Genicot Léopold

Académique, Histoire, Militantisme wallon

Forville 18/03/1914, Ottignies-Louvain-la-Neuve 11/05/1995

« Je voudrais que les richesses de la Wallonie soient connues des jeunes, c’est à eux qu’il faut révéler la Wallonie ». Cette déclaration d’intention prononcée par Léopold Genicot à l’occasion de la sortie d’un ouvrage de vulgarisation intitulé Racines d’espérance, vingt siècles en Wallonie par les textes, les images et les cartes (1986) résume bien l’engagement tant citoyen que scientifique de celui qui fut un historien de renommée internationale, premier responsable scientifique d’une Histoire de la Wallonie (1973) et qui s’engagea constamment en faveur de la reconnaissance de l’autonomie wallonne. Depuis la Libération, il milite activement dans des associations catholiques wallonnes et pour que les catholiques s’intéressent à la question wallonne ; après le Walen Buiten et l’expulsion des francophones de Leuven, il se rallie ouvertement au Rassemblement wallon (1968) et se porte candidat aux élections. Cosignataire de la Nouvelle Lettre au roi pour un vrai fédéralisme rédigée à l’initiative de Fernand Dehousse, Jean Rey, Joseph Hanse et Marcel Thiry notamment, il est candidat indépendant aux élections européennes du 17 juin 1984, sur la liste Présence wallonne en Europe, et est candidat RW dans la province de Brabant en 1991. Sans autre résultat que de vouloir contribuer à la prise de conscience wallonne.

Détenteur d’une licence spéciale en économie politique, archiviste-paléographe travaillant au dépôt namurois des Archives générales du royaume (1935-1944), Léopold Genicot a défendu sa thèse de doctorat en philosophie et lettres à l’Université catholique de Louvain en 1937 ; son travail aux archives lui a donné l’occasion, d’une part, de mesurer l’ampleur du travail à réaliser afin de comprendre le passé wallon et, d’autre part, de cacher des prisonniers en fuite au moment de la Seconde Guerre mondiale. Chargé de cours (1944), puis professeur ordinaire à Louvain (1947-1984), il enseigne notamment la critique historique, la méthodologie spéciale, l’histoire de Belgique, celle du Moyen Âge ainsi que l’histoire de la Wallonie lorsque l’université quitte Leuven pour Ottignies.

Membre de la Commission d’histoire de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, il prend part à ses travaux et contribue à la publication de la brochure L’enseignement de l’histoire en Wallonie, dont les principales conclusions mettent l’accent sur l’indispensable apprentissage de la critique historique et sur la nécessité d’enseigner, dans les classes primaires et au début du secondaire, l’histoire locale et régionale afin (et avant) de mieux appréhender l’histoire générale ; la Commission juge aussi nécessaire la création de chaires d’histoire régionale et de folklore dans les universités, ainsi que la publication d’une collection d’ouvrages sérieux consacrés à l’histoire des entités composant la Belgique (1947).

Médiéviste reconnu, spécialiste de l’histoire de la société rurale en occident, Léopold Genicot est le créateur et l’animateur du Centre d’histoire rurale, de la Commission des anciennes lois et ordonnances, de l’Institut interfacultaire d’Études médiévales. Il a aussi dispensé des cours et animé des séminaires dans de nombreux pays ; docteur honoris causa de plusieurs universités, il est successivement membre de l’Académie de Belgique (1962), de l’Institut de France, de la Medieval Academy of America (1976) et de l’Akademie der Wissenschaften zu Göttingen (1983).

Parmi plus de 300 publications dont douze livres traduits en dix langues, figurent notamment Lignes de faîte du moyen âge (9e édition en 1984), Économie rurale namuroise au bas moyen âge (3 vol. - 1943), La spiritualité médiévale (1958), Le XIIIe siècle européen (1968), Crise agricole du bas Moyen âge dans le Namurois (1969), Études sur les Principautés lotharingiennes (1975), sans oublier de rappeler la direction scientifique de l’Histoire de Wallonie, publiée chez Privat (France) en 1973, dans la collection « Univers de la France et des pays francophones ». Dans l’introduction, il écrit : « À la Wallonie qui s'éveille à son destin, ces pages montreront que son passé est garant de son avenir. À l'étranger et d'abord à la France qui la connaissent mal, elles révéleront son originalité et sa grandeur... »

Sources

GENICOT Léopold    DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II
La Wallonie : un passé pour un avenir, Léopold Genicot, Écrits politiques wallons, Institut Jules Destrée, 1986