Buisset Émile
Militantisme wallon, Politique
Charleroi 29/06/1869, Charleroi 07/02/1925
Avocat, bâtonnier de l’Ordre, Émile Buisset embrasse une carrière politique qui se révèlera féconde : conseiller communal dès septembre 1903, député (1904-1925), échevin en 1904, et enfin bourgmestre de Charleroi en 1921. Figure libérale marquante de la région de Charleroi, il prend une part active dans la défense des intérêts de la Wallonie.
La famille Buisset est originaire de Thuin et est venue s’installer à Charleroi au milieu du XIXe siècle. C’est là que naît Émile, dans une famille bourgeoise aisée, qui lui permet de suivre des études universitaires à Liège. Docteur en Droit de l’Université de Liège (1887), après un stage à Bruxelles, il s’installe à Charleroi où il plaide au Barreau. Membre du parti libéral, il contribue à relancer les activités de l’Association libérale, dont il est le secrétaire général (1898). À peine élu conseiller communal, l’échevinat des Finances lui est confié (hormis entre 1912 et 1914). Premier échevin, bras droit du bourgmestre Émile Devreux, Buisset apporte sa contribution au succès de l’ambitieux projet d’Exposition internationale qui se déroule d’avril à novembre 1911 et dont le but est de présenter le savoir-faire carolorégien au monde.
En août 1914, avec Devreux, Buisset fait partie des notables carolorégiens qui parviennent à éviter le pire aux populations en parlementant avec l’envahisseur (traité de Couillet). Après le premier scrutin communal au suffrage universel (avril 1921), Émile Buisset succède à Devreux, à la tête d’une coalition « socialistes-libéraux », mais il n’achèvera pas son mandat, succombant à une maladie contractée durant l’occupation ; Joseph Thirou lui succède alors (1925). Député élu en 1904, il est régulièrement réélu et il s’impose à la Chambre comme un défenseur de la cause wallonne.
Le mérite revient d’ailleurs à Émile Buisset d’avoir contribué à la prise de conscience du Hainaut à la problématique wallonne. Alors que, à Liège, la question wallonne tendait à sortir progressivement de la confusion de ses débuts, Émile Buisset secoue, dès 1900, l’apathie des Hennuyers au travers de nombreux articles dans La Gazette de Charleroi où il attire l’attention de ses contemporains sur ce qu’il considère comme les exagérations du Mouvement flamand. Membre du Comité d’étude pour la Sauvegarde de l’Autonomie des provinces wallonnes, comité qui est créé par la Ligue wallonne de Liège en 1910, Émile Buisset recherche le moyen de préserver l’unilinguisme en Wallonie et de défendre les intérêts wallons face aux revendications flamandes. Avant la Grande Guerre, l’élargissement des prérogatives des provinces lui paraît la meilleure voie vers l’autonomie. Il présente d’ailleurs un projet écrit lors du Congrès wallon du 7 juillet 1912 et est un membre fondateur de l’Assemblée wallonne, en tant que représentant de l’arrondissement de Charleroi.
Durant l’occupation allemande de 14-18, son activité ne faiblit pas, mais elle se fait discrète et clandestine. Plusieurs études de sa plume circulent sous le manteau, formulant des idées originales afin de réorganiser les structures institutionnelles de la Belgique libérée. En désaccord avec l’évolution de l’Assemblée wallonne après la Première Guerre mondiale, il soutient la position fédéraliste de Jules Destrée lors de la crise que connaît ce Parlement informel de Wallonie en juin-juillet 1923, mais contrairement au socialiste, Buisset ne démissionne pas de l’Assemblée wallonne, continuant d’y plaider en faveur d’une autonomie accrue de la Wallonie au sein de l’État belge. Il en viendra à rejeter « le provincialisme » et à prôner une « simple séparation », avec reconnaissance de la Flandre, de la Wallonie et d’un statut particulier pour Bruxelles et ses environs, tout en adoptant une formule régionaliste créant cinq États (la Flandre, la Campine, la Wallonie occidentale ou Sambre, la Wallonie orientale ou Meuse et l’État de Bruxelles).
Sources
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 208-209
Chantal MENGEOT, Anne SOUMOY (dir.), « Charleroi 1911-2011 ». L’industrie s’associe à la culture, Charleroi, septembre 2011
Jean-Pierre SCHAEFFER, Charleroi 1830-1994. Histoire d'une métropole, Ottignies, Quorum, 1995, p. 147-193
Paul DELFORGE, Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie, Namur, Institut Destrée, 2005
Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne (1912-1923). Premier Parlement de la Wallonie ?, Namur, Institut Destrée, décembre 2012, coll. Notre Histoire n°10
Mandats politiques
Conseiller communal de Charleroi (1904-1925)
Échevin (1904-1921)
Député (1904-1925)
Membre de l’Assemblée wallonne (1912-1925)
Bourgmestre (1921-1925)
© Institut Destrée. Coll. Archives de la ville de Charleroi, Paul Delforge
Contenus liés
Dictionnaire des Wallons
- TIROU Joseph
- CHAUVIN Victor
- BORDET Jules
- BRANQUART René
- BRUNET Émile
- DELAITE Julien
- DESTREE Jules
- GILBERT Oscar
- LORAND Georges
- MAGNETTE Charles
- MOCKEL Albert
- NEUJEAN Xavier
- OLYFF François
- PATER Arthur
- PAUL Yvan
- PECQUEUR Oscar
- ROGER Jean
- ROYER Émile
- SUAIN Léon
- PROCÈS Arthur
- JENNISSEN Émile
- GHEUDE Charles
- DEVREUX Émile
- KLEYER Gustave
- LESCARTS Jean
- ANDRÉ François
- DE SÉLYS LONGCHAMPS Hector
- DEJARDIN Joseph
- HORION-DELCHEF Marguerite