Dardenne Luc et Jean-Pierre

Commandeur (2011)

Jean-Pierre, l’aîné est né le 21 avril 1951 à Engis et Luc, trois ans plus tard, aux Awirs (Flémalle), le 10 mars 1954. Adolescents, ils grandissent à Seraing, dans la banlieue industrielle de Liège. Cet environnement si particulier les inspirera tout au long de leur carrière et ils y tourneront la plupart de leurs films. 

Jean-Pierre étudie l’art dramatique à l'Institut des arts de diffusion de Bruxelles. Son frère Luc étudie la philosophie avant de le rejoindre en tant qu’assistant de son professeur d’art dramatique. Leurs destins sont déjà plus que liés et ils commencent alors à tourner des vidéos dans différentes cités ouvrières de Wallonie, où ils dénoncent la condition des habitants. 

En 1975, ils créent leur propre maison de production : Dérives. Ils ont la volonté de s’exprimer librement sur les ruptures sociales de la société dans laquelle ils vivent. Ils commencent par des documentaires, une cinquantaine au total, avant de produire des films. En 1978, ils débutent le tournage d’une série documentaire sur la résistance antifasciste ou la mémoire ouvrière en Wallonie. L’art filmique et les aspects sociaux de la vie viennent alors de se rencontrer, deux éléments qui sont à la base du cinéma engagé des frères Dardenne.

En 1987, ils tournent leur premier long-métrage, Falsch, dont ils ont rédigé le scénario. Le film trace le portrait d’un survivant des camps d’extermination. Après Je pense à vous (1992), ils commencent à se faire remarquer des cinéphiles avec La Promesse, en 1996. Le film retrace le pénible quotidien de l'immigration illégale. La réalisation méticuleuse, proche du documentaire, met en exergue l’intensité des émotions. Dès ce moment, les frères Dardenne accumulent les récompenses, qui annoncent la reconnaissance suprême qui ne tardera pas à arriver. 

En 1999, ils décrochent la Palme d’Or du Festival de Cannes avec Rosetta, film sans compromis qui dépeint l’acharnement d’une jeune ouvrière – campée par Emilie Dequenne à qui ce rôle vaudra le prix d’interprétation féminine - face à l’effrayante perspective du chômage. En 2002, ils réalisent Le Fils, qui vaut à Olivier Gourmet le prix d’interprétation masculine. Ils mettent à nouveau en scène Jérémie Renier, en jeune père lâche, dans L'enfant, qui reçoit la Palme d'Or au Festival de Cannes 2005. Ils entrent ainsi dans le cercle très fermé des doubles lauréats de la plus prestigieuse récompense du festival cannois.

En 2008, Le Silence de Lorna, drame sur l'immigration clandestine et le mariage blanc, leur vaut un autre trophée cannois : le Prix du scénario. Ils comptent désormais parmi les metteurs en scène les plus primés de l'histoire du festival. Ils ratent d'ailleurs de peu une troisième palme mais gagnent le Grand Prix pour Le Gamin au vélo en 2011, film qui narre la possibilité pour un jeune garçon abandonné par son père de se choisir une mère d'adoption, incarnée par Cécile de France.

Représentants d’un cinéma militant et réaliste, les frères Dardenne ont su, grâce à une filmographie cohérente, imposer leur style, mais aussi leurs revendications. Ils sont aujourd’hui, avec Ken Loach et Mike Leigh les représentants d'un cinéma social renouvelé, notamment sur le plan narratif et esthétique.

Luc et Jean-Pierre Dardenne avec Jean-Claude Marcourt et Rudy Demotte
Merci pour cette distinction. Elle témoigne de votre intérêt pour la culture.