Bruxelles 27/06/1936, Tourinnes-la-Grosse 18/09/2021
L’optimisme, l’amour, la nature et « son petit pays » tels sont assurément les thèmes récurrents que développe Julos Beaucarne depuis les années 1960 tant comme poète, chanteur, sculpteur, écrivain ou comédien. Au-delà de La p’tite gayole (1981) et des pullovers aux couleurs de l’arc-en-ciel, Beaucarne est un amoureux de la langue, avec laquelle il jongle aussi bien en français qu’en wallon. Né à Bruxelles, il a grandi à Écaussinnes où son père était marchand de machines agricoles. C’est au collège de Soignies qu’il découvre le théâtre, la poésie et l’amour de l’écriture. Ne parvenant pas à terminer des études supérieures, il exerce divers métiers (placeur d’antennes TV, professeur de guitare, etc.), avant de se lancer dans la chanson. Ayant quitté Écaussinnes pour Tourinnes-la-Grosse, il fait d’une ferme du XIXe siècle son repère et son lieu d’inspiration. Il restera fidèle à ce lieu malgré le drame qui le touche en 1975 quand un déséquilibré tue son épouse, Louise-Hélène France. C’est en souvenir de sa compagne Loulou que Beaucarne donne son nom à sa maison d'édition de disques et de livres.
Son premier album, Julos chante Julos, est sorti en 1967 ; d’autres suivent lui assurant un succès tel que, progressivement, les invitations s’étendent à l’ensemble de la francophonie : interprétant Brassens et Vigneault en wallon, il sort, en 1974, « Nous sommes 180 millions de francophones » sur l’album Front de libération des arbres fruitiers. Entre farce et engagement écologique, il crée à la fois « le Front de Libération de l'Oreille et le Front de Libération des Arbres Fruitiers, dont les initiales Flo Flaf (puis simplement FLO) deviennent le titre d'un organe de liaison où il laisse aller sa plume, et publie certains textes d'amis poètes reconnus ou inconnus du grand public ». Outre les thèmes traités, l’originalité des albums résident aussi dans l’alternance de chansons, de poèmes récités, voire de monologues humoristiques, de prises de sons et d'extraits de voix... Dans les années ’70, avec les festivals de Champs et de Floreffe, le folklore a repris des racines.
En 1981, La p’tite gayole, sorte de « disque-manifeste », fait l’événement. Habitué à reprendre des airs et des paroles issus du répertoire traditionnel wallon, Julos Beaucarne réinterprète cette chanson populaire que lui chantait sa maman quand il était petit. L’air est entraînant et, sous une apparence anodine, les paroles sont surtout polissonnes. En dehors du circuit commercial, il conquiert un public fidèle qui se laisse séduire par sa poésie ou accepte de réfléchir avec lui sur certains de ses textes sérieux. Il se fait aussi l’interprète de poètes comme Chavée ou Elskamp. Lors des débats parlementaires concernant le choix d’emblèmes pour la Wallonie, celui qui avait signé le Manifeste pour la culture wallonne en 1983 propose un hymne national wallon aux paroles simples et pacifiques, en français, sur la musique de La p’tite gayole (1997-1998). En 2000, sur l’album Co’ne Rawète, quasi exclusivement en wallon, il présente une P’tite Gayole revisitée pour en faire une véritable Brabançonne wallonne.
Comédien, il a joué le père Jacques dans le Mystère de la chambre jaune et Le Parfum de la dame en noir. Sculpteur, il a créé dans un champ, à la ferme de Wahenge, un ensemble de 36 pagodes post-industrielles à partir de tourets de chantiers récupérés et empilés par ordre de taille décroissante. Il s’est éteint en 2021, le week-end des fêtes de Wallonie.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (dont La Libre, 16 août 2011)
La Wallonie à l’aube du XXIe siècle, Namur, Institut Destrée, Institut pour un développement durable, 2005
Entretien avec Julos Beaucarne, 17 mai 2011, dans http://interculturel.correspondants.org/news/2-7-1-entretien-avec-le-cha...
http://www.franceinter.fr/personne-julos-beaucarne
Xavier BERNIER, Tchantans nosse bia lingadge… One saqwè po li scole !, mémoire, Namur, Institut de Musique et de pédagogie musicale, année 2001-2002, accessible sur http://www.ucwallon.be/PDF/bxtnblospls.pdf
Répertoire de l’œuvre :
http://www.julos.be