Serrurier-Bovy Gustave

Culture, Architecture

Liège 27/07/1858, Anvers 19/11/1910


Architecte et industriel, facteur de meubles et décorateur, Gustave Serrurier-Bovy est certainement le plus représentant wallon le plus significatif de l’Art Nouveau. Penseur, il est un fervent défenseur de l’idée d’un art pour tous.

Fils d’un entrepreneur également architecte, formé à l’architecture à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, sa ville natale, Gustave Serrurier épouse, en 1884, Marie Bovy, une commerçante. Dans un premier temps, il s’implique dans l’entreprise de son épouse – un commerce qui importe notamment des objets d’Extrême Orient – et offre à la clientèle des meubles, des objets et de la décoration provenant de Grande-Bretagne. Dix ans plus tard, de simple diffuseur, Gustave Serrurier se fait créateur et devient lui-même facteur de meubles, après un séjour en Grande-Bretagne où il est en contact avec l’esthétique du mouvement Arts and Crafts, qui donnera l’Art nouveau (le Modern Style en anglais).

En 1894, il présente un cabinet de travail au Salon de la Libre Esthétique de Bruxelles, une chambre d’artisan au mobilier de chêne simple et robuste, l’année suivante. Ses pièces, particulièrement originales, sont appréciées ; son entreprise prend rapidement de l’ampleur, l’amenant à implanter des succursales à Liège, Bruxelles, La Haye, Paris, Nice, etc. Dans le cadre de l’Exposition universelle de 1900, à Paris, en collaboration avec l’architecte René Dulong, Serrurier réalise un restaurant, le Pavillon bleu, au décor exubérant, fait de courbes, très Art nouveau. S’ensuit une longue collaboration entre les deux hommes sous la forme de la société Serrurier et Cie. En 1902, Serrurier dépose les plans d’une villa familiale, L’Aube, à bâtir sur les hauteurs de Cointe à Liège, témoin de sa réussite professionnelle, mais aussi de ses formidables qualités d’architecte. « [Elle] résume toutes ses aspirations : elle est le reflet de ses théories esthétiques, une vitrine pour sa firme et surtout le home confortable – le foyer – où l’on est heureux de vivre en famille et de se retrouver entre amis ». C’est également à ce moment qu’il entame la période de ses plus belles réalisations, explorant l’Art nouveau.

Sa nouvelle société, fondée en 1903, lui permet de s’affirmer comme industriel, fournissant de l’ameublement pour les maisons ouvrières, construites à l’occasion de l’exposition de Liège, en 1905. Serrurier est avant tout un penseur idéaliste. Proche du Parti ouvrier belge et de ses figures de proue, Jules Destrée et Emile Vandervelde, il partage fréquemment ses conceptions sociales de l’architecture et défend l’idée d’un art pour tous, rendue possible par la mécanisation et la production industrialisée : « On érige en vérité cette idée fausse que les modestes, les simples ne peuvent […] posséder la jouissance artistique et que toute aspiration esthétique leur est impossible sinon interdite. Ainsi est exclue de la vie intellectuelle une classe de gens, et combien nombreuse, qui va de l’ouvrier au bourgeois aisé. C’est à cette catégorie de travailleurs, que j’appelle artisans faute d’un vocable plus précis, que je voudrais montrer que l’art n’est nullement au service de la richesse seulement. […] Il faut que la grande masse participe à la vie artistique » (1895). 

C’est à l’exposition de Bruxelles de 1910 que Gustave Serrurier-Bovy montre ce que seront ses dernières créations. Celles-ci témoignent d’une nouvelle esthétique, plus simple, plus géométrique – loin des courbes des œuvres antérieures –, premier signe de l’évolution qui s’opérera dès avant la Première Guerre mondiale et culminera dans les années 1920. Reprise par sa femme et sa fille, après son décès survenu brutalement en 1910, son entreprise lui survit jusqu’en 1921.

 

Sources


Jacques-Grégoire WATELET, L’œuvre d’une vie Gustave Serrurier-Bovy, architecte et décorateur liégeois 1858-1910, Liège, éd. Perron, 2000
Jacques-Grégoire WATELET, photographies de Christine BASTIN et Jacques EVRARD, Serrurier-Bovy : de l’Art Nouveau à l’Art Déco, Alleur, éd. du Perron, 1990
« Gustave Serrurier-Bovy (1858-1910) - Acteur du futur », Exposition du MAMAC, 27 septembre 2008-18 janvier 2009, Liège, Les Musées de Liège, 2008, dans le cadre de la biennale Design Liège 2008
Xavier FOLVILLE, Gustave Serrurier-Bovy, architecte, commerçant et industriel,  http://www.artnouveau-net.eu/portals/0/colloquia/Milano_Xavier_Folville_29032012.pdf
http://www.senses-artnouveau.com/biography.php?artist=SER&Lng=FRE
Roger-Henri GUERRAND, Encyclopædia Universalis [en ligne], http://www.universalis.fr/encyclopedie/gustave-serrurier-bovy (s.v. décembre 2014)