Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Théodore SCHWANN

Statue à la mémoire de Théodore Schwann, réalisé par Alfred Courtens, 23 novembre 1954.

Lorsque l’on monte les escaliers d’accès à l’Institut de Zoologie de l’Université de Liège, ainsi qu’à l’Aquarium de l’Université, il est impossible de manquer, sur le côté droit, la statue en bronze d’Édouard Van Beneden et, sur le côté gauche, la statue en bronze de Théodore Schwann (1810-1882). Posée sur un promontoire rectangulaire en pierre bleue qui s’inscrit dans la nouvelle architecture donnée au bâtiment à l’entame des années 1950, la statue présente le professeur Schwann debout, en toge, le bras droit plié, avec la main légèrement vers l’avant tenant un microscope ; elle pose la stature du chercheur dont le nom est gravé au centre d’un rectangle de la pierre laissée brute dans ce cadre. L’inscription est sobre :

« THÉODORE SCHWANN
1810-1882 »

Afin d’éclairer davantage le passant sur les mérites du personnage ainsi statufié dans l’espace public, une plaque en bronze est apposée au bas de l’escalier, à hauteur du trottoir ; elle indique que l’initiative a pu être réalisée grâce à :

« LA GÉNÉROSITÉ DU PROF. P. NOLF (QUI)
A PERMIS
À L’UNIVERSITÉ DE LIÈGE
DE DÉDIER CETTE STATUE
LE 23 NOVEMBRE 1954
AU FONDATEUR DE LA
THÉORIE CELLULAIRE ».

À l’un des frontons du bâtiment datant de 1888, une exécution de Léopold Noppius montrait déjà Darwin au centre, tandis que Schwann figurait à gauche. Cette fois, c’est le sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967) qui a reçu commande de représenter Théodore Schwann. Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens bénéficie des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste cherche à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des industriels, des diplomates et des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.). « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire).

C’est quelques mois après avoir signé la statue équestre du roi Albert, au Mont des Arts, à Bruxelles, et surtout le buste du professeur Nolf (1873-1953), président de la Fondation médicale Reine Elisabeth que Courtens réalise le monument liégeois de Schwann. Ancien ministre (1922-1923), mais surtout président de la Croix-Rouge de Belgique et prix Nobel en 1925, le professeur Pierre Nolf permet l’érection du monument dédié à Schwann, tant par sa générosité que parce qu’il connaît bien Courtens et qu’il admire Schwann. 

Attiré à l’Université de Louvain d’abord (1839-1848), puis à celle de Liège (1848-1882), le professeur allemand Théodore Schwann (1810-1882) est l’initiateur d’un puissant courant de recherche biologique, dont les biotechnologies actuelles sont incontestablement redevables. Ayant assuré sa formation aux universités de Bonn, Wurtzbourg et Berlin, détenteur d’un doctorat (1834), Schwann est l’auteur de plusieurs découvertes fondamentales (entre 1835 et 1839), avant d’élaborer, en 1839, la « théorie cellulaire ». Pour la première fois, l’hypothèse est émise que des cellules sont présentes dans tous les tissus vivants et que tous les organismes ne sont rien d’autre qu’un assemblage de cellules. Les découvertes du physiologiste, histologiste et cytologiste ouvre ainsi les portes à la biologie générale, au développement de la physiologie et de la pathologie expérimentales, à l’étude de la transmission de la vie et donc de l’hérédité, tandis que l’anatomie traditionnelle devra désormais s’accompagner de l’embryologie. À Liège où lui survivra une véritable école, le professeur Schwann crée un laboratoire de pointe où beaucoup d’appareils sont de son invention. Travaillant de concert avec les milieux industriels liégeois, il contribue à divers perfectionnements et inventions, dont un appareil respiratoire particulièrement utile pour des sauvetages lors d’accidents miniers.

Sources

Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°37, hiver 1970, p. 27
http://www.sculpturepublique.be/4000/Courtens-TheodoreSchwann.htm (s.v. août 2013)
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Léon FREDERICQ, Théodore Schwann, dans Biographie nationale, t. XXII, col. 77-98
Liber memorialis, l’université de Liége depuis sa fondation, Liège, Carmanne, 1869, col. 919-938.
Robert HALLEUX, Anne-Catherine BERNÈS, Luc ÉTIENNE, L’évolution des sciences et des techniques en Wallonie, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Jean-Luc GRAULICH, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
 

Monument Théodore Schwann

Quai Van Beneden 
4000 Liège

carte

Paul Delforge