Fin de la Belgique unitaire
En 1970, la Belgique unitaire a vécu. La Wallonie est inscrite dans la Constitution. L’Etat belge comprend désormais quatre régions linguistiques (de langue française, de langue néerlandaise, de langue allemande et la région bilingue de Bruxelles-Capitale), trois régions économiques (la Wallonie, la Flandre et Bruxelles) et trois communautés culturelles (française, flamande et germanophone). Cela étant, si les Communautés sont mises en œuvre sans délai, les Régions devront encore attendre une décennie pour voir effectivement le jour. Les premiers outils économiques sont néanmoins créés en Wallonie tandis qu’est menée une tentative de régionalisation préparatoire de 1974 à 1977.
En 1973, Léopold Genicot publie la première histoire scientifique de la Wallonie. A partir de 1975, c’est au tour d’Hervé Hasquin de diriger la publication d’une vaste synthèse en six volumes : La Wallonie, le pays et les hommes.
De 1963 à 1973, cette décennie est celle d’un âge d’or qui voit la Belgique rattraper son retard économique par rapport à ses principaux partenaires commerciaux. Le nombre d’emplois augmente, le chômage est au plus bas et la croissance économique est forte. Cette époque, « les golden sixties », est caractérisée par une forte augmentation de la productivité et des salaires, par une stabilité retrouvé du franc belge et par l’arrivée d’investissements étrangers massifs qui dopent la croissance.
Ce constat masque cependant une réalité complexe et disparate. Les écarts grandissent entre sud et nord du pays, la prospérité n’irrigue pas tout le pays de la même manière. A partir de 1965, les investissements en Wallonie sont en perte de vitesse et sont peu créateurs d’emplois. Sur la période 1961-1967, seuls 20% des investissements privés étrangers en Belgique ont été réalisés en Wallonie. Sur la même période, 64% des emplois nationaux dus à ces investissements étaient créés dans le nord du pays.
Le 18 octobre 1973, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) annonce un doublement des prix du pétrole. Cette mesure est réitérée deux mois plus tard. Ce quadruplement des prix du pétrole touche durement les économies européennes. La Belgique et la Wallonie n’échappent pas au phénomène. En Wallonie, l’année 1975 est celle d’une diminution impressionnante de la production industrielle. Le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter. D’un point de vue général et national, un deuxième coup est porté à cette situation déjà instable par le second choc pétrolier de 1979, qui replonge l’économie wallonne dans la tourmente. La production industrielle fléchit à nouveau tandis que la hausse du chômage se renforce. Le nombre d’emplois dans l’industrie se réduit de près de 35%.