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Dupont Emile

Militantisme wallon, Politique

Liège 23/06/1834, Liège 12/03/1912

En poussant ce cri de Vive la séparation administrative ! en pleine réunion du Sénat, Émile Dupont étonne toute l’assemblée et jette le trouble dans la vie politique belge de l’époque. En l’occurrence, le 9 mars 1910, les sénateurs discutent d’un projet de loi dont l’incidence serait d’imposer la connaissance du néerlandais aux greffiers des Conseils de Prud’hommes, en Wallonie. Connu pour sa modération et sa sagesse, Émile Dupont exprime ainsi une profonde exaspération, personnelle et collective. Depuis 1897, il ne cesse de mener bataille contre les revendications du mouvement flamand qui sont amenées au Parlement par le Parti catholique. En 1898, Émile Dupont avait dû se plier à la majorité qui imposa la loi dite d’Égalité, et qui donnait au texte flamand des lois une valeur égale au texte français. D’autres revendications similaires étaient venues au Parlement et, en 1910, poussé par la Ligue wallonne de Liège dont il est le président d’honneur et où Julien Delaite défend depuis plusieurs années l’idée de la séparation administrative, le vénérable sénateur Dupont clame son ras-le-bol.

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1858), protégé de Joseph Forgeur, membre-fondateur du Jeune barreau de Liège (1861), avocat-conseil pour la ville de Liège (1876) comme pour de nombreuses sociétés industrielles, notamment les armuriers liégeois, président de la Fédération des Avocats belges, et bâtonnier au Barreau liégeois à quatre reprises, il était entré en politique dès 1862 quand il avait été élu conseiller provincial. Deux ans plus tard, toujours comme représentant des libéraux de l’arrondissement de Liège, il passait à la Chambre des Représentants (11 août 1864-18 octobre 1890), avant d’entrer à la Haute Assemblée, le 18 novembre 1890, pour remplacer le comte de Looz-Corswarem. Président de la Commission de la Justice, vice-président du Sénat au nom des gauches libérales, ce libéral doctrinaire et catholique pratiquant se fit le défenseur du vote capacitaire, ne se ralliant qu’en 1911 au suffrage universel pur et simple, par discipline de parti. Ministre d’État (1907), membre des Amitiés françaises dès leur création, à Liège, Émile Dupont avait résolu, à la fin de sa vie, la question du devenir de la Belgique. Comme l’idéal des révolutionnaires de 1830 n’était plus respecté, il fallait en revenir à « la question des origines » et étudier les nouvelles conditions d’une séparation administrative.

Avant Jules Destrée, Émile Dupont faisait figure de leader du mouvement autonomiste wallon. En 1905, il avait été le président d’honneur du Congrès wallon organisé à Liège. Peut-être aurait-il été le premier président de l’Assemblée wallonne, le 20 octobre 1912, si une pneumonie ne l’avait emporté au printemps de la fameuse année.
 

 

Mandats politiques

Conseiller provincial de Liège (1862-1864)
Député (1864-1890)
sSnateur (1890-1912)
 

Sources

Alain COLIGNON, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 531
Francis COLLETTE, Nouvelle Biographie nationale, t. 5, p. 137-139
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 198
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 346, 419
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995