Radoux Jean-Théodore
Culture, Musique
Liège 09/11/1835, Liège 20/03/1911
Troisième directeur du Conservatoire de Liège depuis sa création en 1826 et la désignation de Daussoigne-Méhul, Jean-Théodore succède à Étienne Soubre en 1872 et exerce la fonction jusqu’à sa mort, en mars 1911. Lui-même musicien et compositeur, ce fils d’armurier présidera les jurys des concours pendant près de quarante ans et verra voit passer quelques grands noms comme Eugène Ysaÿe, Ovide Musin, Martin-Pierre Marsick, César Thompson et bien d’autres comme les trois prix de Rome Sylvain Dupuis, Joseph Jongen et son fils Charles Radoux-Rogier.
Formé au Conservatoire de Musique de Liège (1845-1854), il suit les cours de solfège de Léonard Terry, apprend le basson et le piano, et suit les cours d’harmonie et de composition de Daussoigne ; dans chacun des cours, Radoux se distingue enlevant le 1er prix en solfège et basson, le 2e prix en piano. Dès 1856, il est nommé professeur de basson en remplacement de son maître Joseph Bâcha (décédé). Premier Prix de Rome 1859 pour la cantate Le Juif errant qu’il a composée, le jeune Radoux se rend à Paris où il compose avec l’aide de Halévy quelques fresques historiques dans l’air du temps, ainsi qu’un deuxième Te Deum, après celui de 1857 qui fut sa première œuvre. Entre Paris et Liège, Radoux écrit, compose, publie. Opéra-comique en trois actes, Le Béarnais est représenté pour la première fois à Liège (1867), avant de faire un triomphe à Bruxelles (1868).
Le compositeur est alors fort sollicité tant à Liège qu’à Bruxelles et à Anvers. Il accepte pourtant d’assurer de façon provisoire la direction du Conservatoire de Liège au lendemain du décès inopiné d’Étienne Soubre. Il s’acquitte si bien de la fonction qu’il est nommé en 1872. Consolidant les innovations de Soubre, renforçant l’enseignement, il s’appuie sur une série de professeurs talentueux qui assurent au Conservatoire de Liège une grande réputation. Tout améliorant la qualité, Radoux élargit l’offre de formation et permet à davantage d’élèves de les suivre. Créateur d’un Orchestre du Conservatoire, il fait jouer dans les meilleures conditions le répertoire classique et moderne, les œuvres des Autrichiens, des Allemands, des Français et des Russes, mais aussi celles de César Franck, de Vieuxtemps, de Joseph Jongen et… les siennes. Un goût très sûr et une approche pédagogique constante contribuent à faire connaître au public liégeois des œuvres sûres, parfois en création à Liège.
Attentif à préserver les œuvres du passé, le directeur du Conservatoire de Liège veille à l’acquisition de la bibliothèque Terry, à la constitution d’un musée Grétry, à la réorchestration de Li Ligeois ègagî de Jean-Noël Hamal et rédige notamment des biographies marquantes (dont celle de Vieuxtemps). Préoccupé de favoriser toutes formes d’expression musicale, comme par exemple les sociétés chorales, il permet par ailleurs au Conservatoire de Liège d’entrer dans de nouveaux bâtiments, au boulevard Piercot (1887). Correspondant (1874), membre titulaire (1879) et enfin directeur de la Classe des Beaux-Arts (1896) de l'Académie royale de Belgique, il retrouvera un peu de temps, à la fin de sa vie, pour de nouvelles compositions, notamment treize grands chœurs à quatre voix d'hommes qui intègrent une œuvre riches d’une soixantaine de productions.
Sources
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 392
José QUITIN, dans Biographie nationale, t. 43, col. 610-618
© Institut Destrée, Paul Delforge