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Buste Henri KOCH

Buste à la mémoire de Henri Koch, réalisé par Jacques de Biolley, 14 septembre 1972.
 
Virtuose, chambriste et professeur, Henri Koch a perpétué à un haut niveau l’école liégeoise du violon. 

Déjà honoré de son vivant, il ne tarda pas à voir son buste prendre place dans l’espace public de Wallonie. 

Trois ans après sa disparition, les autorités de la ville de Liège inaugurent en effet le travail réalisé par le sculpteur Jacques de Biolley et installé au cœur du boulevard Piercot, à deux pas du Conservatoire de Liège et d’autres bustes de musiciens célèbres : Ysaÿe, Thomson, Clokers.


Natif de Liège, Henri Koch (1903-1969) y a fait toute sa carrière et a contribué à son rayonnement musical. Il y a d’abord fait de brillantes études au Conservatoire, en dépit de l’occupation allemande, avant de les poursuivre à Paris auprès du professeur M-E. Hayot. Lauréat de nombreux prix, notamment « médaille vermeil de violon » dans la classe d’Oscar Dossin (1923), il devient 1er violon dans le Quatuor de Liège créé en 1924 par Jean Rogister et, à ce titre, est régulièrement en tournées en Europe comme aux États-Unis. Prix Kreisler 1928, nommé professeur de violon au Conservatoire de Liège (1932-1968), 1er violon du Quatuor Reine Elisabeth (1939-1943), professeur à la Chapelle musicale, il fonde, en 1947, le Quatuor municipal de Liège dont il est le 1er violon, avant de devenir celui de l’Orchestre symphonique de Liège. Fidèle participant aux Concerts d’été de Stavelot, il est aussi le fondateur des Solistes de Liège. Proche des Amis de l’Art wallon, Koch est le premier à enregistrer la Sonate et le Quatuor de Lekeu. Fondateur de l’Association pour la Musique de Chambre (1932), il contribue au renouveau de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment, à partir d’instruments anciens.

Buste Henri Koch (Liège)


Le monument qui est inauguré en septembre 1972, dans le cadre des Fêtes de Wallonie en présence notamment de l’échevin Jean Lejeune, se trouve par conséquent à deux pas de l’endroit où Henri Koch passa une partie importante de son existence. 

C’est à Jacques de Biolley (Bruxelles 1911 – Uccle 1990) que fut confié le soin de réaliser son buste et le socle qui le porte. Jacques de Biolley était un ami du musicien. Lointain descendant des industriels verviétois faisant commerce de la laine depuis le début du XVIIIe siècle, arrière-petit-fils du vicomte Raymond de Biolley (1789-1846), il est à la fois créateur de monnaies, dessinateur, et sculpteur. Autodidacte, il signe ses principaux bas-reliefs dans la région de Stavelot et Malmedy. Là, il réalise surtout le médaillon carré, en bronze, de la botaniste Marie-Anne Libert (1964).

 

 

Sources

José QUITIN et Martine KOCH, dans Nouvelle Biographie nationale, t. I, p. 212-216
Musica et Memoria, http://www.musimem.com/koch_henri.htm (s.v. octobre 2014)
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, Liège, 1995, p. 180
La Vie wallonne, II, 1969, n°326, p. 135-136
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 302

 

 

 

Boulevard Piercot 
4000 Liège

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Paul Delforge

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Statue Charles MARTEL

Professeur à l’Académie de Bruxelles, le sculpteur liégeois Louis Jehotte (1804-1884) a offert ses services à sa ville natale, dès 1855, pour élever sur la place Saint-Lambert une statue équestre de Charlemagne. S’inscrivant dans un mouvement typique du XIXe siècle visant à honorer les « gloires nationales belges », cette proposition a embarrassé les autorités liégeoises tant en raison de la question non résolue à l’époque du lieu de naissance de Charlemagne, que par l’insistance du sculpteur d’installer son œuvre sur la place Saint-Lambert. 

Au milieu du XIXe siècle, la question du lieu de naissance de Charlemagne n’est pas réglée : Belgique, France, Allemagne ? Elle reste d’ailleurs discutée encore aujourd’hui. Cependant, en dépit des protestations de Jehotte, l’emplacement qui est finalement choisi est le boulevard d’Avroy. C’est là que le monument est inauguré le 26 juillet 1868.


Formé à l’Académie de Liège, Louis Jehotte a bénéficié d’une bourse de la Fondation Darchis dans sa jeunesse, et a fait le voyage en Italie (Florence et Rome). Ami d’Eugène Simonis, il est comme lui élève de Mathieu Kessels à Rome (en 1823), avant de séjourner à Paris (1830) et à Copenhague où il fréquente l’atelier de Thorwaldsen (1831). Nommé professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1835, il y enseigne seul cette matière pendant 27 ans (1835-1863), influençant considérablement plusieurs générations d’artistes (Mélot, Bouré, Fiers, Meunier, Desenfans, etc.). Préférant sculpter des sujets religieux, Jehotte se fait rare en monuments publics. 

Pourtant, c’est lui-même qui avance, en 1855, l’idée de Charlemagne, personnage auquel il consacre, avec son ami André Van Hasselt, une importante biographie résultant de vingt ans de recherches. Tenant particulièrement à ce monument, Jehotte a acquis un terrain à Bruxelles (rue de Pachéco) et c’est là qu’il exécute la fonte de cette œuvre colossale, pesant dix tonnes. En 1888, des vandales abîment trois des statues du piédestal et un nouveau procès oppose la ville et le sculpteur qui meurt sans que l’affaire soit réglée. À la veille de la Grande Guerre, la partie inférieure du socle est remplacée. Au début du XXIe siècle, il a été procédé à une rénovation totale du monument qui a retrouvé des couleurs et un large espace de dégagement.


Statue Charles Martel (Liège)Contrairement à l’impression que pourrait donner une vision lointaine de l’impressionnante statue équestre, Charlemagne n’est pas le seul personnage honoré par le monument. Toute « sa famille » – du moins six de ses ascendants les plus illustres – est associée par Jehotte, par une représentation en bas-relief sur le large socle de style romano-byzantin, par ailleurs ornés de motifs végétaux et de médaillons historiés alternant avec des têtes de lion. Dans les six niches à arcades en plein cintre, que séparent des colonnes ornées de l’aigle impérial, on rencontre tour à tour Charles Martel, Pépin de Landen, Pépin le Bref, Pépin de Herstal, ainsi que deux femmes, Bertrade et Begge.


Avec Charles Martel (circa 690 – Quierzy 741), c’est le grand-père paternel de Charlemagne que Jehotte représente sur le piédestal de l’empereur. Né à Andenne (selon certains auteurs), fils de Pépin II de Herstal, le maire du palais d’Austrasie, Charles Martel est appelé à hériter de sa charge en 714. De multiples péripéties entourent sa prise de pouvoir effective en 717. Vainqueur notamment de la bataille dite de l'Amblève (716), il a dû combattre à la tête des Austrasiens pour affirmer son pouvoir, et affronter la Neustrie pour contrôler puis pacifier l'ensemble du royaume franc dont il est le seul maître jusqu’à son décès, en 741. Il contribue à son expansion, notamment après avoir combattu du côté de l’Europe centrale, et à son raffermissement après avoir battu les armées omeyyades à Poitiers (732). Reconnu pour avoir donné une organisation militaire sérieuse au royaume des Francs, il laisse à ses deux fils, Carloman et Pépin le Bref, un pouvoir qui ne s’embarrasse plus guère des rois mérovingiens.

 

- Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 71 Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle,  catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 460-461 
- Pierre COLMAN, Le site de la statue équestre de Charlemagne, dans Chroniques ’archéologie et d’histoire du pays de Liège, Liège, Institut archéologique liégeois,  juillet-décembre 2004, n°7-8, tome II, p. 76-77 
- Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995,    p. 246-250 
- Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 154 
- Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 9-10 
- Pierre COLMAN, Le sculpteur Louis Jehotte, alias Jehotte (1803-1884) académicien comblé...d’avanies, Liège, 2010 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 764 
- Alexia CREUSEN, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996

Boulevard d’Avroy 
4000 Liège

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Inaugurée le 26 juillet 1868

Paul Delforge

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Mémorial PATTON à Bastogne

Si les forces alliées libèrent les villes wallonnes en septembre 1944, l’Allemagne hitlérienne tente une contre-offensive à hauteur de l’Ardenne à partir du 16 décembre 1944. L’attaque surprise du maréchal von Rundstedt vise les ponts de la Meuse et à séparer les armées anglaises des forces américaines pour reprendre le port d’Anvers. 

C’est autour de Bastogne que la bataille décisive se déroule au cours d’un hiver particulièrement terrible. Encerclées par la 5e Panzer Armee, les troupes alliées parviennent à résister et reçoivent finalement l’aide de l’aviation, avant que la division blindée de George Patton entre dans la ville le 26 décembre, créant un couloir de communication entre les défenseurs de Bastogne et les renforts. L’accomplissement de ce fait d’armes était remarquable. Quelques années après la Libération, une série de monuments seront érigés pour honorer les libérateurs. Parmi ceux-ci, le monument Patton (1885-1945) rend hommage au général américain qui commanda notamment la 7e, puis la 3e armée des États-Unis lors de la libération de l’Europe. 

George Smith Patton Jr.

Depuis son plus jeune âge, servir l’armée américaine est l’objectif de George Smith Patton Jr. Actif au Mexique contre Pancho Villa, en Europe de l’ouest lors de la Grande Guerre, il est un ardent défenseur d’un accroissement de la puissance matérielle de l’armée US. Ayant débarqué au Maroc en 1942, il mène la campagne de Tunisie, conduit les troupes de la 7e armée en Sicile et arrive le premier à Messine (17 août 1943). Après le débarquement en Normandie, il reçoit le commandement de la 3e armée, mène une guerre éclair jusqu’en Lorraine, se montre décisif dans la bataille des Ardennes et poursuit sa route vers l’Allemagne. Nommé brièvement gouverneur militaire de la Bavière, avant d’être affecté au commandement de la 15e armée, il est victime d’un accident de la route et succombe à ses blessures (21 décembre), un an presque jour pour jour après la libération de Bastogne.

C’est en 1963 qu’a été inauguré le mémorial Patton à Bastogne, en présence du lieutenant John Waters, petit-fils de Patton. Le monument est alors situé dans un espace vert compris entre la rue Merceny et la place de la rue Joseph Renkin. En 2010, le mémorial est déplacé d’une trentaine de mètres ; il fait l’objet d’une rénovation et d’un entretien total avant d’être installé le long de la chaussée d’Arlon, sur un site renommé place Général Patton. Avec l’aide du ministre wallon du Tourisme, et à l’initiative des autorités locales, un nouvel espace est aménagé à partir de 2009 ; il est inauguré le 17 juillet 2010. Un large espace est laissé autour du monument réalisé par Marcel Rau (1886-1966).

Mémorial Patton

Le sculpteur Marcel Rau

Sculpteur et médailliste, formé auprès du sculpteur Paul Dubois à l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles, sa ville natale, Rau a également suivi les cours de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Prix de Rome de sculpture en 1909, il séjourne en Italie avant d’installer son atelier à Ixelles. Après la Grande Guerre, il obtient de nombreuses commandes publiques pour des bas-reliefs ou des monuments aux victimes de la guerre, souvent à Bruxelles, mais pas uniquement. 

Ainsi est-il l’auteur du Mineur que l’on pouvait voir sur les pièces de 50 centimes de francs belges qui circulèrent après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi contribue-t-il, avec Louis Dupont et Robert Massart, au Mémorial Albert Ier, inauguré sur l’île Monsin le 5 août 1939. Adossée à la tour, la statue du roi a une hauteur de 16 mètres. Moins grand est le masque du général Patton, gravé dans la pierre, et portant un casque étoilé. 

Les yeux du commandant scrutent l’horizon, tandis que les traits montrent un homme décidé. Le nom PATTON est simplement gravé dans la pierre, de même que le nom de l’artiste (en bas, à droite). Une autre statue est dédiée au général Patton à l’Académie militaire de West Point, où il s’était formé au début du XXe siècle.




Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
http://www.hetstillepand.be/rau.html
http://www.reflexcity.net/bruxelles/personnes-celebres/sculpteurs/sculpteur-marcel-rau (sv. février 2014)

Place Merceny (1963)
Puis place Général Patton
6600 Bastogne

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Paul Delforge

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Statue Renard JAMAR ou JAYMAERT

Statue Renard Jamar ou Jaymaert, réalisée par Maurice de Mathelin, 16 décembre 1901.


Quelques années après la décoration de la façade du Palais provincial de Liège par de multiples statues et bas-reliefs évoquant l’histoire de la principauté, est construit un nouveau bâtiment destiné à accueillir les services de la poste. Situé entre la rue de la Régence, la place Cockerill, le quai sur Meuse et la rue Matrognard, l’imposante construction est l’œuvre de l’architecte Edmond Jamar (1853-1929) qui s’inspire du style ogival du XVIe siècle qui avait présidé à la (re)construction du Palais des Princes-Évêques. Ce style se retrouve sur la façade des trois premières rues citées. Afin de décorer la partie supérieure du bâtiment qualifié de néo-gothique, l’architecte confie au statuaire Maurice de Mathelin (Tintigny 1854-Liège 1905) le soin de réaliser six grandes statues en bronze, représentant six bourgmestres de Liège des XVe, XVIe et XVIIe siècles, soit la période où le style du bâtiment prévalut. Les six statues sont nichées sur les façades et, à leur pied (plus exactement entre leurs pieds), un petit écu représente les armoiries du bourgmestre en question.

D’autres décorations apparaissent sur les façades du bâtiment construit sous l’impulsion du ministre Van den Peereboom : ainsi, neuf autres statues, plus petites, n’illustrent pas un personnage particulier, mais une fonction en rapport avec un métier exercé aux XVe et XVIe siècles ; elles ont été réalisées par l’atelier de Mathelin. À l’origine, elles étaient dorées (BROSE). Outre un grand blason au-dessus de la porte d’entrée principale, où apparaît la devise « l’Union fait la force », une série d’autres blasons, plus petits, dus au sculpteur Joseph Wéra, évoquent quelques bonnes villes, tandis qu’on retrouve encore le blason du gouverneur de la province de Liège en fonction au moment de la construction de l’hôtel des postes, ainsi qu’un cor postal, un lion de bronze tenant drapeau et trompette et un médaillon de près de 3 mètres de diamètre qui représente le bâtiment lui-même… Parmi les six grandes statues, celle qui est la plus proche de la rue de la Régence représente Renard Jamar (c. 1613-), aussi orthographié Jaymaert. 

Ancien colonel au service de la France, seigneur de Fréloux, Renard Jamar épouse Catherine de Bex, la fille de Pierre de Bex (c. 1570-1651) qui, après Guillaume

Statue Renard Jamar ou Jaymaert (Liège)

 Beeckman et Sébastien La Ruelle, est devenu l’un des porte-parole du parti populaire liégeois au XVIIe siècle, les Grignoux. Avocat, « jurisconsulte distingué », négociateur de la paix de 

Tongres (1640), exilé, Pierre de Bex exerce la fonction de bourgmestre pour la 3e fois en 1647, succédant à… Renard Jamar élu dans des conditions confuses et surtout insurrec

tionnelles l’année précédente à la suite de ce que l’histoire a appelé la « Saint Grignou ». Affolée par l’idée que le parti des Chiroux a introduit des soldats espagnols dans l’hôtel de ville, la foule a envahi les rues de Liège au moment où l’on procède à l’élection annuelle des magistrats ; Grignoux et Chiroux s’affrontent violemment, tandis que l’élection de deux bourgmestres Chiroux est vivement contestée (24 et 25 juillet 1646). Plusieurs dizaines de morts sont dénombrés. Le retrait de Charles de Méan contribue à la pacification des deux ca

mps. Candidat du parti des Grignoux, Renard Jamar exercera la magistrature pendant un an avec François de Liverlo. Alors que la plupart des Chiroux fuient Liège, la cité sera aux mains, sans partage, des Grignoux jusqu’en 1649. Le rôle de Jamar dans l’excitation de la foule en juillet 1646 paraît établi (Polain). En juillet 1649, les soldats impériaux in

vestissent Liège et rétablissent le prince-évêque. La répression est terrible ; à la tête des Liégeois qui tentèrent de s’opposer aux assaillants à hauteur de Cornillon, Jamar disparaît de la vie politique liégeoise sous le régime sévère du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière. Sa statue sur la Grand Poste le pose en conquérant, vêtu d’une lourde cuirasse, le regard fixant l’horizon, tandis qu’il tient une longue épée dans la main droite. C’est ainsi que Maurice de Mathelin se le représentait.

Fils de Jean-Baptiste de Mathelin de Papigny, le jeune Luxembourgeois a été l’élève de Prosper Drion à l’Académie de Liège, avant de faire une carrière à la fois de peintre, de médailleur et de sculpteur. Décédé à l’âge de 50 ans, il laisse principalement des bustes et des portraits. Marié à Louise d’Andrimont, il est notamment l’auteur du buste du bourgmestre Jules d’Andrimont conservé au Musée de l’Art wallon (du moins avant son démantèlement). Plusieurs commandes publiques permettent à Mathelin de réaliser des sculptures le plus souvent allégoriques, tant à Bruxelles, qu’en Wallonie. Ainsi est-il l’auteur de l’une des sculptures en bronze de la façade de l’Université de Liège, place du XX août (L’Étude). Peu avant sa mort, il avait réalisé les grandes statues situées au-dessus du fronton central du Palais des Fêtes de l’Exposition universelle de Liège, en 1905. Les statues réalisées pour la Grand Poste furent inaugurées en même temps que le bâtiment de Jamar, l’architecte, le 16 décembre 1901.

Sources

Yvon LABARBE, Hôtel des Postes de Liège, Fexhe, 1999, en particulier p. 47-48
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°37, hiver 1970, p. 26
http://gw.geneanet.org/gounou?lang=fr&p=maurice&n=de+mathelin+de+papigny 
http://www.chokier.com/PDF/Devolution.pdf (s.v. mars 2015)
Louis ABRY, Jean-Guillaume LOYENS, Recueil héraldique des bourguemestres de la noble cité de Liège…, Liège, 1720, p. 413-414
Mathieu-Lambert POLAIN, Esquisses ou récits historiques sur l’ancien pays de Liège, Bruxelles, 3e éd., 1842, p. 285-294
Bruno DEMOULIN, Recueil des instructions aux ambassadeurs et ministres de France, Principauté de Liège, Paris, Ministère des Affaires étrangères, 1998, XXXI p. 28-29
Christine RENARDY (dir.), Liège et l’Exposition universelle de 1905, Bruxelles, La Renaissance du livre, 2005, coll. « Les Beaux livres du Patrimoine », p. 197
Noémie WINANDY, La Grand-Poste d’Edmond Jamar, dans Un Siècle de néogothique 1830-1930, numéro spécial de Les Nouvelles du Patrimoine, janvier-février-mars 2010, n°126, p. 30-31
Ulysse CAPITAINE, dans Biographie nationale, t. 2, col. 395-398
Félix MAGNETTE, dans La Vie wallonne, novembre 1933, CLIX, p. 69-78 ; décembre 1933, CLX, p. 114-115
Félix MAGNETTE, Précis d’histoire liégeoise à l’usage de l’enseignement moyen, Liège, 1929, 3e éd., p. 222-240
Jean BROSE, Dictionnaire des rues de Liège, Liège, Vaillant-Carmanne, 1977, p. 152

 

 

Rue de la Régence 
4000 Liège

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Paul Delforge

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Bas-relief Edmond Tamine

Bas-relief en mémoire d’Edmond Tamine, 24 juin 1934.
Réalisé par Marcel Collet.

Pendant de nombreuses années, le médecin Edmond Tamine (1862-1926) s’est consacré corps et âme à la santé de la population la moins favorisée de Nivelles. Surnommé èl mèd’cin dès poûves, Tamine a fait l’objet d’un hommage tout particulier lorsqu’a été inaugurée, le 24 juin 1934, un monument en son honneur. Dans un style similaire au monument dédié à Georges Willame, une pierre rectangulaire avec des effets de profondeurs soutient un bas-relief en bronze où a été représenté le profil gauche du médecin. Dans la partie supérieure, en lettres d’or, les années 1862 et 1926 occupent les deux coins, tandis que la mention suivante apparaît dans la partie inférieure, sous le portrait :

Au
Dr Edm. Tamine
El méd’cin des pouves

À la fois sculpteur et architecte, dessinateur et graveur, prix Godecharle 1907, Marcel Collet (1894-1944) a reçu plusieurs commandes de la ville de Nivelles, dont la célèbre statue de l’archange saint Michel, patron originel de la ville, qui couronne le perron depuis 1922, du moins quand elle n’est pas prise à partie par des chapardeurs. Frère de Paul Collet, le sculpteur signe d’autres monuments à Nivelles (dont celui de G. Willame), ainsi que diverses maisons de particuliers dans le style Art Déco à Bruxelles.

L’initiative de ce mémorial revient au cercle Le Réveil postal, en particulier à Victor Dozot et à Victor Marchand. Il s’agissait de rendre hommage à un médecin de province, modeste et dévoué, toujours disponible et attentif à ceux qui avaient besoin de lui dans le canton de Nivelles. Le parcours de vie d’Edmond Tamine ne présente en effet aucune réalisation particulière ou exceptionnelle ; il était président de la section locale de la Croix-Rouge et consacrait tout son temps à soigner et à aider. Cette abnégation désintéressée suffisait pour susciter l’admiration de tous. Mais sa disparition tragique marqua davantage les esprits : de retour d’une consultation à la veille de la Noël 1926, le docteur revenait à pied de la campagne ; cherchant le chemin le plus court, il longeait la voie ferrée quand un train de marchandises surgit.

Le monument Tamine est situé à l’entrée du parking de l’hôpital général de Nivelles. Il est placé au pied d’un arbre au tronc remarquable.

Sources

Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 24-25
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 238
 

Bas-relief en mémoire d’Edmond Tamine – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

A l’entrée du parking de l’hôpital
Carrefour rue Samiette et boulevard de la Batterie
1400 Nivelles

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Paul Delforge

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Monument Achille URBAIN

Monument Achille Urbain, 1912.
Réalisé par Léon Gobert, aidé par l’architecte E. Bodson

En inaugurant, en 1912, un monument à la mémoire d’Achille Urbain, la cité de Frameries s’inscrit dans un courant qui caractérise les premières années du XXe siècle et une région s’étendant du Borinage au Brabant wallon. Il consiste à élever un monument en signe de reconnaissance à l’activité déployée par un médecin. Généralement, on insiste sur son dévouement, sur son rôle auprès des plus démunis, sur la gratuité des services qu’il prodigua sans compter son temps. Une souscription publique permet, tout aussi généralement, la réalisation du monument. Frameries ne déroge pas à cette tendance, en honorant Achille Urbain (La Bouverie 1838 – 1903) et, ici comme ailleurs, les informations permettant de dresser la biographie du médecin des pauvres brillent par leur rareté. Docteur en médecine et homme d’œuvres, Achille Urbain demeure ainsi depuis plus d’un siècle une célébrité sans histoire au cœur de la cité, dont le monument impose le respect aux passants.

En effet, ce n’est pas qu’un simple buste qui est implanté dans la cité ouvrière. Sur une large esplanade, un piédestal en forme d’obélisque élève bien haut un buste de style néo-classique, tandis qu’au pied se dressent deux personnages en bronze, de taille réelle. Serrant son enfant de son bras droit, une mère désigne clairement de son bras gauche le médecin généreux et explique à son enfant attentif les bienfaits qu’il a apportés jadis. L’ensemble repose sur un socle en pierre bleue de taille et de dimensions spectaculaires. Sur la face avant de la colonne a été gravée la dédicace :

AU DOCTEUR
A. URBAIN
1838 - 1903

À l’arrière, il est précisé que le monument a été « érige par souscription publique » en 1912.

Monument Achille Urbain – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

L’architecte E. Bodson a réalisé l’ensemble du monument, avec le sculpteur Léon Gobert (Wasm

es 1869 – Mons 1935) qui signe le buste et le groupe des deux personnes. Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, dont il deviendra lui-même professeur (1899-1934), puis à l’Académie de Bruxelles où il reçoit l’enseignement de Charles Van der Stappen, Prix Godecharle 1895, Léon Gobert s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, bustes, médaillons et bas-reliefs illustrant le travail de la mine, la misère et la condition ouvrière. On lui doit des types d’ouvriers ou d’ouvrières, des portraits et des sujets d’inspiration régionale. Travaillant surtout le bronze, il pratique aussi le modelage et la taille directe. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres, Léon Gobert a réalisé notamment la Fontaine de L’Ropieur à Mons.

 

Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 190 et 195
Wallonia t. XII, 1904, p. 261
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 634


 

 

Rue de la Libération 50
7080 Frameries La Bouverie

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Paul Delforge

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Monument Arnoul de BRIEY

Monument Arnoul de Briey, réalisé par Alfred Leroy, 1978.
 

L’endroit est champêtre. Depuis quelques dizaines de mètres, la route nationale reliant Virton à Arlon s’est éloignée et l’on emprunte la rue Bakèse qui conduit à Bleid. À peine entré dans le bois de Bakèse, apparaissent de part et d’autre de la chaussée deux monuments. Celui de droite est dédié à Adrien de Prémorel (1889-1968) ; celui de gauche à Arnoul de Briey (1925-1975). Bâti en arc de cercle, en grès de Buzenol et pierres de Grandcourt, le monument est implanté dans un décor correspondant parfaitement à l’état d’esprit du personnage représenté dans un médaillon de bronze réalisé par Alfred Leroy. L’inscription gravée sur une plaque de bronze rappelle qui était Arnoul de Briey :


PRÉSIDENT FONDATEUR
DU GROUPEMENT DES
LUXEMBOURGEOIS DE BRUXELLES
GRAND MAITRE
DE LA CONFRERIE ST ARNOULD (sic)
DU COMTÉ DE CHINY


Au-delà des fonctions affichées sur le monument, Arnoul de Briey était d’abord un militaire. Marié à la fille de Paul Van Zeeland (1947), il est le 6e enfant d’Anne d’Ursel et de Renaud de Briey (1880-1960) ancien fonctionnaire au Congo belge, administrateur de la liste civile du roi et catholique doctrinaire fondateur d’un Parti de la Renaissance nationale.

 Particulièrement investi dans le parti favorable au retour de Léopold III au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Arnoul de Briey s’inscrit dans la même mouvance politique que son père, tout en faisant carrière au sein de l’administration. Il était haut fonctionnaire au département de la Coopération au développement (AGCD) quand il décède en 1975. Après une série d’initiatives ponctuelles à la fin des années 1950, c’est en novembre 1959 que de Briey prend l’initiative de constituer le « groupement des Luxembourgeois de Bruxelles », en fédérant les efforts respectifs de l’Amicale Saint-Hubertoise, du Cercle Gaumais et de l’Amicale des Anciens Chasseurs Ardennais. L’un des objectifs de ce groupement est de faire pression sur le monde politique afin que la « belle province » soit davantage représentée tant au gouvernement que parmi les chefs de Cabinet. Par ailleurs, c’est en 1967, qu’il contribue à l’émergence d’une 4e confrérie luxembourgeoise, celle de Saint Arnoul du comté de Chiny (décembre 1967). Par ailleurs ce proche de Jean Militis voit son nom étroitement associé à un groupe de personnalités (Militis, Desmarets, Vivario, Beaurir, Vanden Boeynants, etc.) soupçonnées d’avoir fomenté un coup d’état en Belgique, durant l’été 1973, visant à déstabiliser l’État ; selon le journaliste Hugo Gijsels, il était le personnage-clef du groupe francophone impliqué dans ce complot, sans que l’on en sache davantage (GIJSELS, p. 197), si ce n’est que, dans les années 1920, déjà, Renaud de Briey avait publié un ouvrage (L’épreuve du feu) où il prônait l’instauration d’une monarchie autoritaire et corporative.

Monument Arnoul de Briey (Virton, Bleid)


Sur le médaillon du monument de Bleid, c’est le profil gauche d’Arnoul de Briey qui est représenté par Alfred Leroy. Originaire de Chiny, le futur sculpteur n’a que 12 ans quand éclate la Seconde Guerre mondiale et il en ressort profondément marqué. Au début des années cinquante, il entre à l’École royale militaire et fait une carrière militaire. Parallèlement, il est attiré par l’expression artistique et suit une formation en céramique et en sculpture à l’Académie de Cologne au milieu des années 1950. Touche à tout, il s’essaye à différents styles esthétiques et pratique autant la sculpture, la peinture, la gravure que la céramique. Fondateur et président de la confrérie des « Amis du pays de Chiny », il préside aussi pendant plusieurs années l’École des Beaux-Arts de Chiny. Le colonel qui s’est installé à Bruxelles est aussi le président du groupement des Luxembourgeois de Bruxelles, fonction où il a succédé à Arnoul de Briey. Artiste signant ses œuvres « Fred Leroy » ou « Alleroy », Alfred Leroy est aussi écrivain, poète et historien, se consacrant à des sujets relatifs au passé et aux traditions du pays de Chiny. Auteur de plusieurs guides touristiques sur la région du Chiers et de la Semois, il avait déjà signé le bronze d’Adrien de Prémorel dix ans avant celui de Briey, inauguré en 1978.

 

 

La Vie wallonne, II, 1949, n°246, p. 118
La Vie wallonne, IV, 1962, n°300, p. 305-306
La Vie wallonne, IV, 1982, n°380, p. 273
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 68
http://chiny.over-blog.com/article-la-confrerie-saint-arnoul-du-comte-de-chiny-55469737.html 
http://www.ghyka.com/Familles/Briey/Briey_01.pdf (s.v. mars 2015)
Hugo GIJSELS, De Bende & Co, 1990, traduit en français sous le titre L’Enquête : 20 années de déstabilisation en Belgique, Paris, Bruxelles, la longue vue, 1990, p. 197
Geneviève DUCHENNE, Esquisses d’une Europe nouvelle. L’européisme dans la Belgique de l’Entre-deux-Guerres (1919-1939), Bruxelles, Peter Lang, 2008, p. 138

À gauche de la rue de Bakèse en se dirigeant vers Bleid

6760 Virton (Bleid)

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Paul Delforge

Monument  Adolphe Delmée – Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Adolphe DELMÉE

Monument  Adolphe Delmée, r éalisé par Guillaume Charlier et Amédée Huglo, 24 septembre 1899.

Dans le parc communal de Tournai, à quelques dizaines de mètres de l’hôtel de ville et du musée des Beaux-Arts, de l’autre côté de la haie qui borde la ruelle des Moines, on trouve le monument Adolphe Delmée, auteur d’une chanson patriotique locale Les Tournaisiens sont là. Inaugurée en 1899, l’œuvre a été réalisée par Guillaume Charlier (Ixelles 1854 – Saint-Josse-Ten-Noode 1925), aidé par Amédée Huglo (1845-1923), et grâce à la générosité du célèbre chanteur d’opéra tournaisien Jean Noté.

Journaliste, Adolphe Delmée (Tournai 1820 – Tournai 1891) dirige le journal libéral L’Économie et se fait surtout connaître par ses chansons populaires ; il écrit dans Les Etrennes tournaisiennes, dont il est l’un des fondateurs (1878). Ouvrier typographe, metteur en pages, il a fondé en 1848, le journal L’Économie qui se veut neutre politiquement et réclame d’ailleurs la suppression des tendances libérales et catholiques. Dans le monde de la presse, Delmée jouit d’une solide réputation, mais sa popularité lui vient d’ailleurs. Avec Adolphe le Ray, Adolphe Wattiez et Adolphe Payez, il est l’un des quatre Adolphe de la littérature dialectale tournaisienne, écrit Maurice Piron dans son Anthologie

À l’instar de Verviers, de Liège, de Namur, de Charleroi ou de Mons, Tournai connaît, dans la deuxième moitié du XIXe siècle une renaissance étonnante des lettres wallonnes. Avec Le Ray surtout, Adolphe Delmée est un des pionniers de ce courant auquel contribue aussi Achille Viehard. Le nom d’Adolphe Delmée a traversé les générations au travers de l’une de ses chansons, véritable hymne tournaisien. En composant en 1860 Les Tournaisiens sont là !, il inscrit définitivement dans le folklore tournaisien le souvenir des premières années de la Guerre de Cent Ans durant laquelle Tournai se trouve au cœur des rivalités entre les rois de France et d'Angleterre. La longue résistance héroïque de Tournai assiégée par les Anglais a permis à l'armée de Philippe VI de se regrouper ; influençant la tournure des événements, la résistance de 1340 vaut aux bourgeois de la ville le privilège exceptionnel de la Chambre du roi. Quand le roi entre en campagne, la milice de Tournai forme sa garde spéciale et veille sur sa personne. Face à la Flandre qui veut incorporer la cité, la France garantit surtout la trêve et l'indépendance de Tournai. S’étant inspiré de cet épisode historique, Adolphe Delmée place dans la bouche du roi de France la formule désormais célèbre : « J'peux m'endormir, les Tournaisiens sont là ! ». Achille Delmée venait d’être désigné comme membre du Comité permanent du Congrès wallon (Namur, 1891) lorsque la mort le surprit.

Son souvenir ne pouvait se contenter de l’air des Tournaisiens sont là ! et Jean Noté, chanteur d’opéra tournaisien à succès, entreprend de lui élever un monument dont la réalisation est confiée à Guillaume Charlier. Ce fut le commencement d’une fructueuse collaboration entre le sculpteur et la cité des cinq clochers, car il recevra par la suite commande des monuments Gallait (1891), Bara (1903), Les Aveugles (1906) et aura à s’occuper du chantier du Musée des Beaux-Arts (Mémorial Van Cutsem et groupe allégorique). 

Originaire de Bruxelles, Charlier a été formé auprès des frères Geefs, puis s’est retrouvé praticien chez le sculpteur liégeois Eugène Simonis. En réalisant le plâtre intitulé Le déluge, en 1879, le jeune artiste séduit un riche collecteur, Henri Van Cutsem, qui décide de le placer sous sa généreuse protection ; Charlier peut ainsi suivre les cours de l’École des Beaux-Arts de Paris (1880), ainsi que chez Cavelier (1884-1886). Entre-temps, le Prix de Rome 1882 lui offre la possibilité de séjourner en Italie (1882-1884). Honoré par diverses distinctions lors des Salons où il présente ses œuvres d’inspirations diverses, il apporte à la sculpture de son temps un style propre, où s’exprime en permanence une forme de douleur de vivre due aux difficiles conditions matérielles des milieux ouvriers ou des nécessiteux. Dans l’ombre de Constantin Meunier, il s’attache à représenter plusieurs travailleurs (houilleur, marin, etc.) en pleine activité. Jeune portraitiste, il répondra à de nombreuses commandes officielles ou privées et recevra ses premières chances à Tournai, avec les monuments Delmée puis Gallait.

Pour la réalisation du buste en pierre d’Adolphe Delmée, Charlier est associé à Amédée Huglo qui s’occupe du piédestal qui est de taille respectable. Professeur à l’Académie de Tournai (1882-1920), Huglo est un sculpteur et céramiste originaire de Lille qui est régulièrement associé à des projets, apportant sa contribution à des architectes ou à d’autres sculpteurs. Depuis 1885, Huglo joue un rôle important dans la vie culturelle tournaisienne, puisqu’il est le secrétaire/fondateur du Cercle artistique de Tournai. Huglo expose régulièrement ses œuvres personnelles à Tournai ; auteur de la décoration sculptée de la façade du Cercle artistique, il signe, en 1894, un buste en hommage à Jean Noté.
Lors de l’inauguration du monument Delmée, qui se déroule comme très souvent en Wallonie à la fin du mois de septembre, le volet officiel est suivi d’importantes réjouissances populaires. Après avoir prononcé des paroles de reconnaissance à l’égard d’Adolphe Delmée qui fut son protecteur et lui permit de se lancer dans une importante carrière internationale, Jean Noté interprète la partie soliste de la cantate d’Achille Viehard, sur une musique d’Edmond Waucampt.
 

Monument  Adolphe Delmée

A deux endroits du solide piédestal élancé qui soutient le buste, des dédicaces ont été gravées dans la pierre. Sur la face avant, en grand :

LES
TOURNAISIENS


SONT LA !
AC. DELMEE
Et en plus petit, tout en bas du monument :

TÉMOIGNAGE     DE     RECONNAISSANCE
A ADOLPHE DELMÉE
OFFERT PAR J-B. NOTÉ DE L’OPÉRA À SA VILLE NATALE

Le monument Delmée a traversé le temps sans trop de dommage. Une rénovation a cependant été nécessaire en 2000 et sa restauration a été inaugurée dans le cadre des Fêtes de Wallonie, en septembre 2000. 

 

Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 247
Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images, p. 37-38
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 209 et 732
Gaston LEFEBVRE, Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècles, Tournai, Archéologie industrielle de Tournai, 1990, p. 45 ; p. 66
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 104
Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, Le Cercle artistique de Tournai. Un siècle au service de l’art contemporain, dans Mémoires de la Société royale d’histoire et d’archéologie de Tournai, Tournai, 1992, n°7, p. 271-320
Eugène DE SEYN, Dictionnaire biographique des sciences, des lettres et des arts en Belgique, Bruxelles, 1935, t. I, p. 291
http://www.cabaretwallon.be/index.php?option=com_content&view=article&id=82:les-tournaisiens-sont-la-&catid=50&Itemid=79 (s.v. février 2014)

Parc communal
7500 Tournai

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument FONCK

Antoine Fonck est le premier soldat de l’Armée belge tombé lors de l’invasion allemande du 4 août 1914. Il avait été envoyé en éclaireur afin de se renseigner sur les mouvements de l’armée allemande. Quelques heures auparavant, la demande impériale d’un libre passage à travers la Belgique a été refusée. Quant à l’ultimatum allemand, il vient d’expirer. Arrivé à proximité de Henri-Chapelle, l’éclaireur n’est donc pas étonné outre mesure d’apercevoir un petit groupe de Uhlans. Il parvient à toucher l’un d’eux, tandis que les autres se dispersent. Remontant sur son cheval pour poursuivre son observation, Fonck est pris pour cible. Il s’écroule, mort, au lieu-dit La Croix Polinard. Il est la première victime de l’invasion allemande en Belgique. Jusque-là, ce Verviétois, né en 1893 et orphelin très jeune, avait travaillé dans un commerce avant de s’engager pour trois dans l’Armée belge. Cavalier au 2e Régiment des Lanciers, il venait de quitter l’armée (mai 1914), lorsqu’il est rappelé sous les drapeaux, le 28 juillet 1914. Enterré au cimetière de Thimister début août 1914, Antoine Fonck est honoré par un monument au sortir de la Grande Guerre. En honorant spécifiquement Antoine Fonck, ce monument est singulier ; il est en effet quasiment le seul dans l’espace public wallon à mettre en évidence un soldat particulier (à Charleroi, Trésignies bénéficie du même traitement) ; dans la plupart des cas, la sculpture représente « un » soldat, l’identification des victimes ne se marquant que par la présence des noms gravés sur le monument.

Monument du cavalier Fonck

D’ailleurs, l’initiative du monument aujourd’hui communément appelé « monument cavalier Fonck » remonte à l’année 1915. Le Comité de Secours local avait adressé une demande au collège communal, visant à organiser une souscription publique pour élever un monument aux soldats de la commune tombés au champ d’honneur, ainsi qu’au lancier Fonck. Dès novembre 1915, c’est-à-dire toujours sous l’occupation allemande, les autorités communales de Thimister donnent leur accord, en précisant que les sommes seraient recueillies après la cessation des hostilités… Après l’Armistice, la réalisation du monument est confiée à Marcel Rau (1886 ou 1887-1966) et l’inauguration se déroule le 23 août 1923. Depuis ce moment, chaque année, à l’initiative des autorités locales, un hommage est rendu le 1er dimanche du mois d’août.

Situé au bord de la grand route, le monument montre un cavalier et sa monture, du moins les rep

résente à mi-corps pour le soldat qui scrute l’horizon, et jusqu’à hauteur du cou pour le cheval. Sculpté dans la pierre, dans une attitude dynamique, l’ensemble est placé sur un haut socle rectangulaire, en pierres. Sur la face avant, la dédicace mentionne :

ICI
EST TOMBÉ GLORIEUSEMENT
LE 4 AOÛT 1914
LE CAVALIER
FONCK A.A.
DU 2E RÉGIMENT DE LANCIERS
PREMIER SOLDAT DE L’ARMEE BELGE
MORT À L’ENNEMI
AU COURS DE LA GRANDE GUERRE
1914-1918

Sous cet ensemble, une base plus large surélève encore l’ensemble, tout en gommant la légère déclivité du sol. Sur la partie avant, en contre-bas, figure le même texte que ci-dessus rédigé en néerlandais.

Le monument a été réalisé par Marcel Rau, sculpteur et médailliste, formé auprès du sculpteur Paul Dubois à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, sa ville natale. Marcel Rau a également suivi les cours de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Prix de Rome de sculpture en 1909, il séjourne en Italie avant d’installer son atelier à Ixelles. Parallèlement à son activité de sculpteur, il joue un rôle important dans la réforme de l’enseignement des arts décoratifs et de l’architecture en

 tant qu’inspecteur dans l’enseignement de l’État. Après la Grande Guerre, il obtient de nombreuses commandes publiques, diverses et variées comme la tête du mineur sur les anciennes pièces de 50 centimes de franc belge ; le mémorial Albert Ier sur l’île Monsin à Liège (1939) ; le masque du général Patton à Bastogne (1963) ; les exemples pourraient être multipliés pour ce sculpteur fort sollicité au lendemain de la Grande Guerre : il réalisé alors de nombreux bas-reliefs et monuments aux victimes de la guerre, à Bruxelles surtout, mais aussi en Wallonie, comme le cavalier Fonck, à Thimister.

Sources

Jean DE THIER et Olympe GILBART, Liège pendant la Grande Guerre, t. I. Liège héroïque, Liège, Bénard, 1919, p. 49
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
http://www.reflexcity.net/bruxelles/personnes-celebres/sculpteurs/sculpteur-marcel-rau (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 337
Laurence VAN YPERSELE, La patrie en guerre : de l’idolâtrie meurtrière au culte des morts (la Belgique, 1914-1924), dans Ralph DEKONINCK et Myriam WATTHEE-DELMOTTE (dir.), L’idole dans l’imaginaire occidental, Paris/Budapest/Turin, L’Harmattan, 2005, p. 249

Route de Stockis
4890 Thimister

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Paul Delforge

Paul Delforge

Monument Maurice GREVISSE

Monument d’hommage à Maurice Grevisse, réalisé par Fernand Tomasi, 29 octobre 1995. 

En Gaume, l’enfant du pays le plus célèbre a donné son nom à une rue de l’entité de la Rulles ; l’acte fut posé de son vivant, la rue étant inaugurée le 30 octobre 1966, à l’occasion du 30e anniversaire de la naissance du Bon usage. Par la suite, l'école primaire fut aussi rebaptisée (1988), tandis que la nouvelle gare de Marbehan était décorée de fresques murales rendant hommage à Grevisse en 1995. Les autorités locales de son village natal ne pouvaient manquer le rendez-vous du centième anniversaire de sa naissance et organisèrent elles aussi une manifestation officielle, le 29 octobre 1995. Un petit musée était inauguré dans l’école communale tandis qu’était dévoilée une sculpture due à un artiste bien connu de la région, en l’occurrence Fernand Tomasi (Orsainfaing 1934 - ).
Professeur de français consciencieux, Maurice Grevisse (Les Rulles 1895 – La Louvière 1980) était parti d’une bonne intention louable : rendre plus accessible à ses jeunes élèves les règles complexes de la grammaire française courante. De fil en aiguille, le jeune instituteur devenu docteur en Philologie classique de l’Université de Liège (1925) puis professeur à l’École royale des Cadets à Namur (1927), puis à Bruxelles a mis au point Le Bon usage que l’imprimeur de Gembloux Jules Duculot prit le risque de publier (1936). Après la Seconde Guerre mondiale, le succès est au rendez-vous. Le Bon usage devient l’ouvrage de référence, volumineux, constamment réédité et mis à jour, connaissant sa 14e édition en 2007 sous la direction des successeurs spirituels de Maurice Grevisse.

Monument d’hommage à Maurice Grevisse

C’est sous une tout autre forme de langage que le sculpteur Fernand Tomasi rend hommage au grammairien wallon. Fils de menuisier lombard, ayant quitté l’Italie de Mussolini pour le sud de la Wallonie, le jeune Tomasi a dû connaître très tôt Le Bon usage puisqu’il a mené un régendat littéraire à l’ISMA (Arlon, 1958), et il a dû l’utiliser à de nombreuses reprises quand il a enseigné à la fois le français et l’histoire pendant deux ans au Congo, puis pendant 30 ans au Collège N-D. du Bonlieu, à Virton (jusqu’en 1990). Avec Grevisse, Tomasi partage autant le goût de la langue ; depuis qu’il est installé à Meix-devant-Virton, Tomasi s’y adonne en effet autant à l’écriture qu’à la sculpture. Poète, nouvelliste et romancier, il travaille autant les mots que le bois et la pierre (marbre, calcaire, etc.). Plusieurs de ses œuvres sont visibles dans les églises ou les villages du sud Luxembourg, comme la fontaine D’Jean Mady à Virton, les Commères à Athus, et aussi le spectaculaire Mur de becs et de plumes, taillé dans un bloc de calcaire pesant 42 tonnes, achevé au début des années 1990 et qui décore l’espace devant le « nouveau » Palais de Justice d’Arlon ; en 2012, il déposait un original « chou cabus » de 8 tonnes, sur le nouveau square Lenoir, à Mussy, là où il avait déjà réalisé un mémorial pour l’inventeur de l’automobile. Si le monumental ne le rebute pas, il réalise davantage de petits formats, se laissant inspirer par la thématique inépuisable de la femme.

Implantée en face de la maison natale de Grevisse, l’œuvre de Tomasi est inaugurée le 29 octobre 1995, pour marquer le centième anniversaire du philologue. Il s’agit d’une interprétation très libre de l’artiste. Dans la pierre, il a en effet représenté un aigle, dont l’inclinaison de la tête semble indiquer la façade de la maison natale de Maurice Grevisse. De petit format, l’oiseau n’a pas les ailes déployées. Son dos paraît offrir la place pour déposer un livre à la manière des lutrins d’église. Le rapace est posé sur un socle rectangulaire, l’ensemble étant lui-même installé au centre d’un cercle délimitant son implantation au sol.

 



 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (dont Le Soir, 30 octobre 1995 et 22 avril 2000)
Jean-René KLEIN, Maurice Grevisse, dans Nouvelle Biographie Nationale, t. II, p. 210-212
Paul DELFORGE, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
La Vie wallonne, IV, 1966, n°316, p. 284

66 rue Maurice Grevisse – 6724 Les Rulles Virton

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Paul Delforge