1898), lorsque ses frères l’enjoignent de s’intéresser davantage à l’entreprise familiale. La scène sera désormais un hobby pour celui qui prend en charge le volet commercial de la fonderie de cuivre installée à Marcinelle.
Depuis 1805, et l’installation d’un atelier de chaudronnerie en cuivre avec fonderie à Charleroi, les Cognioul sont bien connus dans le val de Sambre ; en 1864, à la deuxième génération, une nouvelle usine voit le jour à Marcinelle-Villette, avec fonderie, atelier de parachèvement et chaudronnerie. C’est cette entreprise que, deux générations plus tard, Jules et son frère Édouard prennent en main, succédant à leur père et à leur oncle. Médaille d’or à l’Exposition universelle de Charleroi en 1911, la société Cognioul et sa vingtaine d’ouvriers prospèrent dans l’entre-deux-guerres, occupant près d’une centaine de personnes avant la Seconde Guerre mondiale. En 1950, recevant l’Ordre de la Couronne, le patron organise un banquet à l’intérieur de l’usine, réunissant des personnalités et tous les membres du personnel. C’est l’occasion pour lui d’évoquer le rôle de son frère Édouard (décédé pendant la guerre), fondeur en quête d’une qualité irréprochable pour les produits Cognioul, que lui, Jules, s’est employé à vendre sur tous les marchés.
C’est par conséquent un patron-chanteur qui va connaître le succès sur les planches pendant de nombreuses années. Cognioul exprime d’abord ses talents musicaux lors de banquets de cercles d’art, de sociétés industrielles et commerciales, auprès de groupements professionnels comme les magistrats, les militaires, etc. Très régulièrement, avant la Grande Guerre, les œuvres caritatives bénéficient des retombées financières des « tournées » de Cognioul (Œuvre du Vestiaire des Écoles de Bois d’Haine, Université populaire de Haine-St-Pierre, Association des Anciens de l’École industrielle supérieure de Charleroi, Œuvre des Nourrissons, etc.). Chanteur comique, il trouve un juste équilibre, évitant de tomber dans le burlesque ou le trivial.
S’il interrompt ses spectacles au début de la Grande Guerre, il reprend progressivement ses activités de divertissement en adaptant son répertoire aux circonstances. Lors de manifestations destinées à venir en aide aux prisonniers, combattants, invalides, veuves ou orphelins, ses chansons glissent un message patriotique et se veulent des soutiens à la résistance au temps de guerre. C’est d’ailleurs sous l’occupation allemande que Cognioul croise la route d’Orsini Dewerpe.
Jusque-là, le chanteur était accompagné au piano par son épouse ; à partir de 1916, il trouve en Orsini Dewerpe un comparse complice qui fera de la paire Cognioul-Dewerpe un duo musical très prisé pendant tout l’Entre-deux-Guerres. Orsini Dewerpe enrichit le répertoire du chanteur de compositions particulièrement adaptées tant à la voix et au style de Cognioul qu’au public et à l’époque. Sous l’occupation allemande, Dewerpe, sous le pseudonyme de Schaunard, signe une petite dizaine de textes à la fibre patriotique ; certaines indisposent la censure ; toutes connaîtront un franc succès au moment de l’Armistice. Dans l’Entre-deux-Guerres, Cognioul est servi par d’autres chansons écrites par son accompagnateur musical : En Wallonie, Le Vin de France, La Wallonne, Pour quelques cheveux blancs, Wallons chantons, À la Française, Joli château du temps jadis, etc., Dewerpe dédie aussi à Jules Cognioul On n’est jamais vieux quand on chante. Quant à la chanson En Wallonie, elle est dédiée à Paul Pastur qui fut un grand ami d’enfance de Jules Cognioul, lorsque, en culottes courtes, ils sillonnaient les prairies du quartier de la Villette. Le père Pastur tenait une tannerie, celui de Cognioul, on l’a vu, une fonderie. Plus tard, un des fils de Paul Pastur épousera une fille de Jules Cognioul.
Jusqu’en 1943, année de la disparition de Dewerpe, le duo reste solidement uni et cette complicité liée à leur talent explique le succès d’un spectacle solidement rôdé. Entre les deux guerres, l’associatif sollicite en permanence le duo Cognioul-Dewerpe. Les trésoriers des associations wallonnes, cercles d’officiers, harmonies, Fédération des Anciens Combattants, ou des Invalides, les œuvres en faveur des enfants, des pauvres, des vieillards, etc. doivent beaucoup aux spectacles organisés grâce aux deux artistes bénévoles. Ami de Maurice Des Ombiaux, Cognioul partage avec l’écrivain tant son intérêt pour la Wallonie que pour le bien manger. L’aide apportée par Cognioul aux œuvres françaises, sans distinction, lui vaudra, en 1925, la Médaille d’argent de la Reconnaissance française. En 1919, Cognioul est nommé membre à vie de la Commission d’Assistance publique de Marcinelle. Bénéficiant des progrès de la technique, la voix de Jules Cognioul passa sur les ondes radiophoniques et fut enregistrée sur quelques disques qui restent rares néanmoins.
Sources
René DEMEURE, Une vie en chansons. Jules Cognioul. Chantre de Wallonie. 1872-1954, Charleroi, [1963]
Robert WANGERMÉE, Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Mardaga, 1995, p. 107-108
Chavée Honoré
Académique, Philologie
Namur 03/06/1815, Paris 16/07/1877
Namurois fixé à Paris, Honoré Chavée était, au milieu du XIXe siècle, un spécialiste renommé dans la linguistique comparée, maniant avec aisance le latin, le grec, le sanskrit, l’hébreu et l’arabe. Curé ayant abandonné la foi, il avait conservé pour la langue wallonne un intérêt et un respect particulier qui se manifestent en 1857, lorsqu’il publie, à Paris, un volumineux ouvrage intitulé Français et Wallon. Parallèle linguistique. Son ambition est grande puisqu’il propose de créer un véritable système d’orthographe wallonne. Son entreprise sera regardée avec intérêt, mais ne sera pas suivie.
Après le collège municipal de Namur (1827-1833) et les séminaires de Floreffe (1833-1834) et de Namur (1834-1838), où ses condisciples luxembourgeois l’initient à la langue allemande, le jeune Chavée s’est passionné pour la botanique et l’anatomie, mais ses prédispositions pour les langues sont telles qu’il acquiert la maîtrise du latin et du grec durant ses études de théologie à l’Université de Louvain, avant de se mettre au sanscrit, à l’hébreu, au syriaque et à l’arabe. Curé désigné à Floriffoux, en 1840, Chavée est impressionné par la lecture d’un ouvrage de Frédéric Eichhoff, précurseur en France de la grammaire comparée indo-européenne. Quelques années après le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion et alors que des savants se lancent à la recherche de l’origine de l’espèce humaine, notamment au travers de la structure des langues, Chavée se consacre, en autodidacte, à l’étude comparative des langues indo-européennes et publie, en 1843, un Essai d’étymologie philosophique, où, comme l’indique le sous-titre, il donne le résultat de ses Recherches sur l’origine et les variations des mots qui expriment les actes intellectuels et moraux. Son ouvrage est fortement apprécié par la critique, dont une présente un intérêt singulier dans la mesure où elle emploie le mot « Wallonie » pour situer le pays d’origine de l’abbé Chavée. Assurément, dans cette critique publiée en 1843 dans le Trésor national, on rencontre l’une des toutes premières occurrences du mot.
Invité à donner des leçons à Bruxelles (1844-1845), Chavée suscite l’enthousiasme et va s’installer à Paris (1845). Après des cours au Collège Stanislas, il rejoint un groupe de comparatistes français éminents. Délaissant la carrière ecclésiastique pour se rallier à l’idéal rationaliste, la « religion » d’Auguste Comte, initié à la loge la Clémente Amitié (1848), Chavée publie en 1849 une Lexiologie indo-européenne qui fera date, même si, aujourd’hui, cet Essai sur la science des mots sanskrits, grecs, latins, français, lithuaniens, russes, allemands, anglais, etc., de même que les autres ouvrages de Chavée ne présentent plus guère d’intérêt que pour les linguistes curieux de l’histoire de leur discipline. Si Chavée est un pionnier dans le domaine de la grammaire comparée à laquelle il apporte notamment une méthode, ainsi qu’une attention accrue au rôle de la phonétique, le Mémoire publié, en 1878, par Ferdinand de Saussure inaugure une ère nouvelle, véritablement scientifique de la grammaire comparée. En dépit d’apports et d’innovations importants, les propos de Chavée contiennent en effet trop de considérations d’un autre âge. Son nom reste cependant associé à un prix biennal, créé par sa veuve (il s’était marié à une Américaine en 1871) et remis par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour des recherches intéressant l’étude scientifique des langues. Ce prix rappelle aussi que, pendant vingt ans, Honoré Chavée fut entouré de nombreux disciples et qu’invité à l’étranger, il y donna des conférences fort courues. Cofondateur, en 1867, avec Abel Hovelacque, de la Revue de linguistique et de philologie comparée, Chavée fut aussi membre de la Société d’Anthropologie de Paris (1862-1876).
Atteindre l’exhaustivité des activités menées par Chavée est un objectif hasardeux ; il faut néanmoins mentionner ses initiatives de vulgarisation, son intérêt pour la langue allemande, la poésie védique ou la science des religions, ainsi que pour la langue wallonne. Publié en 1857, son Français et Wallon. Parallèle linguistique étonne les milieux parisiens, tout autant que sa Grammaire élémentaire liégeoise (1863). Son Français et Wallon porte, comme épigraphe, un vers de Victor Hugo qui, pour Chavée, s’apparente à un axiome : « car le mot, qu’on le sache, est un être vivant ». Cet ouvrage reçut, selon Maurice Leroy, « un accueil très favorable, notamment de la part de Lorenz Diefenbach, alors un des grands maîtres de la philologie romane (…) [Il] est sans doute la seule de ses œuvres qui puisse encore être consultée aujourd’hui avec profit en tant que document donnant aux dialectologues des indications sur l’état du wallon central au milieu du XIXe siècle » (LEROY).
Quant à son système d’orthographe du wallon, s’appuyant principalement sur le wallon de Namur, des textes de Wérotte et de Lagrange, il est fondé sur la rigueur et l’étymologie, mais il se révéla trop compliqué à l’usage et fut critiqué notamment par Jules Feller. Par ailleurs, Chavée qui vit à Paris porte un regard particulier sur son pays natal qu’il nomme la Wallonnie (sic) dans sa correspondance à Wérotte (lettre de mai 1858, citée par ROUSSEAU, p. 103). Enfin, ayant pris l’habitude d’envoyer un exemplaire de chacun de ses ouvrages à la bibliothèque communale de Namur, Chavée provoquera une vocation professionnelle chez un jeune élève de l’Athénée, Émile Boisacq, à la lecture de son Français et Wallon et de sa Lexiologie.
Sources
Félix ROUSSEAU (dir.), Molons èt rèlîs namurwès. La littérature dialectale à Namur de Charles Wérotte à Joseph Calozet [Exposition dialectale organisée à Namur, au siège du Crédit communal de Belgique pour la province de Namur, du 29 novembre au 21 décembre 1968], Namur, Crédit communal, 1969, p. 11-12
Jean-Pol HIERNAUX, Wallonie, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1628-1631
Maurice LEROY, dans Biographie nationale, t. 44, col. 197-206
Piet DESMET, La linguistique naturaliste en France (1867-1922). Nature, origine et évolution du langage, Leuven-Paris, Peeters, 1996, Orbis/Supplementa, t. 6, p. 81-83
Jules FELLER, Essai d’orthographe wallonne, dans Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, 1901, t. XLI, p. 26-34
Félix ROUSSEAU, Propos d’un archiviste sur l’histoire de la littérature dialectale à Namur, 1ère partie, « Des origines à 1880 », dans Les Cahiers wallons (Namur), 1964, p. 103, 107-110
Anonyme, Essai d’étymologie philosophique par l’abbé Chavée, dans Trésor national : recueil historique, littéraire, scientifique, artistique, commercial et industriel, Bruxelles, 1843, t. 2, 2, p. 274
Bibliographie essentielle d’Honoré Chavée
Essai d’étymologie philosophique, 1843
Lexiologie indo-européenne ou Essai sur la science des mots sanskrits, grecs, latins, français, lithuaniens, russes, allemands, anglais, etc. (1849)
Moïse et les langues, 1855
Français et Wallon. Parallèle linguistique, 1857
La Part des femmes dans l’enseignement de la langue maternelle, 1859
Les langues et les races, 1862
Grammaire élémentaire liégeoise, 1863
Enseignement scientifique de la langue allemande, 1871
Du souffle à la parole par la flamme et la lumière, 1872
Idéologie lexiologique des langues indo-européennes, 1879 (posthume)
La science des religions, 1879
Chainaye Hector
Culture, Journalisme, Militantisme wallon
Liège 14/04/1865, Ixelles 04/09/1913
En dépit d’une formation en Droit aux Universités de Liège, puis de Bruxelles, et de sa prestation de serment comme avocat, Hector Chainaye n’en fera jamais sa profession, pas plus qu’il n’était attiré par la perspective de poursuivre la batellerie, l’activité familiale traditionnelle ; attiré par l’écriture, il s’essaye dans plusieurs revues littéraires, avant de faire carrière dans le journalisme. Avec son frère, Achille, il dirige le journal La Réforme, de 1895 à 1907, avant de se consacrer principalement à la défense de la cause wallonne.
À la différence d’une littérature flamande déjà dynamique et représentée par de grands noms (Conscience, Hiel, Gezelle, etc.), il n’existe guère d’équivalent, avant 1880 et le mouvement de la Jeune Belgique, pour les lettres françaises de Belgique. Après s’être adonné au romantisme dans une feuille namuroise (Plume et crayon, vers 1882), Hector Chainaye est séduit par l’élan de La Jeune Belgique, auquel il ne participe que de loin, mais dont il garde l’esprit quand il fonde la revue La Basoche (1884-1886), puis L’Élan littéraire, avant de collaborer à La Wallonie avec la bienveillante attention d’Albert Mockel, voire à Floréal, au temps de l’université. « Son idéal littéraire s’apparente à celui des Parnassiens par sa haine de la mollesse et du laisser-aller dans la forme », commente Sosset au sujet de celui qui recourt alors aux pseudonymes de Virelle et H. Vigoureux. En juillet 1890, il est l’auteur d’un recueil intitulé L’Âme des choses, tiré en un petit nombre d’exemplaires et dont la qualité est d’emblée saluée. Promis à une carrière littéraire, il doit y renoncer ; à l’instar de son frère, les contraintes de l’existence le conduisent à exercer un métier rémunérateur et qui occupe tout son temps.
Recourant au pseudonyme de Virel, le journaliste écrit pour L’Indépendance belge et L’Étoile belge, avant de prendre la direction de La Réforme républicaine et anticléricale, que son fondateur, Émile Feron (1841-1918) a décidé d’abandonner (décembre 1895). Ensemble, de 1895 à 1907, les frères Chainaye donnent à La Réforme une ligne éditoriale libérale, démocrate et radicale, où peuvent s’entendre certains libéraux et socialistes. Le suffrage universel, l’instruction obligatoire et la défense de la politique coloniale occupent une part importante des colonnes du journal. Lors de la discussion sur la reprise du bien personnel de Léopold II par la Belgique (1908), une brochure favorable à la cession du Congo à la Belgique est publiée sous la plume d’Hector Chainaye, marié, il faut le préciser, à la fille d’Émile Bockstael, le bourgmestre de Laeken et collaborateur particulier de Léopold II. Vers 1904/1905, La Réforme s’ouvre aussi à la question wallonne.
À ce moment, Hector Chainaye dirige la Ligue wallonne de Bruxelles. Avec Alphonse Sasserath, il est d’ailleurs le délégué officiel de cette Ligue au Congrès wallon qui se tient à Liège, en 1905. Il y intervient avec force dans les débats, afin de défendre le passage par Liège des grands trains internationaux, de réclamer l’instruction obligatoire et de plaider en faveur de la suprématie de la langue française en Flandre. Il s’élève aussi contre la conception de l’histoire défendue par Henri Pirenne. Mais l’imposition du français en Flandre est la question qui déchire le congrès de Liège, et la Ligue wallonne de Bruxelles propose d’organiser un autre Congrès en 1906 pour trancher le sujet. Celui-ci est pris en charge par une nouvelle association, la Ligue wallonne du Brabant, créée peu après le congrès de Liège, pour regrouper les délégués de l’ensemble des ligues et associations wallonnes du seul arrondissement de Bruxelles. Dans les faits, la Ligue de Bruxelles et les frères Chainaye dominent les autres mouvements wallons actifs à Bruxelles. En février 1907, après un scrutin où deux listes s’affrontent, Hector Chainaye devient d’ailleurs le président de la Ligue wallonne du Brabant. Il le restera jusqu’à son décès, en septembre 1913.
Après la liquidation de La Réforme (janvier 1907), ce « Wallon de Bruxelles » se consacre essentiellement à l’action wallonne. Orateur brillant, polémiste redoutable, inventeur de formules imagées et décisives, il apporte sa collaboration à des journaux et revues, organise des meetings, mobilise les citoyens et les politiques aux enjeux de l’époque. En 1910, il emmène une « Liste wallonne bruxelloise anti-flamingante » aux élections législatives du mois de mai. L’expérience d’une liste wallonne – la toute première dans l’histoire – se solde par un double échec ; les électeurs n’ont pas suivi, et des amis ont quitté la Ligue wallonne pour rejoindre leur famille politique respective.
Ayant à plusieurs reprises brandi la séparation administrative de la Wallonie et de la Flandre comme solution à la question belge, Hector Chainaye sort enthousiaste du Congrès wallon qui se tient à Liège, en juillet 1912. Présents lors de la réunion constitutive de l’Assemblée wallonne, Achille et Hector Chainaye ont été parmi ceux qui convainquent Jules Destrée d’ouvrir cette sorte de Parlement wallon informel aux Wallons de Bruxelles. Tout naturellement, les deux frères deviennent deux des délégués de cet arrondissement à l’Assemblée wallonne (octobre 1912). Restant avant tout anti-flamingant, Hector prend part à ses travaux, du moins jusqu’en septembre 1913.
Sources
Philippe CARLIER, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 253-254
Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne (1912-1923). Premier Parlement de la Wallonie ?, Namur, Institut Destrée, décembre 2012, coll. Notre Histoire n°10
Maurice WILMOTTE, Mes Mémoires, Bruxelles, 1919, p. 177
Jean-Luc DE PAEPE, La Réforme, organe de la démocratie libérale, CIHC, Cahiers 64, Leuven-Paris, 1972, p. 33 et 139
Hector Chainaye et l’Âme des Choses, dans La Vie wallonne, 15 avril 1923, n°XXXII, p. 354 et 355
Léon-Louis SOSSET, Un oublié : Hector Chainaye, dans La Vie wallonne, novembre 1935, n°CLXXXIII, p. 69-77
Chainaye Achille
Culture, Journalisme, Militantisme wallon
Liège 26/08/1862, Richmond (près de Londres) 20/12/1915
Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège (1877-1882), sa ville natale, Achille Chainaye dispose d’un vrai talent de sculpteur ; ses tentatives pour vivre de son art s’avèrent cependant infructueuses ; après avoir essuyé le refus d’une de ses œuvres à l’entrée du Prix Godecharle, il s’essaye au journalisme, cette fois avec un certain succès. Jean-Luc de Paepe considère Achille Chainaye comme le « deuxième » fondateur du journal La Réforme, quand il entre dans son comité de rédaction en 1885, soit un an à peine après sa création. On lui attribue l’introduction du « reportage intensif fondé sur l’interview » dans la presse de Belgique. Issu d’une famille de bateliers ayant ses quartiers à Liège, Achille Chainaye fut aussi un ardent défenseur de la cause wallonne depuis Bruxelles où il s’était installé.
Ayant recours au pseudonyme de (Jacques) Champal, nom d’un hameau situé près de Poilvache, il avait d’abord signé des critiques artistiques dans Le Wallon, en 1884, puis dans Le National belge, avant de devenir, à partir de 1886, le critique d’art du journal La Réforme républicaine et anticléricale, puis son seul et véritable journaliste. Par son style incisif et direct, il renouvelle le genre et fait preuve de novateur quand, dans un premier temps, il met l’accent sur l’interview – pratique révolutionnaire pour l’époque – et, dans un second temps, quand il convainc le comité de rédaction d’introduire des illustrations dans le journal : ce changement intervient en décembre 1895, au moment où, avec son frère Hector, Achille Chainaye décide de reprendre la direction du journal, suite au retrait d’Émile Feron (1841-1918), l’un de ses fondateurs et son directeur politique depuis 1884. Tout en conservant son orientation politique au journal, Achille occupe le poste d’administrateur délégué jusqu’au dernier numéro du quotidien, début 1907. Il n’aura d’autres préoccupations que son journal soit le premier à publier l’information la plus précise. Ainsi, en 1898, pour atteindre cet objectif, il avait fait imprimer deux éditions différentes de La Réforme pour rendre compte du verdict de l’affaire Dreyfus : l’une portait en manchette « Acquittement », l’autre « Condamnation ». En dépit du coût, il avait fait le choix que toute une édition fut ainsi envoyée au pilon pour que l’autre soit la première dans les kiosques.
Ensemble, les frères Chainaye donnent à La Réforme une nouvelle dynamique ; les journalistes sont plus jeunes ; les techniques journalistiques mieux maîtrisées. Mais un fossé se creuse entre les fondateurs actionnaires et la nouvelle équipe ; en un mois, tous les anciens quittent La Réforme (octobre 1899) et, sans capitaux, la feuille va finalement devoir disparaître en dépit des efforts des frères Chainaye. Le suffrage universel, l’instruction obligatoire et la défense de la politique coloniale a occupé une part importante des colonnes d’un journal qui s’ouvre à la question wallonne vers 1904/1905.
À ce moment, Hector dirige la Ligue wallonne de Bruxelles ; avec Alphonse Sasserath, il est le délégué officiel au Congrès wallon qui se tient à Liège en 1905 et intervient régulièrement dans les débats afin de défendre le passage par Liège des grands trains internationaux, de réclamer l’instruction obligatoire et de plaider en faveur de la suprématie de la langue française en Flandre. L’imposition du français en Flandre est une question qui déchire le congrès de Liège de 1905 et la Ligue wallonne de Bruxelles propose d’organiser un autre Congrès en 1906 pour trancher le sujet. Créée peu après le congrès de Liège, pour regrouper les délégués de l’ensemble des ligues et associations wallonnes du seul arrondissement de Bruxelles, la nouvelle Ligue wallonne du Brabant sera elle aussi dirigée par les frères Chainaye. En février 1907, après un scrutin où deux listes s’affrontent, Hector Chainaye en devient le président. Il le restera jusqu’à son décès, en septembre 1913, avec le soutien total de son frère, Achille.
Après la liquidation de La Réforme (1907), Achille Chainaye a retrouvé des collaborations comme chroniqueur à La Meuse, au Petit Bleu, à La Chronique, voire à L’Autorité financière. La politique et la finance se sont imposées à ses critiques artistiques. Parallèlement, le journaliste se consacre aussi à l’action wallonne, apportant sa collaboration à des journaux et revues, mobilisant les citoyens et les politiques aux enjeux de l’époque. En 1910, il soutient la liste wallonne qui se présente aux élections législatives du mois de mai. Son frère est tête de liste. L’expérience d’une liste wallonne – la toute première dans l’histoire – se solde par un double échec ; les électeurs n’ont pas suivi et des amis ont quitté la Ligue wallonne pour rejoindre leur famille politique.
Étudiant sans tabou la formule de la séparation administrative sans en être un véritable partisan, Achille Chainaye participe au Congrès wallon de juillet 1912 et, avec son frère, figure parmi ceux qui convainquent Jules Destrée d’ouvrir l’Assemblée wallonne aux Wallons de Bruxelles. Lors de la constitution de ce Parlement wallon informel, les deux frères deviennent deux des délégués de cet arrondissement (octobre 1912) et ils prennent part aux travaux de l’Assemblée. Au décès de son frère (septembre 1913), Achille lui succède à la présidence de la Ligue wallonne du Brabant et il exerce la fonction jusqu’à l’offensive allemande d’août 1914.
Réfugié en Angleterre avec sa famille, Achille Chainaye se consacre à des œuvres de bienfaisance et collabore à divers journaux dont La Belgique nouvelle et L’Indépendance belge. Le baron Empain lui propose même de prendre la direction d’un journal. Restant fidèle au mot d’ordre donné au nom de la Ligue wallonne du Brabant le 4 août 1914 de ne pas entamer de discussions sur la question wallonne tant que les Allemands occuperaient le pays, Chainaye devient le responsable de la Ligue des Patriotes belges. Sa disparition soudaine, deux ans après son frère, met un terme à ses nouveaux projets.
Sources
Philippe CARLIER, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 252-253
Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne (1912-1923). Premier Parlement de la Wallonie ?, Namur, Institut Destrée, décembre 2012, coll. Notre Histoire n°10
Célestin DEMBLON, Achille Chainaye, Champal de la Réforme, dans Les Hommes du jour, Revue biographique hebdomadaire, [1895], n°18
Jean-Luc DE PAEPE, La Réforme, organe de la démocratie libérale, CIHC, Cahiers 64, Leuven-Paris, 1972, p. 27-29, 137-138
Maurice COOSEMANS, Biographie coloniale belge, Bruxelles, 1948, t. I, col. 228
Cavens Jean-Hubert
Socio-économique, Entreprise
Malmedy 01/03/1762, Spa 12/06/1833
C’est au milieu du XVIIe siècle qu’un ancêtre de Jean-Hubert Cavens est venu s’installer à Malmedy, bourgade alors déjà réputée pour son industrie du cuir. Mathias Peter Cavens était originaire de Baasem, dans la seigneurie de Cronenbourg, à une quarantaine de kilomètres de Malmedy, et son mariage avec une représentante de la famille d’Arimont va donner naissance à une dynastie qui exercera une forte influence sur la vie de la petite principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Marchands, tanneurs, propriétaires fonciers, bienfaiteurs des pauvres, prêtres, ces bourgeois exercent aussi diverses fonctions publiques (commissaire, bourgmestre par exemple). On rencontre aussi un Jean-Godefroid Cavens (1725-1800), religieux bénédictin à Malmedy sous le nom de dom Henri, devenu responsable de la fabrique de carton et de papier de l’institution religieuse au milieu du XVIIIe siècle.
Représentant de la sixième génération des « Cavens de Malmedy », Jean-Hubert marque les esprits de ses concitoyens au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Associé aux affaires familiales, l’industriel dispose très tôt de sa propre tannerie et, sous le régime français, sa production annuelle est déjà fort importante. Héritant de participations dans la tannerie de son père, Louis Cavens (1732-1823) – bourgmestre de Malmedy en 1771 et considéré comme l’un des principaux tanneurs de la cité –, il est aussi intéressé, par sa femme, à l’activité de la fabrique de drap Cavens et Cie. Homme d’affaires dynamique, imposant sa haute stature dans les négociations, J-H. Cavens saisit les opportunités du moment (notamment les fournitures aux armées) pour étendre ses activités et en développer de nouvelles : ainsi est-il propriétaire d’une foulerie, d’un moulin à farine, d’un moulin à huile et d’un four à chaux, tout en s’intéressant au secteur de la papeterie et, en tant que commissionnaire, en occupant une série de tisserands à domicile. Important propriétaire foncier, il dispose à la fois de « maisons » autour de Malmedy, de bois et de prairies où il pratique l’élevage tant de bovins que de nombreux moutons. À son échelle, il fait partie des premiers acteurs de la révolution industrielle en train de prendre naissance en pays wallon.
En 1815, il ambitionne d’ailleurs d’établir une foulerie moderne qu’il mettrait à disposition des fabricants drapiers locaux et prévoit la récupération des déchets à transformer en engrais ; d’autres intérêts sont en jeu (ceux de la papeterie Steinbach notamment) et Cavens se contentera de rénover son ancienne foulerie. Après Waterloo, Malmedy est passé sous régime prussien et les difficultés économiques ne manquent pas en raison de la fermeture des frontières des Pays-Bas. Cavens y trouvera un nouvel adjuvant et, signe de la qualité de sa production, une médaille d’argent lui sera décernée à l’exposition de Berlin de 1822.
Peu intéressé par l’exercice d’une fonction publique, Jean-Hubert Cavens se fait mécène en soutenant financièrement les études de jeunes Malmédiens et en transformant l’ancien « Cabinet littéraire » en une nouvelle Société littéraire ; il se montre philanthrope par l’engagement d’ouvriers dans ses propriétés en période de crise et, surtout, celui qui disparaîtra sans postérité fait un don pour construire une maison d’orphelins au cœur de la ville de Malmedy (1830).
Située place de Rome, la maison du Bureau de Bienfaisance, dite « Maison Cavens » se transforme en un impressionnant orphelinat inauguré deux ans après le décès de J-H. Cavens. Transformée en internat pour l’Institut Notre-Dame en 1954, la maison est acquise par la ville de Malmedy en 1968 qui l’affecte à des activités culturelles (musée, bibliothèque), avant qu’elle ne devienne, après rénovation, un centre d’affaires pour les indépendants et les institutions publiques.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Maurice LANG, Généalogie de la Famille Cavens, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 51-146, surtout p. 137-146
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1983, t. 47, p. 140