Zrihen Olga

Politique, Député wallon

Casablanca 10/01/1953

Députée wallonne : 2009-2014 ; 2014-2019

Née au Maroc, Olga Zrihen découvre le nord de la France à la fin des années 1950 au moment où ses parents s’y établissent. Lorsqu’ils déménagent à La Louvière, la jeune fille achève ses études à Lille, avant d’entamer un cursus en langues étrangères à l’Université de Mons où l’étudiante croise la route d’Elio Di Rupo, puis à Heidelberg. Licenciée en traduction de l’École internationale d’Interprètes de l’Université de Mons-Hainaut au milieu des années 1970, professeur d’allemand et d’anglais pendant quinze ans (1976-1991), elle s’engage fortement dans l’action syndicale à La Louvière où elle s’établit en 1981 et est active dans les milieux associatifs culturels et sociaux. Chargée de la direction du Service de la Formation des Cadres à la Direction générale des Affaires culturelles de la province du Hainaut, elle devient aussi Chef de Cabinet du député permanent Pierre Dupont (1991-2001), en charge du Budget, de la Culture, du Logement et de la Santé.

Présidente de l’Union socialiste communale de La Louvière, membre du Bureau du PS, elle s’engage aux côtés de Willy Taminiaux dans la campagne électorale municipale d’octobre 2000 avec comme ambition de faire reculer l’extrême-droite. Alors que Franco Dragone revient « décrocher la lune » et que le club de football accède à la division 1, le PS de Willy Taminiaux est plébiscité (29 conseillers sur 41) et l’objectif « zéro élu FN » est atteint. Toujours citoyenne française, Olga Zrihen décroche son premier mandat au Conseil communal de La Louvière, mais il ne s’agissait pas là de sa première participation à une campagne électorale.

Onzième candidate au Sénat en mai 1995, troisième candidate suppléante lors du scrutin européen du 13 juin 1999, elle bénéficie d’une série de circonstances favorables qui lui permettent de devenir eurodéputée : après la nomination de Philippe Busquin comme commissaire européen (remplacé par J-M. Dehousse), Freddy Thielemans devient bourgmestre (remplacé par J. Santkin), puis c’est au tour de Claude Desama, lui aussi bourgmestre, mais à Verviers. En avril 2001, Olga Zrihen entre au Parlement européen de Strasbourg et Bruxelles, chargée des dossiers Industrie, Recherche, Énergie et Commerce. Jusqu’en 2004, elle s’investit dans les dossiers relatifs à la défense des Services publics, à la Politique industrielle, au Développement nord-sud, à la Recherche et à l’Énergie, en tant que rapporteuse pour le groupe socialiste européen. En juin 2003, elle fait partie des rares députés qui s’opposent à l’adoption de la directive européenne libéralisant le marché de l’énergie. Outre son engagement en faveur d’une citoyenneté européenne, elle milite en faveur de l’égalité des genres, notamment comme vice-présidente de la Commission « Femmes » du Parlement européen. Membre suppléante du Comité des Régions de l’Union européenne, elle développe une série de projets de terrain en ayant recours aux soutiens européens. Elle est aussi vice-présidente du Comité des femmes socialistes européennes. 

Quatrième effective sur la liste européenne en 2004, en place de combat, la dynamique eurodéputée contribue au succès du PS à ce scrutin (36%, + 10% par rapport à 1999), mais ne réalise que le 7e score de la liste (29.045 vp), largement dépassée par les 63.000 voix de Michel Daerden… dont le siège revient à son suppléant, tandis que le 3e effectif bénéficie du report des voix de tête, Elio Di Rupo ayant rassemblé plus de 483.000 voix de préférence. Malgré le gain d’un siège, Olga Zrihen est privée de Parlement européen, mais le PS la coopte au Sénat de Belgique, où elle remplace Christiane Vienne qui est nommée ministre wallonne (juillet 2004). 

À la Haute Assemblée, la Louviéroise est membre de la Commission Relations extérieures et Défense et membre du Comité d’avis pour l’Égalité des Chances hommes femmes. Mesures contre l’endettement, gratuité lors de la clôture des comptes bancaires, lutte contre la pauvreté et contre l’exclusion, démarches fiscales favorisant le mécénat culturel, congé parental rémunéré, initiatives en faveur des sans-papiers figurent parmi les initiatives de la sénatrice qui participe aussi au Forum social mondial de Porto Alegre. Son activité politique est récompensée par une place de première suppléante au scrutin fédéral du 10 juin 2007 ; candidate au Sénat dans le collège électoral français, elle rassemble 22.027 vp, tandis que le PS perd 7% et 2 sénateurs directs. Bénéficiant du désistement de Ph. Busquin qui reste eurodéputé, elle prolonge son mandat au Sénat, comme élue directe cette fois.

Élue à la présidence de la Fédération socialiste du Centre et de Soignies (octobre 2004), et première femme à accéder à cette fonction, elle se voit confier ainsi la préparation du scrutin communal d’octobre 2006, d’assurer le renouvellement des cadres, d’ouvrir le parti davantage sur la société civile et de régler les dossiers difficiles (Foyer louviérois, code de déontologie, etc.), tout en veillant à sa propre réélection.  Présidente du Comité subrégional de Mons-Borinage du Forem (mars 2004), fondatrice du Collectif Contraception de La Louvière, cofondatrice et animatrice de la Télévision régionale Antenne Centre, elle occupe la 7e place sur la liste socialiste emmenée par Willy Taminiaux (6.514 vp), aux communales de 2006 à La Louvière. Si le PS dépasse la barre des 41%, l’électeur lui a adressé un signal très clair : avec 20 sièges sur 41, le PS ne détient plus la majorité absolue, ayant perdu 9 mandats et 14% des suffrages par rapport à 2000. À l’heure de choisir un partenaire de majorité, le PS louviérois se déchire ; Willy Taminiaux claque la porte et le PS désormais emmené par Jacques Gobert forme majorité avec le MR (16,7%, 7 sièges) et l’UDSC (5,8%, 2), tandis que le Front national a refait son apparition avec 3 élus au Conseil communal (8,5%). Dans le nouveau Collège, Olga Zrihen (1.179 vp) reçoit l’échevinat des Travaux et des Régies. En octobre 2012, elle reste à l’écart de la gestion communale louviéroise pour se consacrer à ses autres mandats, en dépit de ses 1.317 vp et de son 5e score sur la liste d’un PS qui retrouve la majorité absolue (50%, et 25 sièges sur 41).

En janvier 2009, c’est Olga Zrihen que choisit la direction du PS pour remplacer Anne-Marie Lizin à la questure du Sénat. Elle est également encouragée à se présenter au scrutin régional du 7 juin 2009 dans la circonscription de Soignies. Depuis 1995 et les premières élections régionales organisées au suffrage universel direct, des quatre sièges attribués à la circonscription, deux reviennent au PS, un au MR et un au cdH. Il s’agit par conséquent d’assurer, derrière Marc de Saint-Moulin la continuité de la lignée socialiste entamée par Léon Hurez et suivie par Colette Burgeon, J-J. Delhaye, Richard Gondry, Jean-Paul Van Crombruggen, Willy Taminiaux et Maurice Bodson. Malgré un recul de 4,5%, le PS (36%) conserve ses deux élus et Olga Zrihen (4.559 vp) quitte le Sénat pour siéger au Parlement wallon. La surprise dans la circonscription est venue d’Écolo qui a pris son siège au cdH. Remplacée comme sénatrice directe par Franco Seminara, Olga Zrihen retrouve rapidement son nouveau collègue, car la députée wallonne est choisie par son parti comme sénatrice de Communauté (où elle remplace Joëlle Kapompolé). Cette fonction la contraint cependant à renoncer à son mandat d’échevine de La Louvière. 

Deuxième suppléante lors du scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010 dans la circonscription du Hainaut (7.255 vp), Olga Zrihen se concentre désormais sur les questions qui se traitent en Wallonie, tout en représentant cette région à la Haute Assemblée. À Namur, elle est membre de la Commission des Affaires intérieures et du tourisme et du Comité d’avis chargé des questions européennes. Le dossier Durobor est l’un de ceux qui mobilisent la députée wallonne durant la législature.

En décembre 2011, lorsqu’Elio Di Rupo devient Premier ministre, elle accède à la vice-présidence du PS. Par ailleurs, l’accord très laborieusement obtenu pour la formation du gouvernement fédéral prévoit un volet institutionnel. Au Sénat, elle fait partie des parlementaires qui adoptent, parmi beaucoup d’autres textes législatifs, l’ensemble des dispositions de cette 6e réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions, le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées et la réforme profonde du Sénat. En 2013-2014, la députée wallonne est membre de la Commission spéciale relative à la mise en œuvre de la 6e réforme de l’État.

Afin de gérer toutes ces nouvelles compétences transférées à la Wallonie, Olga Zrihen est fort logiquement tête de liste PS aux élections régionales du 25 mai 2014. Malgré un recul de 1,5%, le PS reste le premier parti de la circonscription de Soignies et il conserve ses deux représentants. Olga Zrihen (7.490 vp) prolonge son mandat au Parlement wallon, où elle préside la Commission de l’Emploi et de la Formation (2014-juillet 2017) et est membre de la Commission spéciale relative à la mise en œuvre de la 6e réforme de l’État. Elle est aussi membre de la Commission des Affaires générales et des Relations internationales, de la Commission de Contrôle des Dépenses électorales et des Communications, et de la sous-Commission de Contrôle des licences d’armes. En juillet 2014, elle est désignée comme représentante de la Wallonie dans le nouveau Sénat des entités fédérées et, en octobre, elle devient l’une des vice-présidentes de cette assemblée nouvelle mouture.

Dès novembre 2014, à Namur, Olga Zrihen est aussi membre de la Commission d’avis chargée de Questions européennes, créée pour la toute première fois au sein du Parlement wallon. Il s’agit de se saisir des éventuels futurs traités internationaux en amont et de manière proactive, plutôt que de les subir en aval dans un simple rôle de ratification. En l’occurrence, l’analyse des enjeux des traités de libre-échange négociés par la Commission européenne (TTIP, CETA, ACS) se retrouve au cœur des travaux de cette Commission d’avis qui se réunit plus d’une trentaine de fois et auditionne une vingtaine d’experts de très haut niveau (2014-2016). Le 14 octobre 2016, instruite par sa commission et poussée par la société civile, l’assemblée plénière adopte la résolution que portent Olga Zrihen, Marie-Dominique Simonet et Hélène Ryckmans ; elle va marquer les esprits. Par 47 oui (PS-cdH-Ecolo-PTB-indép.) et 16 non (MR), le Parlement de Wallonie refuse de déléguer ses pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral pour la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada. Le ministre-président wallon, Paul Magnette, est chargé de faire valoir le point de vue majoritaire wallon auprès des autorités européennes. Après une semaine de crise internationale inédite et de rudes négociations, le Parlement de Wallonie donne son accord au CETA (58 oui, 5 non), dès lors que l’Europe prend en considération ses doléances de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). Olga Zrihen soutient cette solution qui a mobilisé beaucoup de son énergie : elle restera attentive à ce dossier jusqu’au terme de la législature, réclamant – en vain – des mécanismes de suivi et d’évaluation.

Entre questions orales et questions écrites, la députée wallonne intervient aussi dans des dossiers qui concernent la région du Centre, notamment lorsqu’il est question de modifier les circonscriptions électorales wallonnes. Elle adoptera le décret spécial wallon qui, notamment, instaure une « nouvelle » circonscription électorale du Centre/Soignies La Louvière, composée des dix communes de Binche, Braine-le-Comte, Écaussinnes, Estinnes, La Louvière, Le Rœulx, Manage, Morlanwelz, Seneffe et Soignies, et qui envoie désormais cinq représentants à Namur (25 janvier 2018). Manifestant son soutien en faveur d’une stratégie ferroviaire wallonne, elle prend une part active dans la mise en place de la la réforme des points APE, de la simplification de ces aides sous la forme de nouvelles Impulsions. Elle avait tenté aussi un texte de résolution demandant la reconnaissance formelle par la Belgique de l'Etat de Palestine (2014). Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle intègre la Commission de Coopération avec les Régions et la Commission de l’Éducation. En 2015, elle dépose un rapport sur le Projet de décret relatif à l'organisation d'un cours et d'une éducation à la philosophie et la citoyenneté. 

Présidente de la section locale de Présence et Action culturelles (PAC), présidente de la Caisse des Pensions des Sénateurs, vice-présidente de la Maison de la Laïcité de La Louvière, du Centre dramatique de Wallonie pour l’Enfance et la Jeunesse, Olga Zrihen est encore administratrice du Centre culturel de Colfontaine, de la Communauté urbaine du Centre (CUC), de l’Institut Destrée, de la Croix rouge de La Louvière, du Relais social urbain, de la régionale du Centre-Mons-Borinage de Lire et Écrire.

Dès que se met en place la Commission d’enquête parlementaire chargée d'examiner la transparence et le fonctionnement du Groupe « Publifin » (février 2017), c’est à Olga Zrihen qu’en est confiée la présidence. En mars, elle cède la présidence de la Commission Emploi à Virginie Gonzalez-Moyano afin de pouvoir se consacrer entièrement, pendant de longues semaines, au pilotage des réunions, auditions et travaux de la Commission d’enquête Publifin (39 réunions, 52 témoins auditionnés). Les investigations aboutissent finalement à la rédaction d’un important rapport dont le texte final et les recommandations, présentés début juillet, sont adoptés à l’unanimité du Parlement de Wallonie (12 juillet). 

Pourtant, à ce moment, l’assemblée wallonne est secouée par de vives tensions provoquées par l’appel du 19 juin de Benoît Lutgen. Se disant lassé par la récurrence des affaires où sont impliqués des socialistes, le président du cdH invite à mettre un terme à toute gouvernance avec eux. Le 28 juillet, les 38 députés cdH et MR votent la motion de défiance constructive qui scelle le sort du gouvernement de Paul Magnette et installe le gouvernement de Willy Borsus. 

Désormais dans l’opposition à Namur, Olga Zrihen cède la présidence de la Commission Affaires générales à Nicolas Tzanetatos et en devient vice-présidente. Durant cette législature inédite, la députée a l’occasion d’adopter une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. Intervenant dans plusieurs situations ponctuelles, elle est aussi porteuse de résolutions destinées à soutenir les droits de l’homme à travers le monde. La lutte contre les discriminations et pour la transparence dans la gouvernance, la lutte contre les inégalités sociales et le changement climatique sont au cœur de ses interventions.

En cinquième place aux européennes du 26 mai 2019, elle ne brigue plus de mandat parlementaire, malgré ses 26.165 vp dans le Collège électoral français. En octobre 2018, en occupant l’avant-dernière place sur la liste PS emmenée par Jacques Gobert à La Louvière, elle avait signé le 5e résultat PS et le 7e tous partis confondus (1.062 vp), lui ouvrant les portes du Conseil communal, voire celle du Collège. Ayant perdu près de 7%, le PS (43,4%) a conservé sa majorité absolue (24 s. sur 43, -1). C’est en conseillère communale qu’elle achève son carrière politique en 2024.

 

Mandats politiques

Conseillère communale à La Louvière (2001-2024)
Députée européenne (2001-2004)
Sénatrice cooptée (01/06/2004-28/06/2007)
Echevine (2006-07/2009)
Sénatrice directe (2007-06/2009)
Députée wallonne (2009-2019)
Sénatrice de Communauté (06/2009-2014)
Sénatrice représentant la Wallonie (2014-2019)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont Le Soir, 19 mai 2005 ; L’Avenir, 19 décembre 2023

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)