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Vieuxtemps Henri

Culture, Musique

Verviers 17/02/1820, Mustapha (Algérie) 06/06/1881

Incomparable pépinière de violonistes, la Wallonie a vu naître successivement François Prume, Henry Vieuxtemps, Guillaume Lekeu, Eugène Ysaye, « les virtuoses les plus fêtés de leur temps parce qu'ils imposent au loin un nouveau son, un nouveau style vite reconnus sans pareils » (Clerx). Si François Prume étonnait Leipzig du haut de ses 17 ans (1833) que dire de Henry Vieuxtemps, autre prodige wallon, qui étonnait Vienne avec le Concerto en ré, exécuté pour la première fois depuis la mort de Beethoven, c’était en 1834 et le musicien avait 14 ans ! Lors d’un passage à Leipzig, Schumann s'enthousiasmait en préférant Vieuxtemps à Paganini, tant il avait été séduit par le son tiré de son instrument. « L'archet faisait le tour du corps, ça n'en finissait plus ! » dira plus tard de Vieuxtemps Nicolas Ysaye, le père d'Eugène. Et ni Paganini (1834) ni Berlioz (1841) ne démentiront les éloges adressés au « violoniste prodigieux », ni aucun critique, en Europe, en Russie comme en Amérique, tant le consensus se faisait absolu autour de Vieuxtemps. Il « chantait du violon » affirmera Eugène Ysaÿe qui sera son élève.

Ayant goûté très tôt du violon auprès de son père, luthier de profession et violoniste à ses heures, le jeune Vieuxtemps est acclamé partout où il se produit et il aurait vraisemblablement fait le tour des salles de seconde zone du pays, au cours de tournées infinies, si Charles de Bériot ne l’avait entendu lors d’une prestation à Amsterdam. Le second mari de la Malibran élargit le répertoire du jeune verviétois et le prend sous son aile tutélaire. Il sera son mentor.

À vingt et un ans, en tant que virtuose-compositeur « écrivant non pour mais par le violon », Vieuxtemps rend suranné le style italo-français des artistes nés sous l'Ancien Régime ; de surcroît, il émerge en plein romantisme, et apporte une sonorité en parfaite adéquation avec son temps. Par ailleurs, en exerçant son talent dans la musique de chambre, au sein d’un quatuor à cordes, Vieuxtemps fera sensation dans toutes les cours d’Europe. Victime d’une paralysie soudaine en 1873, le musicien est privé de tout instrument jusqu’à la fin de sa vie qu’il achève dans sa retraite en Algérie.

Grand compositeur, Vieuxtemps avait aussi écrit sept concertos et plusieurs pièces isolées, formant le meilleur d'un œuvre comptant quelque 80 numéros. « Si Vieuxtemps n'était pas un si grand virtuose, on l'acclamerait comme un grand compositeur » (Berlioz).

Sources 

Suzanne CLERCX, dans Biographie nationale, t. XXVI, col. 722-729
Robert WANGERMÉE, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 396
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 389-395
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 127