Empain Edouard
Socio-économique, Entreprise
Beloeil 20/09/1852, Woluwé 22/07/1929
Self made man, Édouard Empain a connu un destin digne des histoires héroïques narrées pour expliquer le rêve américain.
Selon les auteurs, le jeune Empain – qui est issu d’un milieu modeste et est l’aîné de sept enfants – aurait obtenu son diplôme d’ingénieur devant le Jury central tout en travaillant ; d’autres, par contre, avancent qu’il a commencé à travailler dès 1870 et ses 18 ans comme simple employé dans une Société métallurgique ; il y aurait gravi les échelons, serait devenu dessinateur avant de se lancer dans l’exploitation de carrières dans le Namurois (1878). Déplorant le manque de moyens de communication dans les campagnes, Empain crée alors son propre chemin de fer vicinal qui rejoint les grandes voies ferrées existantes. Quoi qu’il en soit, et bien que la ligne Liège-Jemeppe ne conduise pas au Far West, le succès de sa Compagnie des Tramways à Voie étroite (son premier holding créé en 1881) est au rendez-vous. Cette initiative privée n’est d’ailleurs pas sans danger pour les pouvoirs publics belges qui souhaitent conserver le contrôle du développement ferroviaire (création de la SNCV) et obligent le jeune investisseur à se tourner vers la France, où, en moins de dix ans, sont implantées une dizaine de nouvelles sociétés.
Le succès de ce qui va devenir le Groupe Empain réside surtout dans une stratégie financière et industrielle à la fois stricte et souple. Afin de ne pas dépendre des banquiers tout en assurant le financement de ses entreprises industrielles, il fonde sa propre institution, une banque d’investissement qui parviendra à mobiliser directement l’épargne belge. La banque Empain deviendra plus tard la Banque industrielle belge. De surcroît, le groupe s’étoffe par la création de sociétés spécialisées dans des secteurs distincts, surtout le transport urbain et l’électricité.
Dès les années 1890, l’essor du Groupe Empain devient mondial quand il s’engage activement dans la construction et l’exploitation de tramways urbains à traction électrique. Ses sociétés participent tout naturellement à la « croisade des capitaux belges en Russie » à travers les tramways de Kischinev, Astrakahn, Taschent et Berditchev, entre 1895 et 1897. Son chef-d’œuvre est à Paris où il s’illustre dans la construction du Métropolitain (1905), véritable épopée, aux épisodes parfois tragiques. Partageant les rêves d’expansion de Léopold II, Édouard Empain fonde en 1900 la Compagnie générale des Chemins de Fer et Tramways en Chine (son but : construire une ligne de 1800 km traversant la Chine d’Est en Ouest), et constitue en 1902 la Compagnie des Chemins de Fer du Congo supérieur aux Grands Lacs africains. On trouve encore le groupe Empain dans l’aventure du Grand Central Sud-Américain.
Se voulant aussi indépendant des producteurs d’électricité, Édouard Empain fonde ses propres sociétés comme l’Électricité du Pays de Liège, Gaz et Électricité du Hainaut... À Charleroi, il reprend la société fondée par Julien Dulait, Électricité et Hydraulique, et lui donne une nouvelle impulsion, tout en écartant une prise de contrôle allemande : les ACEC atteignent une dimension internationale. Tous ses intérêts dans l’industrie électrique seront regroupés sous le contrôle d’une société holding, Electrorail, fondée en 1930.
Durant la Première Guerre mondiale, Édouard Empain prend une part active dans la résistance contre l’occupant allemand : il contribue au ravitaillement des armées alliées, aux réparations des voies ferrées, etc. Ayant reçu le titre de baron des mains de Léopold II pour sa contribution au développement colonial, il accède au rang de général du génie pour son aide à l’axe franco-belge pendant la Grande Guerre. Au lendemain du conflit, le financier développe de nouvelles usines dans le domaine de la chimie industrielle.
Fasciné par l’Egypte, Edouard Empain nourrissait un rêve qu’il finit par réaliser : dans la banlieue du Caire, il fait bâtir une ville, une cité nouvelle aux confins du désert, la ville du soleil, Héliopolis (1905). Respectant le style arabe traditionnel (hormis pour son propre palais), la cité intègre toutes les commodités contemporaines. C’est là qu’il sera inhumé, en 1931, dans la crypte de la basilique, au centre de la ville-soleil.
Sources
EMPAIN Édouard Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
POTELLE Jean-François, Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
JEANJOT Paul, Biographie nationale, Bruxelles, t. 34, col. 265-269
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II
EMPAIN Édouard E33-WaE Édouard Empain, coll. Institut Destrée
© coll. Institut Destrée, Paul Delforge