Cockerill John
Socio-économique, Entreprise
Haslingden 30/04/1790, Varsovie 19/06/1840
Fils de William Cockerill, frère de Charles-James, John Cockerill a quitté l’Angleterre en 1802 et a développé ses connaissances techniques et de gestion dans les ateliers de son père à Verviers puis à Liège. En 1809, il est en mesure de piloter l’atelier liégeois de construction des machines textiles et, déjà, il parcourt l’Europe en quête de nouveautés et de débouchés. En 1813, les deux frères épousent deux sœurs originaires d’Aix-la-Chapelle et reçoivent l’usine liégeoise en cadeau de mariage, ainsi qu’un important capital à investir. S’ils installent à Berlin des activités tournées vers le textile (1815), John est attiré par d’autres défis.
Ensemble, ils achètent le château de Seraing (1817) et c’est là que va naître la plus importante usine métallurgique d’Europe. John et Charles-James y établissent successivement un atelier de construction mécanique (1819), une fonderie, une « fabrique de fer » (1820-1822) et un haut fourneau au coke (1822-1823), ce dernier étant construit par l’Anglais David Mushett. C’est autour de ce haut fourneau que se construit la prospérité de John, tandis que Charles-James revend ses parts. Dès 1825-1826, John Cockerill poursuit son œuvre de pionnier en y installant les premières machines à vapeur, une aux hauts fourneaux, une autre aux laminoirs et deux autres pour les marteaux.
Constamment à la recherche de nouvelles techniques, intéressé par de nombreux secteurs d’activités, luttant sans cesse pour accroître ses affaires, tant face aux crises économiques que politiques de son temps, John Cockerill constitue un véritable groupe industriel intégré qui est l’un des plus puissants du monde. Seul ou en association avec d’autres capitalistes, il prend des participations dans diverses sociétés anonymes, des entreprises houillères dont celles de Wandre, du Val-Benoît, d’Ougrée et de Dampremy-Lodelinsart, mais aussi des banques, ou des fabriques textiles, de fer et autres.
Ayant construit des bateaux à vapeur pour les Hollandais (1825), John se lance, après 1830, dans la production de rails et de locomotives. À la tête de sa société, il prospecte les marchés étrangers en quête de débouchés, tentant de prendre pied en Chine et en Russie. C’est sur le chemin du retour d’une de ses missions qu’il trouve la mort, en 1840, à Varsovie, victime de la fièvre typhoïde. Une société anonyme est alors formée, les actionnaires abandonnant toutes les activités annexes et ne conservant que la sidérurgie intégrée. La Société anonyme pour l’exploitation des Établissements de John Cockerill restera pendant un siècle et demi un des fers de lance de l’économie wallonne.
En se révélant capable de fournir, en quantité, un fer de qualité aux ateliers de fabrication mécanique du bassin de Liège, John Cockerill a provoqué autour de lui une augmentation de l’exploitation des mines de charbon que l’introduction des machines à vapeur a permise (épuisement des eaux souterraines et aération des galeries). Une spirale positive a ainsi été déclenchée, entraînant vers le haut tous les rouages de la Révolution industrielle en moins d’une génération.
Sources
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Michel ORIS, dans POTELLE Jean-François (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 127
P.M. GASON, Histoire des sciences et des techniques. John Cockerill et le nouveau monde industriel, Seraing, 1995
Suzy PASLEAU, Itinéraire d’un géant industriel, Liège, 1992
Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 328, 330, 338, 346
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 351
J-J. THONISSEN, dans Biographie nationale, t. IV, col. 229-239
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