Procès Arthur
Politique
Champion 11/06/1857, Namur 28/08/1932
Ayant grandi dans une famille catholique et accompli ses humanités classiques au Collège des Jésuites, Arthur Procès étudie le Droit à l’Université catholique de Louvain et devient avocat : il est inscrit au Barreau de Namur dès novembre 1882. Il reste cependant au contact de ses professeurs de Droit, avec lesquels il fonde les Pandectes périodiques. Avec Louis Hébette et sous la direction d’Edmond Picard, il s’occupe de l’édition régulière de ce recueil méthodique de la jurisprudence jusqu’en 1914.
Entre droit et politique, le chemin est vite franchi par Arthur Procès : membre du parti libéral, il est élu conseiller communal de Namur en 1888 et, en cours de législature, remplace Adolphe Monjoie (démissionnaire) dans ses fonctions scabinales (4 décembre 1891), dans un collège présidé par Henri Lemaître. Lors du scrutin de 1895, le parti libéral est écrasé par le parti catholique et Arthur Procès perd jusqu’à son mandat de conseiller communal. Réélu en 1899, il retrouve une place dans un collège à large majorité libérale, mais présidé par le catholique Ernest Mélot : on sait qu’à l’époque, c’est le gouvernement qui désignait les bourgmestres… Retrouvant l’opposition en 1906, les libéraux namurois participent à l’important succès d’ensemble des listes d’opposition au gouvernement catholique, dans les grandes villes wallonnes, lors du scrutin d’octobre 1911. Le 5 janvier 1912, Arthur Procès devient le bourgmestre de Namur et le restera jusqu’en 1921, exerçant ainsi une difficile fonction durant les années d’occupation allemande.
Le 20 octobre 1912, Arthur Procès figure parmi les tout premiers délégués de l’Assemblée wallonne ; il y représente Namur. En mars 1914, il accueille la Ve session de l’Assemblée wallonne dans son hôtel de ville, contribuant à asseoir ainsi le caractère semi-officiel du Parlement wallon informel dirigé par Jules Destrée. Et le 2 août 1914, il doit accueillir Albert pour sa première visite royale à Namur… Elle n’aura pas lieu, Procès passant d’une mobilisation pour une fête à une mobilisation pour éviter la prise de la ville par les Allemands.
Les événements de 1914-1918 vont placer Arthur Procès au centre de toutes les attentions et attiser de vieilles querelles politiques locales. Bien décidés à opposer une farouche résistance à l’ennemi, les Namurois sont d’emblée impressionnés par la puissance de feu des Allemands. Après quelques jours d’espoir dans les forces armées, les autorités civiles locales sont abandonnées à leur sort, le 23 août. Dès l’arrivée des Allemands à Namur, le 24 août 1914, des circonstances rocambolesques placent le bourgmestre au centre d’un imbroglio qui nourrit dans la population des accusations portant sur son abandon de poste, d’une part, et conduit, d’autre part, les officiers allemands à le révoquer parce qu’il aurait contrevenu aux règles de la guerre. En fait, parti à la recherche d’un interlocuteur important de l’état-major belge, le général Michel, commandant de la forteresse de Namur, pour signer l’acte de reddition, Procès est parti en compagnie de deux plénipotentiaires allemands ; or ceux-ci ont été arrêtés par des militaires belges, contre l’avis du bourgmestre. Après s’être égaré dans la campagne namuroise, Procès rentre bredouille à Namur, après les deux Allemands entre-temps libérés… Vu en présence d’Allemands qui eux-mêmes se sentent trahis, Arthur Procès est disqualifié et aura fort à faire pour rétablir une réputation entachée par un concours de circonstances fâcheux.
Au soir du 27 août 1914, les militaires allemands chargent le Premier échevin, le catholique Fernand Golenvaux, des prérogatives maïorales ; Procès, quant à lui, retrouve son métier d’avocat. Apprécié par ses confrères, ceux-ci lui témoignent leur soutien en le choisissant, en 1915, comme Bâtonnier de Namur. Il serait vraisemblablement resté dans l’ombre du Palais de Justice jusqu’à la libération du pays si une crise de succession n’avait éclaté au sein du collège namurois suite à la condamnation à mort de Golenvaux pour « activités patriotiques » ; sa peine est commuée en un emprisonnement en Allemagne, mais Namur n’a plus de bourgmestre. Le 20 janvier 1917, Arthur Procès est réinvesti dans ses fonctions, non sans avoir obtenu une forme de réhabilitation morale.
Bien qu’il refusât de livrer la liste des chômeurs aux autorités allemandes et s’opposât à faire appel à de la main-d’œuvre locale pour des travaux d’intérêt militaire, Procès ne résistera pas à la tentation des petits jeux politiciens (en 1918) et, malgré ses efforts importants dans la reconstruction de Namur libérée, chacun apprécie qu’il ne se représente plus au scrutin de 1921. Retiré de la vie publique, l’avocat allait être honoré par ses confrères du Barreau pour ses 50 années d’activités professionnelles lorsque la maladie eut finalement raison de lui.
Mandats politiques
Conseiller communal de Namur (1889-1894, 1899-1921)
Échevin (1891-1894, 1899-1906)
Bourgmestre (1912-1921)
Sources
André DULIÈRE, Les bourgmestres de Namur, dans Vers l’Avenir, 7 et 22 juillet 1955
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Assemblée wallonne
Philippe BRAGARD, Jacques CHAINIAUX (dir.), Namur face aux « grosses Bertha ». Le siège de la position fortifiée en août 1914, Namur, Les Amis de la Citadelle, 2006
Paul Delforge
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