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Defuisseaux Nicolas

Politique, Révolutions, Socio-économique, Entreprise

Mons 02/02/1802, Baudour 24/11/1857

Le nom de Nicolas Defuisseaux figure parmi ceux d’un millier d’acteurs majeurs de 1830 proposés, en 1831, pour recevoir la Croix de Fer. Une Commission officielle du jeune État belge a en effet retenu qu’au cours des journées de la révolution de 1830, ce jeune avocat montois a contribué « à développer l’esprit national et à organiser la résistance aux actes oppressifs du gouvernement déchu ; il remplit plusieurs missions délicates et périlleuses au nom du gouvernement provisoire, fut chargé de procéder à l’instruction des troubles au Borinage, et effectua lui-même les premières arrestations ». « Héros de 1830 », ce fils de la « bonne » bourgeoisie libérale montoise (son père était bijoutier) était un passionné, doté d’une forte personnalité. En témoignent ses plaidoiries à la Cour d’Assises de Mons à la fin des années 1820, qui lui valurent d’être désigné à la tête du jeune barreau montois, et ses interventions en tant que Commissaire du gouvernement en 1831 qui contribuèrent à rétablir l’ordre social.

Nommé major ff. du commandement de la garde civique de Mons (1838-1848), auditeur militaire pour la province de Hainaut en 1842, il est élu conseiller communal de Mons, puis conseiller provincial du Hainaut en 1838 et défend le programme du parti libéral, en se préoccupant à la fois de favoriser le développement économique et l’amélioration du sort des moins favorisés. En 1852, il entre à la Haute Assemblée comme sénateur élu direct de l’arrondissement de Mons, mais renonce à son mandat dès 1854, porté par un autre projet.

À côté de son implication dans la vie publique, ce porteur du diplôme de docteur en Droit de l’Université de Gand – à l’époque les cours s’y donnent encore en français – a décidé d’abandonner aussi son métier d’avocat au barreau de Mons (1854), pour se consacrer entièrement à la Manufacture de Porcelaine de Baudour, qu’il a rachetée six ans plus tôt. Il est à la tête de quatre faïenceries et de près de 200 personnes. Les services de table, la spécialité de sa société, sont très en vogue à l’époque et les affaires prennent de l’ampleur quand la mort surprend l’entrepreneur, laissant à sa veuve la responsabilité de l’entreprise et la charge de leurs trois enfants, Léon (1841-1906), Alfred (1843-1901) et Fernand (1848-1912). Tous avocats, hormis Fernand, ils feront de la politique, étant tous les trois parlementaires du POB, après l’adoption du suffrage universel tempéré par le vote plural. Mais seul Fernand aidera leur mère, Louise Eléonore Messine (1810-1881) dans la direction des affaires qui prennent une tournure exceptionnelle : la Manufacture de Porcelaine de Baudour devient en effet le seul producteur du pays en porcelaine industrielle pour matériel électrique.

 

Sources

Liste nominative de 1031 citoyens proposés pour la Croix de Fer par la Commission des récompenses honorifiques (p. 1-129) dans Bulletin officiel des lois et arrêtés royaux de Belgique, n°807, 1835, t. XI, p. 28-29
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 136
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 392
Jean PUISSANT, dans Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 165-166
Marie ARNOULD, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 7, p. 93-95
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 392
Cédric PIECHOWSKI, La porcelaine électrique, de l’utilitaire au design, dans Art et industrie, Art&Fact, numéro 30, Liège, 2011, p. 116-119
Jules DELECOURT, dans Biographie Nationale, t. V, col. 86-87