Gol Jean

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Hammersmith (GB) 8/02/1942, Liège 18/09/1995

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1994*
Ministre wallon : 1974-1977

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1964), diplômé d’études supérieures en sciences juridiques (droit public et administratif) (1969), chercheur-stagiaire (1964-1965), puis aspirant FNRS (1965-1969) au Centre interuniversitaire de droit public, assistant du professeur François Perin (1969-1971), J. Gol devient maître de conférences en 1974, chargé du cours du droit des médias. Inscrit depuis 1964 au barreau de Liège, il dirige un bureau d’avocats, spécialisé dans le droit commercial international.

Actif au sein d’associations étudiantes de gauche et wallonnes (Étudiants socialistes, MUBEF, Mouvement populaire wallon), J. Gol est l’un des fondateurs du Parti wallon des Travailleurs (1964) puis du Parti wallon (1965) dont le chef de file, Fr. Perin est élu député en 1965. Haut responsable du Parti wallon, co-fondateur du Rassemblement wallon en 1968, il entame sa carrière politique comme conseiller provincial RW de Liège (1968-1971). Le parti wallon vise la reconnaissance de l’existence juridique de la Wallonie et de la Flandre, dotées de moyens propres à assurer leur développement respectif dans tous les domaines. Bénéficiant du désistement de Jules Dupont, candidat effectif, J. Gol fait son entrée à la Chambre des représentants en 1971. Il abandonne alors son poste d’assistant à l’Université de Liège, et se consacre exclusivement à la politique, tout en gardant son Cabinet d’avocats et en restant titulaire d’un cours à l’Université. Jusqu’en 1994, il est régulièrement réélu à la Chambre dans l’arrondissement de Liège.

Pressé de mettre en application le nouvel article 107 quater de la Constitution qui reconnaît l’existence de trois régions, Jean Gol apporte le soutien du RW au gouvernement Tindemans (1974-1977) qui met en place la régionalisation préparatoire. Secrétaire d’État à l’Économie wallonne (11 juin-4 octobre), il devient Secrétaire d’État adjoint au ministre des Affaires wallonnes (Alfred Califice) en charge de l’Économie wallonne (4 octobre 1974-18 avril 1977) et fait ainsi partie du tout premier Comité ministériel des Affaires wallonnes. Dès lors, il participe à la construction et à la mise en place des premières institutions wallonnes, et au développement des premières initiatives wallonnes (développement des aéroports régionaux, de nouvelles activités industrielles, présence à l’étranger, etc.).

Cofondateur du groupe CRéER au sein du RW, J. Gol rejoint – avec Fr. Perin et Et. Knoops – le PLP wallon qui se transforme en Parti des Réformes et de la Liberté de Wallonie d’abord (1977-1979), en PRL ensuite, lorsque Jean Gol en devient le président (1979-1981). Durant l’été 1980, il convainc le PVV de soutenir la réforme institutionnelle et de voter les lois spéciales d’août 1980 qui, selon J. Gol, ne sont qu’une étape : « (…) Bruxelles et la Communauté germanophone devront encore voir le jour, mais (…) l’occasion est donnée de doter la Communauté française des institutions qui assurent sa cohésion, sa cohérence et son avenir ». Partisan de la fusion des compétences et institutions wallonnes au sein de la Communauté, Jean Gol va siéger au Conseil régional wallon de 1980 à 1994, ainsi qu’au Conseil communautaire. 

Fort de l’apport de son parti pour résoudre la longue crise institutionnelle, Jean Gol négocie le programme des gouvernements Martens qui, de 1981 à 1987, vont mettre l’accent sur l’assainissement des finances publiques. Vice-Premier ministre et ministre de la Justice et des Réformes institutionnelles (17 décembre 1981-13 décembre 1987), ainsi que du Commerce extérieure (1985-1987), Jean Gol marque les années ’80 par de nombreuses réformes (nationalité, asile, appareil judiciaire, jeunesse, etc.) et une politique de centre-droit. Il n’a pas le temps de faire adopter la réforme fiscale qu’il avait promise, car le gouvernement tombe sur la question fouronnaise.

Rejeté dans l’opposition avec son parti – dont il retrouve la présidence en 1992 – Jean Gol ne peut que constater et déplorer l’orientation des réformes institutionnelles de 1988 et 1993. La priorité est donnée aux régions et aucune majorité n’est disponible en Wallonie et à Bruxelles pour créer la structure de la « nation francophone » à laquelle il aspire. Le ministre porte néanmoins à son actif le statut de la Communauté germanophone (1983) et la mise en place de la Cour d’Arbitrage (1984).

Attentif aux questions internationales, en particulier à l’Europe et à l’Afrique, surtout les relations Belgique-Zaïre, Rwanda et Burundi, il a été l’un des premiers à dénoncer les dérives du régime d’Habyarimana et a souvent mis l’accent sur l’importance de la francophonie. Faisant du scrutin européen un test national, Jean Gol emmène une liste PRL-FDF qui réalise 24 % des voix dans le collège français, où lui-même réalise le deuxième score individuel. Résolu à siéger comme député européen, Jean Gol conserve la présidence du PRL, démissionne de ses mandats belges, hormis sur le plan local ; de 1977 à 1982, il a siégé comme conseiller communal à Liège, avant de déménager à Chaudfontaine, dont il devient l’échevin des Finances (1992-1995).

Président du PRL-FDF, Jean Gol mène la double campagne électorale de mai 1995 ; lui-même est tête de liste au Sénat ; il réalise à nouveau le deuxième score du collège français où son parti engrange 30 % des voix sans toutefois parvenir à revenir dans une majorité, hormis à Bruxelles. Préférant conserver son mandat européen à celui de sénateur, le président du PRL est victime d’une hémorragie cérébrale fulgurante en septembre 1995, laissant un vide énorme au sein de la communauté francophone.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 269-274

Mandats politiques

Conseiller provincial de Liège (1968-1971)
Député (1971-1994)
Ministre du CMAW (1974-1977)
Secrétaire d'État (1974-1977)
Conseiller communal de Liège (1977-1982)
Membre du CRW (1980-1994)
Vice-Premier ministre (1981-1987) 
Conseiller communal de Chaudfontaine (1989-1995)
Échevin (1992-1995)
Ministre d’État (1992)
Député européen (1994-1995)