Du duché souverain à la république de Bouillon (XVe- XVIIIe siècles)

Assez éloigné de Liège, Bouillon va conserver une identité propre, avec ses lois et coutumes particulières, avec sa monnaie et ses cours souveraines et le petit duché entend se faire respecter par le prince-évêque. Le principe d’un gouverneur nommé par l’évêque pour s’occuper de son administration va permettre l’éclosion d’une famille seigneuriale importante, les La Marck (XVe siècle). Élargissant leur autonomie au moment où la principauté connaît quelques déboires intérieurs et extérieurs, les La Marck sont bien introduits à Liège et y deviennent même « envahissants ». Soutenu par le roi de France, Bouillon affirme brièvement sa totale indépendance (1552-1559), avant que le traité de Cateau-Cambrésis (1559) ne rétablisse Liège dans sa propriété.  À partir de 1594, la souveraineté de Bouillon est « transférée » à la famille de La Tour-d'Auvergne, vicomtes de Turenne.
En soutenant les ducs de Bouillon dans leurs droits face aux princes-évêques (XVIe-XVIIIe siècles), la France prend ses quartiers en Ardenne, au-delà de la frontière impériale. Pour Vauban, Bouillon constitue la « clé des Ardennes », et il n’est pas question que cette clé soit accrochée au trousseau de l’Espagne ou de l’Autriche. Malgré les protestations liégeoises (Bouillon revendique de surcroît un droit de regard sur l’abbaye de Saint-Hubert), les multiples traités qui marquent le XVIIe siècle laissent sa souveraineté au duché de Bouillon, sous l’aile militaire protectrice de la France, bien qu’il continue à relever juridiquement de l’empire germanique (1678-1795).
« Diamant enchâssé dans la crosse de Liège » dès 1096, territoire conquis par Louis XIV en 1676 puis placé dans l’écrin de la maison d’Auvergne, le duché de Bouillon éclatera en trois morceaux en 1795, emporté par la grande Révolution.

Références
HHWH59 ; VdEss06 ; VerM01 ; WPH01-236


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)