© Coll. Université de Liège, Fonds d’Histoire du Mouvement wallon.

Bovy Théophile

Culture, Littérature

Liège 08/03/1863, Boulogne-Billancourt 06/06/1937

Avec Louis Hillier, le nom de Théophile Bovy est définitivement associé au Chant des Wallons. Bovy est l’auteur des paroles. Hillier le compositeur de la musique.

À la fin du XIXe siècle, Théo Bovy est un auteur wallon bien connu. Fils d’un graveur sur arme, il fait des études à l’Athénée de Liège et entame des cours de sciences à l’Université, avant de s’installer comme imprimeur (1885). Tout en éditant les autres, il se consacre lui-même à l’écriture, en français d’abord, en wallon ensuite. Sa première comédie Li diale è manèdje (Le diable dans le ménage) ne lui apporte pas la célébrité (1892). Par contre son initiative de créer un journal sera beaucoup mieux accueillie. Oscillant entre illustration de la langue wallonne et défense des intérêts politiques wallons, Li Clabot dispose d’un lectorat qui lui permet de vivre plus de quarante ans (1892-1932), ce qui constitue un record de longévité. Théophile Bovy en est le directeur de 1892 à 1908. Auteur dialectal, il va également inscrire dans la littérature wallonne 25 pièces de théâtre dont le ton ironique et souriant lui vaut un réel succès : en 1893, Li Grandiveûse, sa meilleure pièce, est la première comédie de caractère dans les lettres dialectales.

Le nom des Bovy va scintiller à Paris quand Berthe, sa fille, devient pensionnaire à la Comédie-Française. Du coup, Théo s’installe dans la Ville-Lumière où il exerce le métier de journaliste (1912). Avant la Grande Guerre, il est correspondant du journal Le Peuple et cet ami de Jean Jaurès aurait été présent sur les lieux de l’assassinat du tribun le 31 juillet 1914.

La gloire de Berthe sera plus éphémère que celle de son père. En effet, lauréat du concours fixant les paroles d’un chant des Wallons, Théophile Bovy est entré dans l’histoire de son pays. L’initiative en revient à la Ligue wallonne de Liège qui lance un concours destiné à couronner « un chant mâle et énergique », capable de servir de ralliement à l’ensemble de la Wallonie. L’épreuve littéraire se tient en 1899 ; 48 textes parviennent au jury qui n’est pas pleinement convaincu et se contente d’accorder seulement un second prix. Il revient à Théophile Bovy auteur de Strindans-nos bin (Soutenons-nous bien). L’année suivante, Louis Hillier remporte l’épreuve musicale et le texte de Bovy devient l’officiel Chant des Wallons. En 1916, Bovy prend l’initiative d’ajouter une cinquième strophe de circonstance aux quatre couplets de son Tchant des Wallons, afin d’affirmer le loyalisme des Wallons dans la lutte contre l’envahisseur allemand. Manquant de souffle, il sera oublié dès la paix revenue. Quant aux quatre autres couplets, il leur faudra plusieurs années pour qu’ils soient adoptés officiellement et par le plus grand nombre. Le décret du Parlement wallon du 15 juillet 1998 en a fait l’hymne officiel de la Région.

C’est à Boulogne-Billancourt que Théo Bovy a rendu son dernier souffle ; son corps est immédiatement ramené à Liège où il repose, au cimetière de Sainte-Walburge.

Sources

Bibliothèque des Dialectes de Wallonie, Dossier Théophile Bovy
DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, t. I, Charleroi, 2000 
La Vie wallonne, 1921-1922, p. 519-523
LEJEUNE Rita, Histoire de la littérature wallonne, p. 89 et 96
PIRON Maurice, Les Lettres wallonnes contemporaines, Paris-Tournai, 1944, p. 130
REM Georges, Boulevard Louis Hillier, dans Si Liège m’était conté, n° 32 de septembre-novembre 1969, p. 3-6.

Forgé au cours du XIXe siècle, le mot « Wallonie » fut rapidement popularisé tant au sein de la région qu’il désigne que chez ses voisins. Point de départ de l’affirmation de l’unité wallonne, cette dynamique a conduit, voici un siècle, à l’adoption d’un drapeau et d’une fête que le Parlement wallon a consacrés officiellement en 1998. De la revue littéraire d'Albert Mockel jusqu'à la régionalisation, cette leçon met en lumière les grands repères symboliques de l'identité wallonne au travers d'une synthèse et de documents.

BURGEON Willy

Politique, Député wallon

Haine-Saint-Pierre 11/01/1940

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995-1999
6e Président du Parlement wallon : 1988-1991 ; 1992-1995

Licencié en Sciences commerciales et financières de l’Institut Warocqué à Mons (1962), professeur d’économie à l’École normale provinciale à Charleroi (1963-1969), sous-directeur de l’École commerciale de l’Université du Travail de Charleroi (1969-1971), Willy Burgeon s’engage en politique selon une longue tradition familiale (un arrière-grand-père maternel avait contribué à la construction de la Maison du Peuple de Jolimont, une des premières d’Europe). Marqué par les événements de la grève de l’hiver ‘60-’61, il est élu conseiller communal de Haine-Saint-Pierre et en 1970, et devient d’emblée échevin de l’Instruction publique (1971-1977). En raison de la fusion des communes, il déménage à Leval-Trahegnies, dans le « grand Binche » où il est élu conseiller communal et (re)devient échevin de l’Enseignement, de la Culture et des Affaires économiques (1977-2000). Binche connaît alors une profonde rénovation urbaine et architecturale.

Député de l’arrondissement de Thuin (1971-1977), représentant du PS au Conseil économique régional de Wallonie (1975-1983), partisan d’une rapide concrétisation de l’article 107 quater, W. Burgeon participe à l’adoption des principales réformes institutionnelles (1980, 1988, 1993) qui attribuent une autonomie certaine à la Wallonie et transforme la Belgique en un État fédéral.

Membre du Conseil régional wallon (1980-1995), secrétaire du bureau de l’assemblée (1983-1988), vice-président de la Commission de l’Économie, de l’Emploi et des Classes moyennes (1981-1988), il accède à la présidence du Parlement wallon (1988-1995), en devient le sixième titulaire, et reste à ce jour celui qui a assuré le plus long mandat à ce poste. Il s’emploie à faire connaître son institution tant au niveau international que par des démarches transfrontalières, à lutter contre l’absentéisme et à améliorer les conditions de travail à Namur. Il ne parvient cependant pas à imposer la construction d’un nouvel hémicycle selon les plans de l’architecte Mario Botta, sur le Grognon. Le 6 avril 1995, il fait adopter in extremis une résolution attribuant au Conseil régional wallon le nom de Parlement wallon.

Reconduit à Namur par les électeurs de l’arrondissement de Thuin, Willy Burgeon figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon (1995-1999). Il garde une fonction au bureau de l’assemblée en tant que secrétaire (1995-1999). Avec Gustave Hofman, Léon Walry, Pierre Wintgens et Ghislain Hiance, il dépose notamment une proposition de décret devant le Parlement wallon, début juillet 1997, visant à doter la Wallonie d’un hymne officiel. Après plusieurs réunions de travail au sein d’une Commission spéciale dont il est membre, Le Chant des Wallons est retenu et fait l’objet d’un décret adopté le 15 juillet 1998 par le Parlement wallon. Par ailleurs, il est aussi membre du Comité des Régions et rapporteur de la Commission Fonds structurels européens. De 1995 à 2001, il préside l’Union des Villes et des Communes de Wallonie.

Suite à des différends au sein de la Fédération socialiste de Thuin et de la section locale de Binche, W. Burgeon refuse de se présenter au scrutin pour le Parlement wallon en 1999, et se retrouve conseiller communal de l’opposition suite au succès de la liste d’André Navez (2001-2006). Chef de groupe PS, il renonce à tout mandat en 2006. Il reste actif dans les associations qu’il a créées et qui valorisent des spécialités traditionnelles de Binche, comme la dentelle, tout en mobilisant de l’emploi local. Après une profession de foi républicaine publique (2001), Willy Burgeon déclare vouloir faire le choix de la France (2008).

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 73-77

Mandats politiques

Conseiller communal de Haine-Saint-Pierre (1971-1976)
Échevin (1971-1976)
Conseiller communal de Binche (1977-2006)
Échevin (1977-2000)
Député (1971-1995)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Président du Parlement wallon (1988-1995)
Député wallon (1995-1999)