Depuis plusieurs années, la revendication du suffrage universel est portée par les forces progressistes, surtout en pays wallon. Les élections législatives du 14 octobre 1894 sont les premières organisées selon le système du suffrage universel, masculin, tempéré par le vote plural. En d’autres termes, tous les hommes âgés de 25 ans, mais seulement les hommes, ont le droit de voter pour leurs députés ; un maximum de trois voix est accordé aux pères de famille de 35 ans, occupant une habitation qui représente un certain niveau d'impôt personnel ou aux propriétaires d'un immeuble d'une valeur définie, ou aux capacitaires qui disposent d'un diplôme d'enseignement supérieur ou de fin d'humanité. La réforme du régime électoral est inscrite dans la Constitution dont la révision a été réalisée sous la pression véritablement insurrectionnelle de la classe ouvrière.
À la Chambre, en 1894, les arrondissements de Flandre envoie 72 députés, dont 71 catholiques et un daensiste. Du côté wallon, le tout jeune Parti ouvrier belge (créé en 1885) dispose de ses 28 tout premiers députés, tous élus dans les arrondissements du sud du pays. Divisés depuis de longues années entre doctrinaires et progressistes, les libéraux sont, quant à eux, les grands perdants de ces élections : la représentation libérale passe de 60 sièges sur 152 aux élections du 14 juin 1892, à 20 sièges sur 152 en 1894 et à 13 sièges en 1896 et en 1898. En 1894, tous les députés libéraux proviennent du pays wallon.
Références
Moyne
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)