Mouvement flamand et mouvement wallon
L’Etat belge voit coexister deux sensibilités très différentes : une Flandre agricole et catholique et une Wallonie en pleine révolution industrielle influencée par le libéralisme et le socialisme. Des positions séparatistes émergent dans une atmosphère où croissent les tensions entre les deux populations. Face à une Flandre majoritaire qui s'affirme et remporte ses premières victoires politiques, la conscience wallonne commence à se forger. En 1886, le poète Albert Mockel lance la revue littéraire La Wallonie qui popularise le terme. À la même époque, naissent les premières Ligues wallonnes. D’abord simplement opposées aux avancées du Mouvement flamand, elles évoluent rapidement vers une défense des droits et une promotion de l’identité de la Wallonie. L’extrême fin du XIXe siècle voit ainsi les débuts du Mouvement wallon dans lesquels Liège joue un rôle déterminant.
En 1897, après quelques tentatives de groupements circonstanciels à partir des années 1880, la Ligue wallonne de Liège est fondée et donne ainsi au mouvement wallon le caractère de permanence qui lui manquait. Organe pionnier du Mouvement wallon, elle contribuera au maintien des Journées de septembre comme date de référence pour les Wallons et sera à l’origine du concours donnant naissance au Chant des Wallons, futur hymne de la Wallonie. À l’initiative d’un des premiers projets fédéralistes wallons, elle organisera les grands Congrès wallons de 1905 et 1912.
En 1898, devant les victoires engrangées par le Mouvement flamand qui voit les lois linguistiques se multiplier depuis les années 1870, les premiers projets fédéralistes wallons sont présentés au sein du Mouvement wallon.
En 1905, dans un contexte marqué par le concept officiel d’« âme belge » cherchant à occulter toute diversité en Belgique, le Congrès wallon de Liège réalise un travail de révélation de l’identité et de la réalité wallonnes dans les domaines de l’histoire, de la culture, des mentalités et du développement économique.
En 1912, Jules Destrée publie sa retentissante Lettre au Roi où il déclare notamment : « Sire, il n'y a pas de Belges [...] il n'existe en Belgique que des « Flamands » et des « Wallons » ». Il énonce les griefs de ces derniers à l’égard de l’Etat unitaire.
Le Mouvement wallon fonde l'Assemblée wallonne, premier parlement, encore officieux, de la Wallonie. Namur, ville la plus centrale de Wallonie, est choisie pour accueillir ses séances.
En 1913, l’Assemblée wallonne adopte le coq hardi comme emblème et drapeau de la Wallonie et fixe sa fête au quatrième dimanche de septembre. Plus tard, elle consacrera le Chant des Wallons comme hymne officiel.