Calozet Joseph

Culture, Lettres wallonnes

Awenne-lez-Saint-Hubert 20/12/1883, Namur 03/05/1968

Écrivain, poète lyrique et prosateur, Joseph Calozet recourt à la langue wallonne pour évoquer les paysages familiers, narrer sa région natale ou croquer de façon magistrale de banales scènes villageoises en figeant les traits et caractères des gens. Il occupe une place de choix dans la littérature dialectale.

Sa rencontre avec Jean Haust est décisive. L’érudit liégeois enquête en effet dans le village d’Awenne à la recherche des mots wallons en passe d’être oubliés. Il croise la route de ce jeune diplômé de l’Université catholique de Louvain – docteur en Philologie classique en 1906 – dont la famille consacrait jusque-là toute son attention au métier de sabotier. Séduit par la langue wallonne, Calozet abandonne ses premiers essais de poésie en langue française pour « contribuer à la connaissance de la vie wallonne traditionnelle par l’étude d’un milieu rural où sont campés, dans une action sans péripéties compliquées, des personnages qui ont réellement existé » (Piron). 

Sa maîtrise de la langue wallonne est particulièrement appréciée et lui procure de nombreux prix dans les concours. Membre titulaire de la Société liégeoise de Littérature wallonne à partir de 1921, il avait été accepté parmi les jeunes fondateurs des Rèlîs namurwès dès 1911, afin d’y valoriser une production littéraire de qualité en wallon namurois.

Servant d’agent de renseignements pour un service anglais durant la Première Guerre mondiale, Joseph Calozet travaille dès ce moment sur le manuscrit de son roman, Li brakni, qui paraîtra en 1924, inaugurant la « tétralogie ardennaise » qui consacre son talent et qui s’inscriront dans la collection « Nos dialectes » de Jean Haust. Après « le braconnier », il signe successivement trois nouvelles en prose, Pitit d’mon lès Ma-tantes (1929), O payis dès sabotîs (1933), Li crawieûse agasse (1939), suivis de trois contes. 

Conteur populaire plus que romancier, Calozet hisse le wallon namurois au rang des meilleures productions jusque-là le plus souvent en wallon de Liège. Lors d’un hommage rendu à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, Marcel Thiry comparera la manière de Calozet d’évoquer la vie des champs à celle de Tolstoï.

Enseignant au Collège communal de Bouillon (1906-1908), il entre à l’Athénée de Namur comme maître d’études (surveillant) (1908-1914), avant d’en être professeur (1918-1933) – il y enseigne le latin, le grec et le français – puis d’être nommé préfet. En raison de son refus de collaborer aux associations culturelles « wallonnes » au service de l’Allemagne, il est révoqué, en 1943, de la direction de l’établissement. Il sert aussi d’otage aux Allemands sur les trains de la ligne Namur-Valenciennes. 

Nul n’ignore les liens d’amitié qui unissent Calozet et Bovesse. Secrétaire de la Fédération wallonne littéraire et dramatique de la province de Namur, membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes (1921), Joseph Calozet fait en effet partie du Comité central des Fêtes de Wallonie, qu’il préside durant de nombreuses années. Par ailleurs, l’épouse de Joseph Calozet ainsi que son fils sont actifs dans la Résistance ; elle dirige le Front de l’Indépendance de Namur, tandis qu’il fait partie d’une bande de maquisards qu’il dirige. Arrêté à Namur, Jean sera emmené en Allemagne et mourra à Mauthausen en 1944.

Président des Rélîs Namurwès (1930-1968), président du Théâtre wallon namurois, président de la section namuroise de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, membre fondateur et président d’honneur de la Société Sambre et Meuse-Le Guetteur wallon, membre de la Société Les Amis de nos Dialectes, membre des Amis et Disciples de François Bovesse, membre d’honneur de la Société Moncrabeau, Joseph Calozet devient membre de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique où il remplace Joseph Vrindts et représente les lettres wallonnes (1945-1968). 

Engagé dans le Mouvement wallon, Joseph Calozet travaille à Namur avec Léopold Genicot, Edgard Maréchal et Félix Rousseau à l’étude de l’aspect culturel des problèmes wallons au sein du mouvement catholique wallon (1945). Tout naturellement, il devient membre de Rénovation wallonne dès sa création en 1945. En 1966, il est fait membre d’honneur.

 

Sources

Paul DELFORGE, Joseph Calozet, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 224-225
La Vie wallonne, III, 1963, n°303, p. 254-256
Elisée LEGROS, In Memoriam, dans La Vie wallonne, II, 1968, n°322, p.  169-171
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale (poètes et prosateurs), Liège, 1979, p. 400
Willy BAL, dans Nouvelle Biographie nationale, t. II, p. 70-73
Oscar LACROIX, Nous sous le casque d’acier, Essais d’anthologie, Liège, 1929, p. 67
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 477
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 216-217 ; t. IV, p. 238


Oeuvres principales

Poésie
Su l’orîre di l’Ardène, recueil de poésies, 1912
Lès pauvès djins, recueil de poésies, 1912 (médaille d’argent de la SLLW)
Fleûrs dès mwés djoûs, 1919 (Anthologie des Rèlîs namurwès)
Li eile qui n’rovîye nin, 1928 (Prix Général Baron Michel)
Lètes di Tchins (1942-1944), avec Fernand Pieltain

Théâtre
Tièsse ou lète (Pile ou face), Namur, 1930 (1er prix du Concours Georges Marquet, 1930)
Li Djèsse da sinte Juliène, Gembloux, 1946

Nouvelles en prose
Li Brak’nî, 1924
Pitit d’mon lès Ma-tantes, 1929 (prix «Notre Muse», de l’Association des Ecrivains wallons anciens combattants)
O payis dès sabotîs, 1933 (Grand Prix du Centenaire 1930)
Li crawieûse agasse, 1939 (Prix biennal du Gouvernement 1937-1938)