Truffaut Georges
Officier (Historique)
LIÈGE 22.12.1901 – HERREFORD 03.04.1942
Né à Liège, Georges Truffaut se destine à la carrière consulaire. La Première Guerre mondiale marque profondément le jeune homme qui, âgé d’à peine quinze ans, n’hésite pas à fuguer dans l’espoir de rejoindre le front. En 1919, il embarque comme cadet sur un navire-école à Anvers. Breveté officier en 1921, il ne pourra en faire son métier.
Passionné par l’écriture, Truffaut entre en 1924 à La Wallonie, dont il sera secrétaire de rédaction. Parallèlement, il officie comme éditorialiste dans l’Action wallonne, témoignant ainsi de son double engagement wallon et socialiste.
Il devient conseiller communal de Liège en 1932 puis échevin des travaux à partir de 1935. Ce mandat marquera durablement la ville avec des réalisations comme le monument Tchantchès, le Lycée de Waha ou le pont du Longdoz notamment. Souhaitant répondre à un essoufflement des industries liégeoises, il conçoit l’asbl le Grand Liège en 1936 et il s’emploie à créer le port autonome pour que la Cité ardente puisse tirer un maximum de profit du canal Albert. Enfin, l’exposition de l’eau de 1939 couronnera sa carrière municipale, Liège devenant, pendant plusieurs mois, un centre d’attraction international.
Elu député en novembre 1934, il manifeste immédiatement son intérêt pour les questions monétaires, dénonçant les manœuvres qui conduisent à la dévaluation du franc. Wallon convaincu et visionnaire, il dépose au Parlement, en 1938, avec Joseph Martel et François Van Belle, une proposition établissant un fédéralisme à trois régions. Préparée avec Fernand Dehousse, il s’agit de la première tentative parlementaire d’instaurer un système fédéral qui verra le jour … cinquante-cinq ans plus tard !
Conscient des dangers que représentent les dictatures fascistes, Truffaut dénonce la duperie de la non intervention qui condamne l’Espagne républicaine. Il s’en prend également à la politique de neutres, ou de pleutres, qu’on tente de faire jouer à la Belgique …, critiquant fermement l’orientation que donnent Léopold III et Paul-Henri Spaak à la politique étrangère depuis 1936.
A la veille de la guerre, ce combattant des extrémismes insiste pour être mobilisé, malgré qu’il soit réformé en raison d’une blessure à la main. Il refuse la capitulation et rejoint le gouvernement à Londres et l’embryon d’armée belge qui se reforme en Angleterre. En 1941, il lance un appel aux Liégeois, les exhortant à résister. Il trouvera la mort lors d’un entraînement en avril 1942. Sa disparition est relayée par les feuilles clandestines. Fait exceptionnel, le drapeau de l’hôtel de Ville de Liège est mis en berne en hommage, sans que l’occupant nazi n’intervienne. Après le conflit, sa dépouille est ramenée à Liège, où il est enterré.
Georges Truffaut fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.
Orientation bibliographique :
Paul DELFORGE, Truffaut Georges, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 6020.
Philippe RAXHON, Truffaut Georges, dans Nouvelle biographie nationale, T. 5, Bruxelles, 1999, pp. 334-337.