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Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque Georges LAPORT

Plaque commémorative Georges Laport, réalisée par l’architecte H. Moureau, avec l’aide de J. Maréchal et R. Parmentier, 4 mai 1952.

Sous le patronage des autorités locales, une plaque commémorative est inaugurée dans la cour de l’École communale de Fraiture. Don des carrières de la Belle Roche, la pierre est dédiée à

GEORGE LAPORT
NÉ À FRAITURE EN 1898
HOMME DE LETTRES
HISTORIEN DES TRADITIONS POPULAIRES
RÉSISTANT MORT AU CAMP D’EXTERMINATION
ALLEMAND DE DACHAU EN 1945

L’initiative en revient au Comité provincial liégeois d’Action et de Vigilance et au Comité patriotique de Comblain-au-Pont. Avocat général et membre du musée de Comblain, Georges de Froidcourt a rédigé le texte de la dédicace. L’architecte H. Moureau a conçu la répartition du lettrage sur la plaque qu’a gravée J. Maréchal et peinte R. Parmentier, un ancien prisonnier de guerre. D’autres associations apportent leur soutien en raison des multiples activités développées par George Laport.

Maître de carrières, George Laport est avant tout connu comme homme de lettres, critique d’art et folkloriste. Depuis cinq générations, les Laport ont leur ancrage au bord de l’Amblève et ses parents sont propriétaires de nombreuses terres à Fraiture où l’exploitation des carrières est la principale activité. En dehors de ce métier, Laport s’intéresse particulièrement à son terroir. Co-fondateur du Musée de Comblain-au-Pont, il en sera le président. Il préside aussi l’Association libérale de Comblain. Mais ses écrits le font connaître au-delà de Comblain. Trésorier et bibliothécaire du jeune Musée de la Vie wallonne, délégué de la société des Écrivains ardennais (1932), membre titulaire de la Société de Littérature wallonne, membre de la Commission nationale de folklore (1937), correspondant wallon pour des revues étrangères, auteur d’articles très documentés dans La Vie wallonne, il signe plusieurs ouvrages qui deviennent de véritables références comme Folklore des paysages en Wallonie (1929), Les Quatre Fils Aymon et la Forêt d’Ardenne, ou Les Contes populaires wallons (1932). Celui qui avait d’abord écrit sur les carrières de l’Ourthe et de l’Amblève signera aussi un ouvrage sur Marcellin Lagarde (1927) et un autre sur Théroigne de Méricourt (1931).

Pionnier de l’enquête orale, il rassemble nombre de témoignages et légendes qui, sans lui, auraient disparu. C’est notamment le cas pour l’histoire de Bertrix, mais aussi pour les contes et légendes de la région de Comblain. Par ailleurs, George Laport présidait aussi avec intelligence la Société du Vieux Liège lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata. L’historien des traditions populaires entra rapidement en résistance. Mais le 4 juin 1942, il est arrêté par la GFP et, condamné pour ses actes de résistances à l’occupant, il est déporté à Dachau où il semble être décédé en 1945.

Les associations patriotiques placent tous leurs espoirs dans la présence permanente du message gravé dans la pierre au cœur d’un établissement scolaire tourné vers les jeunes générations. Cette plaque ne sera pas la seule dédiée à George Laport, par ailleurs défenseur de la nature et de l’environnement notamment au sein de l’Association de Défense de l’Ourthe. C’est ainsi, notamment, que l’on retrouve le nom de George Laport, associé à celui d’autres victimes de la Seconde Guerre mondiale, sur une plaque commémorative insérée dans le mur de la ferme de la rue de l’Entente. 

Sources 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Benjamin STASSEN, La Fête des Arbres. L’Album du Centenaire. 100 ans de protection des arbres et des paysages à Esneux et en Wallonie (1905-2005), Liège, éd. Antoine Degive, 2005, p. 77, 130, 142, 211
Bulletin de l’Association de Défense de l’Ourthe et de ses affluents, avril-juin 1952, n°151, p. 80-81.
 

Plaque Georges Laport (Fraiture (-sur-Amblève)

Rue A Vi Tiyou 10
4140 Fraiture (-sur-Amblève)

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste McAULIFFE Anthony

Alors que les forces alliées semblaient avoir libérer définitivement les villes wallonnes en septembre 1944, l’Allemagne hitlérienne tente une contre-offensive à hauteur de l’Ardenne à partir du 16 décembre 44. L’attaque surprise du maréchal von Rundstedt vise les ponts de la Meuse et à séparer les armées anglaises des forces américaines pour reprendre le port d’Anvers. 

C’est autour de Bastogne que la bataille décisive se déroule au cours d’un hiver particulièrement terrible. Dans la neige et le brouillard, les soldats alliés paraissent au bord de la rupture. Le 22 décembre, la ville de Bastogne est à ce point encerclée par la 5e Panzer Armée que des émissaires allemands proposent au commandant américain de la 101st Airborne Division « Screaming Eagles » de déposer les armes. Soufflée par le général Kinnard, la réponse du commandant Anthony Mc Auliffe deviendra célèbre : Nuts ! Il n’est pas question de reddition. 

Dans les heures qui suivent, les conditions climatiques s’améliorent. Le ravitaillement arrive. Et les troupes qui résistent depuis plusieurs jours reçoivent finalement l’aide de l’aviation avant que la division blindée de George Patton entre dans la ville le 26 décembre, créant un couloir de communication entre les défenseurs de Bastogne et les renforts. La bataille de Bastogne entre dans l’histoire. 

Dans les années qui suivent la Libération, une série de monuments sont érigés à Bastogne en l’honneur des libérateurs. Celui de Mc Auliffe est l’un des tout premiers. Il est inauguré en présence du militaire américain. Celui-ci reviendra en 1950 pour l’inauguration du Mardasson. Il est vrai qu’en 1949, sur décision du conseil communal, il avait reçu le titre de « citoyen d’honneur de Bastogne » et qu’en 1947 la grand place locale a été rebaptisée place McAuliffe. 

Ces exemples témoignent des échanges étroits établis entre les États-Unis et les diverses autorités belges. Ainsi, voit-on en juillet 1946, l’ambassadeur de Belgique aux États-Unis, le baron Silvercruys, remettre solennellement au président Truman un coffret contenant un peu de terre provenant du champ de bataille de Bastogne. C’est dans ce contexte que la sœur du dit ambassadeur, Suzanne Silvercruys-Stevenson (1898-1973), sculpte un buste en l’honneur de McAuliffe qui va trouver une place de choix, au cœur de Bastogne.  

Monument du (général) Anthony McAuliffeInauguré en présence du « héros de Bastogne », le buste va être étroitement associé au char américain Sherman M4, figé sur son socle 

à partir de 1948. Le buste du militaire se trouve alors juste devant le char. Par la suite, le buste est déplacé dans un endroit moins visible, situation que n’apprécie pas le héros américain qui le fait savoir. Le buste est alors ramené à l’angle de la place, dans l’environnement immédiat du Sherman, et y demeurera quels que soient les aménagements successifs de la dite place.

Originaire de Washington, diplômé de West Point en 1918, Anthony McAuliffe (1898-1975) accomplit l’essentiel de sa carrière dans l’armée américaine (1918-1955). L’épisode de Bastogne ne constitue qu’une étape – certes la plus glorieuse – dans son impressionnant parcours. En juin 1944, il a été parachuté sur la Normandie, lors du Débarquement et il a aussi participé à l’opération Market Garden. C’est en l’absence de Maxwell D. Taylor retenu par une réunion aux États-Unis que McAuliffe s’est retrouvé à la tête de la 101e Division pour répondre à l’offensive allemande. « Sa » guerre en Europe ne s’achèvera qu’en mai 1945. De retour aux États-Unis, il occupe plusieurs postes de commandement avant d’être promu général, le 1er mars 1955. Retiré de l’armée en 1956, il poursuit des activités à l’American Cyanamid Corporation.

Quant à Suzanne Silvercruys, elle a connu une destinée marquée par la Première Guerre mondiale. Fille du président de la Cour de Cassation de Bruxelles, elle est adolescente quand éclate la Grande Guerre. Après la mort d’Edith Cavell, elle fuit la Belgique, passant par les Pays-Bas et l’Angleterre avant de se réfugier aux États-Unis. À Philadelphie, elle témoigne une première fois des horreurs et des destructions de la guerre en Europe et ses propos sont repris par de nombreux journaux. 

Le gouvernement belge lui demande alors de parcourir son pays d’accueil pour faire connaître le drame qui se joue en Europe et collecter des fonds pour les secours belges. Après la guerre, restée en Amérique, cette Limbourgeoise (elle est née à Maaseik) sort diplômée de la Yale University (Beaux-Arts, en 1928) et de la Temple University (Lettres). 

Dans les années 1930, elle participe à des compétitions d’art, consistant à réaliser des sculptures esthétiquement réussies en un minimum de temps. Mais c’est surtout en réalisant le buste de plusieurs personnalités importantes que l’artiste se fait un nom. La sculptrice signe notamment celui de Herbert Hoover (bibliothèque de Louvain), du gouverneur du Canada, d’acteurs (Katryn Hepbrun), de hauts militaires, etc. Mariée à un lieutenant-colonel américain, Edward Ford Stevenson, Suzanne Silvercruys compose aussi des œuvres d’inspiration plus personnelle. En 1968, elle réalise la statue Noccalula qui, avec ses 9 mètres de haut, représente une fille Cherokee avant son saut légendaire au-dessus des chutes d’eau de Gadsden. Écrivain, conférencière, engagée politiquement, celle qui milite en faveur du Parti républicain et est surnommée « Suzanne of Belgium » est considérée comme une artiste américaine. 

Sources

- Maison du Tourisme du Pays de Bastogne - Guy Blockmans OPT 
- Suzanne SILVERCRUYS, en collaboration avec Marion Clyde MCCARROLL, Suzanne of Belgium ; the story of a modern girl, New York, 1932 
- Suzanne Silvercruys, A Primer Of Sculpture, New York, 1942  

Place McAuliffe 
6600 Bastogne

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Gabrielle PETIT

Place Clovis, au pied de l’église Saint-Brice, à Tournai, un monument d’hommage à la résistante Gabrielle Petit est inauguré en mai 1924 par les autorités locales. Afin de marquer l’importance de l’événement, la reine Elisabeth a tenu à être présente à cette occasion. Toute la ville de Tournai est par conséquent mobilisée, et le monument réalisé par Paul Du Bois est à la hauteur de l’héroïne tournaisienne et nationale qui est honorée.

Monument Gabrielle Petit

Gabrielle Petit

Née à Tournai en 1893, Gabrielle Petit est apparentée, par son père Jules Petit, à la famille Bara, qui lui vient en aide matérielle pour ses études. Par conséquent, son exécution par les Allemands, au Tir national à Bruxelles, le 1er avril 1916, n’a pas échappé à l’opinion publique qui s’est scandalisée du comportement de l’occupant.

La jeune fille avait achevé ses études au couvent des Sœurs de l’Enfant-Jésus, à Brugelette, quand éclate la Première Guerre mondiale, et elle multipliait les petits boulots pour survivre. Son mariage était sa préoccupation principale quand son fiancé, Maurice Gobert, un jeune sous-officier, est mobilisé, tandis que Gabrielle Petit s’engage comme infirmière. Contre sa volonté, Gabrielle Petit perd définitivement le contact avec son petit ami. 

C’est en cherchant désespérément à le retrouver qu’elle est recrutée par les services de renseignements alliés et envoyée en mission en Belgique occupée (juillet 1915). L’espionne parvient à fournir diverses informations à caractère militaire, tout en s’occupant du passage de civils aux Pays-Bas, mais elle est repérée. Malgré les précautions prises à la suite d’une première alerte, Gabrielle Petit est finalement démasquée sous son faux nom de Mlle Legrand. 

Arrêtée en janvier 1916, elle est condamnée le 3 mars et fusillée le 1er avril. Son dévouement et son sort tragique marquent l’opinion publique, d’autant qu’une série d’anecdotes et faits romancés viennent alimenter la légende autour de la jeune femme.

Dès les premiers jours de l’Armistice, plusieurs initiatives sont prises : funérailles nationales (mai 1919), décorations, attribution de son nom à des rues, pose de plaques commémoratives (Tournai, 1919) et construction de monuments. Gabrielle Petit est élevée au rang d’héroïne nationale belge. Après Bruxelles (1923), Tournai (1924) honore à son tour celle qui fera l’objet d’un film en 1928 et d’une littérature abondante dans l’Entre-deux-Guerres.

En raison de sa portée symbolique, le monument tournaisien ne pouvait être confié qu’à un artiste confirmé et reconnu. Aidé par l’architecte Joseph Van Neck (1880-1953), le sculpteur Paul Dubois  (Aywaille 1859 – Uccle 1938) s’emploie à immortaliser la jeune femme. Le piédestal en pierre de France comporte trois parties ; le centre s’élève comme la base d’un obélisque qui incorpore un débord rectangulaire où est gravée la dédicace.

VOUS ALLEZ VOIR
COMMENT
UNE FEMME BELGE
SAIT MOURIR

Gabrielle Petit

 

Latéralement, deux ailes de renfort encadrent la colonne centrale, tandis qu’un large espace est créé à l’avant-plan, avec deux marches d’accès. Lors de l’inauguration, cet espace sera couvert d’un nombre considérable de gerbes et de couronnes de fleurs. Sont encore gravées les mentions suivantes sur le côté droit :

née à Tournay
le 20 février 1893
et sur le côté gauche :
fusillée
le 1 avril 1916
 

On ne voit plus guère l’erreur factuelle du sculpteur, qui avait gravé 1915 au lieu de 1916. On retrouve aussi les armoiries de Tournai sur la partie avant et inférieure du monument.

Quant à la statue en bronze proprement dite (fondue par la Compagnie nationale des Bronzes), elle représente une jeune fille debout, portant des vêtements communs de l’époque, qui donne l’impression d’aller de l’avant, tandis qu’une autre jeune fille, ailée, l’accompagne en lui déposant un baiser sur le front. Surmontant Gabrielle Petit, l’autre femme paraît la guider, son bras gauche tendu vers l’avant, semblant à la fois protecteur et indicateur du chemin à suivre. Le sculpteur a multiplié les effets de drapé sur ses deux personnages et a donné une indiscutable originalité à l’ensemble de son œuvre tournaisienne.
 

Le sculpteur Paul Dubois

Originaire d’Aywaille, où il grandit dans un milieu de la petite bourgeoisie, Paul Dubois dispose d’une aisance suffisante pour bénéficier d’une formation de 7 ans à l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1877-1884), où il est tour à tour l’élève de Louis François Lefèbvre, de Jean-Joseph Jaquet et d’Eugène Simonis, avant de profiter des conseils de Charles Van der Stappen. 

Condisciple de Rombeaux, Rousseau et Bonnetain, notamment, Paul Dubois remporte le prix Godecharle 1884 qui le place d’emblée parmi les sculpteurs les plus prometteurs de sa génération. C’est de cette époque que remonte cette signature – Du Bois – qui doit lui permettre de se distinguer de son parfait homonyme français, voire de Fernand Dubois.

Son œuvre, variée et abondante (près de 200 sculptures), ne démentira pas cette entrée remarquée parmi les sculpteurs de son temps. Après 3 années passées à visiter les musées d’Europe, l’artiste wallon installe son propre atelier à Bruxelles, avec Guillaume Van Strydonck. Ouvert à l’avant-garde sans renier son attachement à la Renaissance, membre-fondateur du groupe bruxellois d’avant-garde le Cercle des XX, puis de la Libre Esthétique, il excelle dans les portraits quand lui parviennent les premières commandes officielles de la ville de Bruxelles. 

Sans abandonner des œuvres de son inspiration, qui sont remarquées et primées lors de Salons et d’Expositions à l’étranger, il réalise le monument Félix de Mérode (Bruxelles, 1898) qui symbolise le début de son succès. En 1900, il est nommé professeur à l’Académie de Mons (1900-1929) et, deux plus tard, il est chargé du cours de sculpture ornementale (1902-1905), puis de sculpture d’après l’antique (1905-1910) à l’Académie de Bruxelles où il reste en fonction jusqu’en 1929. En 1910, il succède à Charles Van der Stappen à l’École des Arts décoratifs. Vice-président du jury d’admission des œuvres pour le Salon des œuvres modernes de l’Exposition internationale de Charleroi (1911), il signe plusieurs monuments commémoratifs à Bruxelles et en Wallonie (Alfred Defuisseaux à Frameries en 1905, Antoine Clesse à Mons en 1908, Frère-Orban à Liège en 1931, de la Chanson wallonne à Tournai en 1931), ainsi que des bijoux, des médailles (dont celle de l’Exposition universelle de Liège en 1905) et des sculptures allégoriques variées. C’est donc à un artiste confirmé qu’est confiée la réalisation du monument Gabrielle Petit à Tournai en 1924.




Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images, p. 55, 69-72
Pierre DECOCK, dans Biographie nationale, t. 43, col. 576-585
Judith OGONOVSZKY, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 374-378
Anne MASSAUX, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 4, p. 142-145
Paul Du Bois 1859-1938, édition du Musée Horta, Bruxelles, 1996
Anne MASSAUX, Entre tradition et modernité, l’exemple d’un sculpteur belge : Paul Du Bois (1859-1938), dans Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1992, t. XXV, p. 107-116
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. 1, p. 517-518.

Place Clovi
7500 Tournai

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Félicien ROPS

Mémorial Félicien Rops, 17 septembre 1933.
Réalisé par l’architecte Jules Lalière et le sculpteur Armand Bonnetain.

Depuis 1912, les membres namurois de l’association des Amis de l’Art wallon piaffent d’impatience à l’idée de pouvoir inaugurer à Namur un édifice commémoratif digne du talent de Félicien Rops. Malgré un parcours semé d’embuches, l’objectif est atteint quand, le 17 septembre 1933, est dévoilé le monument Rops dans le parc Louise-Marie. Il s’agit d’une réalisation à la fois simple et très originale puisqu’a été reproduit à Namur l’escalier que Félicien Rops lui-même avait imaginé, dessiné et réalisé dans son jardin de la Demi-Lune, à Essones, près de Paris. À l’arrière de cette maison qu’il habitait, à la fin de sa vie, Rops se fit aider par ses deux jardiniers ; il utilisa les pierres ramassées sur place et construisit l’escalier qui relier deux des terrasses de ce jardin garni de roses, qui dévale de la route de Fontainebleau vers la Seine. « Cet escalier à double révolution encadre une muraille où s’enchâsse un vivant médaillon [dû au] sculpteur Armand Bonnetain ». Il trouve très bien sa place dans le cadre arboré du parc aménagé entre 1874 et 1880 et dédié à Louise-Marie d’Orléans.

S’inscrivant dans le cadre des Fêtes de Wallonie, l’inauguration de « l’escalier Rops » attira la grande foule ; en l’absence de Jules Destrée, Armand Rassenfosse – vice-président du Comité du monument Rops – remet officiellement le monument à la garde de la ville de Namur qui l’accepte, via Louis Huart, son bourgmestre.

Pour les amis de Félicien Rops, cette inauguration scelle définitivement une initiative qui remonte à 1912. Au sein des Amis de l’Art wallon, association constituée au lendemain des deux grands salons artistiques organisés par Jules Destrée dans le cadre de l’Exposition internationale de Charleroi en 1911, l’affirmation d’un art wallon passe obligatoirement par l’élévation d’un monument Rops dans l’espace public de Wallonie. Les ambitieux projets ayant été remisés en raison de la Grande Guerre, un autre obstacle se mit sur la route du « monument Rops » après l’Armistice. La section de Liège des Amis de l’Art wallon s’était mobilisée autour d’un projet tout aussi ambitieux, en l’honneur de César Franck. Le centenaire de sa naissance, en 1922, devait donner naissance à un monument que l’on ne voulait pas concurrencer. L’échec de l’initiative des Liégeois raviva le projet des « Namurois » qui posèrent un premier acte concret, en 1925, par l’accrochage d’une plaque commémorative sur la maison natale de Félicien Rops. D’autres projets furent alors élaborés, mais seul le monument inauguré en 1933 aboutira, même si ses initiateurs regrettèrent vivement ne pas avoir réussi à récolter tous les fonds nécessaires à la réalisation d’un imposant bas-relief qui aurait été la reproduction d’un frontispice bien connu de Rops, La Femme et la Chimère, qui aurait parfaitement symboliser son œuvre.

L’inauguration de « l’escalier Rops » qui doit encore se couvrir de rosiers grimpants est alors l’occasion pour les orateurs (principalement Charles Delchevalerie) de rappeler que le « Grand Namurois » est un artiste wallon des plus exceptionnels. Peintre, aquafortiste, dessinateur, illustrateur et graveur, Félicien Rops (Namur 1833 – Essonnes 1898), le provocateur, le compositeur du Pornocratès, n’avait pourtant pas consenti beaucoup d’efforts pour éviter de tomber dans un purgatoire justifié seulement par la pudibonderie de son temps. Les esthètes de l’art wallon ne s’y étaient cependant pas trompés ; ils avaient rapidement reconnu dans l’œuvre de Rops des qualités exceptionnelles qu’il fallait absolument partager avec le plus grand nombre, tout en faisant de Rops un représentant majeur de l’art produit en Wallonie.

Dans les milieux artistiques que fréquente le jeune Rops alors qu’il est inscrit aux cours de Droit de l’Université libre de Bruxelles au milieu du XIXe siècle, on a très vite reconnu le talent du caricaturiste et du lithographe. Illustrateur des Légendes flamandes (1858) de Charles de Coster, il est poussé par Charles de Groux et Constantin Meunier. Maîtrisant toutes les techniques (vernis mou, pointe sèche, aquatinte), il excelle dans la gravure à l’eau-forte qu’il a étudiée à Paris. Illustrateur de Baudelaire (Épaves en 1866, et les poèmes condamnés des Fleurs du mal), Rops devient l’un des illustrateurs les plus recherchés de la capitale française où il s’installe définitivement en 1874, sans renoncer à voyager à travers l’Europe et l’Amérique du Nord. Il en ramène d’éblouissants paysages ; mais à côté de cette peinture à l’huile, le dessinateur continue d’affoler les bourgeois bien-pensant par ses thématiques provocatrices. Membre du Groupe des XX, Félicien Rops a encore croisé la route d’Armand Rassenfosse (1886). De leur profonde amitié naissent une technique particulière de gravure et un vernis mou transparent, au nom évocateur, le « Ropsenfosse ».

Loin de ces techniques, mais faisant preuve d’une créativité indéniable, l’architecte Lalière et le sculpteur Bonnetain intègrent hardiment le mémorial Rops dans le parc Louise-Marie. Proche ami de Jules Destrée, Armand Bonnetain (Bruxelles 1883 – Uccle 1973) signe un médaillon présentant le profil droit de Félicien Rops. Ce médaillon en bronze est enchâssé dans une large plaque de marbre où se lit la dédicace : 1833-1898, Félicien Rops. Quant à Jules Lalière, il adapte à Namur l’œuvre parisienne de Rops.

Médailleur-statuaire, ce fils d’un chef-coq de nationalité française ne prend la nationalité belge qu’en 1926. Ancien élève de Constant Montald, Bonnetain s’adonne d’abord à la peinture avant d’être happé par la sculpture à la suite des cours de Charles Van der Stappen qui l’initie plus particulièrement à l’art de la médaille. Contemporain des Anto Carte, Paul Delvaux, René Magritte et Edgar Tytgat, de Pierre Theunis et Marcel Rau, Armand Bonnetain se spécialise dans le seul genre de la médaille. Du portrait de l’épouse de Van der Stappen, en 1902, à la représentation du compositeur Léopold Samuel, sa dernière réalisation en 1968, Bonnetain signe près de trois centaines de médailles, réalise des bas-reliefs, parfois de grande taille, ne réalisant des bustes exceptionnellement que pour ses amis (comme celui de Jules Destrée en 1913). Comme l’écrit François de Callataÿ, « Bonnetain s’inscrivit comme l’héritier de la tradition renaissante du portrait en médaille, qui fait correspondre au portrait physique du droit celui moral du revers ». S’il est le plus souvent adepte du format rectangulaire, il signe à Namur un médaillon arrondi pour Félicien Rops. Il s’intègre dans une pierre rectangulaire beaucoup plus large qui prend place au milieu de l’escalier réalisé par Jules Lalière (Lambusart 1875 – Namur 1955). Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles dans les années 1890, il sera désigné architecte-urbaniste de la ville de Namur en 1946, nomination consacrant une intense activité d’un demi-siècle dans la capitale wallonne. Installé dès le début du XXe siècle à Namur, il y réalise trois maisons de maître « Art Nouveau » avant de mener la construction de son propre hôtel particulier inspiré par Victor Horta. Le succès qu’il rencontre avant-guerre dans la vallée mosane ne se dément pas quand sonne l’heure de la reconstruction. Si son plan d’aménagement de la Grand’ Place de Namur n’est pas retenu, il obtient des commandes privées (cinéma « Renaissance », maison de François Bovesse, hôtel du Château de Namur à la Citadelle) ou plus sociales (Cité Renaissance à Saint-Servais) où s’expriment des styles fort différents. S’étant consacré aussi à la restauration de monuments anciens, il entre sans surprise comme membre effectif de la Commission royale des Monuments et des Sites (Section Monuments) en 1937. En tant qu’architecte, Lalière apporte une contribution remarquée à deux monuments commémoratifs : le mémorial du massacre de Tamines (avec Mascré, en 1920) et son « escalier Rops » (avec Bonnetain).

Sources

Wallonia 1912, p. 561
La Vie wallonne, 15 août 1921, n°12, p. 573
La Vie wallonne, 15 octobre 1925, LXII, p. 81
La Vie wallonne, 15 décembre 1925, LXIV, p. 133-146
La Vie wallonne, octobre 1933, CXLVIII, p. 66-68
Maurice KUNEL, dans Biographie nationale, t. 33, col. 627-631
François DE CALLATAŸ, Armand Bonnetain, dans Nouvelle Biographie nationale, t. IX, p. 54-58
Marc SIMON, Jules Lalière, dans Nouvelle Biographie nationale, t. III, p. 211-212
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 99

 

Mémorial Félicien Rops – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Parc Louise-Marie
5000 Namur

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque Léon TRESIGNIES

Plaque commémorative au caporal Léon Trésignies, à l’initiative des autorités locales, c. 2012.

Pendant plusieurs années, la façade de la maison natale de Léon Trésignies, à Bierghes (Rebecq) présentait, entre les deux fenêtres du premier étage, légèrement à droite au-dessus de la porte d’entrée, une plaque commémorative dédiée à ce soldat héros de la Grande Guerre. Il s’agissait d’un marbre blanc stylisé sur sa partie supérieure, où étaient gravées deux palmes, en haut à gauche et à droite, et la mention suivante, au centre :


AU
CAPORAL
TRESIGNIES
NÉ À BIERGHES
LE 26 MARS 1886
HOMMAGE ET RECONNAISSANCE
1914 – 1918


La rue du village, où se situait la maison natale, fut d’ailleurs rebaptisée à son nom. Pendant plusieurs années aussi, la maison figurait sur le parcours d’une promenade rendant hommage aux héros de la localité (Rebecq Historical Association). Vers 2009-2010, la bâtisse a été rasée et de nouvelles maisons ont été construites. La plaque commémorative, quant à elle, a été préservée et apposée sur le monument aux morts des deux guerres de Bierghes, située à hauteur du rond-point de la place Léopold Nuttinck et de la rue caporal Trésignies. Construit en briques, le monument aux morts présente en effet la particularité d’être composé de trois parties relativement distinctes mais réunies : au centre, la partie la plus haute, est dédiée aux victimes de la Grande Guerre ; la partie de droite aux victimes de 1940-1944 et celle de gauche accueille la plaque en marbre blanc, en dessous de laquelle a été placé un médaillon avec la photographie du visage de Trésignies.
Ouvrier aux chemins de fer, ce natif de Rebecq a été mobilisé en août 1914 comme de nombreux autres jeunes Wallons de sa génération. Il a rejoint directement la 2e compagnie, 3e bataillon du 2e Chasseur à pied. Arrivé à hauteur du canal de Willebroeck, bloqué par les Allemands, il a fait la preuve d’un courage tel que le statut de héros lui a été immédiatement attribué. Il s’est en effet porté volontaire pour plonger dans le canal et tenter d’actionner le mécanisme du pont-levis. Repéré par les Allemands, il est abattu sur place (26 août 1914). Il est cité à l’ordre du jour de l’Armée belge le 15 septembre 1914 : « Au caporal Trésignies, le héros de Pont-Brûlé, il honora son régiment, l’armée et la nation ». Très vite, il devient le héros du Pont-Brûlé, un héros de la résistance nationale auquel de nombreux hommages seront rendus après l’Armistice, grâce à l’initiative de la Ligue du Souvenir ; tandis qu’une souscription est lancée dans toute la Belgique pour un monument à élever à hauteur du Pont-Brûlé et que Charleroi lui rend aussi hommage, sa commune natale ne pouvait faire moins que d’apposer une plaque commémorative sur sa maison natale et de continuer d’honorer sa mémoire : outre la présence de la plaque sur le monument aux morts et par conséquent les hommages annuels, le caporal a été au centre d’une exposition, en 2014, organisée au Moulin d’Arenberg, dans le cadre du centième anniversaire de la Grande Guerre.

Sources
 

http://www.1914-1918.be/photo.php?image=photos/tresignies/tresignies_02.jpg 
http://www.bel-memorial.org/names_on_memorials/display_names_on_mon.php?MON_ID=1154  (s.v. juillet 2015)
Yves VANDER CRUYSEN, Un siècle d’histoires en Brabant wallon, Bruxelles, Racine, 2007, p. 51-52
Raymond GILON, Les Carnets de la mobilisation 38-40, Liège, Dricot, s.d., p. 308
Arthur DELOGE, Le caporal Trésignies, le héros du Pont-Brûlé, Bruxelles, ACJB, 1922
Camille BUFFIN, La Belgique héroïque et vaillante, Paris, 1916, p. 117-119

Plaque Léon Trésignies (Bierghes)

Rue Caporal Trésignies
Ensuite place Léopold Nuttinck, c. 2012
1430 Bierghes

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Paul Delforge

Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Roland de LASSUS

Statue à la mémoire de Roland de Lassus, réalisée par Barthélemy Frison, 23 mai 1853.


Au milieu du XIXe siècle, Mons, chef-lieu du Hainaut, n’a pas encore décidé quelle serait la première statue érigée dans l’espace public. L’initiative d’un tel monument n’est pas politiquement neutre. Jeune État né d’une révolution, la Belgique cherche à asseoir son autorité auprès des masses en mettant en évidence « ses » héros du passé. Déjà quelques « peintres d’histoire » ont commencé à s’inspirer d’événements du passé « belge » et les parlementaires ont décidé « d’honorer la mémoire des grands hommes belges » en encourageant toute initiative pour que fleurissent des statues dans l’espace public. D’emblée s’imposent comme « héros nationaux » : Pépin de Herstal, Thierry d’Alsace, Baudouin de Constantinople, Jean Ier de Brabant, Philippe le Bon et Charles Quint. Tandis que l’hôtel de ville de Bruxelles se couvre de près de 300 statues (entre 1844 et 1902), la façade du nouveau Palais provincial de Liège en accueille une quarantaine (entre 1877 et 1884). Chef de Cabinet, en charge de l’Intérieur (1847-1852), Charles Rogier invite chaque province à élever un monument digne des gloires nationales dans son chef-lieu. Dans le Hainaut, Roland de Lassus sera le premier personnage historique statufié dans l’espace public.


Ce natif de Mons est considéré comme la plus grande figure de la musique de la deuxième moitié du XVIe siècle. Enfant de chœur à l’église Saint-Nicolas de Mons, sa voix a enchanté plusieurs grandes cours d’Europe. Parti très tôt pour l’Italie, il se rend ensuite en Angleterre, se fixe un moment à Anvers, avant d’être engagé comme ténor par le duc de Bavière (1556) et d’être nommé maître de chapelle à Munich (1563-1594). Compositeur prolifique, il ne cesse d’alimenter les plus importants éditeurs d’Europe, à l’heure où l’imprimerie en est à ses débuts. En étant le premier à « commercialiser » ses « chansons » et sa musique religieuse, de Lassus sort des sentiers battus et, partout, il est accueilli comme « le prince des musiciens ». Sa notoriété n’avait pas échappé à Philippe Bosquier (Mons 1562, Avesnes 1636) : écrivain et prédicateur montois, ecclésiastique cultivé, personnage introduit auprès de plusieurs cours d’Europe, Bosquier fut le premier à suggérer aux magistrats de Mons, dans le premier tiers du XVIIe siècle, d’élever une statue de bronze en l’honneur de Roland de Lassus. À l’époque, il ne fut pas écouté.


Deux siècles plus tard, lors du Salon de Mons (juin 1846), un jeune sculpteur tournaisien présente quatre bustes, dont celui de Roland de Lattre, nom que le poète, bibliothécaire et polémiste montois Adolphe Mathieu (1804-1876) tente d’imposer pour désigner le Roland de Lassus. En ce milieu du XIXe siècle, les autorités locales nourrissent en effet plusieurs projets de monument et les défenseurs de Roland de Lassus se mobilisent. Ainsi, en 1849, une souscription est lancée par un jeune cercle de musique, la Société Roland de Lattre. En novembre 1850, un modèle en carton est présenté aux Montois ainsi qu’à une Commission appelée à décider de l’emplacement et du sujet. Le projet va passionner les Montois car, dans le même temps, un projet concurrent s’affiche : une statue dédiée à Baudouin de Constantinople. Finalement, avec le soutien de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, la ville de Mons organise « un concours pour l’érection d’une statue en bronze honorant « Roland de Lattre » (1532-1594) » et c’est le jeune sculpteur tournaisien présent à Mons en 1846 qui l’emporte : apprenti-mouleur à la Manufacture de faïence de Tournai, Barthélemy Frison (1816-1877) a déjà été distingué par plusieurs prix à la suite de la formation en sculpture qu’il a suivie à l’Académie de Tournai. Remarqué à Paris où il suit une formation dans l’atelier privé de Ramey-Dumont, il y expose et reçoit des lauriers de l’Académie des Beaux-Arts ; diverses œuvres monumentales pour la ville de Paris lui permettent de vivre de son art dans la capitale française.


En 1851, le projet de Frison est retenu et, en juin 1852, la commission se rend à Paris pour examiner le modèle exécuté par l’artiste. La fonte est réalisée à Paris, chez Carnot en janvier 1853 et le 23 mai, il est inauguré en grandes pompes. La Grand Place de Mons a été abandonnée : la statue est installée sur la place du Parc. Sur le piédestal, une inscription rappelle que de Lassus a été :


« Prince des Musiciens de son temps »


La réalisation montoise procure une notoriété nouvelle à l’artiste : Barthélemy Frison poursuit sa carrière entre Paris et Tournai. Ses œuvres – le plus souvent en marbre – rencontrent beaucoup de succès lors des Salons et Expositions, tout en recevant des commandes officielles à Tournai, à Bruxelles comme à Paris. Ainsi, en 1866, il réalise le buste du violoniste Amédée Frison pour le cimetière Sud de Tournai.


Le premier monument public de la ville de Mons suscite cependant railleries et ricanements. Certains ne reconnaissent pas de qualités au musicien, d’autres s’amusent à ne retenir que quelques taches dans la vie du personnage, alors que l’on se moque aussi de l’orthographe « Roland Delattre » gravée dans le socle de la statue, car l’école favorable à « Roland de Lassus » a déjà démontré la justesse de ses arguments.


Aujourd’hui, ce monument a disparu. La statue a en effet été fondue par l’occupant allemand, dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale. Un autre existe cependant, situé au pied de la collégiale Sainte-Waudru ; il s’intitule « Cantoria » et l’hommage au musicien est gravé dans la tranche du socle de quelques centimètres qui soutient le bronze de trois choristes réunis pour interpréter une partition de Roland de Lassus.

 


Ferdinand LOISE, dans Biographie nationale, t. 11, col. 386-418
Alphonse WAUTERS, Mathieu, dans Biographie nationale, t. 14, col. 33-44
J-B. VAN DEN EEDEN, dans Biographie nationale, t. 44, col. 439
J. DELECOURT, dans Biographie nationale, t. 2, col. 741
Jean WUILBAUT, Mons 1853-1868. Controverses autour de la statue de Baudouin de Constantinople, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, 1988, t. 73, p. 1-45
Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 402-403
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 593
La Vie wallonne, III-IV, 1970, n°331-332, p. 546-547

Place du Parc
7000 Mons

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Franz DEWANDELAER

Mémorial Franz Dewandelaer ; 22 septembre 1968.
Réalisé par Georges Aglane ( ?).

Espace public destiné à la rencontre et au loisir du plus grand nombre, le parc de la Dodaine, créé au début du XIXe siècle par le premier maire de la municipalité, offre de nombreuses possibilités de mise en évidence « d’un panthéon nivellois », soit par des statues, soit par des plaques mémorielles inaugurées à diverses époques. C’est ainsi qu’un carré est dédicacé à plusieurs plaques commémoratives d’illustres habitants de la cité : s’y retrouvent, dans un espace aéré, les Wallons Paul Collet, Albert du Bois et Franz Dewandelaer. Sur une pelouse, devant un buisson de charme, à quelques centimètres du sol, la plaque est ainsi mise en évidence et visible par tous.

Les admirateurs du poète Franz Dewandelaer (1909-1952) affirment que « son œuvre est une des plus fortes et des plus pathétiques de la poésie wallonne ». Nivelles, sa ville natale, est le thème central de nombreux écrits où il utilise souvent des images fortes, parfois violentes. Ayant exercé divers métiers avant de se fixer comme employé à l’administration communale de Nivelles (1934), il s’est lancé très tôt dans l’écriture poétique, en langue française comme en langue wallonne, avant de se lancer dans la composition de pièces de théâtre, au contenu engagé dans le combat politique, dans l’écriture de sketches radiophoniques, de contes, voire de chroniques pour des journaux et revues. 

Après la Libération, il militera très activement dans le Mouvement wallon : mêlant ses convictions politiques à ses talents littéraires, il propose un hymne wallon en composant deux chœurs parlés, Bloc et Il était une fois, d’après la Lettre au roi de Jules Destrée. Puisant son inspiration dans des sources identiques à celles des surréalistes wallons, Dewandelaer compose la plupart de ses poèmes entre 1930 et 1936, mais beaucoup ne seront publiés que bien plus tard.  Mobilisé en 1939, le soldat est arrêté au soir de la Campagne des Dix-Huit Jours, et emprisonné en Bavière. Rapatrié malade en 1941, il conservera toujours des séquelles de sa captivité. Il mourra en clinique des suites lointaines de sa captivité.

En septembre 1968, dans le cadre des fêtes de Wallonie, les autorités locales de Nivelles rendent un hommage appuyé à Dewandelaer. Sans conteste, cette initiative doit beaucoup à Émile Delvaille, ancien résistant, président de la section de Nivelles de Wallonie libre et conseiller communal. Le mémorial Dewandelaer semble être l’œuvre du sculpteur nivellois Georges Aglane. La phrase incrustée en lettres d’or sur une longue pierre rectangulaire est extraite de son recueil de poèmes en wallon, Bouquet tout fait :

« ‘isn’sont riquadeux sus l’banc qui tchamousse
Lezl dodaine qui doûrt intre les rojas
‘bouquet-tout fait
FRANZ DEWANDELAER
1909 – 1952 » 

Source 

Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Paul DELFORGE, Franz Dewandelaer, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 498
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 17
La Vie wallonne, 1952, p. 220 ; 1953, p. 118-140
Le Gaulois, n° 245, 30 août 1952, p. 6
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives Paul Collet, 14-22, Chemise Commémoration 1969, notamment article du Peuple, 24 septembre 1969

 

Mémorial Franz Dewandelaer

Parc de la Dodaine
1400 Nivelles

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Louis GALLAIT

Dominant la partie du parc communal de Tournai qui donne accès à l’hôtel de ville, une imposante statue rend hommage au peintre Louis Gallait (1810-1887). Formé dans l’Académie de sa ville natale, le jeune artiste a connu assez rapidement le succès et a bénéficié d’importantes commandes du gouvernement belge pour réaliser des œuvres mettant en scène des épisodes de « l’histoire nationale belge ». Porte-drapeau wallon de l’école romantique belge, Louis Gallait a fait l’objet, de son vivant, d’une attention toute particulière de la part des autorités communales de Tournai. Il n’est pas dès lors pas étonnant qu’au lendemain de son décès (1887), l’administration s’empresse de faire ériger un monument à la mesure du talent de l’artiste tournaisien.

Le projet est confié au talent du jeune architecte Victor Horta (1861-1947) et du sculpteur Guillaume Charlier (1854-1925), artiste apprécié dans la cité des cinq clochers où il aura à s’occuper du chantier du Musée des Beaux-Arts (Mémorial Van Cutsem et groupe allégorique) et recevra la commande du monument Bara. Formé auprès des frères Geefs puis praticien chez le sculpteur liégeois Eugène Simonis, le jeune bruxellois Guillaume Charlier a séduit un riche collecteur avec un plâtre intitulé Le déluge. Cette œuvre de 1879 place le jeune orphelin sous la généreuse protection du mécène ; il peut ainsi suivre les cours de l’École des Beaux-Arts de Paris (1880) puis chez Cavelier (1884-1886). Entre-temps, le Prix de Rome 1882 lui offre la possibilité de séjourner en Italie (1882-1884). Honoré par diverses distinctions lors des Salons où il présente ses œuvres d’inspirations diverses, il apporte à la sculpture de son temps un style propre, où s’exprime en permanence une forme de douleur de vivre due aux difficiles conditions matérielles des milieux ouvriers ou des nécessiteux. Dans l’ombre de Constantin Meunier, il s’attache à représenter plusieurs travailleurs (houilleur, marin, etc.) en pleine activité. Jeune portraitiste, il répond à de nombreuses commandes officielles ou privées et reçoit une chance importante avec le monument Gallait.

Pour cette statue en pied, Charlier représente Louis Gallait tenant en main sa palette de peintures ; coulée par la Compagnie des Bronzes de Bruxelles, la sculpture est placée sur un socle en pierre dû à Victor Horta, dont la signature apparaît ostensiblement à l’avant gauche. Particulièrement travaillés, trois reliefs en bronze décorent le socle en retenant trois dates majeures liant Gallait à Tournai : l’accueil du peintre par les autorités tournaisiennes après son premier succès à Gand en 1832 ; les fastes du jubilé artistique organisé à Tournai le 9 septembre 1883 ; le cortège funèbre du 23 novembre 1887. Au pied du monument, sur la partie avant, des palmes sont disposées pêle-mêle autour du blason de la cité. L’inauguration du monument a fait l’objet d’une cérémonie en grandes pompes, le 20 septembre 1891, l’inscrivant dans la tradition – maintenue en Wallonie – de la célébration des Journées de Septembre de 1830. C’est à une véritable glorification de la figure de Louis Gallait que procède la ville de Tournai, trois ans à peine après sa disparition.

 

Sources

Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 247
Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, Louis Gallait (1810-1887). La gloire d’un romantique, Bruxelles, Crédit communal, 1987, p. 22
Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images, p. 26-29
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 209

 

Statue Louis Gallait

Parc communal
Square Bonduelle
7500 Tournai

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Paul Delforge

Paul Delforge

Buste Paul HENRICOT

Buste de Paul Henricot, réalisé par Alfred Courtens,1948. 

À Court-Saint-Étienne, c’est surtout le nom d’Émile Henricot qui est connu. Un monument a d’ailleurs été élevé en son honneur, dès 1911, sur la place des Déportés, face au hall n°11 de la première usine dont il est devenu copropriétaire en 1867, avant d’en devenir l’actionnaire principal (1873), puis le seul propriétaire (1883). C’est autour de la prospère et moderne Usine Émile Henricot et de ses ateliers que va se développer l’entité de Court-Saint-Étienne, au tournant des XIXe et XXe siècles. Lorsque le « patron » disparaît en 1910, ses deux fils sont prêts à prendre le relais. Ayant été diplômés par l’Université de Liège comme ingénieurs civils, Paul (1873-1948) et Fernand (1871-1933) sont employés par la société depuis les dernières années du XIXe siècle et en deviennent les nouveaux directeurs dès 1910. À l’instar de son père qui fut aussi échevin, député puis sénateur, Paul Henricot se lance en politique, restant fidèle aux idées libérales. Entré au conseil communal de Court-Saint-Étienne dès 1910 où il remplace son père directement comme échevin, il est désigné au Sénat, en 1924, en remplacement de Joseph Berger décédé. De 1924 à 1946, il restera sénateur provincial du Brabant et assumera notamment la présidence du groupe libéral à partir de 1937. 

Comme son père, Paul Henricot témoigne d’attention à l’égard de son personnel en faisant construire un Foyer populaire (1913) ou en veillant à l’approvisionnement alimentaire durant les deux guerres mondiales. Resté seul à la direction de l’importante usine de Court-Saint-Étienne (1933), Paul Henricot fait l’objet d’un hommage particulier au lendemain de son décès, à Bruxelles, en 1948. 

À l’initiative du personnel de l’entreprise, le disparu est honoré – comme son père en 1911 – d’un monument dont la réalisation est confiée au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967). Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens a bénéficié des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste a cherché à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. 

Buste Paul Henricot

Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne. « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). Le mémorial Paul Henricot est une synthèse du savoir-faire éprouvé de Courtens : sur une haute stèle rectangulaire en pierre bleue, le profil gauche de l’industriel en buste est réalisé en bas-relief dans un cartouche en bronze. Simple, la dédicace est gravée dans la partie inférieure :

A PAUL HENRICOT
1873 – 1948
LE
PERSONNEL RECONNAISSANT

Rénové en 2008 et dégagé de la végétation qui l’étouffait, le monument « Paul Henricot » est installé à proximité de l’ancienne usine n°2, entre l’ancienne conciergerie (datant de 1908) et les anciens Grands Bureaux (construits en 1926 et transformés en un Centre d'éducation et de formation en alternance CEFA).

 


Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 435
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 363
Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge 1894-1972, Ledeberg-Gand, Erasme, 1972, p. 174

Rue Belotte 5
1490 Court-Saint-Étienne

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Paul Delforge

 Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Paul M-G LEVY

Monument Paul M-G. Lévy, réalisé à l’initiative des autorités de Gembloux et de Wallonie, avec le sculpteur Jean-Marie Mathot, 25 novembre 2005.

Situé à hauteur d’un rond-point au nord-ouest de Gembloux, à l’intersection entre le début de la chaussée de Namur et celle de Charleroi, un mémorial rend hommage à Paul M-G. Lévy (Ixelles 1910 – Sainte-Ode 2002), résistant, reporter de guerre et militant européen. Déjà nommé citoyen d’honneur de la ville de Gembloux où il s’était établi au début des années 1970, Paul M-G. Lévy inscrit désormais son nom dans l’espace public de Wallonie tant par le rond-point d’entrée de Gembloux que par le mémorial qui lui est consacré.

Reporter radio, pionnier de l’INR, Paul M-G. Lévy s’était imposé comme une des voix les plus populaires des auditeurs francophones belges dans les années 1930. Son refus de devenir la voix des Allemands, au moment de l’invasion de mai 1940, lui valut une incarcération à Saint-Gilles, puis à Breendonk : annoncé pour mort par la radio de Londres qui connaît les tortures qu’il subit, Lévy bénéficie d’un important mouvement de l’opinion publique qui contraint la Gestapo à le libérer. Après avoir jeté les bases du réseau Samoyède, il parvient à gagner l’Angleterre (printemps 1942). Là, aux côtés du ministre Antoine Delfosse, en charge de l’Information, il prépare l’après-guerre, avant de participer à la Libération de la Belgique : il parvient à rétablir les ondes de l’INR dès les premiers jours de septembre 1944. Grand reporter et correspondant de guerre, Paul Lévy est présent lors de la libération du camp de Dachau et est le premier journaliste occidental à entrer dans Berlin libérée. Élu député dans l’arrondissement de Nivelles, il est le seul représentant de l’Union démocratique belge (1946-1947), cette expérience travailliste qui resta sans lendemain. Déçu par l’immobilisme qui règne en Belgique, il s’éloigne de la politique et est engagé par le Conseil de l’Europe (fin des années 1940). Directeur de l’Information, il contribue à l’évolution de l’idée et du projet européens. Professeur associé de l’Université de Strasbourg, il deviendra également professeur à l’Université catholique de Louvain ; après le Walen Buiten, il s’installe à Gembloux : la maison où il va vivre trente ans est à quelques mètres du rond-point aménagé. Président du Mémorial national du Fort de Breendonk, il entretiendra la mémoire de la tragique période de guerre et sera un actif porteur du message de paix.
 

Monument Paul M-G. Lévy à hauteur du rond-point avec monument du sculpteur Jean-Marie Mathot (montage)

Un tel parcours de vie nécessitait un hommage durable de la part des autorités publiques. En inaugurant une stèle au croisement d’un important axe routier, celui qui relie les trois capitales européennes (Bruxelles, Luxembourg, Strasbourg), les autorités locales de Gembloux se sont associées aux autorités régionales wallonnes pour poser un geste symbolique de forte portée, renforcé par le choix d’installer au centre du rond-point une œuvre monumentale de Jean-Marie Mathot. L’occasion était fournie par la transformation de l’ancien carrefour de la Croisée. En place depuis 2004 déjà, l’œuvre en acier Corten de Mathot est une clé stylisée qui souligne l’importance du lieu comme porte d’entrée de la ville et qui renvoie aux armoiries de Gembloux. En présence du ministre wallon des Transports (André Antoine) et du bourgmestre de Gembloux (Gérard Bouffioux), le rond-point Lévy est inauguré le 25 novembre 2005 en présence de la famille de Paul M-G. Lévy.

Le choix de Jean-Marie Mathot, namurois de naissance (1948) et habitant de Gembloux s’est imposé de lui-même. Après sa formation à l’Académie de Bruxelles à la fin des années 1960, il y enseigne la sculpture et le modelage (1978) et est aussi professeur à l’École des Arts de Braine-l’Alleud. Issu d’une famille de marbriers, il opte d’abord pour la peinture et le dessin avant de se tourner résolument vers la sculpture. Il a commencé par la création de figures en taille directe, avant de mener diverses expériences qui rompent ponctuellement avec sa production habituelle. Délaissant les représentations figuratives, il s’oriente vers « l’exploration des potentialités expressives de la matière ». Tour à tour, il intègre des pierres peintes dans ses compositions, il s’attaque à des « déchets » de carrière, s’essaye au travail du béton et de l’acier. Deux de ses œuvres ornent un rond-point à La Louvière et à Gembloux. Artiste expérimental, il a reçu plusieurs récompenses (le Prix Donnay, le Prix Georges Van Zevenbergen, le Prix de la Gravure au Festival de la Jeunesse à Auderghem, le Premier Prix de la présélection au Concours International Musée 2000 à Luxembourg, le Prix Eugène Delattre de sculpture et le Prix Constant Montald de l'Académie Royale de Belgique, il est aussi  lauréat de la Fondation belge de la Vocation et de la Bourse triennale Maurice et Henri Evenepoel).

À côté de l’imposante sculpture en acier de J-M. Mathot (8,8 m de dimensions extérieures, 5,5 de dimensions intérieures, sur 1 mètre de profondeur), la stèle portant la plaque commémorative se fait humble et discrète, à l’image de Paul Lévy. Faite en briques et en pierre, percée comme une sorte de fenêtre, la stèle est surmontée d’une pierre bleue identifiant le lieu tout en rendant hommage au citoyen d’honneur de Gembloux :

ROND-POINT
BARON
PAUL M.G. LEVY
 

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de presse (La Libre, Vers l’Avenir, fin novembre 2005)
Discours de Gérard Bouffioulx, http://www.rond-point-paul-levy.blogspot.be/2005/11/1-7-discours-grard-bouffioux.html 
http://www.rond-point-paul-levy.blogspot.be/ 
http://www.rond-point-paul-levy.blogspot.be/2005/11/1-7-discours-grard-bouffioux.html (s.v. juin 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 147
http://mathot-sculpture.be/ 
http://acabat.blogspot.be/2010/03/vitaminesarts-20-0309.html 
http://commission-des-arts.wallonie.be/opencms/opencms/fr/integrations/createurs/mathot.html (s.v. mai 2014)

Rond-point Paul M-G. Lévy, entre la chaussée de Namur et la chaussée de Charleroi
5030 Gembloux

carte

Paul Delforge