Casterman Louis

Culture, Edition

Tournai 12/02/1893, Tournai 15/08/1981

Représentant de la 5e génération des maîtres imprimeurs tournaisiens, Louis Casterman hérite, avec son frère Gérard et son cousin Henri de l’entreprise de leurs pères, Louis (1857-1906) et Henri (1853-1907) Casterman. En raison de leur bas âge et des difficultés économiques, l’entreprise familiale est transformée en société anonyme ; la gestion en est assurée par Léon Mallié (directeur du Courrier de l’Escaut) le temps que les enfants atteignent leur majorité. L’entreprise fait l’objet d’une cure de rajeunissement et est fortement modernisée. Après avoir travaillé dans l’entreprise dès leurs vingt ans, ils reprennent les affaires après la Grande Guerre : les deux frères s’occupent de l’édition et l’imprimerie, tandis que leur cousin prend en charge la gestion financière, avant d’ouvrir une importante librairie tournaisienne intégrée à la société.

Par l’intermédiaire de Charles Lesne qui avait travaillé au journal le XXe siècle, Louis Casterman est mis en contact avec Georges Remi qui est contraint de publier à comptes d’auteur les premières aventures de Tintin. Décrochant Hergé du Petit Vingtième et de l’abbé Wallez, Casterman offre au père du petit reporter des conditions d’édition décentes et lui ouvre le marché français (début 1934). En noir et blanc, Casterman édite en album Les Cigares du pharaon dès janvier 1934, avant que Le Lotus bleu (janvier 1936) n’assure le succès de l’entreprise. L’éditeur Casterman invite le dessinateur à limiter la longueur de ses histoires et à penser désormais à la couleur. En 1942, L’Etoile mystérieuse est le premier album à paraître directement en couleur, tandis que Hergé retravaille ses précédentes histoires – hormis Tintin chez les Soviets – pour correspondre au nouveau standard d’édition. En dépit des événements de la Seconde Guerre mondiale, Hergé, Tintin et Louis Casterman sont désormais inséparables. Avec un million d’albums vendus en 1948, Louis Casterman contribue à écrire une nouvelle page glorieuse de la saga industrielle familiale.

Visant un public jeune, Casterman étoffe son catalogue « bandes dessinées », accueillant des auteurs promis à de grands succès comme Jacques Martin avec ses personnages d’Alix et Lefranc, François Craenhaels et son Chevalier Ardent. Dans les années 1950, la collection Farandole connaît un certain succès et le lancement des aventures de Martine en 1954, du dessinateur Marcel Marlier, est un nouveau succès. Des bandes dessinées en flamand sont également publiées ; leur succès conduit à l’installation en 1963 d’une filiale Casterman aux Pays-Bas. Président du syndicat des éditeurs belges de 1955 à 1965, Louis Casterman se retire des affaires à la fin des années 1960.

Bourgmestre de Tournai faisant fonction sous l’occupation allemande afin de protéger au maximum les survivants des dévastations de mai 1940, Louis Casterman ne conserve pas ce mandat à la Libération ; cependant, le conseiller communal acceptera de ceindre à nouveau l’écharpe maïorale, dans des conditions optimales cette fois, entre 1959 et 1968.

 

Sources

Serge BOUFFANGE, Pro deo et Patria : Casterman, librairie, imprimerie, édition 1776-1919, Genève, 1996
L-R. CASTERMAN (dir.), Casterman 1780-1980. Deux cents ans d’édition et d’imprimerie, Tournai, 1980
L. JOUS, Les Casterman(t) d’Ecaussines à Tournai. Essai généalogique, dans Mémoires de la Société royale d’Histoire et d’Archéologie de Tournai, t. IV, 1983-1984, p. 467- 488.
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 95-96
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135