Di Rupo Elio

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Morlanwelz 18/07/1951

Député wallon : 1988-1989* ; 1992-1995 ; 2009-2010*
10e ministre-Président wallon : 1999-2000*
Ministre-Président wallon : *2005-2007* 
Ministre-Président du Gouvernement de Wallonie : 2019-2024

Benjamin d’une famille nombreuse italienne des Abruzzes ayant trouvé du travail dans le Borinage, Elio Di Rupo grandit à Morlanwelz, où il accomplit ses humanités à l’Athénée puis à l’Institut technique (1970), avant d’étudier les Sciences à l’Université de Mons-Hainaut. Docteur en Chimie, il est assistant à l’Université de Leeds (1977-1978), puis au Service de Chimie générale et de Sciences des matériaux de l’Université de Mons-Hainaut (1978). Chercheur scientifique à l’Institut interuniversitaire des matériaux (1979), il devient directeur de recherche à l’Université de Mons (1982). À partir de novembre 1990, il y est chargé d’enseignement à la Faculté des Sciences psychopédagogiques.

Militant dans les rangs des Jeunesses socialistes (1977), conseiller communal élu à Mons en octobre 1982, il entre au Cabinet de Jean-Maurice Dehousse, en charge de l’Économie wallonne, devient successivement attaché de Cabinet, puis chef de Cabinet adjoint auprès de Philippe Busquin, ministre wallon du Budget et de l’Énergie (1981-1985). Nommé inspecteur général au département de l’Énergie du Ministère de la Région wallonne (1985-1987), il devient échevin de la Santé, de la Rénovation urbaine et des Affaires sociales de Mons (janvier 1986-décembre 1987), avant de décrocher un siège de député dans l’arrondissement de Mons lors du scrutin de décembre 1987, ce qui lui donne le droit de siéger au Conseil régional wallon (1988-1989).

Si son score personnel lui permet de revendiquer le maïorat montois en octobre 1988, Elio Di Rupo joue la carte de l’apaisement au sein de sa famille politique, décroche un mandat européen en 1989, avant de retrouver la politique belge, en étant élu au Sénat (scrutin du 21 novembre 1991), dans l’arrondissement de Mons-Soignies. Avant de siéger à Strasbourg, le député montois a eu le temps d’adopter les accords institutionnels difficilement négociés par Guy Spitaels et qui conduisent à la régionalisation d’importantes compétences, à la communautarisation de l’enseignement et la création de la Région de Bruxelles-Capitale. Sénateur, il vote aussi, en 1993, l’approfondissement de la réforme des institutions : la reconnaissance du caractère exclusif des compétences régionales, l’élection directe des parlementaires wallons et flamands, le principe de l’autonomie constitutive de la Wallonie et de la Flandre, la scission de la province de Brabant, la réorganisation de la Chambre et du Sénat et la fin des cumuls (soit parlementaire soit ministre, soit le fédéral soit le régional). Il vote également la modification de l’article 59 quinquies de la Constitution qui permet désormais le transfert de compétences communautaires vers les Régions.

Depuis janvier 1992, Elio Di Rupo a accédé à des fonctions ministérielles. Il est responsable du portefeuille de l’Éducation dans le gouvernement de la Communauté française présidé par Bernard Anselme (7 janvier 1992). Refinancement et réforme de l’école sont au programme du ministre qui hérite aussi du volet Audiovisuel et de la Fonction publique en mai 1993. En janvier 1994, la démission de Guy Coëme, Guy Spitaels et Guy Mathot provoque de nouvelles modifications dans les exécutifs : quittant le gouvernement de la Communauté française, Elio Di Rupo remplace Guy Coëme dans le gouvernement fédéral comme vice-Premier ministre et ministre des Communications et des Entreprises publiques (23 janvier 1994-23 juin 1995). À 42 ans, il devient le chef de file du PS au fédéral et va le rester jusqu’en 1999.

Lors du scrutin du 21 mai 1995, Elio Di Rupo opte pour la Chambre fédérale, où il va être régulièrement réélu, siégeant dans cette assemblée entre 2000 et 2005, 2007 et 2009, 2010 et 2011, 2014 et 2019. Vice-Premier ministre, en charge de l’Économie et des Télécommunications dans le gouvernement Dehaene II (23 juin 1995-12 juillet 1999), Elio Di Rupo accède à la présidence du gouvernement wallon le 12 juillet 1999. Depuis Alfred Califice, en 1974, il est le dixième ministre à présider un exécutif wallon. Chargé de la coordination du gouvernement wallon, des Fonds structurels, des Relations internationales, des « Relations intra-belges », du Comité de concertation gouvernement fédéral-gouvernements de Communautés et Régions et des relations avec le Parlement, le ministre-Président wallon lance le « Contrat d’Avenir pour la Wallonie », plan destiné à mobiliser les forces vives de Wallonie autour de priorités partagées. Dans le même temps, élu pour la première fois au suffrage universel des membres, il accède à la présidence du PS (9 octobre 1999). Remettant à Jean-Claude Van Cauwenberghe les clés de l’Élysette au printemps 2000 (4 avril), il est candidat bourgmestre à Mons. Chef du groupe PS au conseil communal depuis deux législatures, il succède à Maurice Lafosse le 1er janvier 2001, s’appuyant sur une solide majorité absolue qui s’ouvre pourtant au PRL de Richard Miller.

Vice-président de l’Internationale socialiste (novembre 1999), membre de la Convention sur l’avenir de l’Europe (2002), ministre d’État (2002), informateur royal (juin 2003) et négociateur des majorités depuis les années ‘90, Elio Di Rupo engage son parti dans une nouvelle alliance fédérale avec les seuls libéraux, sous la conduite de Guy Verhofstadt, en 2003. Par comparaison avec les années 1991-1999, le PS vit une période de sérénité que son président veut préserver, laissant MR, cdH et Écolo se quereller entre eux. Cependant, les scrutins régionaux et européen voient PS et MR s’affronter durement et, dès juillet 2004, le PS tourne le dos aux libéraux pour s’allier au cdH à la Région wallonne. Avec le Contrat d’Avenir actualisé et le Contrat stratégique pour l’École, l’exécutif wallon et son homologue communautaire s’engagent dans une politique de synergies accrues au niveau francophone. L’accord PS-cdH s’intitule Wallonie-Bruxelles, 2004-2009 : une dynamique positive pour chacun

S’appuyant sur Karl-Heinz Lambertz, Jean-Claude Van Cauwenberghe, Charles Picqué et Marie Arena, autant de ministres-Présidents socialistes, l’homme fort du PS incite la Wallonie à faire plus vite et mieux. « Il faut un plan Marshall à l’échelle de la Wallonie » (L’Écho, 11 juin 2005). Les démarches antérieures du ministre Jean-Claude Marcourt permettent de mettre au point le « Plan d’actions prioritaires pour l’avenir wallon » dès la rentrée parlementaire de septembre 2005, moment où J-C. Van Cauwenberghe fait l’objet de nombreuses attaques médiatiques. Pour se défendre, le Carolorégien décide de renoncer à l’Élysette. Considéré par les médias comme le père spirituel du Plan Marshall, Elio Di Rupo finit par accepter de reprendre la présidence du gouvernement wallon (6 octobre 2005). Pilote du Plan Marshall, bourgmestre empêché, le ministre-Président wallon conserve la présidence du PS afin de pouvoir « continuer son œuvre de rénovation ». Après avoir passé le cap des communales de 2006 et des élections fédérales du 10 juin 2007, Elio Di Rupo confie la présidence du gouvernement wallon à Rudy Demotte et reprend à temps plein la présidence du PS (juillet 2007), au moment où s’amorcent de longues et difficiles négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral. Critique à l’égard des négociateurs de « l’orange bleu », le PS réclame la constitution d’un Front francophone solide, affirme son attachement à l’unité belge et soutient les divers gouvernements « d’union nationale » qui se mettent alors en place avec des ministres PS, cdH, MR, VLD et CD&V (2007-2010). Élu député wallon au scrutin régional du 7 juin 2009, Elio Di Rupo siège à Namur pendant un an. 

Président du PS, il doit constater l’échec du gouvernement Leterme II sur la question de BHV, suite à l’ultimatum de l’Open VLD et de son président Alexander De Croo. Le scrutin fédéral anticipé du 23 juin 2010 se transforme en un véritable succès pour le PS. À l’exemple du Hainaut où le PS réalise un résultat historique (11 sièges, 48,18%) et où sa tête de liste est plébiscitée par plus de 200.000 électeurs (203.758 précisément), le PS reprend au MR le leadership en Wallonie et à Bruxelles, tandis que du côté flamand, la N-VA – séparée du CD&V – devient la première force politique du pays. Quittant son siège au Parlement wallon, Elio Di Rupo décide de siéger à la Chambre fédérale durant toute la durée de la formation d’un nouveau gouvernement fédéral.

Alors que les entités fédérées assurent sereinement la continuité de l’État, le « fédéral » connaît sa plus longue crise politique : 541 jours de réunions, de crispations, de rebondissements, de notes et de discussions seront nécessaires pour que se dégagent un premier accord sur le volet institutionnel (octobre), puis un second sur le volet socio-économique (décembre). Le 6 décembre 2011, Elio Di Rupo devient le Premier ministre du nouveau gouvernement fédéral ; premier à bien des égards, puisque, depuis Edmond Leburton (1974) et depuis que la Belgique s’est radicalement transformée en un État fédéral, aucun Wallon et aucun socialiste n’a occupé le 16 rue de la Loi. Par ailleurs, après Yves Leterme, il est le deuxième ancien ministre-Président d’une entité fédérée à devenir Premier ministre de l’État fédéral.

En raison de ses nouvelles fonctions, Elio Di Rupo est remplacé à la Chambre fédérale par Bruno Van Grootenbrulle. À la tête du PS, Thierry Giet assure l’intérim, organisant notamment la campagne électorale pour le scrutin communal. À Mons, où il est à nouveau candidat, le bourgmestre empêché est véritablement plébiscité (14.378 voix de préférence en octobre 2012), mais il reste bourgmestre en titre, Nicolas Martin assurant la continuité de la coalition PS (55%) – MR (17,9%). Au fédéral, au-delà des questions socio-économiques, le Premier Ministre veille notamment à la bonne exécution des accords institutionnels entre tous les partis de sa majorité : PS-CD&V-MR-Open VLD-SP.A-cdH. Durant la courte législature 2011-2014, sont adoptées les nombreuses dispositions de la 6e réforme de l’État, dont la scission de BHV, la transformation profonde du Sénat en une assemblée des entités fédérées, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions, la nouvelle loi de financement des communautés et des régions, ainsi que le transfert d’importantes compétences, notamment en sécurité sociale, vers les entités fédérées.

À nouveau tête de liste dans la circonscription du Hainaut le 25 mai 2014, Elio Di Rupo est réélu à la Chambre fédérale avec le soutien de 181.964 électeurs. Très vite, en compagnie de Paul Magnette qui a succédé à Thierry Giet à la présidence du PS, Elio Di Rupo négocie avec le cdH et parvient à un accord de majorité rouge romaine en Wallonie, en Fédération Wallonie-Bruxelles et, en associant le FDF et des partis flamands, en Région de Bruxelles-Capitale. Avec la désignation de Paul Magnette à la présidence du gouvernement wallon, Elio Di Rupo retrouve la présidence officielle du PS (juillet 2014) ; député fédéral, il reprend également sa fonction de bourgmestre de Mons. Quand le MR de Charles Michel parvient à un accord de majorité avec l’Open VLD, le CD&V et la N-VA, le PS se retrouve dans l’opposition au niveau fédéral. Souhaitant obtenir la confirmation de la confiance des militants pour entamer la nouvelle législature, Elio Di Rupo remet le choix de la présidence du parti au suffrage des adhérents. Avec un score de 93,6%, ceux-ci lui accordent une légitimité entière pour un 4e mandat (novembre 2014). à la Chambre, Elio Di Rupo veille à défendre le bilan de son gouvernement et mène une opposition décidée au gouvernement de Charles Michel, où les libéraux minoritaires sont les seuls à représenter la Wallonie et Bruxelles.

En janvier 2015, le maïeur de Mons inaugure le programme des nombreuses activités de « Mons 2015, capitale européenne de la culture ». En avril 2016, le bourgmestre annonce au président du MR que la confiance est rompue avec le partenaire libéral, privant ainsi Georges-Louis Bouchez d’une place dans le Collège communal. Le PS signe alors un nouveau pacte de majorité avec le cdH jusqu’à la fin de la législature. Lors du scrutin communal d’octobre 2018, la liste du PS montois est emmenée par Nicolas Martin (10.681 vp) et poussée par Elio Di Rupo (7.664 vp) qui donne ainsi le signe de la passation de pouvoir au niveau montois. Malgré un recul de près de 11% et la perte de 6 sièges, le PS conserve la majorité absolue et choisit écolo comme nouveau partenaire pour diriger la cité du Doudou (2018-2024). 

La préparation du triple scrutin du 26 mai 2019 est le dernier défi d’Elio Di Rupo en tant que président du PS. Malgré des résultats en recul, le PS se maintient comme force politique incontournable. En Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, le PS est une composante majeure des nouvelles majorités qui se mettent en place dès l’été 2019 ; il faudra attendre octobre 2020, soit 492 jours depuis les élections ou 662 jours si l’on considère la chute du gouvernement Michel, pour que se forme le gouvernement Vivaldi d’Alexander De Croo, composé des familles socialistes et libérales, ainsi que du CD&V. Tête de liste PS dans la circonscription du Hainaut, Elio Di Rupo y a récolté 125.009 suffrages et maintenu son parti à plus de 34% avec 8 députés fédéraux. Il crée cependant la surprise en décidant de retrouver pour la troisième fois la présidence du gouvernement wallon, à la tête d’une coalition PS-MR-écolo, dès septembre 2019. Remplacé au Parlement fédéral par Philippe Tison, il cède aussi la présidence du PS, où Paul Magnette est élu. 

Présentée en septembre 2019, la Déclaration de politique régionale fixe des objectifs précis à la majorité arc-en-ciel en Wallonie. Elle accorde une égale importance aux préoccupations prioritaires des trois partis de la coalition : des réformes sociales pour le PS, économiques pour le MR et climatiques pour Écolo ; quant à l’initiative Get up Wallonia, renouant avec l’esprit des Plans Marshall, elle doit mobiliser les énergies autour d’axes structurants en se fixant des objectifs ambitieux à long terme. La législature wallonne réserve cependant son lot d’événements inattendus : la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, sous oublier le remue-ménage médiatico-politique autour des Pfas et la mobilisation des agriculteurs.

À peine installé à l’élysette, le ministre-Président intervient de manière déterminante dans le dossier Nethys ; avec le ministre Pierre-Yves Dermagne qui exerce ainsi son pouvoir de tutelle, il met fin à la saga de l’intercommunale liégeoise. Après avoir cassé une série de décisions (dont la vente des trois filiales Elicio, Voo et Win) et fait tomber le conseil d’administration dont Stéphane Moreau, le dossier est confié au parquet général de Liège.

Dès mars 2020, ce que l’on appelle alors le Coronavirus interrompt la marche du monde. Pour faire face à un fléau inconnu qui frappe les plus fragiles, le gouvernement wallon reçoit du parlement l’autorisation d’exercer des pouvoirs spéciaux. En concertation avec les autres entités fédérées et le fédéral, tous les ministres wallons sont concernés, surtout ceux qui gèrent les dossiers de santé, les affaires sociales, l’activité économique, le budget, la sécurité, etc. Faisant la synthèse entre les rapports, les réunions, les avis d’expert et les sollicitations multiples de la société, le ministre-Président coordonne dans l’urgence et devant l’inconnu une multitude de décisions pour préserver l’intérêt général, ainsi que tous les secteurs plongés dans une inactivité totale. Au sein du Comité de Concertation, Elio Di Rupo fait entendre la voix de la Wallonie et contribue à la prise de décisions communes à l’ensemble du pays. Après les deux premières vagues de la Covid-19 et les mesures de confinement et de protection imposées, viendront la période des vaccinations et de leur organisation, enfin celle des bilans et de l’évaluation, plusieurs centaines de milliers d’€ étant consacrés, par la Wallonie, pour faire face à cette crise inédite.

Cette crise exceptionnelle n’exempte pas de gérer l’ordinaire. Dans le même temps, en effet, l’exécutif wallon active plusieurs programmes d’investissement, dont 1,2 milliard d’€ pour rénover 25.000 logements publics, et 2 milliards d’€ pour le Plan Infrastructures 2020-2026. Annoncé le 22 avril 2020, un plan de relance massif est aussi inscrit à l’ordre du jour. Nommé Get up Wallonia !, ce nouveau plan structurant intègre les objectifs de la DPR pour la législature en cours et vise à transformer et préparer la Wallonie à l’horizon 2030. En novembre et décembre 2020, les citoyens sont consultés via internet ; des milliers de propositions sont exprimées. Dans le même temps, le gouvernement wallon répond à la Commission européenne en adressant sa liste de 25 dossiers prioritaires (pour près de 2 milliards €) au secrétaire d’état fédéral, Thomas Dermine, qui synthèse les projets belges susceptibles de bénéficier des aides européennes dans un Plan Pour le Reprise et la Résilience (PRR) (janvier 2021). En avril 2021, le Conseil stratégique de Get Up Wallonia ! dépose un rapport de synthèse organisé autour de 5 axes de développement, de 18 mesures et de 51 actions concrètes issues de plus de 400 propositions structurées (avril 2021) : améliorer la formation, rénover les logements, cultiver le goût d’entreprendre, lutter contre la pauvreté et le réchauffement climatique. Tout en misant davantage sur sa jeunesse, la Wallonie devrait revoir en profondeur ses modes de gouvernance. Pour mieux communiquer est alors opérée la fusion de Get Up Wallonia !, du volet wallon du Plan de relance européen, ainsi que du Plan wallon de transition adopté dès 2019 ; naît alors un Plan wallon de relance doté, si on ajoute les aides européennes venant des fonds de cohésion (Feder, Fonds social, etc.), de près de 10 milliards d’€ à mobiliser pour sortir de la Covid et construire l’avenir (mai 2021). 

A peine présenté, notamment lors du Discours sur l’état de la Région, ce Plan subit un nouveau contretemps. Encore marquée par la crise sanitaire, la Wallonie subit un second fléau en juillet 2021 avec les inondations catastrophiques qui ravagent plus de 200 des 262 communes wallonnes, provoquent la mort de 39 personnes, transforment 100.000 personnes en sinistrés et entraînent des dégâts pour plusieurs milliards d’€. Là encore, des aides publiques de plusieurs centaines de millions sont consenties pour venir en aide aux sinistrés. Tout en soutenant les assurances, le ministre-Président wallon et tout son gouvernement se mobilisent, parant au plus pressé. Tous les services publics de Wallonie sont concernés (Sowalfin, CRAC, Sogepa, SPW, communes, provinces, CPAS, etc.) ; toutes les ressources et tous les moyens sont activés pour rencontrer cette nouvelle priorité imprévue, son urgence et ses lourdes conséquences. Deux milliards d’€ provenant du Plan wallon de relance sont dédiés à reconstruire la Wallonie sinistrée. Du gouvernement fédéral, la Wallonie obtient un prêt remboursable de 1,1 milliard de la part de la Banque européenne d’investissement (une partie pour la rénovation des logements publics déjà prévue, l’autre partie pour la reconstruction des berges).

Les finances wallonnes s’en ressentent. Alors que la DPR prévoyait des mesures « basculantes » pour réduire le déficit structurel, les dépenses liées à la Covid-19 et aux inondations gonflent la dette régionale. En charge du Budget et des Finances, le libéral Jean-Luc Crucke prend des mesures pour que soit respectée la trajectoire du budget « courant », mais sa réforme fiscale suscite l’émotion dans les rangs du MR et, en janvier 2022, le ministre Crucke démissionne. Après le départ de P-Y. Dermagne pour le gouvernement fédéral (octobre 2020), il s’agit de la seule modification dans l’équipe très stable du gouvernement Di Rupo III durant la législature.

Quant au Plan wallon de Relance, après avoir été critiqué par l’opposition au Parlement de Wallonie, il fait l’objet d’un tir de barrage conjoint de la FGTB et de l’UWE quand sont présentées plus de 300 mesures, fruits de l’arbitrage du gouvernement (fin 2021). Face aux critiques de saupoudrage, d’absence de cohérence et d’axes structurants du Plan, et d’absence du Conseil économique, social et environnemental de Wallonie dans la concertation, le ministre-Président reprend sa copie et engage une démarche originale de co-construction avec l’ensemble des partenaires syndicaux, patronaux et environnementaux (février-mars 2022). En septembre, un accord unanime est trouvé autour d’un Plan de Relance wallon amendé. Fil rouge de l’action gouvernementale, il s’articule autour de 42 mesures prioritaires et est doté de près de 7 milliards d’€. Certains projets ont été abandonnés, l’aide européenne a été rabotée de 350 millions € quand survient la montée de l’inflation alimentée par la flambée du prix de l’énergie, consécutive à l’attaque russe contre l’Ukraine. Cette crise internationale a des conséquences sur la dette wallonne, mais elle n’empêche pas l’engagement des projets du Plan wallon de Relance dont la réalisation finale est fixée à l’horizon 2030. 

A l’issue de la législature, malgré les crises multiples, l’ensemble du gouvernement wallon présidé par Elio Di Rupo peut accrocher à son tableau une série de décisions inscrites dans la DPR : la réforme des emplois APE, la mise en place des territoires zéros chômeurs longue durée, la promesse de créer plus de 3.000 nouvelles places d’accueil en crèche, des mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes, le nouveau contrat de gestion du Forem, la construction de nouveaux logements sociaux, une réforme du mécanisme des primes pour la rénovation des maisons, la fusion d’une grande partie des outils économiques wallons, des économies structurelles de 250 millions d’euros par an, la réforme du schéma de développement du territoire, une réforme de la fiscalité automobile, le Plan Air-Climat-énergie, etc. En cours de législature, le Premier wallon observait qu’une Belgique à quatre Régions aurait le mérite de la simplicité (mars 2021).

Premier Premier-Ministre fédéral à devenir ministre-Président d’une entité fédérée, Elio Di Rupo a exercé la présidence de trois gouvernements wallons différents, pour un total de 86 mois, soit la plus longue présence à cette fonction (deux mois de plus que Rudy Demotte).

Le 9 juin 2024, Elio Di Rupo emmène la liste PS au scrutin européen, dans le Collège électoral français. Avec 181.797 vp, il réalise le 2e score personnel tous partis confondus, dans le collège électoral français, confirmant les deux sièges « traditionnels » du PS au Parlement européen (20,5%), malgré un recul de 6% par rapport à 2019.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Mons (1983-)
Échevin (1986-1987)
Député (1988-1989)
Membre du Conseil régional wallon (1988-1989)
Député européen (1989-1991)
Sénateur (1992-1995)
Membre du Parlement wallon (1992-1995)
Ministre de la Communauté française (1992-1994)
Ministre et vice-Premier ministre fédéral (1994-1995)
Député fédéral (1995)
Ministre et vice-Premier ministre fédéral (1995-1999)
Député fédéral (1999)
Ministre-Président du gouvernement wallon (1999-2000)
Député fédéral (2000-2005)
Bourgmestre de Mons (2001-2005, 2007-2011, 2014-2018)
Ministre d’État (2002)
Ministre-Président du gouvernement wallon (2005-2007)
Député fédéral (2007-2009)
Député wallon (2009-2010)
Député fédéral (2010-2011)
Premier ministre fédéral (2011-2014)
Député fédéral (2014-2019)
Député fédéral (2019)
Ministre-Président du gouvernement wallon (2019-2024)
Député européen (2024-)

 

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 202-209
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont La Libre, 24/12/2016 ; Le Soir 21 juin 2020, 2 juillet 2020, 3 octobre 2020, 23 décembre 2020, 14 janvier 2021, 8 mars 2021, 7 avril 2021, 1er et 3 décembre 2021, 16, 17 et 18 septembre 2022, 27 septembre 2023, 8 octobre 2023, 5 février 2024
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2000 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures

   

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)