
Dequenne Emilie
Culture, Cinéma
Beloeil 29/08/1981 ; Paris 16/03/2025
Le 25 mai 1999, le jury du 52e Festival de Cannes attribue le Prix d’Interprétation féminine à Émilie Dequenne pour son rôle dans le film Rosetta des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne, par ailleurs Palme d’Or. Inconnue jusque-là, la jeune fille de dix-sept ans qui interprète là son tout premier rôle dans un long métrage est propulsée, du jour au lendemain, dans la pleine lumière médiatique. Ce moment n’est pas qu’un simple éclair dans le ciel. Depuis 1989 – elle n’avait que huit ans – Émilie Dequenne a intégré l’Académie de Musique de Baudour, où elle suit des cours de diction et de déclamation. En 1993, elle étudie à l’atelier théâtral de l’Académie et rejoint la troupe de théâtre amateur « La Relève » de Ladeuze. Avec son diplôme d’humanités en poche (1998), elle s’est lancée dans des études de Science politique, avant de rejoindre le casting des frères Dardenne. Criante de vérité, elle a donné une force et une vitalité à son personnage, ce qui n’a pas échappé au jury présidé par David Cronenberg, pas plus qu’à l’Association des critiques de cinéma de Chicago qui la consacre meilleur espoir féminin 2000, année où elle reçoit également le Prix Joseph Plateau de la meilleure actrice belge.

La consécration cannoise est un tremplin exceptionnel pour la comédienne qui enchaîne les tournages en prenant soin de diversifier ses rôles. À l’affiche d’une quarantaine de films, on la voit tour à tour en jeune fille complexée, séductrice, femme de ménage, désespérée, comtesse, mormone féministe, affabulatrice, mère infanticide, pompière…, jouant dans des drames comme dans des comédies, des films d’horreur comme des films politiques, sans oublier le cinéma social qui l’avait lancé. Si les réalisateurs surtout du cinéma français lui proposent des rôles de premier plan, elle ne néglige pas la télévision, tournant dans des séries comme dans des téléfilms, là aussi dans des rôles aussi divers que celui de Charlotte Corday ou d’une institutrice dénonçant la maltraitance.
Multipliant les récompenses, Émilie Dequenne remporte le Prix de la Révélation féminine au festival du film de Cabourg, en 2001, pour son interprétation dans Le pacte des loups, aux côtés de Vincent Cassel et Jean Yanne, notamment. Prix de la meilleure actrice pour son rôle de jeune fille complexée dans Oui, mais... au Festival d’Avanca, en 2002, elle reçoit encore le trophée de la meilleure actrice pour son rôle dans La fille du RER d’André Téchiné, en 2009 et le prix d’interprétation féminine pour La Meute au Festival New York City Horror 2010.
En 2012, son interprétation convaincante d’une maman qui en vient à tuer ses quatre enfants, dans À perdre la raison, de Joachim Lafosse, lui vaut le Prix d’Interprétation féminine (sélection « Un certain regard ») au Festival de Cannes, ainsi que le Prix FIPRESCI de la meilleure actrice dans un film de langue étrangère au Festival international du film de Palm Springs, l’année suivante, ainsi que le Magritte 2013 de la meilleure actrice.
En 2014, son rôle de jeune femme célibataire, coiffeuse à Arras, faisant la rencontre d’un professeur de philosophie parisienne marque la comédie romantique et sociale de Lucas Belvaux. Pour ce rôle dans Pas son genre, elle est consacrée meilleure actrice au festival de Cabourg 2014 et y reçoit le Swann d’Or, avant de recevoir le Magritte 2015 du cinéma. Le Magritte 2018 lui est aussi décerné pour sa prestation nuancée et engagée dans un autre film de Lucas Belvaux, Chez nous, au message politique affirmé. Sous la direction d’Emmanuel Mouret, elle tourne Les Choses qu’on dit, les Choses qu’on fait (2020), drame remarqué en dépit de sa sortie en pleine pandémie de Covid-19. Multi-nommé aux César 2021 (quatorze fois), le film de Mouret subit la concurrence d’Adieu les Cons, d’Albert Dupontel, et seule Émilie Dequenne reçoit un César, celui de la meilleure actrice dans un second rôle. Le Festival de Cabourg 2021 lui décerne un nouveau Swann d’Or de la meilleure actrice. Quant à sa participation dans le film Close de Lukas Dhont, elle vaut à Émilie Dequenne le Magritte 2023 de la meilleure actrice dans un second rôle. Sa révélation à Cannes en 1999 dans Rosetta n’était pas qu’un simple éclair dans le ciel.
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-12/2024)
Allociné, http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-29188/biographie/
L’Envers de l’Écran, https://auvio.rtbf.be/media/l-envers-de-l-ecran-l-envers-de-l-ecran-2853911, RTBF, 2005
http://www.linternaute.com/cinema/emilie-dequenne/ (s.v. janvier 2025)
http://www.purepeople.com/article/emilie-dequenne-glamour-et-amoureuse-la-belle-recompensee-devant-les-siens_a143104/1#lt_source=external,manual (s.v. décembre 2014)
Ses films au cinéma
Rosetta (1999)
Le Pacte des loups (2001)
Oui, mais… (2001)
Une femme de ménage (2002)
Mariées mais pas trop (2003)
L’Américain (2004)
L’Équipier (2004)
Le Pont du roi Saint-Louis (2004)
Avant qu’il ne soit trop tard (2005)
Les États-Unis (2005)
La Ravisseuse (2005)
Le Grand Meaulnes (2006)
La Vie d’artiste (2006)
Écoute le temps (2007)
J’ai oublié de te dire... (2009)
La Fille du RER (2009)
La Meute ( 2010)
À perdre la raison (2012)
La Traversée (2012)
Möbius (2013)
Divin Enfant (2014)
Pas son genre (2014)
Par accident (2015)
Maman a tort (2016)
Chez nous (2017)
Les Hommes du feu (2017)
Au revoir là-haut (2017)
Je ne rêve que de vous (2019)
Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020)
Close (2022)
Marinette (2023)
La Fille d’Albino Rodrigue (2023)
Complètement cramé ! (2023)
Double Foyer (2023)
Colocs de choc (2024)
Survivre (2024)
T’Inquiète – TKT (2024)