Defraigne Christine

Politique, Député wallon

Liège 29/04/1962

Députée wallonne : *1999-2004 ; 2004-2009 ; 2009-2014 ; 2014-2018*

Licenciée en Droit de l’Université de Liège (1984), Christine Defraigne entame sa carrière professionnelle au Cabinet d’avocats de Jean Gol. Avocate au barreau de Liège, elle est maître de conférences à l’Université de Liège. Élue au Conseil communal de Liège en octobre (1988, elle occupe le siège que son père, Jean Defraigne, vient de quitter. Candidate à plusieurs reprises aux élections législatives dans les années 1990, notamment comme suppléante, membre du bureau du parti libéral (octobre 1995), elle est chargée de relancer et de redynamiser la fédération wallonne du PRL (1997), et elle apporte des accents nouveaux à son parti (dimension sociale, ouverture aux jeunes et aux femmes, etc.).

Lorsque Michel Foret est désigné ministre wallon dans le gouvernement arc-en-ciel, elle le remplace sur les bancs du Parlement wallon et du Conseil de la Communauté française (juillet 1999-juin 2004). Présidente du TEC Liège-Verviers (janvier 2003-2009), présidente de la section MR de Liège-Ville (2004-2008), elle est choisie en 2003 comme l’une des dix sénateurs de communauté francophones, ce qui l’oblige à renoncer au mandat communal qu’elle avait retrouvé en octobre 2000. Réélue au Parlement wallon le 13 juin 2004 (2e candidate) et le 7 juin 2009 (comme tête de liste) dans la circonscription de Liège, elle est tout aussi régulièrement choisie par son parti comme sénatrice de communauté francophone (2003, 2007, 2009). C’est à la Haute Assemblée que s’exerce l’essentiel du travail parlementaire de celle qui est le chef de groupe du parti libéral (2003-2009) et membre de la Commission de l’Intérieur. Interpellée par les questions de bioéthique et des peines de justice, elle prend à bras le corps le dossier du droit de vote des étrangers non européens aux élections communales et provinciales (2003). Après de très vifs débats au Sénat, une majorité « alternative » suffisante (PS, MR, cdH, Écolo-Agalev et SP.a) se dégage pour adopter le « texte Defraigne » (11 décembre 2003). À la Chambre, malgré les freins du VLD, de Karel de Gucht en particulier, le texte est voté le 19 février 2004. Le droit de vote aux « non-Européens » est d’application en Wallonie, dès octobre 2006.

Pour des questions de politique interne au MR, Christine Defraigne est privée de son rôle de chef de groupe au Sénat entre octobre 2009 et décembre 2011. Elle préside cependant la Commission de la Justice du Sénat. Après le scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010, le MR règle sa crise interne avec l’élection d’un nouveau président (janvier 2011), puis, après la plus longue crise du régime belge, le gouvernement Di Rupo se met en place (décembre 2011). Dans la foulée, Didier Reynders annonce son départ de Liège pour Bruxelles (février 2012) et place Christine Defraigne devant de nouveaux défis. Faire oublier le leader liégeois au scrutin communal d’octobre 2012 et aux scrutins du 25 mai 2014. Si le MR liégeois est en recul en 2012, le duo Defraigne-Bacquelaine garde ses 3 élus au Parlement wallon et progresse d’un député au fédéral en 2014. Durant la courte législature 2011-2014, la sénatrice de communauté adopte parmi beaucoup d’autres textes législatifs l’ensemble des dispositions de la 6e réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la transformation profonde du Sénat en une assemblée des entités fédérées, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions, la nouvelle loi de financement des communautés et des régions, ainsi que le transfert d’importantes compétences, notamment en sécurité sociale, vers les entités fédérées.

Désignée par son groupe politique comme représentante de la Wallonie dans ce nouveau Sénat (juillet 2014), Christine Defraigne retrouve sa fonction de chef de groupe MR (juillet-octobre 2014), avant d’être élue à la présidence de la toute nouvelle assemblée des Régions et des Communautés, au lendemain de la formation du gouvernement fédéral conduit par Charles Michel (octobre 2014). La mission qui lui est confiée est de mettre en place et d’animer l’institution qui a connu la plus grosse transformation lors de la 6e réforme de l’État. Elle s’y attèle tout en siégeant au Parlement de Wallonie, en étant chef du groupe MR au conseil communal de Liège et en poursuivant ses activités d’avocate.

Du Sénat, elle s’efforce de faire « un lieu de rencontre, de réflexion et de débat », tout en veillant « au maintien de l’unité du pays dans la diversité de toutes ses composantes ». Soulignant l’intérêt de plusieurs rapports d’information qui y sont produits (mobilité, gestation pour autrui, pauvreté infantile, apatrides, transposition des directives européennes en droit belge, etc.), la présidente doit très régulièrement défendre « son » assemblée soumise à de multiples critiques émanant de Flandre et lance des idées pour lui rendre ses lettres de noblesse, notamment le rétablissement du droit de légiférer. Par ailleurs, au Parlement de Wallonie, où elle siège dans l’opposition, elle se mobilise avec Josy Arens et Edmund Stoffels, en faveur du bien-être animal en dépit des protestations de l’Exécutif des Musulmans et du Consistoire israélite de Belgique, soutenus par les évêques de Belgique. Celle qui organisa au Sénat un colloque pour le 30e anniversaire de la loi 14 août 1986 sur la protection et le bien-être animal (Bruxelles, Sénat, décembre 2016) contribue ainsi à l’adoption d’un important décret wallon (18 mai 2017), qui a très vite été considéré comme une référence sur le plan international : il est désormais interdit partout en Wallonie de pratiquer l’abattage des animaux sans étourdissement préalable. Adopté à la quasi-unanimité du Parlement de Wallonie, ce décret concrétise un travail parlementaire que Christine Defraigne a entamé au moment où la compétence relevait encore du fédéral. Son contenu se retrouve dans le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018) et qu’elle adopte, le législateur faisant de la Wallonie une région pionnière.

Par ailleurs, avec d’autres libéraux, elle est la signataire d’une proposition de décret spécial sur l’interdiction de cumul dans le chef des députés wallons afin qu’il ne s’applique qu’aux membres de Collège communal de localités de plus de 50.000 habitants. Quant au traité CETA, Christine Defraigne était absente lors du vote de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie marquait son refus de déléguer ses pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral pour la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada. Le groupe MR à Namur avait été le seul à s’opposer à ce texte. Quinze jours plus tard, Christine Defraigne est bien présente pour voter, avec une très large majorité PS-cdH-MR-indépendant, le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

À la suite de l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, Christine Defraigne fait partie des 38 députés wallons MR et cdH qui votent, le 28 juillet, la motion de défiance constructive qui scelle le sort du gouvernement Magnette et met en place le gouvernement présidé par Willy Borsus. En août 2018, elle signe une carte blanche où, avec plusieurs mandataires libéraux, elle plaide en faveur du retour à l’état fédéral de certaines compétences comme le Commerce extérieur, la Mobilité, l’énergie ou la Santé, dans un seul but : l’efficacité. Cela suscitera de nombreuses réactions, notamment dans les rangs libéraux, obligeant O. Chastel à intervenir.

Tête de liste aux communales à Liège en octobre 2018 (6.277 vp), elle négocie un accord de majorité qui lie son parti (10 sièges, -1) au PS de Willy Demeyer (17 s., - 5). Alors que sa famille politique n’avait plus été présente au Collège de la Violette depuis 1982, elle met ainsi fin à 36 années d’opposition pour la famille libérale liégeoise, quand elle devient Première échevine, en charge des Finances, de l’Urbanisme, du Patrimoine, de l’égalité et du Bien-Être animal. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, elle renonce à siéger au Parlement de Wallonie, où elle est remplacée par Fabian Culot. Elle quitte aussi le Sénat et sa présidence, et elle est absente du triple scrutin du 26 mai 2019. 

S’écartant régulièrement de la ligne de son parti dans plusieurs dossiers (notamment en s’opposant aux visites domiciliaires devant permettre d’arrêter les personnes en séjour irrégulier), elle se porte candidate à la succession de Charles Michel quand celui-ci quitte la direction du MR et accède à la présidence du Conseil européen (octobre 2019). En compétition avec Philippe Goffin, Clémentine Barzin, Denis Ducarme et Georges-Louis Bouchez, elle rassemble 1.899 voix sur son nom (14%) et un programme invitant « au retour à un libéralisme progressiste », sans parvenir à empêcher un second tour entre D. Ducarme et G-L. Bouchez (novembre 2019). Se concentrant désormais sur les dossiers d’une ville de Liège en pleine mutation avec ses gros chantiers en cours (tram, nouveaux quartiers, etc.), elle s’attèle également au redressement des finances de la capitale économique de la Wallonie. En octobre 2022, elle confirme son intention de se retirer de la vie politique active à l’horizon 2024, afin de retrouver son métier d’avocate. Occupant la 8e et dernière place des suppléants sur la liste MR au scrutin fédéral du 9 juin 2024 dans la province de Liège, elle attire sur son nom 9.416 vp.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à Liège (1989-1994 ; 2001-)
Députée wallonne (1999-12/2018)
Sénatrice de communauté francophone (2003-2014)
Sénatrice de la Wallonie (2014-12/2018)
Présidente du Sénat (2014-12/2018)
Échevine (12/2018-)

 

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 159-160
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-06/2024, dont Le Soir, 30 décembre 2016 
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23 
Cumuleo (-2023) 
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 1999 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)