Temps modernes

Parlement de Wallonie - Namur

 

Au XVe siècle, les ducs de Bourgogne réunissent sous leur contrôle l'équivalent du Bénélux et du Nord de la France en quelquesdécennies. Cette première unification ne masque pas les particularismes et se heurte à de profondes résistances, illustrées par la Principauté de Liège. La mort de Charles le Téméraire en 1477 sonne le glas de la période bourguignonne, rendant au passage leur indépendance aux Liégeois. Au XVe siècle, le terme wallon devient d’usage général dans un ensemble qui met en présence un bloc de langue romane et un bloc de langue thioise dans un même cadre politique.

Du XVIe au XVIIIe siècle, les provinces wallonnes relèvent des Pays-Bas dirigés par les Habsbourg, d'Espagne, d’abord, jusqu'en 1714, puis d'Autriche, jusqu'en 1794. Durant cette période, ils s'agrandissent de Tournai et du Tournaisis, enlevés à la France par Charles Quint en 1521. Dans ce contexte, les ordres religieux réorganisent leurs limites pour leur faire épouser la frontière des langues, dessinant les contours d’une Wallonie quasi contemporaine. Le XVIe siècle est marqué par les guerres de religions qui conduiront des protestants wallons émigrés à fonder les Eglises wallonnes de Hollande ou à s’embarquer pour le nouveau monde pour contribuer, notamment, à la fondation de New York. 

Les industries développées au siècle précédent continuent de prospérer en Wallonie et c’est dans l’activité du fer que se manifeste le plus grand dynamisme. Grâce aux progrès techniques, le pays wallon s’impose comme l’une des régions sidérurgiques les plus denses d’Europe occidentale. En 1566, deux cents usines fonctionnent en territoire wallon, la France entière n’en compte que le double. La production houillère connaît un accroissement considérable dans les charbonnages liégeois et hainuyers. L’industrie textile entame son expansion dans la région de Verviers. De nouvelles verreries voient le jour dans l’est du Comté de Hainaut et dans la partie romane du Brabant. Durant le dernier tiers du siècle, ces industries subissent cependant de plein fouet les conséquences des conflits politiques, militaires et religieux qui traversent l’Europe. C’est au XVIe siècle également que, forts de leur savoir-faire, les ouvriers wallons implanteront la sidérurgie en Suède.

Au XVIIe siècle, dans la principauté de Liège, un « vrai capitalisme » se développe, soutenant ce qui n’est pas exagéré d’appeler une « pré-révolution industrielle ». La neutralité liégeoise favorise le développement des industries qui s’illustre à travers des entrepreneurs wallons comme Jean Curtius. Les fabriques de clous, de poudre et d’armes prennent leur essor et les exportations de houille s’accroissent. Après la crise du dernier tiers du XVIe siècle, la production sidérurgique reprend, essentiellement dans le Luxembourg et l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il en va de même dans l’industrie verrière où le regain s’illustre à partir de 1650 autour de Charleroi et de Jumet qui affichent un dynamisme remarquable.

La première moitié du XVIIIe siècle est marquée par l’intégration d’importants progrès techniques. La diffusion de la pompe à feu dans les bassins liégeois et carolorégien résout le problème de l’extraction de l’eau dans les houillères. Pour assumer le coût de tels investissements, les entreprises capitalistes se multiplient dans le secteur. Par ailleurs, tant dans la principauté de Liège que dans le reste des provinces wallonnes relevant des Pays-Bas autrichiens, les autorités se lancent dans l’aménagement de routes modernes dont la nécessité s’impose notamment à des fins commerciales. Parallèlement, le dynamisme de l’industrie verrière s’illustre dans la région de Charleroi.