Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Banc Émile WIKET
Banc Émile Wiket, réalisé par Jules Brouns, septembre 1954.
Le chansonnier wallon Émile Wiket (1879-1928) n’est pas l’homme d’une seule composition ; pourtant, seule sa chanson Li P’tit banc ! a réussi à résister au temps et à maintenir le souvenir de son auteur, tant par l’interprétation des paroles sur une musique de Pierre Van Damme, que par la présence d’un banc sur une place liégeoise portant le nom du poète wallon.
Chansonnier wallon, disciple de Defrecheux, Émile Wiket a brodé sur le thème du Lèyîz-m’plorer de nombreuses variations, dont sa chanson la plus populaire, Li P’tit banc (1899), ainsi que « sa suite de sonnets Li tchanson dès bâhes (La chanson des baisers) dans laquelle il réussit par un effet de mise en scène et l’insertion de détails intimistes, à rajeunir le sujet ». Secrétaire à l’École d’Armurerie de la ville de Liège, il a consacré l’essentiel de son temps à la langue wallonne. Auteur de multiples vaudevilles avec Maurice Midrolet de 1900 à 1910, ainsi que de contes et de nouvelles, de recueils de chansons et de volumes en vers, d’œuvres dramatiques et lyriques, chroniqueur, chansonnier et poète, Émile Wiket a reçu de multiples lauriers de ses pairs, tout en étant fort applaudi par le grand public. Rédacteur en chef de Noss’Pèron, dont il a été le fondateur, rédacteur en chef d’Amon nos Autes, président du Cercle littéraire La Wallonne, membre titulaire de la Société de Littérature wallonne (1925), collaborateur à Li Trintchet, à Li Clabot et au Réveil wallon, il fut aussi attentif à l’affirmation et à la défense de la Wallonie politique. Critique à l’égard d’auteurs auxquels il reprochait de vouloir orner le wallon des clicotes di Paris (chiffons de Paris), il n’échappe pas aux mêmes artifices et est finalement rangé parmi les représentants les plus typiques de la préciosité. En 1927, il est le premier titulaire du Grand Prix de Littérature wallonne (1926) décerné par la Société de Littérature wallonne, à l’initiative du Théâtre du Trianon.
Cela n’empêche nullement Li P’tit banc d’être l’une des chansons wallonnes parmi les plus célèbres. Si, depuis 1940, le compositeur a donné son nom à une rue de Liège, la société littéraire « La Wallonne » dont il fut le président attend toujours, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, que le poète dispose d’un petit monument sous la forme d’un petit banc. Il s’agirait d’élever ce banc précisément dans le jardin-square qui porte déjà son nom au coin des rues Wazon, Saint-Laurent et Monulphe, à Liège, non loin de la rue Wazon où il vécut. Créant en son sein un Comité Émile Wiket, le cercle littéraire lance une souscription publique durant l’été 1948, sans grand succès immédiat. Persévérant, grâce à Flore Lomba, il parvient à convaincre et à obtenir le soutien de la province de Liège, ainsi que de nouveaux sympathisants. Le projet est confié à Jules Brouns, déjà auteur du banc Van Damme. En septembre 1954, est inauguré là où « La Wallonne » l’avait souhaité un élégant banc en pierre bleue, comprenant une longue partie assise, relevée sur le côté droit d’une pierre haute. Sur celle-ci, on peut lire que l’ensemble est dédié
A
ÉMILE WIKET
POÈTE WALLON
1879 – 1928
TOT PRÈS DÈ VÎ PONT I N’A ST-ON P’TIT BANC
avec une phrase en wallon évoquant les deux premiers vers de la célèbre chanson. Dans le coin inférieur droit de la pierre haute, on peut encore lire que le monument a été
ÉRIGÉ PAR
SOUSCRIPTION
PUBLIQUE
PAR LA CRL
LA WALLONNE
Sculpteur surtout actif en région liégeoise, Jules Brouns (Ivoz-Ramet 1885 - Herstal 1971) a été formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège où Joseph Rulot a été l’un de ses principaux professeurs. Récompensé par plusieurs prix, le jeune Brouns est d’abord tailleur de pierre dans l’entreprise paternelle, avant de devenir professeur de modelage et de dessin à l’École technique de Huy, ensuite à Seraing. Après la Grande Guerre, il reprend l’atelier de Rulot dont il est le légataire universel. Au-delà de la conservation et de l’entretien de la mémoire de son maître, Jules Brouns réalise essentiellement des monuments aux victimes de la guerre, principalement en région liégeoise, dans des cimetières comme sur les places publiques. Il signe notamment, en 1952, la statue du mémorial Walthère Dewé. Son style est souvent reconnaissable par le recours
à une allégorie féminine, debout regardant vers le ciel et de grande dimension.
Sources
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1673-1674
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. 3, p. 193
Oscar PECQUEUR, dans La Vie wallonne, octobre 1927, LXXXVI, p. 76-80
La Vie wallonne, janvier 1928, LXXXIX, p. 185
Wallonie libre, février 1954
Le Gaulois, 14 août 1948, n° 114, p. 3
Serge ALEXANDRE, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996, p. 142
Serge ALEXANDRE, Joseph Rulot et Jules Brouns. Deux Sculpteurs à Herstal, dans Art & Fact. Revue des Historiens d’Art, des Archéologues, des Musicologues et des Orientalistes de l’Université de l’État à Liège, (1993), vol. 12, p. 124-148
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 157
Charles DEFRECHEUX, Joseph DEFRECHEUX, Charles GOTHIER, Anthologie des poètes wallons (…), Liège, Gothier, 1895, p. 17-19
Place Émile Wiket
4000 Liège
Paul Delforge
Statue François-Charles de VELBRÜCK
Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück, réalisée par Léon Mignon, c. 15 octobre 1880.
Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège d’un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs qui racontent l’histoire de la principauté de Liège. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Velbrück est parmi celles-ci.
Membre de cette équipe, Léon Mignon (Liège 1847 – Schaerbeek 1898) va réaliser quatre des 42 statues et représenter deux scènes historiques (La bataille de Steppes et L’institution de la Fête-Dieu). De retour d’un séjour de plusieurs mois à Rome, Léon Mignon s’est installé à Paris ; rentrant à Liège de temps à autre, il apporte sa contribution au chantier de décoration du Palais provincial. C’est aussi durant cette période qui va de 1876 à 1884 que l’artiste réalise ses œuvres majeures, celles qui lui assurent en tout cas une réelle notoriété : Li Toré et son vis-à-vis Le Bœuf de labour au repos.
Réalisée en pierre durant la même période, sa statue du prince-évêque Velbrück (Düsseldorf 1719 – Tongres 1784). Située juste à côté de la statue de Saint-Hubert, celle de Velbrück est à l’extrême-droite du péristyle, sur la partie inférieure, dans l’angle de retrait. Initialement réservée à des personnalités du Moyen Âge (pour éviter des polémiques), la façade du Palais provincial réserve quelques exceptions : décédé moins d’un siècle avant le chantier de décoration, François-Charles Velbrück est le plus « récent » d’entre tous et son règne est considéré unanimement comme l’un des plus remarquables de l’histoire de la principauté. Cette unanimité n’était guère rencontrée pour un personnage comme Sébastien Laruelle, dont la statue était initialement prévue à l’endroit où se trouve désormais Velbrück Contrairement au projet de décoration initial, aucune statue ne sera d’ailleurs consacrée à Laruelle, mais un bas-relief – placé juste à côté de Velbrück – évoque l’assassinat du bourgmestre de Liège.
Chanoine de la Cathédrale Saint-Lambert dès les années 1730, François-Charles de Velbrück est venu habiter Liège à partir de 1745 ; il entre alors dans le Conseil privé du prince-évêque. En l’absence de Jean-Théodore de Bavière, il s’occupe de la direction des affaires liégeoises et, jouissant de l’appui des « Français », est même pressenti à sa succession en 1763. Fin diplomate et ecclésiastique apprécié, Velbrück devra patienter : ce n’est qu’en 1772 qu’à l’unanimité du chapitre, il est élu prince-évêque de Liège (1772-1784). Chacun s’accorde à reconnaître que son règne a été remarquable et profitable à l’évolution des idées, du commerce et de l’industrie, ainsi que de la santé et de l’instruction. Le contraste avec son successeur accentue encore l’image positive de ce grand protecteur des artistes, ouvert aux idées nouvelles, qui permit la création de la Société d’Émulation, de la Société littéraire, des Académies et des Écoles. Mis à part le mausolée Velbrück, œuvre de François-Joseph Dewandre, il n’existe aucune sculpture de l’ancien prince-évêque à Liège quand Léon Mignon entreprend de le représenter.
L’éloignement ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur le travail de précision réalisé par le sculpteur : outre le portrait très ressemblant, les plis, les effets des vêtements du prince-évêque et surtout les broderies et dentelles de sa chasuble sont d’une qualité exceptionnelle. Cette statue de Velbrück témoigne aussi que Léon Mignon n’est pas qu’un sculpteur animalier, même si son œuvre la plus connue à Liège reste Li Toré. Bénéficiaire d’une bourse de la Fondation Darchis, cet élève studieux de l’Académie des Beaux-Arts de Liège, qui fréquentait depuis son plus jeune âge l’atelier de Léopold Noppius, avait trouvé l’inspiration en Italie (1872-1876). Médaille d’or au salon de Paris en 1880 pour son taureau, il s’était installé dans la capitale française (1876-1884), avant d’être contraint à habiter Bruxelles pour pouvoir exécuter des commandes officielles du gouvernement : c’est l’époque de ses bustes, mais aussi de la statue équestre de Léopold II particulièrement remarquable, d’une série de bas-reliefs pour le Musée d’Art moderne de Bruxelles et le Musée des Beaux-Arts d’Anvers, ainsi que d’une Lady Godiva, sa dernière œuvre.
Sources
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 96
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Michel Péters sur http://fr.slideshare.net/guest78f5a/petit-historique-de-la-sainttor-des-tudiants-ligeois (s.v. août 2013)
Hugo LETTENS, Léon Mignon, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 504-508
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 231
Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Georges DE FROIDCOURT, Velbrück, dans Biographie nationale, t. 26, col. 523-531
La Meuse, 2 octobre 1880
Façade du Palais provincial
Face à la place Notger
4000 Liège
Paul Delforge
Université de Gand
Buste Jean Varin
Buste Jean Varin, réalisé par Louis Dupont, 6 février 1928.
Au lendemain de l’Exposition universelle de 1905, le parc de la Boverie, à Liège, devient progressivement le lieu privilégié pour accueillir des monuments dédiés principalement à des artistes liégeois. Dès 1907, est inauguré un buste dédié au peintre Léon Philippet ; en juillet 1923, Gilles Demarteau est honoré à son tour, avant que ne les rejoignent, sans être exhaustif, Louis Boumal (1925), Jean Varin (1928), Jean-Barthélémy Renoz (1930), Armand Rassenfosse (1935), Adrien de Witte (1938), Georges Antoine (1938), Auguste Donnay (1956 ?) et Richard Heintz (1956). Une galerie des bustes prend ainsi place dans la pergola du parc de la Boverie ; elle permet au public de croiser une palette d’artistes de renom, du moins jusqu’au début du XXIe siècle. On assiste en effet alors à une série de disparitions et d’actes de vandalisme (vols, dégradation, lancer de buste dans la Meuse…) contraignant les autorités liégeoises à mettre à l’abri certains bustes restants. Si quelques monuments restent intacts, d’autres ont entièrement disparu, comme en témoignent certains socles nus.
Inauguré le 6 février 1928, le buste de Jean Varin n’a pas échappé à ce phénomène de vandalisme urbain. Le socle est toujours présent, mais le buste a disparu. Réalisé en bronze coulé, d’une dimension de 83 centimètres de haut sur 91 de large et 53 de profondeur, il n’en reste que le plâtre qui est précieusement conservé par le BAL. Comme d’autres bustes, il était dû à l’initiative de l’Œuvre des Artistes qui en avait confié la réalisation au sculpteur liégeois Louis Dupont (1896-1967). Natif de Waremme, élève d’Adrien de Witte, il n’a pas encore une grande expérience quand lui est confié le buste de Jean Varin, mais ceux qui l’ont choisi sont sûrs de son talent. N’a-t-il pas reçu une bourse du gouvernement en 1921 et, en 1928, le Prix Trianon lui est décerné. Par la suite, au bas-relief Hubert Stiernet (1925), au buste Jean Varin (1928), au médaillon Georges Antoine (1929) et surtout au buste Ysaÿe (1936) puis à celui de César Thompson (1939) s’ajouteront d’autres expériences concluantes comme sa collaboration avec Adelin Salle et Robert Massart sur l’important chantier des bas-reliefs du Lycée de Waha (1937), ou son Métallurgiste pour le monument Albert Ier à l’île Monsin (1939). De nombreuses autres commandes parviendront à l’artiste après la Seconde Guerre mondiale, principalement des bas-reliefs, avant que ne lui soient confiés le monument national de la Résistance (1955), puis les reliefs sur les bâtiments de la faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège (1958). Dessinateur, médailliste et statuaire, professeur de sculpture à l’Académie de Liège (1949-1967), Louis Dupont recevra en 1954 le Prix de Sculpture décerné par la province de Liège pour l’ensemble de son œuvre. Le buste Jean Varin est quasiment une œuvre de jeunesse ; elle a dû constituer une sorte de défi pour Louis Dupont car il lui était demandé de représenter une personnalité qui s’était particulièrement illustrée en tant que graveur et médailleur à la cour du roi de France.
Natif de Liège en 1607, Jean Varin a fait une carrière prestigieuse à Paris (où il est décédé en 1672) ; il y est aussi sculpteur et ses bustes de Richelieu, de Louis XIII et de Louis XIV adolescent contribuent à sa renommée artistique. Redécouvert à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, il est l’un des meilleurs représentants de l’excellence du pays wallon du XVIIe siècle. Tailleur général des monnaies et réformateur du système monétaire du royaume de France, réalisateur du sceau de la toute nouvelle Académie française, « contrôleur général des poinçons et effigies » (1647), ce Wallon avait obtenu, en 1650, « ses lettres de naturalisation française ». « Conseiller et secrétaire du Roy, intendant et ordonnateur des bâtiments royaux, jardins, tapisseries et manufactures » (1656), Varin n’en finira pas d’être honoré sous Louis XIV qui le nommera « Conseiller du Roy en ses Conseils d’État et privé » (1660). En 1665, il est encore reçu comme membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture et c’est là que ses contemporains saluent son talent et ses efforts pour rendre ses lettres de noblesse à l’art de la médaille de la France. Plus de 250 médailles, pièces de monnaie et jetons portent les coins et poinçons gravés par Jean Varin.
Sources
Louis Dupont : exposition du 29 avril au 21 mai 1983, Liège, Province de Liège, Service des affaires culturelles, 1983
Salon de la libération : musée des beaux-arts, du 1er juin au 15 juillet 1946... (hommage à la résistance liégeoise) : la peinture française, de David à Picasso, art wallon contemporain, le peintre Jacques Ochs, les sculpteurs Louis Dupont, Robert Massart, Adelin Salle, Liège, imprimerie Bénard, 1946
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, été 1970, p. 15
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 532-533
Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
La Vie wallonne, janvier 1930, CXIII, p. 165-173
Georges de FROIDCOURT, dans Biographie nationale, t. 26, col. 497-501
Georges de FROIDCOURT, Les origines liégeoises de Jean Varin, graveur général des monnaies de France, Bruxelles, 1934
Edmond GLESENER, dans La Vie wallonne, janvier 1930, CXIII, p. 165-173
Nicole DARDING, Jean Varin, de Liège à Paris, dans Mélanges Pierre Colman, Art&Fact, Liège, 1996, n°15, p. 128-130
Marie-Georges NICOLAS-GOLDENBERG, La Vie wallonne, IV, 1975, n°352, p. 193-203
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 259, 302
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 289-290
Jules HELBIG, La Sculpture et les Arts plastiques au Pays de Liège et sur les bords de la Meuse, Liège, 1890, p. 16
Parc de la Boverie
4020 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Mémorial Albert VAN DEN BERG
Mémorial Albert van den Berg.
Réalisé par Halinka Jakubowska.
« J’ai gravé une chaine d’étoiles de David pour évoquer le réseau qu’il avait mis en place. Des petites étoiles, puis des plus grandes. Certaines sont effacées, car tout le monde n’a pas survécu… » commentait Halinka Jakubowska, dans une interview au journal Le Soir, au sujet du mémorial van den Berg qu’elle signe en 2010 dans le quartier du Laveu, à Liège. Docteur en Droit de l’Université de Liège, invalide de la Grande Guerre et décoré de la Croix de feu, Albert van den Berg (1890-1945) a reçu le titre de Juste parmi les nations de l’Institut Yad Vashem en 1995. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s’est en effet mobilisé pour sauver des vies, certes la sienne et celle de ses proches, mais surtout celle de nombreux enfants et adultes juifs persécutés par l’occupant. Avec l’aide de milieux catholiques (l’évêque de Liège Louis-Joseph Kerkhofs, les sœurs franciscaines et celles de Saint-Vincent-de-Paul), il parvient à mettre en place un réseau qui procure de faux papiers d’identité et cache des enfants juifs dans deux homes de Banneux et qui se montre particulièrement efficace de 1942 à 1944. Dénoncé en 1943, Albert van den Berg est envoyé en Allemagne dont il ne devait jamais revenir.
En 1960, un premier mémorial lui est consacré à Banneux, mais ce n’est qu’en 2010 que, en collaboration avec Guy Wolf qui préside le Foyer culturel juif de Liège, la ville de Liège pose un geste officiel similaire en inaugurant une stèle dans un endroit de la cité qui est un lieu de passage fréquenté et qui porte déjà le nom d’Albert van den Berg. La cérémonie se déroule en présence de l’ambassadeur d’Israël, des autorités locales et en particulier du bourgmestre de Liège, ainsi que du consul d’Israël à Liège. Reconnu officiellement en 1995 « Juste parmi les nations » par l’Institut Yad Vashem (comme avant lui, en 1981, l’évêque Louis-Joseph Kerkhofs), Albert van den Berg avait contribué à sauver près de 400 enfants juifs ainsi que le rappelle le texte gravé sur la pierre bleue du mémorial :
QUI SAUVE UNE VIE SAUVE L’UNIVERS TOUT ENTIER
LE PEUPLE JUIF RECONNAISSANT
Albert Van den Berg
Juste parmi les Nations
Mort en déportation (1890-1945)
Le réseau qu’il créa avec
son beau-frère Georges Fonsny
a sauvé 400 enfants juifs
condamnés à mort
par la barbarie nazie
Si la face avant du monument est une surface polie, l’arrière par contre a été laissé brut, l’épaisseur étant de taille variable.
Artiste d’origine polonaise, née à Slubice en 1952, Halinka Jakubowska avait découvert Liège en 1972 et s’y est définitivement fixée ; elle y mène des études à l’Académie des Beaux-Arts avant de poursuivre sa formation à Anderlecht à l’Académie, où elle se spécialise dans la rénovation de la pierre et du bois. En 1990, le prix de la pierre lui est décerné par l’Association des Maîtres Tailleurs de pierre de la province de Liège ; il s’agit de la première des nombreuses reconnaissanc
es accordées à son travail : la pierre, puis le bronze, et progressivement la fonte sont autant de matières qui font l’objet de ses sculptures abstraites, d’intérieur ou d’extérieur, de petits formats ou monumentales. Jouant souvent sur la dualité, confrontant les matériaux (pierre et bronze) ou leur traitement (pierre polie aux bords rugueux), elle remporte plusieurs concours publics, dont celui de la fontaine de la place Saint-Séverin à Huy (1991), celui de la fontaine pour la Place saint-Lambert à Liège (1997), voire la fontaine de la place Patria à Soumagne (intitulée La Porte, en 2008). En 1995, l’année où elle achève l’hommage aux soldats polonais destiné au monument Interallié de Cointe, elle avait aussi séduit le jury formé pour désigner le sculpteur du mémorial Jean Gol. Prix Techni-Pierre de la Région wallonne 1992, prix Hembecca de la sculpture (1995) et prix Louis Schmidt (1995), prix de la Galerie Juvénal de la biennale d’art contemporain de Huy (2007), celle qui a été élue « Polonaise de l’année 2011 en Belgique » a exposé dans de nombreux endroits en Wallonie, plus particulièrement en province de Liège, ainsi qu’à Bruxelles, à Paris, en Suisse et aux Pays-Bas, seule ou lors d’expositions collectives.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, en particulier Le Soir et La Libre du 24 novembre 2010
Léon PAPELEUX, Un Liégeois qui sauva des centaines de juifs (1940-1944), dans La Vie Wallonne, 1980, t. LIV, p. 280-290 ; 1981, t. LV, p. 129-208
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 252-253
Daniel DRATWA, Un aspect de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique : les monuments juifs, dans Rudi VAN DOORSLAER (dir.), Les Juifs de Belgique de l’immigration au génocide. 1925-1945, Bruxelles, CERHSGM, 1994, p. 209-222
ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. III, p. 1574
Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 199-202
Informations communiquées par l’ambassade d’Israël (juillet 2015)
http://www.rtc.be/reportages/societe/1440880-un-monument-a-la-memoire-de-albert-van-den-berg
http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_384587/fr/la-reconnaissance-des-justes-un-processus-memoriel-delicat?portal=j_55&printView=true
Rue du Laveu, passage van den Berg
4000 Liège
Paul Delforge
G. Focant - SPW
Traces liées à la principauté épiscopale de Liège
De nombreux autres bâtiments et monuments sont liés de près ou de loin au passé principautaire liégeois, parmi lesquels ceux cités ci-après.
1. Amay, tour romane, résidence de l’avoué, vassal du prince-évêque et transmise sans interruption aux détenteurs de cette charge jusqu’en 1789. Autrefois isolée de la ville, située dans la plaine alluviale de la Meuse et entourée d’eau, tour médiévale exceptionnelle de la seconde moitié du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle.
2. Amay, borne de seigneurie de 1617 aux armes de la famille de Mérode (propriétaire de la seigneurie de Jehay) et du chapitre de Saint-Lambert.
3. Anhée/Denée, château-ferme de Denée, siège d’une seigneurie liégeoise depuis 1229. Ensemble construit à partir de la seconde moitié du XVIe siècle. Étable aux armes des Looz-Corswarem d’Aix, seigneurs de Denée, datée de 1771.
4. Anthisnes/Tavier (Ouchenée), château d’Ouchenée, seigneurie relevant de la Cour féodale de Liège. Le territoire de Tavier, cité en 814-816 pour la première fois était partagé entre plusieurs seigneuries relevant soit du duché de Limbourg soit de la principauté de Liège. Mentionné dès 1317, le château est remanié au XVIIIe siècle et présente encore de nos jours un vaste quadrilatère englobant un donjon et une ferme.
5. Assesse/Crupet, donjon de Crupet, ancienne seigneurie luxembourgeoise dépendant de la principauté depuis 1304. Donjon médiéval du XIIIe siècle flanqué d’une tourelle d’angle ; porche d’entrée fortifié aux armes de Guillaume de Carondelet, seigneur de Crupet (1595).
6. Awans/Fooz, vestiges de la motte féodale, sert de refuge au prince-évêque Louis de Bourbon en 1468 avant le sac de Liège. Une garnison s’y installe au début du XIIIe siècle, lors de la guerre des Awans et des Waroux.
7. Beauraing/Javingue (Sevry), tour de Sevry, siège d’une seigneurie liégeoise. Tour carrée sur trois niveaux de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, remaniée par la suite.
8. Berloz, château de Berloz, propriété de la famille des comtes de Berloz du XIIe à la fin du XVIIIe siècle, personnages qui ont occupé les postes les plus éminents du pays de Liège. Ferme castrale, érigée vers 1616 sur les fondations de l’ancien château fort.
9. Blegny/Saive (Pixho), ferme de Pixho, seigneurie de l’avouerie de Fléron mentionnée à partir du XVIe siècle. Très belle ferme clôturée ouverte par un portail en calcaire ; présence d’une dalle millésimée de 1629 mentionnant un seigneur de Saive.
10. Cerfontaine, église Saint-Lambert. Dalle d’Adrien de Wéry, bailli de Pesche.
11. Charleroi/Marchienne-au-Pont, chapelle du château Bilquin de Cartier. Inscription « Noble seigneur messire Nicolas de Gherin, chevalier du Saint-Empire, seigneur de Flémalle et commissaire de Liège (…) anno 1710 ». Située dans l’enceinte de l’ancien château de Cartier dont subsistent le porche aux armes des Bilquin et une partie du logis.
12. Charleroi/Monceau-sur-Sambre, château de Monceau. Mentionné comme forteresse dès le XIVe siècle, il passe dans diverses familles tout au long de l’Ancien Régime.
13. Chaudfontaine/Chèvremont, ruines du château de Chèvremont, détruit en 987 par Notger. Seule une infime partie de l’enceinte subsiste encore.
14. Ciney/Achêne, vieux château, siège d’une seigneurie hautaine liégeoise engagée en 1619 au seigneur de Taviet. Important quadrilatère de ferme d’origine médiévale et modifié aux XVIIe et XVIIIe siècles.
15. Ciney (Biron), ferme-sur-le-mont, siège d’une seigneurie hautaine de la principauté de Liège, indépendante de la mairie de Ciney mais adjointe à celle-ci comme « lieu adjacent » pour la perception des aides du prince. Imposant logis de type traditionnel de la seconde moitié du XVIIe siècle (dépendances postérieures).
16. Ciney, ancienne maison du prévôt. Habitation résultant de trois phases de construction du XVIIe siècle (façade recomposée par la suite).
17. Clavier/Ochain, château d’Ochain, siège d’une seigneurie, lieu de plusieurs grands événements de l’histoire de la principauté telle la réunion des comtes de Flandre et de Zutphen et des ducs de Gueldre et de Juliers invités par Adolphe de la Marck en 1335. Le château fut aussi le lieu de la réconciliation entre Louis de Bourbon et le seigneur Guillaume d’Argenteau après la mort du Téméraire.
18. Clavier/Terwagne, ferme-manoir dite « de la tour », siège d’une seigneurie relevant en fief de la principauté mais dont les droits seigneuriaux étaient exercés par l’abbaye de Saint-Hubert. Plusieurs membres de la famille de Terwagne furent avoués du lieu. Donjon de plan carré du XIVe siècle côtoyant des bâtiments plus récents.
19. Couvin/Boussu-en-Fagne, château de Boussu-en-Fagne. Seigneurie dépendant de la châtellenie de Couvin, propriété de la famille de Boussu au Moyen Âge dont les membres furent prévôts de la châtellenie de 1218 au début du XVIe siècle puis passé entre diverses mains. Armes et devise des seigneurs du lieu sur le porche d’entrée. Bâtiments du XVIIe siècle remaniés au cours des trois siècles suivants.
20. Couvin/Boussu-en-Fagne, moulin de Boussu. Ancien moulin banal du seigneur des lieux (lié au château ci-dessus).
21. Couvin/Pesche, ancienne maison du Bailli, résidence de Toussaint de Robaulx, bailli de Pesche de 1574 à 1618 et de ses descendants qui l’occupent jusqu’à la Révolution. Construction du début du XVIIe siècle, remaniée ensuite.
22. Crisnée/Fize-le-Marsal, borne seigneuriale marquant une des limites de la seigneurie de Thys, héritière d’un bornage effectué en 1746.
23. Dinant (Walzin), château de Walzin, dépendance de Dréhance, fief de la principauté de Liège. Sur un promontoire rocheux dominant la Lesse, ensemble architectural édifié du XVe au XXe siècle. À côté, ruines de Cavrenne, donjon lié au fief de Walzin, donné au princeévêque de Liège qui inféode ensuite le bien. Au XVe ou XVIe siècle, il disparaît au profit de son voisin de Walzin. Aujourd’hui, ruines d’un donjon complété de fortifications pouvant remonter au XIIIe siècle.
24. Dinant/Furfooz, ferme de Sûre, ancien siège d’une seigneurie hautaine relevant de la principauté de Liège et inféodée depuis le milieu du XIVe siècle. Vaste ensemble semi-clôturé de construction plus récente dans lequel subsiste une tour forte médiévale, peut-être du XIIIe siècle.
25 Dinant/Thynes, ferme du château, siège d’une seigneurie hautaine liégeoise. Imposant ensemble qui s’est développé depuis le XVIIe siècle à partir d’un donjon et d’un logis seigneurial du Moyen Âge aux mains de la famille noble puis chevaleresque de Thynes.
26. Donceel/Haneffe, ancien château de Haneffe, siège d’une des trente-deux seigneuries banneresses du pays de Liège, élevée au rang de baronnie en 1611. Bel ensemble architectural concentré autour de l’église et caractérisé par une ancienne forteresse reconvertie en ferme et construite au XIVe siècle pour servir de refuge au seigneur lors de la guerre des Awans et des Waroux. En 1627, la seigneurie est relevée par René de Rosey, grand bailli de Hesbaye.
27. Donceel/Haneffe, ancienne brasserie banale dans laquelle le seigneur avait également sa prison.
28. Donceel/Jeneffe, église de la Nativité Notre-Dame. Dalle d’Ermentrude de Jeneffe, châtelaine de Waremme décédée en 1257.
29. Donceel/Limont, maison forte ou donjon de Limont. Peut-être construit à partir du XIIIe siècle et aujourd’hui englobé dans des bâtiments agricoles et totalement en ruines.
30. Engis/Hermalle-sous-Huy, château de Hermalle, siège d’une seigneurie relevant de la Cour féodale de Liège et citée depuis 1100. Imposant ensemble entouré d’un vaste parc composé d’un château du XVIIe siècle bordé de douves, d’une cour et d’une avant-cour bordée de remises, d’écuries et d’une ferme castrale.
31. Faimes, motte seigneuriale, témoin de l’installation du seigneur de Celles, avoué du prince-évêque de Liège. Fouillée au début du XXe siècle, elle était probablement surmontée d’une petite construction datant du Haut Moyen Âge.
32. Farciennes, château de Farciennes, bien inféodé à la principauté depuis le XIVe siècle. Édifice succédant à une forteresse médiévale signalée en 1344 et actuellement en ruines. De l’ensemble construit par le seigneur de Farciennes dans le premier quart du XVIIe siècle subsiste l’aile occidentale flanquée de ses deux tours.
33. Fernelmont/Forville (Seron), « maison du comte », ancien siège d’une seigneurie hautaine dépendant de la principauté et construite dans l’esprit liégeois dans la première moitié du XVIIe siècle par Richard Ier de Hemricourt de Ramioul. Écoinçons et armoiries dudit seigneur sous les arcs de la galerie toscane du rez-de-chaussée.
34. Flémalle/Aux Awirs, château d’Aigremont, résidence des seigneurs d’Aigremont, avoués de Hesbaye au Moyen Âge. Ferme d’époque ayant subsisté après la reconstruction du château de 1717 à 1725.
35. Flémalle/Chokier, château de Chokier, siège d’une seigneurie figurant parmi les fiefs relevant de l’avouerie de Hesbaye. Le lieu sert de place forte au Moyen Âge et passe entre diverses mains avant d’être transformé en demeure de plaisance dans la seconde moitié du
XVIIIe siècle.
36. Flémalle/Chokier, église Saint-Marcellin. Dalle et armoiries de Godefroid de Fressez, mayeur de la Cour de justice de Chokier. Autel du bas-côté gauche, mausolée de la famille de Berlo, ayant fourni de nombreux seigneurs de Chokier de 1636 à la fin de l’Ancien Régime.
37. Fontaine-l’Évêque/Leernes, château de la Jonchière, haute vouerie liégeoise construite par l’avoué Denis de Liège en 1611. De l’ensemble ceinturé de douves ne subsistent que la base d’une tour d’angle et le mur pignon du corps d’habitation.
38. Fosses-la-Ville, château et ferme de Taravisée, ancien fief relevant de la Cour féodale de Liège déjà cité au XVIe siècle.
39. Geer/Hollogne-sur-Geer, brasserie castrale construite par le seigneur de Hollogne (relevant de la Cour féodale de Namur, la seigneurie était placée sous la souveraineté du prince-évêque de Liège). Dépendance de l’ancien château, construite en 1753 par le baron de Hollogne et remanié par la suite. Armoiries et devise des Seraing-Soumagne, seigneurs de Hollogne dans un cartouche (1753).
40. Geer/Hollogne-sur-Geer, moulin castral, autre dépendance des seigneurs de Hollogne et érigé en 1646 par le seigneur du lieu. Armoiries et devise des Seraing-Ponty, seigneurs de Hollogne (dans un cartouche – 1646).
41. Geer/Hollogne-sur-Geer, église Saint-Brice, mausolée de Godefroid de Seraing et Isabelle de Ponty, seigneurs de Hollogne.
42. Geer/Hollogne-sur-Geer, ruines du château de Hollogne. À l’écart du village actuel, vestiges de l’ancienne demeure seigneuriale du XVIe siècle aujourd’hui disparue.
43. Ham-sur-Heure-Nalinnes/Ham-sur-Heure, château de Ham-sur-Heure, arrière-fief de la principauté de Liège depuis le XIIe siècle. Pierre aux armes de Philippe et Anne de Mérode, membres de la famille tenant le château de 1487 à 1941 ; pierre armoriée de l’ancien pont avec texte gravé et armoiries. Bâtiments des XVe, XVIe, XVIIIe et XIXe siècles.
44. Ham-sur-Heure-Nalinnes/Jamioulx, ancien château-ferme des sires de Jamioulx. Bâtisse du XVIIIe siècle partiellement remaniée et groupant quatre habitations.
45. Ham-sur-Heure-Nalinnes/Nalinnes, château Monnom, ancienne demeure des seigneurs de Morialmé. Édifice d’origine médiévale reconstruit au XVIIIe siècle.
46. Hannut/Trognée, château-ferme, siège d’une seigneurie liégeoise relevant de la Cour féodale de Morialmé et dont le premier seigneur fut bailli de Fosses, de Thuin et de Couvin. L’ensemble des bâtiments actuels (corps de logis et bâtiments agricoles) a été érigé à partir de la fin du XVIe siècle.
47. Havelange/Flostoy (Barsy), château-ferme de Froidefontaine, cité en fief de la principauté de Liège depuis 1351. Plusieurs bâtiments construits du XVIe au XIXe siècle.
48. Havelange/Flostoy, château d’Emeville, ancien fief dépendant de la principauté de Liège alors que le reste du hameau était une seigneurie allodiale. Maison forte citée depuis 1349 et reconstruite dans la première moitié du XVIIe siècle.
49. Havelange/Verlée, château-ferme de Chantraine, seigneurie hautaine liégeoise. Ensemble traditionnel de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle; pierre tombale d’un seigneur de Chantraine et Verlée (†1593).
50. Herstal, pompe publique place Licour installée par le prince-évêque François-Charles de Velbrück.
51. Hotton/Fronville (Deulin), château de Deulin, siège sous l’Ancien Régime d’un petit fief indépendant de l’avouerie de Fronville.
52. Hotton/Fronville, ferme du XIXe siècle au sud de l’église conservant un logis médiéval, ancien siège de l’avouerie du lieu tenue en fief par l’Église de Liège depuis le début du XIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle.
53. Houyet/Celles, château de Vêves, inféodé à la principauté à la fin du XIVe siècle. Le château était compris dans une importante seigneurie hautaine qui couvrait les villages de Celles, Furfooz, Gendron et Foy. Au sommet d’un éperon rocheux, château médiéval caractérisé par ses six tours et fruit de plusieurs campagnes de construction étalées entre le XIIIe et le XVIIIe siècle.
54. Liège/Angleur, château de Colonster, passé entre les mains d’Érard de la Marck au début du XVIe siècle puis aux Horion de 1524 à la fin de l’Ancien Régime 55. Liège, hôtel Desoër de Solières (du nom des derniers propriétaires), bâti de 1555 à 1561 par Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des comptes du prince-évêque Robert de Berghes.
56. Liège, société littéraire, fondée en 1779 par François-Charles de Velbrück.
57. Liège, société libre d’émulation, fondée en 1773 par François-Charles de Velbrück. Façade reconstruite après l’incendie de la Première Guerre mondiale.
58. Liège, maison nos 7-9, Mont-Saint-Martin, demeure à la fin du XVIIIe siècle de François-Antoine de Méan, alors évêque suffragant de Liège et prévôt de Saint-Martin, dernier prince-évêque de Liège de 1792 à 1794.
59. Liège/Sclessin, château de Beaumont, résidence de plaisance construite pour François-Charles de Velbrück au lieu-dit « Petit-Bourgogne ».
60. Liège/Sclessin, château de Sclessin cité depuis 1254, résidence des comtes de Berloz, seigneurs de Sclessin et avoués héréditaires d’Ougrée. Seuls subsistent deux pavillons carrés du début du XVIIIe siècle et les trois travées centrales qui les relient.
61. Marche-en-Famenne/Waha, église Saint-Étienne. Choeur, pierre dédicatoire relatant la consécration de l’édifice en 1050 par le prince-évêque Théoduin de Bavière (Waha se trouve dans le duché de Luxembourg mais, au XIe siècle, dans le diocèse de Liège).
62. Marchin, château des comtes de Marchin, à l’origine seigneurie ecclésiastique reconstruite au début du XVIIIe siècle par Guillaume van Buel, conseiller aux États du pays de Liège. Témoin de son activité politique liégeoise, série de portraits de princes-évêques de 1688 à 1763 : Jean-Louis d’Elderen, Joseph-Clément de Bavière, Georges-Louis de Berghes et Jean-Théodore de Bavière. L’aile nord abritait le siège de l’ancienne Cour de justice de Marchin.
63. Marchin (Les Forges), rue Entre-deux-Thiers, borne seigneuriale HUY/MARCHIN datée de 1700.
64. Modave, château de Modave, propriété depuis 1642 des comtes de Marchin, capitaine des armées des Pays-Bas, chef suprême du Conseil de guerre des rois d’Espagne. Seigneurie aliénée en 1682 en faveur de Maximilien-Henri de Bavière. Armes et couronne comtale des Marchin sur le porche ; généalogie des comtes de Marchin (blasons), plafond du hall.
65. Nandrin, donjon ou tour de Nandrin, siège de la seigneurie de Nandrin, possession de l’évêque de Liège et siège de l’avouerie.
66. Ohey/Évelette (Libois), ferme de l’Avouerie, ancienne possession de l’avoué Pierre de Rossius.
67. Oreye, église Saint-Clément. Tombe de Godefroid de Bocholtz, membre du Conseil privé de son altesse l’électeur de Cologne, vers 1650 (= Ferdinand ou Maximilien-Henri de Bavière).
68. Ouffet, ancienne Cour de justice du ban d’Ouffet, possession liégeoise détachée de la terre de Durbuy depuis 1155 et construite pour la première fois par le prince-évêque Henri de Leez. Détruite à deux reprises, elle fut chaque fois reconstruite et encore mentionnée en service au XVIe siècle.
69. Philippeville/Jamagne, ferme no 31, rue général Hontoy, datée de 1679 et réminiscence de la maison seigneuriale du Moyen Âge. Jamagne fut longuement contestée entre le comte de Namur et le seigneur de Florennes, vassal du prince-évêque de Liège.
70. Philippeville/Merlemont, château de Merlermont, castrum cité depuis 1155 dépendant de la principauté de Liège. Installé sur un promontoire rocheux, château d’allure médiévale bien que construit au début du XVIIe siècle et transformé en 1884.
71. Remicourt/Lamine, motte seigneuriale, témoin du castrum de l’avoué de Hesbaye.
72. Remicourt/Momalle, église Notre-Dame. Dalle de Jacques Matonet, lieutenant-bailli de Hesbaye.
73. Saint-Nicolas/Montegnée, maison et ferme dite de la Grosse Houille, construite au début du XVIIIe siècle pour Gilles-Paul de Germeau, lieutenant bailli de la cathédrale Saint-Lambert.
74. Sambreville/Tamines, ancienne tour seigneuriale de la seconde moitié du XVe siècle située en terres liégeoises et comprise depuis 1503 dans une cense détruite en 1914.
75. Somme-Leuze (Somal), château-ferme de Somal, siège d’une seigneurie hautaine liégeoise. Ensemble clôturé constitué au départ d’un manoir fortifié du XVIe siècle englobé dans une ferme du siècle suivant.
76. Tinlot/Tavier, château de Xhos, avouerie liégeoise dépendant du ban d’Ouffet.
77. Verlaine/Seraing-le-Château, château de Seraing, siège d’une seigneurie relevant de la Cour féodale de Liège. Présence d’une tour forte vers 1304 jouant un rôle stratégique sur la route de Liège et abritant les cours féodale et censale en plus de la Haute Cour de justice. Fortement remanié et reconstruit suite à un incendie survenu la nuit de la Saint-Sylvestre 1868-1869.
78. Villers-le-Bouillet, ferme des voués d’Amay, résidence des avoués depuis le XIVe siècle jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. La seigneurie de Villers-le-Bouillet était à l’origine propriété des comtes de Louvain qui cédèrent leur terre à l’évêque de Liège au XIe siècle.
79. Viroinval/Dourbes, ancien moulin banal de la seigneurie liégeoise de Dourbes-le-Val. Ensemble aujourd’hui daté des XVIIIe et XIXe siècles.
80. Viroinval/Nismes, maison des baillis. Résidence des baillis de la châtellenie de Couvin, implantée au pied du château et de l’ancienne église. Peut-être érigé par Sébastien de Martin (†1616), lieutenant-bailli, à partir d’un noyau plus ancien.
81. Visé/Lixhe (Nivelle), ferme de la Vouerie, siège de la seigneurie de Nivelle, possession de l’église de Liège et mentionnée depuis le XIIe siècle. Reconstruit en 1608.
82. Visé/Lixhe, maison de la Tour, édifiée entre 1731 et 1734 par le dernier avoué de Nivelle, également bourgmestre de Liège. Fronton aux armes des de la Tour, avoués de Nivelle.
83. Wanze/Bas-Oha, château rouge, héritier d’une forteresse du comté de Moha, considérablement reconstruit en 1627 par Henry de Leyten, lieutenant-bailli de Moha puis acquis par Lambert de Liverlo, chancelier de Maximilien-Henri de Bavière.
84. Wanze/Huccorgne (Longpré), château de Fosseroule, fief du comté de Moha devenu liégeois en 1225. Mentionnée à partir de 1323, la tour forte passe pour être un des bastions périphériques du château de Moha. Aujourd’hui, bâtiments agricoles et résidentiels construits entre le XVIIe et le XIXe siècle.
85. Wanze/Huccorgne, moulin de Huccorgne, ancien moulin banal présentant des constructions des XVIIIe et XIXe siècles.
86. Wanze/Moha, ruines du château de Moha, fief liégeois et siège d’un comté dont le premier titulaire mentionné est Albert Ier en 1022. Le comté passe entre diverses mains avant d’être cédé en don au prince-évêque de Liège en 1204. Le château est démantelé en 1376 mais le fief continue d’être relevé jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Occupant un éperon rocheux, le site est à l’état de ruines et présente de nombreux vestiges des XIIe et XIIIe siècles.
87. Waremme, église Saint-Pierre. Dalle de Fastré de Longchamps, haut bailli de Hesbaye, vers 1565-1579 ; dalle de Guillaume de Longchamps, lieutenant général de la Hesbaye.
Frédéric MARCHESANI, 2013
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Buste César Thomson
Buste César Thomson, 17 juin 1939.
Réalisé par Louis Dupont.
Situé dans les jardins de la partie centrale du boulevard Piercot, au cœur de Liège, un buste en pierre calcaire de César Thomson rend hommage à l’illustre violoniste. Il a été réalisé sur le modèle du buste en marbre blanc de Louis Dupont inauguré le 17 juin 1939 : ce jour-là, le buste en marbre de Thomson rejoint notamment celui d’Eugène Ysaÿe au Conservatoire de Liège. Dans le même temps, une cérémonie est organisée par l’Union des professeurs du Conservatoire de Liège : cette Union avait en effet lancé la souscription publique et elle réunit à Liège tous les amis de César Thomson, venant d’Amérique et d’Europe, au moment où se tient également à la périphérie de la cité ardente l’Exposition internationale de l’Eau. En présence de l’échevin de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Auguste Buisseret, entouré de Charles Radoux-Rogier (président du Comité organisateur), d’Edmond Glesener (directeur général des Beaux-Arts) et de Fernand Quinet, le directeur du Conservatoire, discours et concert sont au programme de cette journée où la ville de Liège rend officiellement hommage à l’un de ses enfants, dont les traits ont été figés dans le marbre par le statuaire Louis Dupont (1896-1967).
Natif de Waremme, élève d’Adrien de Witte, il a travaillé sur quelques bustes et bas-reliefs comme le bas-relief Hubert Stiernet (1925), le buste Jean Varin (1927), le médaillon Georges Antoine (1929) et surtout le buste Ysaÿe. Ceux qui l’ont choisi sont sûrs de son talent. N’a-t-il pas reçu une bourse du gouvernement (1921) et le Prix Trianon (1928) ? N’a-t-il pas été associé à Adelin Salle et à Robert Massart sur l’important chantier des bas-reliefs du Lycée de Waha (1937) ? Et alors que l’on inaugure le buste de César Thompson, Dupont était en train d’achever la réalisation du Métallurgiste du monument Albert Ier à l’île Monsin. De nombreuses autres commandes parviendront à l’artiste après la Seconde Guerre mondiale, principalement des bas-reliefs, avant que ne lui soient confiés le monument national de la Résistance (1955), puis les reliefs sur les bâtiments de la faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège (1958). Dessinateur, médailliste et statuaire, professeur de sculpture à l’Académie de Liège (1949-1967), Louis Dupont recevra en 1954 le Prix de Sculpture décerné par la province de Liège pour l’ensemble de son œuvre. Le buste de César Thomson figure parmi ses réussites. Il est posé sobrement sur un socle en pierre très simple où est gravé le seul nom César Thomson. Il s’agit d’un piédestal similaire à celui d’Eugène Ysaÿe.
Élève de Jacques Dupuis (1830-1870), ce virtuose, professeur de violon au Conservatoire de Liège, César Thomson (Liège 1855 – Bissone, Suisse, 1930) est l’un des maillons importants de l’École wallonne du violon dont François Prume, Henri Vieuxtemps et Eugène Ysaÿe sont les figures les plus connues. Enfant prodige, César Thomson cultive le don que la nature lui a offert auprès de Dupuis. Médaille de vermeil du Conservatoire de Liège (1869), il est plébiscité sur les scènes suisses, italiennes et allemandes, après avoir été acclamé partout où il se produisait en pays wallon. Quand César Thompson, Martin Marsick, Eugène Ysaÿe et Rodolphe Massart – génération dorée – se produisent ensemble sur une scène liégeoise, la quintessence de la musique est alors rassemblée pour le plus grand bonheur d’un public wallon composé de mélomanes avertis. Professeur au Conservatoire de Liège de 1882 à 1897, César Thomson quitte la cité ardente pour Bruxelles où il remplace Eugène Ysaÿe comme professeur au Conservatoire, avant de gagner les États-Unis après la Première Guerre mondiale. Soliste à Berlin (1879-1881), premier violon de son propre quatuor à cordes (1898), compositeur, Thomson s’est fait l’interprète d’œuvres méconnues de Paganini et a contribué à la revalorisation d’œuvres de l’école italienne.
Sources
Louis Dupont : exposition du 29 avril au 21 mai 1983, Liège, Province de Liège, Service des affaires culturelles, 1983
Salon de la libération : musée des beaux-arts, du 1er juin au 15 juillet 1946... (hommage à la résistance liégeoise) : la peinture française, de David à Picasso, art wallon contemporain, le peintre Jacques Ochs, les sculpteurs Louis Dupont, Robert Massart, Adelin Salle, Liège, imprimerie Bénard, 1946
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, été 1970, p. 6
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 532-533
http://www.sculpturepublique.be/4000/Dupont-CesarThomson.htm (s.v. juillet 2013)
http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=B177042&objnr=10152117 (s.v. juin 2014)
La Vie wallonne, 15 août 1939, CCXXVII, p. 333-336
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 187
Boulevard Piercot
4000 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Buste Georges Simenon
Buste Georges Simenon, réalisé par Ursula Förster et Angelo Monteforte, 17 juin 1992.
Au cœur du rond-point de la place du Congrès, dans le quartier d’Outremeuse, à Liège, surgit un buste de Georges Simenon, chapeau sur la tête, et désormais sans sa célèbre pipe aux lèvres, dans la mesure où de pseudo-collectionneurs ou de véritables vandales ont décidé, à plusieurs reprises, d’en priver le buste, en dépit des efforts des autorités publiques. Inaugurée le 17 juin 1992, cette statue est la première qui rende hommage à l’écrivain dans sa ville natale. L’initiative en revient au comité de quartier « Outremeuse promotion », présidé par Guy Rutten, qui, dès l’annonce du décès du citoyen d’Outremeuse, décide de lancer une large souscription publique : celle-ci rencontre un franc succès et bénéficie du soutien d’un mécène anonyme ainsi que de la Loterie nationale. Avec l’accord des autorités communales liégeoises, la place du Congrès est choisie pour installer sur un socle de pierre bleue, polie sur les faces avant et arrière, un buste en bronze sculpté par Ursula Förster et Angelo Monteforte et fondu par le fondeur ciseleur José Lhoest et son atelier installé à Herstal. Sur la face avant, une plaque en bronze mentionne simplement le prénom et le nom de l’écrivain. L’ensemble est placé au sommet d’une petite butte et le rond-point est ceinturé par des bornes en petit granit reliées par une forte chaîne.
Né à Liège où il fut notamment journaliste, le romancier Georges Simenon (1903-1989) s’est fait un nom à Paris, avant de s’installer en Amérique puis finalement en Suisse. Ses romans policiers sont parsemés de références à ses années passées en bord de Meuse ; ainsi en est-il par exemple de Pedigree, ou du Pendu de Saint-Pholien, histoire où le Commissaire Maigret impose son personnage. Avec une apparente indifférence, les meilleurs de ses romans et la série des Maigret (au total plus de 300 titres en 34 ans) brossent un panorama du temps comme Balzac et Zola l’ont fait pour leur époque. Un grand nombre de ses livres sont adaptés au cinéma, conférant une dimension supplémentaire à l’œuvre de l’écrivain.
En raison du caractère international du parcours de l’illustre Wallon, plusieurs localités « se disputent » les honneurs de l’écrivain. Depuis quelques années, la ville de Liège – aidée par la province et la Région wallonne – est attentive à honorer la mémoire de l’enfant de la cité, qui a d’ailleurs légué une partie de ses archives littéraires à l’Université de Liège (1977). Si une rue de Liège porte le nom de Simenon depuis 1978, le buste installé en Outremeuse anticipe, dans une certaine mesure, une série de manifestations d’hommage à Simenon : exposition de prestige (1993) ; « Année Simenon » en pays de Liège (2003) ; un géant représentant le Commissaire Maigret dans le folklore local ; un parcours permanent de promenade truffé de références à l’écrivain et à son œuvre ; une place du Commissaire Maigret avec un banc Simenon (2004) ; ouverture d’un Musée (2015) ; etc.
Ursula Förster (Saint-Vith 1944) a suivi une formation en sculpture monumentale, en peinture au chevalet et en dessin à l’Académie de Liège avant de faire de la sculpture le hobby qui occupe l’essentiel de son temps. Recourant aussi bien au bronze, à la pierre, à la résine ou à la terre cuite, celle qui a installé son atelier à Seny privilégie la femme comme thème d’inspiration, même si d’autres sujets (enfants, animaux, scènes quotidienne, etc.) donnent aussi forme à des réalisations de taille moyenne ou monumentale ; le buste de Simenon est celle qui est la plus connue, mais elle est aussi l’auteur des Joueurs de billes à Huy, de L’homme au banc à Durbuy, Les Macralles à Vielsalm (2000) et de Lison à Waremme (2010). Lauréate de plusieurs prix internationaux, elle expose régulièrement. Quant à Angelo Monteforte, le mari d’Ursula Förster, il prend une part active dans la réalisation de plusieurs des œuvres monumentales de sa complice artistique, tout en appréciant travailler le frigolite. Outre les œuvres déjà citées, le couple signe, en 2005, un duo Tchantchès et Nanèsse pour le restaurant du même nom, en Grande-Bèche.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://mobilart-2009.be/artiste2007.php?prenom=Ursula&nom=F%F6rster (s.v. juillet 2015)
Paul DELBOUILLE, Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 354-359
Pierre ASSOULINE, Simenon, Paris, éd. Julliard, 1992
Jean-Christophe CAMUS, Simenon avant Simenon. Les Années de journalisme (1919-1922), Bruxelles, Didier-Hatier, 1989.
Centre d’études Georges Simenon, Simenon, l’homme, l’univers, la création, Bruxelles, Complexe, 2002
Anne RICHTER, Simenon sous le masque, Bruxelles, Racine, 2007
Jean-Denys BOUSSART, Dans les pas de Georges Simenon. De la place Saint-Lambert à Outremeuse, Liège, Céfal, 2003, p. 20-21
Place du Congrès
4020 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Banc Georges Simenon
Banc et statue Georges Simenon, réalisé par Roger Lenertz, 13 février 2004.
Situé tout près de la place Saint-Lambert, derrière l’hôtel de ville, au cœur de Liège, un banc en bronze invite à partager un moment de détente, de lecture ou une photo avec l’écrivain Georges Simenon (1903-1989), représenté sans lunettes, le chapeau sur la tête, la pipe dans la main gauche, tandis que le bras droit étendu sur le dossier du banc invite le passant à partager la pose avec l’illustre romancier. Né à Liège où il fut notamment journaliste, le romancier s’est fait un nom à Paris, avant de s’installer en Amérique puis finalement en Suisse. Ses romans policiers sont parsemés de références à ses années passées en bord de Meuse ; ainsi en est-il par exemple de Pedigree, ou du Pendu de Saint-Pholien, histoire où le Commissaire Maigret impose son personnage. Avec une apparente indifférence, les meilleurs de ses romans et la série des Maigret (au total plus de 300 titres en 34 ans) brossent un panorama du temps comme Balzac et Zola l’ont fait pour leur époque. Un grand nombre de ses livres sont adaptés au cinéma, conférant une dimension supplémentaire à l’œuvre de l’écrivain. Depuis quelques années, la ville de Liège est attentive à honorer la mémoire de l’enfant de la cité, qui a d’ailleurs légué une partie de ses archives littéraires à l’Université de Liège (1977).
Outre l’exposition de prestige qui s’est déroulée en 1993, « l’Année Simenon » en 2003 en pays de Liège, l’introduction dans le folklore d’un géant représentant le Commissaire Maigret, et le parcours permanent de promenade truffé de références à l’écrivain et à son œuvre, le nom de Simenon s’inscrit durablement dans le quartier d’Outremeuse, sous la forme d’une rue et de l’identification de l’auberge de Jeunesse, à l’entrée du piétonnier en Neuvice sous la forme d’une plaque commémorative et, depuis 2004, par l’ouverture d’une place du Commissaire Maigret où a été installé le bronze de Simenon assis sur un banc… à quelques dizaines de mètres de la permanence de la police locale et surtout de la maison natale de l’écrivain (24 de la rue Léopold).
Au sol, devant le banc, une plaque en bronze explique la raison pour laquelle le monument a été érigé :
« 13 février 2004
Clôture de « Wallonie 2003, Année Simenon au Pays de Liège »
(Province, Ville et Université de Liège)
Œuvre du sculpteur Roger Lenertz et des « Carrières de Sprimont »
sur une idée de « La Libre Belgique – Gazette de Liège »,
avec l’aimable autorisation de Monsieur John Simenon,
avec le soutien de l’Office de promotion du tourisme Wallonie-Bruxelles,
de la société « Georges Simenon Family Rights Ltd »,
ainsi que des maisons d’éditions (sic)
« Georges Simenon Ltd (a Chorion Company) » (GB), « Gallimard » (F),
« Les Presses de la Cité » (F), « Tusquets Editores » (SP) et « Adelphi Edizioni) (I) ».
Inspiré d’une photo de Simenon prise à Liège en 1950, le sculpteur Roger Lenertz (1924-2012) a conçu la statue assise de Simenon et a conçu le moule dans son atelier à Saive. La sculpture en bronze qui a été coulée à Merelbeke pèse 200 kilos. Elle est déposée sur un banc de pierre, du petit granit sorti des carrières de Sprimont, qui pèse quant à lui près de 800 kilos. Déjà auteur d’un buste en argile de Simenon exposé au Palais des Congrès lors de l’Année Simenon à Liège, Roger Lenertz est un artiste liégeois au parcours atypique. L’essentiel de sa carrière, il l’a menée à la Société des Transports intercommunaux liégeois (la STIL, ancêtre du TEC) ; admis à la retraite, il décide de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts, se lance dans la peinture, avant de se consacrer à la sculpture. À Saive où il installe son atelier, il prend l’initiative d’organiser tous les deux ans une exposition de sculpture, avec l’association Saiv’Art. Son talent est apprécié et il honore plusieurs commandes publiques comme le Vî Bleu à Cheratte Haut, le buste d’Henriette Brenu au Musée de la Vie Wallonne, le monument en l’honneur des chasseurs ardennais à Florenville, ou les deux mineurs de Blegny. Reconnu aussi à l’étranger, où il expose, il laisse notamment une œuvre chez Moët et Chandon à Epernay.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELBOUILLE, Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 354-359
Pierre ASSOULINE, Simenon, Paris, éd. Julliard, 1992
Jean-Christophe CAMUS, Simenon avant Simenon. Les Années de journalisme (1919-1922), Bruxelles, Didier-Hatier, 1989.
Centre d’études Georges Simenon, Simenon, l’homme, l’univers, la création, Bruxelles, Complexe, 2002
Anne RICHTER, Simenon sous le masque, Bruxelles, Racine, 2007
Place Commissaire Maigret
4000 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Monument Théodore SCHWANN
Statue à la mémoire de Théodore Schwann, réalisé par Alfred Courtens, 23 novembre 1954.
Lorsque l’on monte les escaliers d’accès à l’Institut de Zoologie de l’Université de Liège, ainsi qu’à l’Aquarium de l’Université, il est impossible de manquer, sur le côté droit, la statue en bronze d’Édouard Van Beneden et, sur le côté gauche, la statue en bronze de Théodore Schwann (1810-1882). Posée sur un promontoire rectangulaire en pierre bleue qui s’inscrit dans la nouvelle architecture donnée au bâtiment à l’entame des années 1950, la statue présente le professeur Schwann debout, en toge, le bras droit plié, avec la main légèrement vers l’avant tenant un microscope ; elle pose la stature du chercheur dont le nom est gravé au centre d’un rectangle de la pierre laissée brute dans ce cadre. L’inscription est sobre :
« THÉODORE SCHWANN
1810-1882 »
Afin d’éclairer davantage le passant sur les mérites du personnage ainsi statufié dans l’espace public, une plaque en bronze est apposée au bas de l’escalier, à hauteur du trottoir ; elle indique que l’initiative a pu être réalisée grâce à :
« LA GÉNÉROSITÉ DU PROF. P. NOLF (QUI)
A PERMIS
À L’UNIVERSITÉ DE LIÈGE
DE DÉDIER CETTE STATUE
LE 23 NOVEMBRE 1954
AU FONDATEUR DE LA
THÉORIE CELLULAIRE ».
À l’un des frontons du bâtiment datant de 1888, une exécution de Léopold Noppius montrait déjà Darwin au centre, tandis que Schwann figurait à gauche. Cette fois, c’est le sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967) qui a reçu commande de représenter Théodore Schwann. Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens bénéficie des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste cherche à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des industriels, des diplomates et des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.). « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire).
C’est quelques mois après avoir signé la statue équestre du roi Albert, au Mont des Arts, à Bruxelles, et surtout le buste du professeur Nolf (1873-1953), président de la Fondation médicale Reine Elisabeth que Courtens réalise le monument liégeois de Schwann. Ancien ministre (1922-1923), mais surtout président de la Croix-Rouge de Belgique et prix Nobel en 1925, le professeur Pierre Nolf permet l’érection du monument dédié à Schwann, tant par sa générosité que parce qu’il connaît bien Courtens et qu’il admire Schwann.
Attiré à l’Université de Louvain d’abord (1839-1848), puis à celle de Liège (1848-1882), le professeur allemand Théodore Schwann (1810-1882) est l’initiateur d’un puissant courant de recherche biologique, dont les biotechnologies actuelles sont incontestablement redevables. Ayant assuré sa formation aux universités de Bonn, Wurtzbourg et Berlin, détenteur d’un doctorat (1834), Schwann est l’auteur de plusieurs découvertes fondamentales (entre 1835 et 1839), avant d’élaborer, en 1839, la « théorie cellulaire ». Pour la première fois, l’hypothèse est émise que des cellules sont présentes dans tous les tissus vivants et que tous les organismes ne sont rien d’autre qu’un assemblage de cellules. Les découvertes du physiologiste, histologiste et cytologiste ouvre ainsi les portes à la biologie générale, au développement de la physiologie et de la pathologie expérimentales, à l’étude de la transmission de la vie et donc de l’hérédité, tandis que l’anatomie traditionnelle devra désormais s’accompagner de l’embryologie. À Liège où lui survivra une véritable école, le professeur Schwann crée un laboratoire de pointe où beaucoup d’appareils sont de son invention. Travaillant de concert avec les milieux industriels liégeois, il contribue à divers perfectionnements et inventions, dont un appareil respiratoire particulièrement utile pour des sauvetages lors d’accidents miniers.
Sources
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°37, hiver 1970, p. 27
http://www.sculpturepublique.be/4000/Courtens-TheodoreSchwann.htm (s.v. août 2013)
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Léon FREDERICQ, Théodore Schwann, dans Biographie nationale, t. XXII, col. 77-98
Liber memorialis, l’université de Liége depuis sa fondation, Liège, Carmanne, 1869, col. 919-938.
Robert HALLEUX, Anne-Catherine BERNÈS, Luc ÉTIENNE, L’évolution des sciences et des techniques en Wallonie, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Jean-Luc GRAULICH, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Quai Van Beneden
4000 Liège
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Statue Renard JAMAR ou JAYMAERT
Statue Renard Jamar ou Jaymaert, réalisée par Maurice de Mathelin, 16 décembre 1901.
Quelques années après la décoration de la façade du Palais provincial de Liège par de multiples statues et bas-reliefs évoquant l’histoire de la principauté, est construit un nouveau bâtiment destiné à accueillir les services de la poste. Situé entre la rue de la Régence, la place Cockerill, le quai sur Meuse et la rue Matrognard, l’imposante construction est l’œuvre de l’architecte Edmond Jamar (1853-1929) qui s’inspire du style ogival du XVIe siècle qui avait présidé à la (re)construction du Palais des Princes-Évêques. Ce style se retrouve sur la façade des trois premières rues citées. Afin de décorer la partie supérieure du bâtiment qualifié de néo-gothique, l’architecte confie au statuaire Maurice de Mathelin (Tintigny 1854-Liège 1905) le soin de réaliser six grandes statues en bronze, représentant six bourgmestres de Liège des XVe, XVIe et XVIIe siècles, soit la période où le style du bâtiment prévalut. Les six statues sont nichées sur les façades et, à leur pied (plus exactement entre leurs pieds), un petit écu représente les armoiries du bourgmestre en question.
D’autres décorations apparaissent sur les façades du bâtiment construit sous l’impulsion du ministre Van den Peereboom : ainsi, neuf autres statues, plus petites, n’illustrent pas un personnage particulier, mais une fonction en rapport avec un métier exercé aux XVe et XVIe siècles ; elles ont été réalisées par l’atelier de Mathelin. À l’origine, elles étaient dorées (BROSE). Outre un grand blason au-dessus de la porte d’entrée principale, où apparaît la devise « l’Union fait la force », une série d’autres blasons, plus petits, dus au sculpteur Joseph Wéra, évoquent quelques bonnes villes, tandis qu’on retrouve encore le blason du gouverneur de la province de Liège en fonction au moment de la construction de l’hôtel des postes, ainsi qu’un cor postal, un lion de bronze tenant drapeau et trompette et un médaillon de près de 3 mètres de diamètre qui représente le bâtiment lui-même… Parmi les six grandes statues, celle qui est la plus proche de la rue de la Régence représente Renard Jamar (c. 1613-), aussi orthographié Jaymaert.
Ancien colonel au service de la France, seigneur de Fréloux, Renard Jamar épouse Catherine de Bex, la fille de Pierre de Bex (c. 1570-1651) qui, après Guillaume
Beeckman et Sébastien La Ruelle, est devenu l’un des porte-parole du parti populaire liégeois au XVIIe siècle, les Grignoux. Avocat, « jurisconsulte distingué », négociateur de la paix de
Tongres (1640), exilé, Pierre de Bex exerce la fonction de bourgmestre pour la 3e fois en 1647, succédant à… Renard Jamar élu dans des conditions confuses et surtout insurrec
tionnelles l’année précédente à la suite de ce que l’histoire a appelé la « Saint Grignou ». Affolée par l’idée que le parti des Chiroux a introduit des soldats espagnols dans l’hôtel de ville, la foule a envahi les rues de Liège au moment où l’on procède à l’élection annuelle des magistrats ; Grignoux et Chiroux s’affrontent violemment, tandis que l’élection de deux bourgmestres Chiroux est vivement contestée (24 et 25 juillet 1646). Plusieurs dizaines de morts sont dénombrés. Le retrait de Charles de Méan contribue à la pacification des deux ca
mps. Candidat du parti des Grignoux, Renard Jamar exercera la magistrature pendant un an avec François de Liverlo. Alors que la plupart des Chiroux fuient Liège, la cité sera aux mains, sans partage, des Grignoux jusqu’en 1649. Le rôle de Jamar dans l’excitation de la foule en juillet 1646 paraît établi (Polain). En juillet 1649, les soldats impériaux in
vestissent Liège et rétablissent le prince-évêque. La répression est terrible ; à la tête des Liégeois qui tentèrent de s’opposer aux assaillants à hauteur de Cornillon, Jamar disparaît de la vie politique liégeoise sous le régime sévère du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière. Sa statue sur la Grand Poste le pose en conquérant, vêtu d’une lourde cuirasse, le regard fixant l’horizon, tandis qu’il tient une longue épée dans la main droite. C’est ainsi que Maurice de Mathelin se le représentait.
Fils de Jean-Baptiste de Mathelin de Papigny, le jeune Luxembourgeois a été l’élève de Prosper Drion à l’Académie de Liège, avant de faire une carrière à la fois de peintre, de médailleur et de sculpteur. Décédé à l’âge de 50 ans, il laisse principalement des bustes et des portraits. Marié à Louise d’Andrimont, il est notamment l’auteur du buste du bourgmestre Jules d’Andrimont conservé au Musée de l’Art wallon (du moins avant son démantèlement). Plusieurs commandes publiques permettent à Mathelin de réaliser des sculptures le plus souvent allégoriques, tant à Bruxelles, qu’en Wallonie. Ainsi est-il l’auteur de l’une des sculptures en bronze de la façade de l’Université de Liège, place du XX août (L’Étude). Peu avant sa mort, il avait réalisé les grandes statues situées au-dessus du fronton central du Palais des Fêtes de l’Exposition universelle de Liège, en 1905. Les statues réalisées pour la Grand Poste furent inaugurées en même temps que le bâtiment de Jamar, l’architecte, le 16 décembre 1901.
Sources
Yvon LABARBE, Hôtel des Postes de Liège, Fexhe, 1999, en particulier p. 47-48
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°37, hiver 1970, p. 26
http://gw.geneanet.org/gounou?lang=fr&p=maurice&n=de+mathelin+de+papigny
http://www.chokier.com/PDF/Devolution.pdf (s.v. mars 2015)
Louis ABRY, Jean-Guillaume LOYENS, Recueil héraldique des bourguemestres de la noble cité de Liège…, Liège, 1720, p. 413-414
Mathieu-Lambert POLAIN, Esquisses ou récits historiques sur l’ancien pays de Liège, Bruxelles, 3e éd., 1842, p. 285-294
Bruno DEMOULIN, Recueil des instructions aux ambassadeurs et ministres de France, Principauté de Liège, Paris, Ministère des Affaires étrangères, 1998, XXXI p. 28-29
Christine RENARDY (dir.), Liège et l’Exposition universelle de 1905, Bruxelles, La Renaissance du livre, 2005, coll. « Les Beaux livres du Patrimoine », p. 197
Noémie WINANDY, La Grand-Poste d’Edmond Jamar, dans Un Siècle de néogothique 1830-1930, numéro spécial de Les Nouvelles du Patrimoine, janvier-février-mars 2010, n°126, p. 30-31
Ulysse CAPITAINE, dans Biographie nationale, t. 2, col. 395-398
Félix MAGNETTE, dans La Vie wallonne, novembre 1933, CLIX, p. 69-78 ; décembre 1933, CLX, p. 114-115
Félix MAGNETTE, Précis d’histoire liégeoise à l’usage de l’enseignement moyen, Liège, 1929, 3e éd., p. 222-240
Jean BROSE, Dictionnaire des rues de Liège, Liège, Vaillant-Carmanne, 1977, p. 152
Rue de la Régence
4000 Liège
Paul Delforge